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11/01/2008

Les Cahiers de l'Umbo n°10 et 10bis

     On me pardonnera j'espère de ranger cette note sous la catégorie "surréalisme" alors que les auteurs publiés dans les Cahiers de l'Umbo ne se revendiquent pas clairement d'un mouvement organisé en tant que tel, mais il y a cependant d'incontestables filiations, des signatures, Guy Cabanel (le poème Les Surprises du Paradis), Alain Joubert (qui écrit: " Finalement, les poètes qualifiés de "surréalistes" se reconnaissent beaucoup plus à l'infinie capacité d'invention dont ils font preuve, à la puissance de leur imagination et, par-dessus tout, à l'esprit de révolte qui les anime. Pas à la forme qu'ils utilisent", dans Grains de Sel, Cahiers de l'Umbo n°10bis), Georges Goldfayn, Pierre Peuchmaurd, Antonio José Forte, Marie-Dominique Massoni, Dusan Matic, Stanislas Rodanski (sur qui François-René Simon revient aussi dans une plaquette éditée en supplément de ce numéro double, qui se lit de façon réversible comme une carte à jouer...)...

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    Les "Cahiers de l'Umbo"? C'est quoi? Une revue de poésie éditée à Annemasse par un dandy, peintre et collagiste de grand talent, Jean-Pierre Paraggio. Quelquefois, je batifole (je "bouffonne", aurait dit un ancien ami  de ma belle jeunesse, Amrindo Sisowath),je m'amuse à l'appeler les "Cahiers de Dumbo". C'est que ce n'est pas commun cet "umbo"-là... il paraît que cela aurait trait à une histoire de bouclier celte (dixit Littré), je n'ai pas envie d'approfondir la question.

    Ce n° double s'ouvre sur une photo de Nicole Espagnol avec des pigeons alignés en rang sous un (minaret?), une critique implicite? On y glane son miel en butinant, ces lignes de Jean Durançon par exemple sur David Goodis: "Comment devient-on clochard alcoolique? Telle est peut-être le sujet central, central et le plus obsédant, des romans de David Goodis. Comment devient-on cette vie qui s'écroule dans un monde qui s'écroule, accompagnement funèbre et, pour ainsi dire parfait d'un parcours, d'un processus de démolition qui est celui-là même qui nous mène d'un point de naissance à un point de disparition?" Cette vie qui s'écroule est-elle celle de ces pigeons alignés inertes à l'ombre d'un minaret? Plus loin, Esther Moïsa trace ces lignes: "Chacun replâtre son mort chacun plante ses pavois dans l'artichaut des mémoires". On vit de souvenirs...

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    Il y a des poètes moins connus comme Laurent Albarracin (remarquable texte: "Du Papillon ", introduit et éclairé par un autre texte de Joël Gayraud, "Ralentir Image", qui montre l'apport d'Albarracin à l'art poétique par l'affirmation de la tautologie comme "sommet caché, impossible, de la poésie" ) ou Alice Massénat et ses vacillantes ruptures syntaxiques, ses obscurités pathétiques:

 "La hargne s'élabore, les viscères sont là

  et quand de passe-partout l'autre devient peur

  de quels violons d'Ingres sinon la paume?

  Sans le lui des tripes

  le haro sous le goitre"

(Extrait d'un poème sans titre)

      Mais de tous les auteurs, ma préférence va sans conteste à un nom inconnu de moi, Olivier Hervy, dont les fragments et aphorismes réunis sous le titre de Notice  me séduisent, dans une veine cousine des  chères Gregerias de Ramon Gomez De La Serna:

"Qui sommes-nous pour user les eaux alors que les baleines elles-mêmes n'y sont pas parvenues?

Juste des moustiques écrasés sur le pare-chocs anti-buffles de son ridicule 4x4.

Chaque année supplémentaire donne du poids à ce vieux lustre qui prépare sa chute depuis le premier jour.

Le coquelicot ne tient pas en vase. On a sa dignité.

Est-ce un hasard si la salade grecque, avec ses cubes de feta brisés sur le rouge de la tomate, ressemble aux ruines du même pays?

Ils ont beau être ceux du futur, leur nom même d'extraterrestres a déjà un petit côté vieillot."

     On trouve aussi des images dans cette revue, du Ody Saban, incontournable celle-ci, elle se glisse absolument partout, mais aussi des oeuvres d'auteurs moins répandus, comme les collages de Philippe Lemaire, de Georges Lem, ou de Romuald Roudier.

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Pour se procurer la revue: Jean-Pierre Paraggio, 33, avenue Jules Ferry, 74100 Annemasse, e-mail: jeanpierreparaggio@yahoo.fr