Rechercher : la maison sous les paupières
Exposition Cerisier-Montpied à Carquefou, aux Renaudières
Nous voici Jean-Louis Cerisier et moi à nouveau réunis¹, cette fois aux Renaudières, cet espace culturel que la municipalité de Carquefou (ville située dans la grande périphérie de Nantes), sous la direction de Chantal Giteau, voue généreusement depuis plusieurs années, entre autres, à la découverte de divers artistes de la mouvance dite "singulière". L'exposition qui commence le 14 novembre prochain est prévue pour se clore le 13 décembre.
Bruno Montpied, Nid de nuit, 32 x 25 cm, 2004
Nous présentons chacun une quarantaine d'œuvres dans l'espace de trois salles dont la dernière tentera de faire cohabiter nos deux systèmes de représentation. Si Cerisier pour sa part montre des œuvres qui furent choisies par Chantal Giteau dans une de ses récentes périodes où le thème dominant est la "maison" (voir ci-contre La fugue, huile sur toile, 38 x 46 cm, 2015) je présente de mon côté des œuvres de petit format (la plus grande fait 30 x 43 cm ), réalisées pour la plupart d'entre elles selon une technique qui mixe l'encre, la mine de plomb, des solutions acryliques, des crayons de couleur et autres marqueurs. Deux œuvres ont été le fruit d'un travail à deux, tantôt avec Sasha Vlad en Californie (nous avons travaillé par échange postal de la même œuvre, un collage proposé par lui et interprété graphiquement par moi, ; voir ci-dessous), tantôt avec Petra Simkova (Chansons d'ivrognes, œuvre réalisée en simultané). Quatre autres œuvres font partie des "modifications" que j'exécute régulièrement depuis des années en repeignant ou en redessinant par-dessus des reproductions photographiques de cartes postales, magazines, gravures, etc. Plusieurs autres œuvres que j'exposerai à Carquefou ont été précédemment montrées cet été dans la Creuse à la Maison du Tailleu. Il y a bien sûr aussi plusieurs autres nouveaux venus.
Bruno Montpied et Sasha Vlad, Le Monument et son gardien effaré, 30 x 23 cm, technique mixte sur papier, 2010
Bruno Montpied, Le message, gravure modifiée à l'encre, au stylo et aux crayons de couleur, 29 x 20 cm, 2010
Un petit catalogue d'une trentaine de pages, avec neuf reproductions pour chaque artiste, a été prévu par les Renaudières pour être diffusé le jour du vernissage (semble-t-il). Ce sera aussi l'occasion pour moi de vendre quelques exemplaires de mon récent livre "Andrée Acézat, oublier le passé", ainsi que des exemplaires de l'autre titre paru dans la collection La Petite Brute, "Visionnaires de Taïwan" de Remy Ricordeau. Bienvenue à tous ceux qui pourront se retrouver par là-bas, près de Nantes.
Bruno Montpied, La Grande Dame et l'homme qui a perdu la tête, encre, mine de plomb, lavis et marqueurs sur carton d'emballage alimentaire, diamètre 19 cm, 2015
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¹ La première fois, Cerisier et moi fûmes réunis par Pascal Rigeade à Bègles au musée de la Création franche en février-mars 2011.
05/11/2015 | Lien permanent
Cinéma documentaire autour des arts singuliers: le Festival Hors-Champ à Nice
Comme tous les ans à pareille époque revient le festival du Film d'Art Singulier organisé par l'association Hors-Champ en plusieurs points de la ville de Nice, dans l'auditorium de la bibliothèque Louis Nucéra, dans celui du MAMAC et apparemment aussi, et cela c'est une première, à l'Hôtel Impérial, le charmant hôtel d'un autre temps où se retrouvent d'année en année tel ou tel invité de l'association. Je me souviens en particulier d'y avoir pris le petit déjeuner en compagnie à la fois de Claude Massé, de Caroline Bourbonnais et de Francis David, réunion improbable, sous les dorures, les grands miroirs aux cadres richement ornés, les tentures, le plafond peint de la salle à manger des baies de laquelle l'œil se laissait caresser par le spectacle des palmiers défendant l'entrée de l'hôtel. Quel magnifique endroit si bien à l'écart...
