11/10/2012
Emilie Henry nous quitte
Je n'ai jamais su grand chose de la personne Emilie Henry. J'aimais simplement regarder certains de ses dessins bien ténébreux, où l'encre jouait de ses coulures et de ses brumes avec une délicatesse et une beauté hors du temps. J'en avais acheté deux un jour à Bègles, puisque c'est au musée de la Création Franche qu'elle se révéla. Je leur trouvais un côté hugolien et visionnaire, j'en attendais beaucoup de promesses.
Deux lavis d'Emilie Henry, vers 2009, coll. BM
Et puis voici qu'Emilie Henry, Strange Emily, a décidé de mettre la clé sous la porte dans la nuit du 3 au 4 octobre dernier. L'automne est propice aux départs en compagnie des feuilles mortes. Elle en a fini avec cette (sa?) vallée de larmes sans doute. Et ses dessins restent désormais derrière elle, prenant avec le recul d'autres interprétations. Le passeur sur la barque, ne le reconnaît-on pas ? C'est Charon faisant passer les âmes aux enfers, et le fleuve, ne serait-ce pas du coup le Styx? L'oiseau qui passe arrache-t-il cette âme pour l'emporter au pays des ombres? L'œuvre toute entière prend à présent l'aspect d'une vaste tentative de préfiguration du monde obscur où vont migrer les morts après le parcours terrestre.
Emilie Henry, extrait d'un catalogue de vente aux enchères Néret-Minet en mai 2011
08:51 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : emilie henry, musée de la création franche, art singulier, art visionnaire | Imprimer
Commentaires
Superbement effrayant, envoûtant, déprimant. Un parcours aux galaxies mornes de l'ombre et de la peur,dans les tons noirs qui répercutent des présages assourdissants. Le calme apparent d'un souterrain des songes. La corneille arracheuse de tête mais sauveuse de fixité. ... Le parcours par les arbres dans les vues du ciel. Puis toujours la recherche, obsessive, de la clarté. Fût-elle délavée, brumeuse, irréveillée.
J'aime tout cela comme un rêve oublié.
Écrit par : Mauro | 23/10/2012
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