22/03/2016
Retour de créateurs marocains d'Essaouira à la galerie Six Elzevir
C'est une fois de plus grâce à l'Espace Nomad de Philippe Saada que l'on pourra voir certains créateurs contemporains d'Essaouira faire un petit tour à Paris. Notamment Babahoum, Asmah et Ben Ali dont nous avons déjà entendu parler sur ce blog (notamment par Darnish). L'expo ne dure que quelques jours malheureusement (cela se termine dimanche soir), à cause du fait que cette galerie se trouve louée.
Abdelghani Ben Ali dans son local de création à Essaouira, ph. Samantha Richard, 2013
Mustapha Asmah, ph Samantha Richard, 2013
Un dessin de Babahoum
La sélection concoctée par l'animateur d'Escale Nomad, Philippe Saada, est parfaitement éclectique et permet de se rendre compte qu'on n'est pas en présence d'un énième regroupement d'artistes d'Essaouira répétitifs, se complaisant dans le décoratif (comme ce que produit Ali Maimoune depuis quelque temps) et les tourbillons de figures noyées dans un pointillisme coloré qui a fini par devenir la marque de fabrique de certaines vedettes de la peinture souiri (et qui il faut bien le dire a pu à la longue détourner un certain nombre d'amateurs). On retrouvera Asmah, dont Saada a privilégié avec sagesse les œuvres plus anciennes, Babahoum, qui continue de créer, en expérimentant parfois de façon surprenante (voir ci-contre une peinture aux grosses silhouettes sombres et musculeuses), Ben Ali, qui paraît parti dans une iconographie "existentialiste" campant des silhouettes stylisées contrastant avec des animaux parfois obèses, ou Ghalid, ce mystérieux peintre caché par sa famille en raison d'un handicap, qui s'ingénie à serrer des figures dans une tapisserie d'Arlequin. On n'oubliera pas de signaler dans un coin de la galerie les touchantes petites peintures d'un certain Abdellatif. Et les compositions "lettristes" de Zouzaf, paraît-il plus "lancé" et coté à Essaouira ces temps-ci que ses confrères de la galerie Six Elzévir.
Ghalid, ph. Escale Nomad
Le mur consacré à Ben Ali à la galerie Six Elzévir, dans l'expo d'Escale Nomad, ph Bruno Montpied
Une question pour finir: pourquoi si peu de musées ou de collections institutionnelles s'intéressent-ils aux créateurs, pourtant variés, sincères, désintéressés d'Essaouira? Je n'ai entendu parler que du musée de la Création Franche qui en son temps accueillit quelques œuvres venues de l'ancienne Mogador. Quid du LaM ou de la Collection de l'Art Brut à Lausanne, voire du musée d'art naïf et d'art singulier de Laval ? Trop dans le commerce, Essaouira? Pourtant, plusieurs créateurs de là-bas pourraient relever de l'art brut, ou de l'art singulier (Neuve Invention). Comme Asmah, Ghalid ou Babahoum par exemple...
Asmah, ph Escale Nomad
Asmah, ph. Escale Nomad
00:24 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art naïf, Art singulier | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : essaouira, escale nomad, babahoum, asmah, ben ali, art singulier du maroc, darnish, samantha richard, philippe saada, abdellatif, ghalid | Imprimer
Commentaires
Petit à petit, les peintres d'Essaouira vont trouver un public, grâce notamment à ce genre d'exposition et au relais que vous faites sur le Poignard.
J'aurais envie de voir les peintures de Ben Ali de plus près. Son univers paraît toujours aussi tourmenté. Existentialiste, dites-vous, oui, et presque fantastique aussi.
Les deux Asmah sont très forts, incandescents, on dirait un tournoiement de flammes.
A quand, cher Sciapode, un voyage là-bas?
Écrit par : Darnish | 26/03/2016
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