Vidéo ultra-courte prise dans la salle d'attente due l'Hôtel Impérial, à Nice,
Un dessin de Friedrich Schröder-Sonnenstern représentant semble-t-il Napoléon, récupéré via internet sur le blog True Outsider
Comme on le voit sur le programme inséré ci-avant, hommage sera de nouveau rendu au cours de ce festival à Caroline Bourbonnais par l'association qui l'invita à plusieurs reprises pour les films faits par Alain Bourbonnais par exemple. Le 6 juin, personnellement j'aurais bien vu le film sur Schröder-Sonnenstern (25 min.) ainsi que celui de Bruno Decharme, probablement un des derniers que ce réalisateur par ailleurs collectionneur de l'association ABCD a dû réaliser, sur Hans-Jorg Georgi (12 min), ce créateur d'une escadrille de coucous déglingués qui avait beaucoup impressionné les visiteurs lors de l'exposition de la collection à La Maison Rouge récemment (en tout cas bien plus que les œuvres en diagrammes et autres numérologies prétendument "art brut" de la section "Hétérotopies").
Hans-Jorg Georgi, l'escadrille de la Maison Rouge, expo ABCD, ph (sur mobile pas terrible) Bruno Montpied, 2014 ; la scénographie était pour beaucoup dans le choc ressenti à la vue de ces maquettes faites de bric et de broc ; elle avait été réalisée paraît-il avec l'assentiment de l'auteur
01/06/2015 | Lien permanent | Commentaires (9)
Quatre personnages de pierre volcanique (enfin... trois seulement)
Ça y est, se dit le lecteur de ce blog, le sciapode commence à voir des Barbus Müller/Rabany partout? Non, non, rassurez-vous, les quatre personnages ci-dessous, dont un correspondant clermontois (tiens, tiens, en Auvergne, là aussi, comme Antoine Rabany, autrefois (au début du XXe siècle) à Chambon sur Lac), m'a envoyé récemment la photo, n'ont absolument rien à voir avec les fameux Barbus rabanesques. Qu'on s'en avise plutôt:
Quatre sculptures trouvées à Clermont-Ferrand par un antiquaire ; la plus claire ne paraît pas de la même roche que les autres, à l'évidence.
Comment résister aux interprétations qui se pressent en l'imagination, suscitées par nos mémoires saturées de références, devant de telles œuvres anonymes (aucune marque, sur ou sous ces pierres, à ce qu'il paraît)? On est bien souvent tenté de les croire venues d'un autre âge, l'âge de pierre, l'âge de l'archaïsme, peut-être même de régions de la Terre bien loin de nos contrées, et pourquoi pas l'Extrême-Orient? Ils tirent en tout cas vers un certain réalisme, ils ont des corps quasi complets, des vêtements (jusqu'à des cravates?), des attributs pileux marqués, un air de venir, au final, non loin de chez nous tout de même, et d'époques pas si lointaines.
Car les collectionneurs n'admettent pas toujours qu'ils puissent avoir affaire à un autodidacte qui habite près de chez eux, un Primitif que nous préférons ignorer, passer sous silence, parce que ce qualificatif se doit de rester applicable à un être exotique, ravalé à un être primaire, pas aussi développé intellectuellement et culturellement parlant que l'individu occidental. Et pourtant, des oeuvres stylisées de ce genre, avec l'art brut et l'art populaire, nous savons qu'il en existe, qu'il en a existé en nombre, les sculptures d'Antoine Rabany, de François Michaud dans la Creuse – de Joseph Barbiero (1901-1992) lui-même qui vivait il n'y a pas si longtemps, durant le dernier siècle, en banlieue de Clermont, et que l'on a classé dans l'art brut – étant là pour nous en fournir des exemples.
Sculptures de Joseph Barbiero prises dans l'escalier de sa maison à Beaumont (Puy-de-Dôme), ph. Bruno Montpied, 1990 ; le style était plus détaché de la perception rétinienne, on dérivait avec lui vers une figuration de plus en plus réinventée, donc bien éloignée de celle à l'œuvre chez l'auteur des quatre personnages en photo au début de cette note.
François Michaud, mascaron au-dessus d'une fenêtre de sa 1ère maison à Masgot (Creuse), ph. B.M., 2013.
Cela posé, je n'empêche personne de nous adresser des remarques si les quatre sculptures de la première image mise en ligne ci-dessus éveillent quelque écho pouvant faire progresser la connaissance de ces personnages. L'antiquaire qui les possède et moi-même en serions ravis.
02/11/2022 | Lien permanent | Commentaires (2)
Le Docteur P., un texte de Jacques Burtin
Le Docteur P.
Nous habitions alors une petite maison de style forestier dans la banlieue Est de Paris.
Les murs étaient en meulière ; les balcons, le pont au-dessus de la fausse rivière étaient en ciment sculpté en forme de troncs d’arbre. Le petit cours d’eau (on en commandait le débit avec un robinet) prenait sa source au pied d’un hêtre pourpre et allait mêler ses eaux à un minuscule bassin d’où l’on pouvait faire jaillir une fontaine. Un poisson rouge aux dimensions respectables et à l’âge très avancé hantait la rivière et répondait au nom de Lao Tseu.
