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19/08/2013

Elixirs et poudres de perlimpinpin bizarroïdes...

    En cheminant buissonnièrement à travers le maquis d'internet, je suis tombé sur ces fioles alignées sur le rayon d'un quelconque musée de l'apothicairerie à Beaune (Côte-d'Or).

 

beaune, apothicaires, étrangetés, inscriptions curieuses

   Ne dirait-on pas que quelque sorcier secret s'est blotti au fond d'une boutique d'apothicaire du temps jadis pour continuer d'y pratiquer clandestinement ses tours de passe-passe et autres confections de mixtures magiques? J'aime particulièrement "l'élixir de propriété", réalisé sans nul doute à partir d'un quelconque domaine, princier ou bourgeois n'importe, qui, après avoir été méthodiquement éradiqué de son propriétaire, a été non moins systématiquement pilé, et réduit en poudre aux fins de rendre tout SDF qui passe capable par magie de se trouver un toit salvateur...


Commentaires

Voici quelques informations sur l'élixir de propriété, en direct de l' "Encyclopédie ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers" (Diderot/d'Alembert) (article "Elixirs", volume 5, page 511) :
"Elixir de propriété de Paracelse. Dans la description que Paracelse a donnée de son élixir, il n'a point nommé le menstrue qu'il employoit, ou du moins il ne l'a désigné que sous un nom vague qui n'est entendu de personne; c'est pourquoi il ne faut point être surpris si on trouve chez les auteurs, des descriptions de cet élixir si différentes les unes des autres, chacun ayant interpreté le mot de circulé (c'est ainsi que Paracelse appelle son menstrue) comme il l'a jugé à - propos, ou du moins chacun ayant voulu substituer un menstrue qui pût remplir les vûes de l'auteur.
"La description de cet élixir que Crollius, célebre disciple de Paracelse, nous a donnée, a long - tems prévalu dans les Pharmacopées: mais cette loi pharmaceutique a été enfin abrogée; & la préparation des pharmacopées modernes, qui porte encore le nom d'élixir de propriété de Paracelse, est très - différente de celle de Paracelse & de celle de Crollius: les voici toutes les trois.
"Elixir de propriété de Paracelse. Archidox, lib. VIII. n° 6. de la myrrhe, de l'aloès hépatique, du safran, de chacun parties égales: faites circuler le tout au bain de sable, à une lente chaleur, pendant deux mois, après quoi retirez - en par la distillation à l'alembic une huile, que vous ferez digérer pendant un mois avec poids égal de circulé.
"Elixir de propriété de Paracelse, tiré de la basilique chimique de Crollius. myrrhe d'Alexandrie, aloès hépatique, safran oriental, de chaque quatre onces. Ayant pulvérisé toutes ces drogues, mettez - les dans un matras; humectez - les avec de bon esprit - de - vin alkoolisé, & versez ensuite dessus de l'huile de soufre tirée par la cloche, & rectifiée; versez, dis - je, de cette huile jusqu'à ce qu'elle surpasse la matiere d'environ quatre doigts; faites digérer & circuler pendant deux jours, après quoi vous retirerez par décantation la liqueur teinte & chargée de l'extrait des drogues. Reversez sur la matiere restante de bon esprit - de - vin, que vous circulerez pendant deux mois, après quoi vous retirerez la liqueur, qui sera encore colorée, & vous la mêlerez à la premiere. Distillez à petit feu les foeces restantes, & ajoûtez ce qui en distillera d'abord aux teintures susdites, & vous ferez circuler de nouveau le tout ensemble pendant un mois. Crollius ajoûte qu'il faut avoir soin de commencer par arroser les ingrédiens avec une suffisante quantité d'esprit - de - vin, pour les réduire en une forme de pâte; ensuite de verser l'huile de soufre, autrement toute la matiere se brûleroit & deviendroit noire; c'est, dit notre auteur, ce que Paracelse a caché avec soin.
"Elixir de propriété de Paracelse, selon la Pharmacopée de Paris. teintures de myrrhe, quatre onces; d'aloès, de sasran, de chaque trois onces: versez ces teintures dans un matras; faites - les digérer quelque tems, & gardez - les pour vous en servir au besoin.
"Si on distille le mêlange, on aura l'élixir de propriété appellé dans les boutiques élixir blanc. Voyez Elixir de Garrus.
"Si on prend une once du premier élixir, & qu'on y ajoûte douze gouttes d'esprit - de - soufre, on aura l'élixir de propriété avec acide.
"Paracelse attribuoit de grandes vertus à son élixir; & Crollius dit d'après lui, que c'est le parfait élixir qui a toutes les vertus du baume naturel; qu'il opere des prodiges dans les maladies de la poitrine & du poumon: que c'est un excellent préservatif contre la peste & contre toutes les maladies qui peuvent être occasionnées par un air corrompu; qu'il purge l'estoma de toutes mauvaises humeurs; qu'il fortifie tous les visceres; qu'il est spécifique dans le marasme, dans les catarrhes, & dans la toux; qu'il prévient la paralysie & la goute; qu'il guérit la fiévre quarte, la mélancholie; qu'il retarde la vieillesse, enfin que c'est un vulnéraire parfait. Aujourd'hui nous employons notre élixir de propriété comme un très - bon stomachique, comme un cordial ordinaire, comme un assez bon hystérique, & comme un excellent emmenagogue: on le fait quelquefois entrer dans les opiates fébrifuges, & on a remarqué qu'il ne contribuoit pas peu à les rendre efficaces. La dose de l'élixir de propriété préparé selon la pharmacopée de Paris, est depuis 10, 12, 15 gouttes jusqu'à un gros. Il est très - important d'observer qu'il ne faut pas pousser la dose de l'élixir de propriété au - dessus d'un gros, parce qu'une dose plus forte purgeroit le malade, ce qu'on ne se propose point dans le plus grand nombre de cas; il y a même des personnes qui sont purgées à cette derniere dose."

