29/01/2018
PIF, PAF, POUF
"PIF (Patrimoines Irréguliers de France) est une association ayant pour objectif la protection et la mise en valeur d’univers inventés par des irréguliers de l’art. Bâtis, sculptés et/ou dessinés, ces patrimoines fleurissent dans les banlieues du système culturel, qu’ils court-circuitent pour leur résistance à être saisis, à être catégorisés. Ils associent plusieurs techniques, médiums et disciplines et évoluent avec les auteurs qui les créent, suivant le flux de leurs rêveries. Réels et irréels à la fois, ils sont donc évolutifs, éphémères, interdisciplinaires, inclassables. Ils demeurent souvent dans la clandestinité, risquant l’oubli. A travers des rencontres, des expositions et des publications, Patrimoines Irréguliers de France vise à faire sortir de l’ombre ces lieux autres, qui ouvrent une brèche dans le réel, en suggérant que la vie est rêve."
C'est le laïus que m'a envoyé récemment la fondatrice, Roberta Trapani, avec deux autres acolytes, de cette association qui veut développer un certain flair (hi, hi) en matière d'"environnements singuliers", comme elle préfère dire pour désigner les "univers" de créateurs populaires ou d'artistes marginaux. En effet, je souligne ce terme d'univers qui nous indique qu'il ne s'agit pas seulement d'attirer l'attention des amateurs sur des environnements ou des sites, mais aussi sur des objets. On peut supposer en effet que les animateurs de ce PIF (PAF¹-POUF) s'intéressent aussi bien à des œuvres morcelables qu'à des ensembles de pièces créées pour être solidaires dans l'espace, comme dans le cas des environnements spontanés des habitants-paysagistes bruts ou naïfs. Quoique jusqu'à présent, d'ailleurs, l'association ait passablement mis l'accent sur des artistes singuliers plutôt que sur des créateurs populaires – comme Jean Linard (et sa "Cathédrale" en mosaïque, mal digérée de visites chez Picassiette, mixée à de vagues architectures de tipi amérindiens) – que personnellement je ne considère pas du tout comme faisant partie des environnements populaires spontanés, ou de l'art brut. On devine en tout cas qu'il s'agit pour cette association, au fond, de ne pas élever de distingo entre artistes et créateurs, comme je le fais personnellement, tout au contraire, sur ce blog (et dans mes livres), soucieux que je suis d'attirer l'attention sur une inspiration qui naît en milieu non artiste. Car cela remet en cause la division du travail chez les artistes patentés, et la notion commune que nous avons tous de l'art, généralement perçu comme une activité plus ou moins sacralisée, praticable seulement par une caste d'élus. Ce n'est donc pas seulement un caprice terminologique de ma part.
Le dessin qui sert d'illustration à ce carton relève a priori d'une iconographie illustrative fantastique, proche de la bande dessinée (genre Fred) des années 1970, de la revue Planète aussi, d'un certain psychédélisme futuriste et alternatif... ; elle ne rend pas trop compte des autres productions de cet artiste, qui me paraît avoir créé, aussi, si je me souviens bien, des machines imaginaires.
Le PIF présentera du 1er février au 25 février prochain une exposition, dans la galerie de la Halle Saint-Pierre, consacrée plutôt, justement, à un artiste marginal (synonyme à mes yeux d' "artiste singulier"), Jean-Luc Johannet.
Ce que fait de plus original, je trouve, l'artiste : cette maquette d'une ville de rêve... Expo dans la galerie au rez-de-chaussée de la Halle St-Pierre, ph. Bruno Montpied, février 2018.
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¹ Le PAF reste à créer en effet... Le Patrimoine Anarchique de France... Et le POUF : Patrimoine Oublié Ubuesque de France?
00:12 Publié dans Art singulier, Environnements singuliers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pif, patrimoines irréguliers de france, artistes marginaux, contre-culture, roberta trapani, halle saint-pierre, jean-luc johannet, artistes ou créateurs, art singulier, environnements singuliers | Imprimer