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19/03/2020

Défendons les librairies indépendantes

     Nous voici confinés, de ce mot si vilain où l'on entend cons finis, confits, et surtout déconfits. Nos dirigeants roulent sur du velours : quelle raison plus exceptionnelle pour eux de tenir enfin tous les révoltés potentiels encagés sans pouvoir se défendre au risque de passer pour des suicidaires ou des ennemis publics, dès la première balade sans attestation de déplacement autorisé? Mais ils ne perdent rien pour attendre... Nul doute qu'après ce coup-là, après ces délimitations de ce qui est activités "essentielles" (manger, travailler, pratiquer le culte – au risque de contaminer tout le voisinage comme l'ont fait ces andouilles d'évangélistes dans l'est de la France) ou "non essentielles" (l'art, les livres – l'amour?), des règlements de compte auront lieu à un moment ou un autre, dès lors que nos courageux chercheurs et héroïques soignants nous auront trouvé la solution pour nous débarrasser de ce virus de pangolin (nous, et aussi eux, avant tout eux?)...

       On peut sortir faire les courses et pratiquer un exercice  – le footing obligatoire? Et qu'en est-il d'une  bonne petite marche de dérive en solitaire à des heures où l'on ne croise personne,  le matin tôt par exemple, quand tout le monde fait la grasse matinée, car on n'a jamais fait autant la grasse matinée que depuis lundi dernier... , alors pourquoi n'a-t-on pas laissé quelques librairies de quartier, commerces de proximité, ouvertes? Avec les mêmes précautions que pour les supermarchés et autres commerces alimentaires. D'autant que les librairies ne sont généralement pas prises d'assaut.

    J'ai décidé, faute de boutiques ouvertes (j'avais personnellement pris  mes précautions en stockant comme un malade plein de livres chez moi, je m'en ouvrirai bientôt sur ce blog), de relayer l'appel d'une librairie de Lyon, que j'estime beaucoup, peut-être une des meilleures librairies d'art de France, la librairie Descours, située dans la Presqu'île, près de Bellecour. On peut leur acheter leurs livres par internet.

    "Pendant la période de fermeture au public de la librairie, dont la durée dépend de l'évolution de l'épidémie, l'équipe des libraires reste en veille et sera à votre service, à distance. Vous pouvez consulter le site internet de la librairie (https://www.librairie-descours), qui est à la fois un remarquable outil bibliographique pour se documenter ainsi qu'un espace de vente dématérialisé, réactif et efficace. Vous y découvrirez notre très riche fonds - des livres neufs et des livres épuisés -, vous pourrez prendre connaissance des nouveautés reçues ces derniers jours et semaines, puis vous pourrez y réserver ou commander tous les titres "en stock" :

    - demandez un retrait en librairie pour réserver un livre ;
    - demandez un envoi postal pour recevoir le livre directement chez vous.

Cette période de fermeture va considérablement fragiliser l'économie d'une librairie indépendante telle que la nôtre. Vous avez le pouvoir de favoriser la consolidation de notre activité, si singulière et originale, en évitant d'acheter des livres sur les grandes plateformes impersonnelles et en privilégiant notre structure insérée dans le tissu culturel et animée par des professionnels qualifiés.

Dans l'attente de vous revoir, soyez prudents dans les prochains jours.

L'équipe de la librairie."

Léopold Chauveau, cou catal Orsay 2020.jpg

Catalogue de l'expo du musée d'Orsay que j'ai personnellement pu aller voir rapidement avant que les herses ne retombent sur les musées.

Otto Freundlich au musée de Montmartre.jpg

Catalogue de l'expo qui aurait dû ouvrir au musée de Montmartre, juste au-dessus de chez moi... Pour une fois que cet abstrait original - plus vivant que Mondrian, tué par les Nazis en tant que Juif et Révolutionnaire, mentor par ailleurs, par une espèce de hasard étonnant, de Gaston Chaissac qui était son voisin à Paris dans les années 1930 - venait à Paris depuis le musée de Pontoise où il a une fondation, pan, v'là ce coronavirus de misère...

 

     Privés des expositions dont plusieurs catalogues sont en vente chez Descours, en attendant qu'elles soient (est-ce possible?) prolongées ou remises à une autre occasion (?), l'amateur pourra toujours se reporter, en désespoir de cause, à ceux-ci, à une époque où bienheureusement on conçoit les catalogues comme des expositions portatives.

