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14/06/2013

Un chouette musée à la campagne, par Emmanuel Boussuge

      Cela faisait longtemps que je voulais saluer (merci au Poignard de m’en donner l’occasion) le petit musée du Veinazès dans la Chataigneraie cantalienne, un musée familial constitué en toute indépendance des institutions. On y trouve surtout des outils et machines du mode rural. Amené par son métier à vider de nombreuses maisons, Raymond Coste supportait très mal le grand gâchis d’objets que ses voisins se sentaient obligés d’offrir en holocauste à la modernité conquérante et qu’il était souvent chargé d’amener vers leur destruction.  

      Un jour, il se décida à les récupérer et il en emplit un, puis plusieurs hangars. Il y a dix ans, la retraite venue et aidé par sa famille, il bâtit un musée où montrer une partie des innombrables pièces mises en réserve. Ateliers d’artisans reconstitués avec rigueur ou machines maintenues en état de marche (avec notamment une collection de tracteurs parfaitement huilés à faire pâlir tous les amateurs), Raymond Coste fait visiter sa collection et tourner ses machines en donnant toutes les explications nécessaires, selon les principes d’une pédagogie rustique, joviale et passionnée.

 

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Raymond Coste et Cécile C., démonstration de tracteur, photo E. B., juillet 2009


       Depuis quelque temps, le musée s’est aussi tourné, sous l’impulsion de Bernard Coste, son fils, vers diverses formes de création populaire. « Singuliers, bruts, hors-les-normes, outsiders, naïfs, cela importe peu », nous dit un panneau. « Le musée du Veinazès est très heureux d’accueillir ces œuvres qui, au travers d’une inspiration foisonnante et d’une imagination surprenante, traduisent le mot LIBERTÉ ». Bien doué lui aussi du talent familial pour la préservation, Bernard a ainsi pu mettre à l’abri plusieurs éléments du site réalisé à Ally, au Nord du Cantal, par René Delrieu, site qui avaient toutes les chances de disparaître sans laisser de traces (hors quelques rares pages comme celles de l’Auvergne insolite de Pascal Sigoda) quand ce dernier est mort en 2008. Rien de plus évident à mon sens que la présence des sculptures métalliques qui peuplaient le jardin de ce « mécanicien sur machines agricoles » au musée du Veinazès. Je mettrai ma main au feu qu’il aurait apprécié le geste.

      Ajoutons qu’outre les pièces qui étaient bien visibles devant la maison d’Ally, la conservation concerne des dessins d’une facture originale que l’on pourra aussi découvrir cet été au musée de Mauriac, lors d’une exposition qui fera la part belle à quelques-uns des plus étonnants parmi les créateurs populaires cantaliens.     

     Petit avant-goût :

 

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Dessin de René Delrieu, ph. E.B., août 2009

   Le musée du Veinazès expose d’autres productions locales plus ou moins excentriques (maquettes, aquarelles, dessins), ainsi que quelques pièces dénichées à Paris.

 

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Robert Goudergues, maquettes de maisons des rives de la Jordanne, ph. E.B., juin 2013


   Certaines découvertes faites par Bernard dans sa Chataigneraie (à Saint-Etienne de Maurs ou Lafeuillade) mais qui ne sont pas encore exposées paraissent extrêmement alléchantes. Un énigmatique meuble acheté dans une brocante à Mauriac (c’est la seule indication de provenance) figure aussi dans la collection. Il mélange stylisation populaire et thème aristocratique, avec heaume et blason que deux hommes patibulaires, vêtus d’un simple pagne (des hommes sauvages ?) soutiennent. Je serais, ma foi, bien curieux d’avoir l’avis expert des lecteurs du blog sur cette pièce difficile à qualifier et à dater.

 

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Ph. E.B., juin 2013

     Me reste à donner les informations utiles pour se rendre à ce musée plébéien, et fier de l’être, qui réserve sans doute de belles surprises au fur et à mesure que la part (encore assez réduite) réservée à la création populaire marginale va s’étendre, selon le vœu de ses animateurs.

 

Musée du Veinazès, Lacaze, 15120, Lacapelle del Fraisse (entre Aurillac et Montsalvy), tél. : 04 71 62 56 93 - 04 71 49 25 81. Le musée se visite en été tous les après-midis.

Emmanuel Boussuge


Commentaires

Mazette! Cécile C. chevaucherait-elle un vieux Landini inconnu? Il est bizarre, ce tracteur, je n'arrive pas à le cerner. On dirait un Lanz, il a la couleur d'un Landini, et en même temps, je ne reconnais ni l'écusson de Lanz, ni celui de Landini. Une marque cantalienne? Un SuperTripou 2000 GT, peut-être? Si Emmanuel Boussuge peut nous éclairer...

Écrit par : Régis Gayraud | 15/06/2013

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PS. celui qu'on aperçoit à côté, ça c'est simple, je parie que c'est un Renault des années 1950.

Écrit par : Régis Gayraud | 15/06/2013

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On dirait surtout que le père Coste vient de l'offrir pour que Cécile C. s'amuse avec (à le chevaucher entre autres, mais pas du côté de Chevaline bien sûr (cf. note à venir...))... On dirait vraiment un gros joujou. Peut-être un tracteur pour dame, comme il y a des vins de femmes... (Délicieusement sexiste je suis, n'est-il pas?)

Écrit par : Le sciapode | 15/06/2013

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Ravi d'apprendre qu'une exposition de cette nature se tient dans ce petit musée que je connais bien pour avoir la chance d'avoir ma famille dans cette Châtaigneraie cantalienne! Passage obligé cet été donc!

Écrit par : Aurélien Demaison | 16/06/2013

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Pour tous les amateurs de précisions fines, je signale que tracteur chevauché est un Moto-Standard.

Écrit par : Emmanuel Boussuge | 17/06/2013

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Un Motostandard! Incroyable! Moi qui me demandais si c'était pas un Capietto "Arrache-tout"! Ca alors! Pour moi, ils ne faisaient que des motobineuses! Enfant, dans nos vacances lavardinoises dont j'ai déjà raconté la substance dans un vieux numéro de "Recoins", notre voisin en avait un pour désherber sa vigne. Bleu aussi, bien sûr.
Mais c'est vrai que le Sciapode a raison, c'est un modèle un peu petit. Et la Cécile n'est pas toute petite, elle. D'ailleurs, j'en profite pour la saluer, d'aventure qu'elle regarde le blog.

Écrit par : Régis Gayraud | 17/06/2013

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