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05/10/2013

Sur Ali Maimoun

    Je suis resté un peu circonspect je dois dire, dans le récit du citoyen Darnish –et c'est le seul bémol que j'ai à y apporter, tant cette relation, comme dit l'Aigre, m'a paru à moi aussi excellente, et salutaire quant aux créateurs oubliés d'Essaouira dont j'attendais des nouvelles depuis des années– je suis resté circonspect devant les peintures-découpures d'Ali Maimoun que l'on voit autour de lui sur la photo de Samantha Richard. Son art a bien changé, et pas forcément en mieux, selon mon goût bien sûr, depuis la peinture qui fut exposée au Musée de la Création Franche en 1997 et que je mets en ligne ici pour permettre à mes lecteurs de juger sur pièces.

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Ali Maimoun, vers 1997, collection permanente du Musée de la Création Franche, ph. Bruno Montpied

   Et pour donner un autre exemple de ce que peint Maimoun aujourd'hui, voici une autre photo de Samantha Richard faite à Essaouira cet été. Le tableau me paraît nettement plus "décoratif", qu'en pensez-vous?

Ali-Maimoun.jpg

Ali Maimoun, 2013, photo Samantha Richard



Commentaires

Oui, l’œuvre actuelle montrée ici me semble à moi beaucoup plus décorative que la peinture de 1997. Je ne sais comment expliquer cette évolution.

Écrit par : Lievenn | 05/10/2013

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Il est difficile de parler d'évolution avec si peu de documentation, et surtout une telle discontinuité entre les dates. La production d'un artiste, comme celle de tout créateur, est soumise, on le sait bien, à des fluctuations selon l'intensité créative qui s'y fait jour, mais il faut se garder de toute interprétation hâtive en termes de progrès ou de régression lorsqu'on ne dispose pas de l'ensemble des œuvres exécutées dans une période donnée, surtout lorsqu'elle couvre plus de vingt-cinq ans.

Écrit par : L'aigre de mots | 05/10/2013

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Oui, l'Aigre a certes raison de faire appel à la rigueur scientifique dont on le sent fort pétri. Mais tout de même, si l'on compare avec l'autre photo-portrait de Maimoun entouré de deux à trois de ses créations d'aujourd'hui, dans l'autre note relative au récit de Darnish et Samantha Richard, à voir le côté sytématique de ces oeuvres très stylisées, louchant beaucoup du côté de l'ornemental, et délaissant la narrativité, on peut avoir l'intuition qu'un grand changement de cap s'est profilé...
Ne serait-ce pas l'effet du tabou religieux vis-à-vis des représentations humaines qui en serait responsable?

Écrit par : Le sciapode | 05/10/2013

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Le tabou religieux vis-à-vis des représentations humaines dans l'Islam semble en partie un mythe. Il apparaît en effet inexistant dans le Coran alors que contre toute attente, l'interdit de représentation est présent dans la bible, ce que j'ignorais. Une référence parmi d'autres:
http://www.lemondedesreligions.fr/archives/2006/07/01/peut-on-representer-le-prophete-en-islam,8176603.php
Il faut donc peut être être plus prudent ou mieux informé dans l'énoncé de certaines hypothèses.

Écrit par : RR | 06/10/2013

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Si je m'en réfère à l'article du "Monde des Religions" que vous-même, RR, nous mettez en référence, dire comme vous que le tabou des représentations humaines dans l'Islam semble en partie un mythe c'est lire l'article en question en modifiant quelque peu ses mots. Cet article en effet dit que le tabou en question, s'il n'est pas inscrit de façon nette dans le Coran, où l'on défend surtout aux fidèles de sombrer dans l'idolâtrie par l'image, n'est pas une règle absolue. Il est dit aussi que les interprétations wahhabites ultérieures (depuis le XVIIIe siècle), qui font beaucoup parler d'elles en ces temps actuels, voudraient propager une interprétation rigoriste d'un imaginaire Islam des origines, où aurait été interdite toute image figurative de façon nette (l'idée étant de lutter contre toute tentative chez les hommes de tenter de s'égaler au Créateur par la création des oeuvres d'art). Ces théories ne s'appuieraient pas sur le Coran, mais sur un autre recueil de textes, le "Sunna", recueil de paroles attribuées au Prophète, paru aux IXe et Xe siècles.
Il y a bien eu dans plusieurs secteurs de la théologie islamique condamnation de l'imagerie figurative, d'après cet article. Sinon, comment expliquer l'essor de l'art décoratif arabe où les artistes en investissant considérablement dans les motifs ornementaux l'ont énormément enrichi, du fait qu'ils ne pouvaient aller trop du côté du figuratif?
Mais vous avez raison de relever ce qui est devenu en fait un cliché que la vox populi a tendance à véhiculer sans vérification, cliché auquel, sans y accorder un crédit maximal toutefois, moi-même j'ai sacrifié l'espace d'une hypothèse hasardée...
A noter que nos peintres d'Essaouira ne représentent pas les prophètes mais des figures profanes avant tout, semble-t-il.