22/08/2009

Les librairies préférées du sciapode

    Cela fait un certain temps que j'ai envie de lister les librairies parisiennes où je tombe presque automatiquement sur des livres faits pour moi. Une bonne librairie, c'est en fait cela avant tout, celle qui a pensé à vous mettre sous le nez le livre qui vous était destiné. C'est ce que tout le monde appelle une "bonne librairie" sans souligner la plupart du temps qu'il ne s'agit que d'un choix très subjectif, à la limite de l'égocentrisme. Mais si cela peut recouper les marottes, les chemins de traverse, les inclinations personnelles d'autres internautes lecteurs de ce blog, je n'aurai pas tenté ce rassemblement subjectif en vain. Et du coup, peut-être ce "subjectif" commencera de se transformer en valeur objective...

Tschann.jpg

 

    Première à laquelle je pense, la librairie Tschann sur le boulevard du Montparnasse, dans le XIVe ardt, peu après le carrefour Vavin. Cela ne varie pas en ce qui me concerne, je trouve depuis au moins trente ans toujours mes livres là-bas. Leurs goûts évoluent avec les miens. Notamment les beaux livres sur l'art. Ils ont une politique de libraire personnelle, ils trient les ouvrages qui méritent davantage que d'autres d'être portés à la connaissance de leurs clients. Contrairement à tant de leurs confrères qui se contentent d'être des comptoirs de diffusion des cent mêmes titres imposés par les diffuseurs dans la plupart des boutiques de France et de Navarre. 

Librairie l'Ecume des pages.jpg     L'Ecume des pages arrive sûrement en deuxième dans mes préférées. C'est la librairie qui reste ouverte tard (minuit en semaine), restant accessible aussi le dimanche (Boulevard Saint-Germain, à Saint-Germain-des-Prés, à côté du Flore). Elle avait changé il y a quelque temps la disposition de ses rayons et étalages et l'on y a trouvé moins d'ouvrages hors des sentiers battus durant quelque temps. Cependant, la direction du lieu après une réadaptation semble-t-il a repris sa marche en avant du côté d'une certaine exigence. Elle reste bien instruite des livres à découvrir, pas nécessairement médiatiques. De l'extérieur, il ne faut pas craindre de franchir le seuil malgré les présentoirs à cartes postales qui font croire à une boutique pour touristes...

Librairie Libralire.jpg
Vitrine de la librairie à l'époque où les enfants de ma BCD y avaient exposé des "lettrines iconophores" concoctées avec mézigue (une lettrine est illustrée par des images d'objets dont le nom commence par cette lettre, comme c'était l'usage dans les anciens dictionnaires type Larousse), ph. Bruno Montpied, 2008

    Libralire n'évite pas toujours le piège des livres identiques à ceux qu'on trouve dans les librairies type comptoirs de diffusion, mais en raison de la sympathie que nous inspirent ses libraires - notamment l'ineffable Fabrice - je cite sans coup férir cette adresse. Nous regrettons, disons-le au passage, le départ de Nelly qui était une excellente connaisseuse de la littérature jeunesse. La librairie se trouve presque au croisement de la rue Jean-Pierre Timbaud et de la rue Saint-Maur dans le XIe ardt.

 Librairie L'humeurvagabonde.jpg    L'humeur vagabonde est une excellente librairie de quartier dans le XVIIIe ardt. En dépit de sa petite surface, on trouve souvent les livres curieux que l'on recherche triés par des professionnels au sein de l'abondante production livresque. On sent un certain penchant des libraires pour les sujets radicaux dans cette librairie. La librairie jeunesse qu'ils ont installée de l'autre côté de la rue (du Poteau) est loin d'égaler sa qualité, cela dit, lorgnant semble-t-il beaucoup trop du côté d'une certaine mièvrerie de la littérature pour enfants. Pour la trouver, descendre depuis la mairie du 18e ardt en direction de la Porte Montmartre la rue du Poteau, c'est après la partie de la rue plus spécifiquement dévolue aux commerces alimentaires.

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La librairie de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard, 18e ardt

 

    La librairie de la Halle St-Pierre reste le lieu incontournable en matière de documentation sur les arts spontanés, unique en son genre à Paris, étant donné la variété et la multiplicité des ouvrages proposés. Ses animations dans le petit auditorium en sous-sol prolongent utilement cette offre d'informations. Leur activité s'inscrivant comme on sait, qui plus est, dans un programme d'expositions très souvent liées à la thématique des arts populaires, imaginistes ou insolites. Le lieu, agrémenté d'une caféteria où il fait bon rêvasser en sirotant quelque boisson, est ouvert sept jours sur sept, et c'est à Montmartre...

