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26/06/2017

Travail d'Apache

A.Escudier (2), Travail d'Apache à Belleville, 47x38 cm, 1905, .jpg

A. Escudier, Travail d'Apache à Belleville, 1905, 47x38cm, coll. et ph. Bruno Montpied.

 

    Les feuilles mortes s'y ramassent à la pelle et, apparemment, pas seulement les feuilles... comme on peut le voir avec cet homme largement suriné (d'un coup de poignard bien peu subtil), sur ce tableau peint sur carton par un certain Escudier au début du siècle dernier. On a affaire à un triple leitmotiv ensanglanté: le foulard au cou de l'Apache, la pointe du surin et la plaie de la victime au sol qui ressemble à une cravate défaite.  L'homme mort (une vengeance?) arbore une expression proche de l'étonnement, ce qui accentue le caractère naïf de la peinture. La scène de meurtre a quelque chose de stéréotypée, comme reproduite d'après la photo d'une de ces publications à sensation qui exploitaient les faits-divers, comme il y en a toujours eu (avant les journaux, il y avait les occasionnels, les canards avec des gravures sur bois bien "sanglantes", cherchant à profiter de l'émoi des bonnes gens, facilement prêtes à s'épouvanter devant de tels crimes). On nous parle de "Belleville", mais la scène se passe dans un bois... A Belleville, en 1905, l'urbanisation avait déjà fait litière des bouts de nature sauvage qui existaient autrefois sur les hauteurs de cette colline parisienne. Peut-on imaginer alors que l'assassinat a eu lieu dans un recoin discret des Buttes-Chaumont qui s'étend aux lisières de Belleville?

Commentaires

Oh, cela pourrait être du côté de la butte du Chapeau-Rouge, non loin des furtifs. C’était encore assez sauvage dans les années 1970, alors en 1905...

Écrit par : Régis Gayraud | 26/06/2017

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Des fUrtifs ? Assez jolie faute de frappe...

Écrit par : zébulon | 26/06/2017

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Il y avait encore énormément de friches, de maquis et de bosquets dans les hauts de Belleville jusqu'à la veille de la guerre de 1914, notamment du côté du Lac Saint-Fargeau. Des vieillards qui habitent encore le quartier de la place des Fêtes m'ont affirmé qu'ils allaient encore à la fin des années 1940 chercher leur lait à la ferme du Télégraphe, où officiait l'une des dernières vaches sans képi, mais dotée de beaux pis, de Paris.

Écrit par : L'aigre de mots | 26/06/2017

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La scène se passe dans un bois assez profond pour ne pas s'assimiler à une friche, un maquis voire un bosquet, ne trouvez-vous pas, l'Aigre? En rédigeant ma note, moi aussi, je me disais que Belleville en 1905 aurait pu recéler de zones boisées, mais la consultation de plans de cette épqoue laisse peu de place à des zones vertes fournies, semble-t-il. Même la butte du Chapeau Rouge, Régis, ne paraissait pas assez grande sur ce plan. Je réitère donc mon hypothèse des Buttes-Chaumont. Sans négliger aussi que l'on a peut être affaire à une vue fantasmée de Bellevile par quelqu'un qui peint ce paysage sans connaître Paris.

Écrit par : Le sciapode | 26/06/2017

«  Une vache avec de beaux pis », dites-vous, cher Aigre? Diable! Combien de pis, exactement? Tant que cela? Pourquoi pas des seins? Il y avait donc déjà de sévères mutations génétiques, en ce temps-là!

Écrit par : Isabelle Molitor | 27/06/2017

La Butte du Chapeau Rouge encore sauvage dans les années 70? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler exactement, Régis, car le parc qui s'y trouve a été créé en 1938. Or, ce dernier ne peut guère être qualifié de "sauvage".
Dans les années 1980, je passais régulièrement devant dans un autobus chargé d'enfants de maternelle qui partaient tous les matins d'été pour le Bois de Vincennes en centre aéré. Il y avait peu de sauvagerie dans ce beau parc peu fréquenté. Une statue de femme nue assez sculpturale excitait seule la verve des moutards qui, dès qu'ils apercevaient les tétons de l'athlète (qu'il revoyait chaque matin), scandaient tous en choeur: "Les gou-gouttes! Les gou-gouttes!...". C'était la seule sauvagerie que l'on pouvait percevoir le long de ces confins du XIXe arrondissement suivi bientôt du XXe....