Écrit par : Lesciapode | 06/10/2013

Mon cher Sciapode, j'ai bien écrit que le tabou des représentations humaines dans l'Islam me semblait EN PARTIE un mythe. Je ne pense donc pas avoir trop modifié le sens de cet article. J'ai juste voulu, comme vous le dites, relever que ce tabou présenté souvent comme originel n'était qu'un cliché qui n'avait pu se perpétuer que pour des raisons historiques aussi complexes qu'aléatoires dans l'espace et le temps. (Et que résume, il me semble, assez bien cet article)

Écrit par : RR | 06/10/2013

Cher Sciapode, je ne suis pas d'accord avec vous quant à votre idée qu' Ali Maimoun fasse dorénavant de la peinture décorative (dans un sens négatif). Je pense, que malgré le fait qu'il soit autodidacte (reste-t-on autodidacte à vie?), son style a évolué.
D'ailleurs si vous regardez bien, les motifs "décoratifs" sont déjà présents dans cette peinture de 97 que vous nous montrez.
Personnellement, j'aime sa peinture de 97 comme j'aime celle qu'il fait maintenant, plus simple, plus dépouillée en un sens.
Sur la photo de Samantha on ne voit pas bien le travail de grattage de son enduit. Ce travail donne pourtant à l'ensemble de son tableau un extraordinaire fourmillement, une vie intense. Il a inventé ce procédé (peut être des réminiscence de son métier de maçon?).
Il a aussi évolué dans ses agencements de couleurs que je trouve tout à fait remarquables.
Là aussi son art s'est dépouillé, 5 à 6 couleurs pas plus. Sans vouloir présumer sur ses intentions, je dirais qu'il va vers plus de simplicité, vers l'essentiel selon lui qui serait le mouvement et l'harmonie chromatique.
En parlant avec lui, nous avons remarqué à quel point il était investi dans son travail, se posant des questions propres à chaque artiste pris dans son œuvre, conscient des directions à suivre.
Par ailleurs cela est tout à fait légitime de ne pas apprécier la direction qu'il a prise mais c'est ainsi, Ali Maimoun continue sa route. De maçon qu'il fut, aux peintures de jungles et maintenant à ses diables comme il les appelle, il trace sa voie.

Écrit par : Darnish | 06/10/2013

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Oui, il doit s'agir d'un dépouillement, d'une simplification, d'un choix comme vous dites de se concentrer sur ce qui lui paraît plus important, le mouvement, le chromatisme. Certes...
Mais cette réduction ne me plaît pas, allant selon moi vers un appauvrissement. Dans la peinture de 97, il avait atteint pour moi à une forme de perfection dans ce qu'il représentait. Il y avait en effet du décoratif, de l'ornementation je préfère dire, mêlé dans un tout absolument lié à de la figuration si bien qu'on ne distinguait pas l'un de l'autre. Les ornements faisaient entièrement partie des corps ou des plantes, chaque élément retentissait dans l'oeil et l'esprit du spectateur dans des registres analogiques qui les faisaient dériver vers des interprétations diverses. Ce tableau n'en finit pas de susciter des questions et des voyages dans le peu d'espace qu'il met en jeu. C'est vraiment un des plus beaux tableaux conservés au Musée de la Création Franche.
La direction qu'a prise Maimoun, certes, cela lui appartient, mais cette direction cependant me consterne quelque peu. Ce n'est que mon opinion.

Écrit par : Le sciapode | 06/10/2013

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