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20/04/2017

Le dessin-mystère du jour

dessins anonymes,caricatures,équilibristes,art graphique insolite

Anonyme, sans titre, sans date (XIXe siècle?), crayon sur papier, 23,5x34 cm, coll. privée, photo Bruno Montpied.

 

      Déniché récemment par le galeriste lyonnais Alain Dettinger, grand chineur devant l'Eternel, voici un dessin anonyme au papier jauni, par les ans semble-t-il, ressemblant fortement à une caricature, avec ses cinq personnages aux allures insolites.

      A moins que ce ne soit une ruse du dessinateur. Je me demande en effet si l'on n'a pas affaire à une apparence de caricature, comme si un dessinateur du XXe siècle s'était amusé à pasticher un caricaturiste du XIXe siècle, tout en glissant dans l'image des éléments infiniment plus modernes, du genre qui découle du passage du surréalisme dans l'histoire des représentations artistiques. Il y a du Topor dans ce dessin-là, si l'on considère les deux têtes croquées à droite de la composition. Ce genre d'équilibristes – comme d'un individu que l'on aurait enfoui dans le sable, ne laissant que la tête dépasser du sol, obligée de tenir sur son front une sorte de poire sur laquelle est fichée, miraculeusement stable, une assez longue dague (un poignard subtil?), sur la poignée de laquelle est fichée une seconde pointe, celle d'une lame triangulaire qui paraît avoir pour manche une autre tête dans la bouche de laquelle est planté le fin tuyau d'une pipe qui fume... –, ce genre d'équilibrisme serait furieusement en avance sur son temps s'il avait été imaginé au XIXe siècle. Mais cela se peut. Cette époque n'a-t-elle pas vu Grandville, par exemple...?

      Les trois personnages de gauche, le trapu s'appuyant sur une béquille tel un personnage pitoyable de Brueghel, le grand maigre aux longs bras et aux jambes grêles, se donnant malgré tout des airs de poète dandy, une cape jetée négligemment sur l'épaule, le badaud bedonnant les observant  de profil, fier de lui (et de sa prospérité), mais inconscient de son physique qui pourrait paraître ridicule (ce ventre, ce postérieur rebondi dans un pantalon moulant...), sont-ils responsables de la situation périlleuse du personnage à la tête menacée par cette dague qui pourrait glisser et la transpercer à tout moment ? On se perd en conjectures...