Écrit par : Siger du Haryag | 19/08/2013

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C'est fort bien tout cela, mister Siger du paddock, mais en avait-on vraiment besoin?
Je n'ai proposé ces fioles, ou plutôt ces étiquettes, qu'en raison de leur mystère et des associations d'idées cocasses ou poétiques qu'elles ne devaient pas manquer de faire surgir dans l'esprit de lecteurs ignorants de cette pharmacopée ancienne.
En ramenant votre science, vous dissipez passablement toute velléité de s'épancher dans ces directions associatives, ce me semble.

Écrit par : Le sciapode | 19/08/2013

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Bien d'accord avec le sciapode: à la niche les encyclopédistes !

Écrit par : Dr No | 20/08/2013

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M. du Sciapode, gonflez-vous la panse d'éponges calcinées et de poudre de cloportes, ça vous fera du bien! Et vous, Docteur No, retournez à vos opiates fébrifuges. Vous n'êtes qu'un cordial ordinaire, assez bon hystérique...

Écrit par : Père Ubu | 20/08/2013

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Permettez-moi de ruer dans les brancards, puisque je dois me défendre. Il me semblait que dans cette page de l'Encyclopédie, il y avait autant matière à rêver que dans votre photo, qu'il s'agissait là d'un parfait prolongement au mystère et aux associations cocasses que vous relevez à juste titre. Avez-vous lu cet article? Merci au Père Ubu de l'avoir lu, lui, et d'avoir relevé quelques-unes de ces expressions justement propre à s'épancher dans ces directions associatives, comme vous dites. Spécifique dans le marasme, je vous dit!

Écrit par : Siger du Haryag | 20/08/2013

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Il semble que les yeux d'écrevisses soient aussi conservés à l'apothicairerie de Bourg En Bresse :

http://bourgplus.fr/wp-content/modules/module_noewp_sitra/contenu/multimedia//sitrapcu319378_135148_flacons-apothicaireriecredit-gilles-brevet-cdt-ain-lt.jpg

Quelqu'un reprendra de la bave de crapaud ?

Écrit par : Cosmo | 20/08/2013

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