14/03/2022
Une nouvelle technique du sieur Darnish : le « coinçage »
C’est en voulant tuer le temps alors que j’attendais du côté de la place Monge à Paris que j’ai coincé ma première image dans le vieux volet d’une boutique qui avait tout l’air d’être abandonnée.
Darnish, coinçage, place Monge, Paris, janvier 2022.
Assis sur la fontaine de la place Monge je venais de découper un bonhomme sur un marque-page légèrement cartonné. Tout en le découpant soigneusement, je me disais que j’allais pouvoir en faire quelque chose, l’abandonner quelque part plutôt que le mettre directement à la poubelle...
Comme il était cartonné, il ne se prêtait pas vraiment au collage. De toute façon je n’avais pas de colle sur moi. Sur le coup, je ne voyais pas à quoi il allait servir, le poser sur un rebord de trottoir ? Le glisser entre un pare-brise et son essuie-glace ? Le garder des mois au fond de mon sac ?
Ce n’est qu’en rejoignant mon rendez-vous qu’en passant devant cette boutique au volet usé, fendu par endroit, que m’est venu l’idée de l’y coincer. La rigidité du carton me permettait de forcer un peu et de l’enfoncer vigoureusement dans une fente du bois.
Bien coincé, le bonhomme en noir et blanc donnait l’impression de se pencher pour voir la rue, comme on se penche à la fenêtre pour voir qui arrive. C’était mon premier « coinçage » !
Darnish, coinçage, avec un personnage de Bosch, Paris, février 2022.
Darnish, autre coinçage avec Bosch, Paris, février 2022.
De retour à la maison j’ai trouvé de vieilles images cartonnées (condition sine qua non pour réitérer l’opération) de Jérôme Bosch. Ces trognes inquiétantes m’ont semblé parfaites, comme sortant déjà de quelque part, comme pointant déjà leur nez d’une fissure. Elles ont été rejointes par des anges de Giotto, et par quelques autres visages aussi, au gré des trouvailles (personnages de Dürer, de Van Eyck entre autres).
Darnish, coinçage avec Bosch, Paris, février 2022.
Darnish, coinçage, avec Giotto, Paris, février 2022.
Darnish, coinçage avec Giotto, Paris, février 2022.
Darnish, coinçage avec Van Eyck, Paris, février 2022.
Darnish, coinçage avec Dürer (peut-être), Paris, février 2022.
Et c’est en me promenant avec ces quelques amis en carton dans mon sac que j’ai coincé, à Paris et au Havre ces quelques images que le Poignard Subtil a la gentillesse de montrer ici.
Darnish. Mars 2022
17:51 Publié dans Art moderne ou contemporain acceptable, Street art marginal (art de rue sauvage), Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : darnish, art de rue nouveau, coinçage, intervention poétique urbaine, bosch, van eyck, giotto, dürer, art contemporain original, détournement, modifications d'oeuvres d'art | Imprimer
Commentaires
Jadis, il y eut les gommages d'A K El-Janaby qui créaient des disparitions. Aujourd'hui, voici les coinçages de Darnish qui créent des apparitions.
Écrit par : Gourmet | 14/03/2022
Répondre à ce commentaireBien vu, mister Gourmet. Disparitions/apparitions : comme un clignotement dans l'histoire des formes d'expression...
Écrit par : Le sciapode | 15/03/2022
Il y a comme une forme de voyeurisme poétique dans ces "coinçages"et ce, de chaque côté du mur, comme un regard indiscret qui pourrait se prêter à un érotisme secret.
Écrit par : gilles | 16/03/2022
Répondre à ce commentaireC'est cela oui..
Écrit par : Gourmet | 16/03/2022
Très sympa.
Bravo
Écrit par : Yves D'Anglefort | 17/03/2022
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