Librairie Un Regard Moderne.jpg
Intérieur de la librairie Un regard moderne, ph.Bruno Montpied, juillet 2007

    Un Regard moderne, située rue Gît-le-Coeur dans le 6e ardt, est une échoppe incroyablement bourrée du sol au plafond d'une littérature excentrique allant de l'art graphique underground à l'art brut et environs (rayon prés de la porte d'entrée, au ras du sol, un des rares accessibles sans avoir à demander auparavant au gérant ce que l'on est venu chercher - personnellement, je n'entre jamais dans une librairie en sachant ce que je cherche, je suis comme Picasso, je trouve...), en passant par l'érotisme, avec de nombreux titres sur le sado-masochisme, le surréalisme (littérature et arts plastiques), les situationnistes, le rock'n roll et la culture qui s'y rattache, etc... Un petit espace d'exposition le flanque sur la droite plutôt ouvert aux graphistes tendance Dernier Cri et consorts. 

Anima.jpg    Anima, ça se trouve avenue Ravignan, vous savez, l'avenue de Montmartre où s'élevait le Bateau-Lavoir de Picasso et autres. C'est une petite librairie tenue par une passionnée que garde un (une?) sympathique bull-dog. On y trouve surtout des ouvrages de poésie exigeante, de sciences humaines, des ouvrages féministes ; mais aussi de la littérature générale, et des revues littéraires rares, comme l'excellent Bathyscaphe édité au Québec par Benoît Chaput et Antoine Peuchmaurd. Je n'y trouve pas toujours mon bonheur, mais c'est plutôt pour goûter aux charmes de discussions aux fils labyrinthiques et légèrement foutraques, improbables, avec la gérante des lieux, que j'aime à y entrer de loin en loin.  

     Val'heur, je ne cite cette librairie-là, située dans le 9e ardt rue Rodier prés du lycée Jacques Decour, que parce qu'on est sûr d'y trouver les publications du Collège de Pataphysique. [Cependant depuis quelque temps, la librairie ne s'occupe plus des ouvrages pataphysiques édités après 2007... Mise à jour, février 2010]

     La librairie du musée du Louvre, c'est bien pratique, et cela rend inutiles les voyages coûteux et mangeurs de temps précieux vers les expositions régionales et européennes... Les catalogues étant si bien faits aujourd'hui, si richement illustrés, parfois davantage iconographiés que dans l'expo elle-même, qu'ils dispensent d'aller voir l'exposition à laquelle ils se rapportent. En plus, on peut les garder chez soi, eux.

     La librairie Henri Veyrier aux Puces de Saint-Ouen, c'est un bouquiniste énorme question surface, et question choix. On y trouve de tout, côté beaux livres d'art ou littérature générale, littérature jeunesse, dictionnaires, bandes dessinées... Pour les fauchés, adresse idéale.

      Vendredi, une bonne librairie dans la rue des Martyrs, prés du croisement avec le boulevard de Clichy. Chez eux, ou elles plutôt, j'ai toujours l'impression que les livres à découvrir sont avant tout dans la vitrine qui concentre ce qu'il y a de plus intéressant dans le choix du moment. Là aussi, un regard complice trie en amont les livres qui sont faits pour les lecteurs qui partagent cette communauté d'esprit. 

      Joseph Gibert, boulevard Saint-Michel, à ne pas confondre avec Gibert Jeune plus bas, place Saint-André-des-Arts, est toujours la grosse librairie de Paris où l'on peut trouver des ouvrages d'occasion signalés par des bouts d'adhésifs noirs ou rouges en fonction des réductions. Le choix est vaste, il faut chercher, ça dure longtemps, les libraires changeant souvent l'ordonnancement des rayons, les différents étages, ça bouge tout le temps (et c'est assez casse-pieds...). 

Librairie Palabres M.Zinsou,ph.Gérard Lavalette, blog paris faubourg.jpg      Palabres, petite librairie d'occasion rue de Nemours dans le 11e ardt (signalée par Joël Gayraud). Elle est tenue par M. Zinsou, communicatif, sympathique, qui a de la littérature de voyage,  des livres rares sur toutes sortes de sujets, l'Afrique notamment, mais aussi la Commune de Paris, la révolution, Paris, l'art (un peu)...

(A suivre?)