16/04/2016
Benoît Jaïn et les galets
Bon sang ne saurait mentir, faut croire... Benoît Jaïn est le petit-neveu du sculpteur Pierre Jaïn, connu dans l'art brut pour ses sculptures sur os et sur bois qui ont fait l'objet de plusieurs expositions. Actuellement, dans le nouvel espace consacré à Jean Dubuffet, à la Collection de l'art brut de Lausanne, quelques pièces ont été sorties des réserves.
Os sculpté par Pierre Jaïn, dans la main de Benoît, son petit-neveu, ph. Bruno Montpied, 2013
Benoît, depuis pas mal d'années, travaille à la mémoire de ce grand-oncle autodidacte passionné de théories mystiques, de folklore breton, et de sculpture d'après des matières parlantes comme les souches de bois où il voyait, par exemple la procession de la Grande Troménie du Locronan tout proche de son domicile (il habitait Kerlaz dans le Finistère), ou un Diable près d'une femme... Il sculptait aussi le granit et jouait d'une batterie bricolée dans son jardin. Il recourait à une culture grandement reconstruite par lui à partir d'éléments glanés dans son environnement. En Bretagne, les nuées, les roches, les arbres, tout parle avec force. On ne compte plus les poètes, savants ou non, qui glanent le long des grèves, algues, galets, bois flottés, épaves en tous genres. C'est un genre à lui tout seul, cet art sur épaves, il y a même eu il y a quelques années une biennale qui s'était spécialisée dans les arts de la récup' sur plages, "brut de pinsé", cela s'appelait. Aller au pinsé, c'est glaner sur l'estran, l'espace de plage d'où la mer s'est retirée.
Os du stock de Pierre Jaïn, interprété par Bruno Montpied, titre: Os osé, ph. B.M., 2013
Benoît, faut croire que ça le travaillait, cette méditation de son aïeul, et plus généralement, cette passion bretonne (ou non) pour les matériaux de rivage, cela a dû infuser en lui. Et puis, on s'est aussi rencontré, on est devenu amis, et moi aussi je dessine sur galets, plus rarement sur bois. Dernièrement, il m'a montré un stock d'os que son grand-oncle avait stockés, sans avoir eu le temps ou l'inspiration pour les interpréter, et il m'en a donné un, que j'ai interprété à mon tour et que je lui ai renvoyé en cadeau. Des galets, il n'a qu'à se baisser pour en ramasser, même si, comme il ne doit pas être seul à le faire, il y a maintenant de plus en plus d'arrêtés de pris pour interdire ce glanage. Et voici que Benoît a cédé lui aussi au démon de la peinture sur galets, marqueurs Posca en main, avec ce plaisir supplémentaire qu'il n'a pas hésité à se donner, celui de trouver des titres qui excitent l'imagination. Cela donne les résultats suivants :
Benoît Jaïn, Yaniig an naod (Petit Jean du rivage), 2016
Benoît Jaïn, Paré pour danser, 2016
Benoît Jaïn, Monocorne de Lorette, 2016
Benoît Jaïn, Crooner crâneur, 2016
Benoît Jaïn, Inquiétude fardée, 2016
00:36 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre jaïn, benoît jaïn, poésie naturelle, sculpture sur os, folklore breton, brut de pinsé, art sur épaves, dessin sur os | Imprimer