Écrit par : Le sciapode | 26/06/2017

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"Les gougouttes! » Cette statue est donc un hommage à la vache sacrée aux pis multiples, cette Artémis d’Ephèse des Hauts de Belleville restée fameuse du côté du Télégraphe, et dont nous parle l'Aigre.

Écrit par : Régis Gayraud | 27/06/2017

L’ai-je vu, l’ai-je rêvé?
Si, je l’ai vu. Lorsque j’étais enfant, nous allions avec ma mère aux Buttes-Chaumont. Nous y avions nos endroits préférés. Une plateforme non loin du Belvédère, et le pont qui passe au-dessus de la rue, à cet endroit où les voitures semblent passer dans un défilé où les attendraient les Indiens. Mais un jour, j’étais déjà presque adolescent, nous sommes allés plus loin, nous avons continué vers l’Est et c’est ainsi que nous sommes arrivés à la butte du Chapeau-Rouge. Mon père en parlait souvent, de ce coin. Pour lui, c’était un rendez-vous de malfrats. Oui, Sciapode, vous avez raison, il y avait bien ce parc et ses statues, au demeurant largement délaissé à l’époque (aujourd’hui, bien mieux entretenu). Mais il y avait aussi, en face du parc, une deuxième parcelle, plus grande encore que le parc lui-même, qui tenait moitié du maquis, moitié de la savane. Ou plutôt. Sur cette deuxième butte, séparée de la première par un boulevard régulièrement désert, il y avait tout un enchevêtrement d’arbres denses en lisière, et au milieu une très vaste clairière d’herbes folles dans lesquelles pointaient encore des épis de blé.
Un peu plus tard, quand j’ai commencé à me promener seul dans Paris, je poussai souvent jusque-là, avec la griserie que procurais la sensation d’aller vraiment loin au-delà des limites des alentours, de s’approcher de la campagne.
L’ai-je rêvé? Oh oui, j’en ai rêvé de cet endroit, tellement rêvé que je ne sais plus où est le vrai, où est le faux. Je rêvais - j’en rêve encore - d’un vaste creux semé de blés mûrs, et d’une ferme, d’un paysan moissonnant ce champ, avec sa vieille batteuse attelée à un tracteur vétuste. Je l’ai vu tant de fois, ce rêve en plein Paris, que je ne sais plus où est le vrai, que je dois faire un effort pour penser qu’il s’agit bien d’un rêve.
Dans chaque ville où j’ai vécu, j’ai aimé ces incursions de la campagne en ville, souvent sous forme de collines touffues d’où l’on peut voir la ville étalée au pied, alors même que je déteste les squares et les parcs, qui me procurent souvent un vrai malaise.
Le XIXe arrondissement, avec ses différentes collines souvent bâties de petits pavillons, a longtemps donné cette impression de basculer dans la campagne.
La butte sauvage en face du parc du Chapeau rouge, tout près des fortifs (et non des furtifs, effectivement, RR!) est partiellement occupée, aujourd’hui, par l’hôpital Debré, et d’autres bâtiments, je crois.

Écrit par : Régis Gayraud | 27/06/2017

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Ha ! Vous vous méprenez, ne me confondez pas avec Zebulon, que diable ! (Cela dit je n'ai rien contre ce garçon qui est parait-il très sympathique selon ce qui m'a été rapporté). C'est lui et non moi qui vous a fait remarquer cette fort pertinente faute de (petite ?) frappe: "non loin des fUrtifs" était effectivement bien vu au regard du tableau présenté (les serineurs sont en effet furtifs par principe, non ?). J'abonderai donc dans le sens de Zebulon et j'irai même jusqu'à avancer l'hypothèse qu'il y a, comme c'est le cas des lapsus, des fautes de frappe inconscientes très signifiantes.

Écrit par : RR | 27/06/2017

Merci M RR. Je trouve votre hypothèse tout à fait pertinente: à force de frapper (sur le clavier de son ordi) on finit toujours par fauter.

Écrit par : Zébulon | 27/06/2017

Et mieux vaut fauter que voter.

Écrit par : Le sciapode | 27/06/2017

Cela pourrait être dans un petit maquis comme celui de la rue Piat, qu’on a bien connu jusque dans les années 1990.

Écrit par : Atarte | 27/06/2017

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Ah oui, et puis j’oubliais, il y avait au bout de cette parcelle, incongrue, plantée là parmi les herbes folles, une église en béton absolument hideuse, qui semblait déjà à moitié en ruines. Existe-t-elle toujours?

Écrit par : Régis Gayraud | 27/06/2017

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A propos de terrain vague et (Du) champ abandonné votre commentaire me fait penser à "Étant donnés : 1° la chute d'eau, 2° le gaz d'éclairage..." 3° Atarte, 4° Isabelle Molitor, 5° Bousquetou, 6° Félicie Corvisart... etc.

Écrit par : RR | 27/06/2017

Entre-nous, cher Sciapode, je ne crois pas que ce travail d’apache soit une vengeance. On ne se venge pas d’un bourgeois, on le trucide pour lui faire les poches. Le type à terre n’est pas du même milieu que son assaillant. C’est un bourgeois. En témoigne son chapeau qui a roulé à terre (et aussi son air ahuri). Le surineur, lui, arbore l’aristocratique guimpette des arsouilles.
Quant à l’apache, il me fait vaguement penser à un collaborateur de « Recoins » (vous savez, cette revue dont l’animateur de la défunte « Animula vagula » disait qu’il s’agissait d’une revue de bobos clermontois, alors que la plupart des gens qui la produisent considéreraient comme un vrai pactole d'avoir un Smic), et plus précisément à son principal dessinateur, amateur de boxe et de surin.
J’en profite aussi pour dire que je ne comprends rien au dernier commentaire de RR.

Écrit par : Isabelle Molitor | 28/06/2017

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Oui, certes, la victime ressemble à un bourgeois volé. Mais, précisément, le peintre n'a pas représenté l'hypothétique butin, qui, s'il existe, serait peut-être dans l'autre main dissimulée de l'autre côté du buste, me direz-vous, mère Molitor... On pourrait ainsi en gloser des jours vous et moi...
Je ne sais pourquoi cependant, je m'entête à voir dans ce pauvre mort le résultat d'une vengeance commise par un lâche au détriment d'un naïf, que vous préférez voir comme un ahuri, et au fond, dites-le, comme un salaud de bourgeois... Chacun sa perception, comme le dit un conte entendu récemment, mettant en scène un éléphant considéré partiellement par trois aveugles de naissance. N'essayez donc pas de m'imposer votre point de vue. Nous avons peut-être tous deux raison, chacun avec son morceau de vérité.

Écrit par : Le sciapode | 28/06/2017

Non, vraiment, plus ça va, plus je trouve que cet apache ressemble à Franck Fiat. De « Recoins ».

Écrit par : Isa molitor | 29/06/2017

D'accord, Mademoiselle Molitor, les vaches n'ont, en toute rigueur vétérinaire, qu'un seul pis, auquel sont accrochées deux paires de trayons vrais, plus un ou deux faux trayons surnuméraires, pour la déco, sans doute. Mais par métonymie, le mot « pis » est souvent employé au sens de « trayon », terme jugé un peu trop technique, et ce chez les meilleurs auteurs (comme Jean Lorrain, selon l'exemple du TLFI). Donc, s'il vous plaît, évitez de vous poser en fliquette de la langue, comme trop de vos confrères correcteurs d'imprimerie.

Écrit par : L'aigre de mots | 30/06/2017

Pour éclairer votre lanterne (quoique je répugne à me référer à wikipédia), quelques explications destinées aux mal-comprenants:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Étant_donnés

Écrit par : RR | 28/06/2017

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Non mais ça, d’accord, RR, sérieux, vous croyez nous apprendre quelque chose là-dessus? Mais quel rapport avec le commentaire qui a engendré le vôtre?

Écrit par : Isabelle Molitor | 29/06/2017

Oh, je sais que je n'ai rien à vous apprendre dans quelque domaine que ce soit. Mais là, étant donnés 1° le poignard, 2° la subtilité, n'y voyez pas malice mais il va falloir creuser encore un peu, Isabelle...

Écrit par : RR | 29/06/2017

Mais je n’impose rien du tout, M. Sciapode. Les gens sont bien nerveux, en ce moment sur le Poignard! Quant au butin, une montre tient dans la main droite, justement cachée, ou dans la poche de la vareuse.

Écrit par : Isabelle Molitor | 29/06/2017

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Ou bien, il sort un mouchoir de sa poche parce qu'il s'apprête à essuyer le surin.

Autre possibilité : il n'y a bien sûr pas de butin. Sa main droite a été mangée par sa victime avant qu'elle ne soit tuée (à moins que ce ne soit le mobile du crime) et le moignon se cache plaqué contre sa poitrine pour arrêter le sang de couler.

Ou encore, l'Apache se prend pour Napoléon et glisse sa main droite contre son cœur.

Écrit par : Le sciapode | 29/06/2017

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