Nos deux enfants, nés à Paris, près de la Place d’Italie, grandirent dans cette petite ville de l’Est parisien et développèrent les mêmes symptômes que la plupart de leurs camarades de maternelle : ils souffraient d’otites à répétition. Aux premiers signes de douleur et d’insomnie, nous nous rendions chez le pédiatre qui constatait l’origine du mal et nous enjoignait de rendre visite à un spécialiste de ses amis. Ce dernier, un homme grand et sec au visage imperturbable, prenait l’enfant malade et, lui tenant la tête d’une main, de l’autre perçait son tympan avec un stylet. Le mal alors s’éloignait jusqu’à la prochaine fièvre qui nous pousserait de nouveau chez lui.
Le nom de ce médecin était le Docteur POIGNARD.
Jacques Burtin
pour Bruno
01.02.2014
01/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (5)
Louis Soutter moins souterrain
"Il a appris à regarder en dedans. Par lui, nous pouvons regarder dedans un homme. Un homme racé, cultivé, ayant passé par tous les luxes de l'argent et une vie intelligente. Et qui aujourd'hui, remontant du réfectoire triste, couvre chaque jour, à soixante-cinq ans, un papier blanc de ces âpres, fortes et admirables compositions."
Le Corbusier, "Louis Sutter, L'inconnu de la soixantaine", dans Minotaure n°9, 1936 (Le nom de Soutter est orthographié par Le Corbusier sans le "o" à la manière du nom de l'aïeul de l'artiste, "celui qui fonda la Californie")
Louis Soutter à Ballaigues dont il fuguait à l'occasion, semant ses dessins auprès de ses amis
C'est un été Soutter à Paris et à Rodez. L'occasion d'en découvrir plus sur cet artiste qui dessina, peignit, expérimenta, après avoir été casé contre son gré dans un asile de vieillards dans le Jura suisse, à 52 ans tout de même, sous prétexte qu'il dépensait trop, et que sa famille, dont il dépendit matériellement (il ne faut jamais dépendre des familles matériellement), ne pouvait plus le souffrir (il fut une vingtaine d'années à leurs crochets cela dit, après avoir divorcé et être revenu des Etats-Unis où il avait quitté une carrière qui paraissait prometteuse). Le Corbusier qui était son cousin, "issu de germain", précise Benoît Decron le conservateur du Patrimoine au musée Soulages de Rodez, prit fait et cause pour lui, en écrivant en 1936, six ans avant sa mort, dans Minotaure un article qui eut un certain retentissement. Il ne fit pas que cela puisqu'il essaya aussi de placer ses dessins chez des collectionneurs et dans des galeries, lui permettant d'exposer aux USA à Hartford en 1935 (j'emprunte mes renseignements biographiques à la chronologie de Marion Bonnet parue dans le catalogue de l'exposition "Les primitifs sont petits - Cahiers de 1923-1930 de Louis Soutter" au Musée Fenaille de Rodez). Cela dit, l'intérêt de Le Corbusier paraît s'être singulièrement rafraîchi lorsqu'il découvrit les peintures au doigt que Soutter se mit à produire à partir de 1937 (peut-être faute à l'arthrose), production qui il faut bien le dire a beaucoup fait pour sa gloire aujourd'hui en raison de sa force et son modernisme précurseur.
Louis Soutter, Le héros, (recto d'une feuille dessinée aussi au verso), exposé à La Maison Rouge, provient de la galerie Karsten Greve
S'il eut une période de dessin plutôt académique dans sa jeunesse, pratiquant un réalisme imitant la perception rétinienne – il exerça en outre le métier de professeur de dessin ; il jouait parallèlement du violon dans des orchestres après avoir été l'émule et l'ami du compositeur Ysaye – c'est à partir de 1923, date à laquelle sa famille le relégua à l'hospice, qu'il commença véritablement à dessiner d'une façon qui retient aujourd'hui l'attention des esthètes, et notamment de ceux qui s'intéressent aux marginaux de l'histoire de l'art moderne.
Je crois que le titre de ce dessin est "Les premières primevères à Ballaigues"
Après sa période académique, on distingue trois périodes dans sa production plus originale, les dessins de 1923 à 1930 exécutés sur des cahiers à papier quadrillé, seuls supports qu'il pouvait se procurer, les dessins dits "maniéristes "de 1930 à 1937, et enfin les peintures aux doigts des années 1937-1942. Il disparut cette dernière année, et sans doute pressentait-il sa fin, et depuis longtemps, tant son œuvre paraît en être obsédée. Plusieurs photos de lui le montrent tel un squelette vivant, le visage incroyablement émacié, portant beau, toujours élégant, masquant peut-être sous un dandysme provoquant sa hantise du néant (voir photo en ouverture de cette note).
Louis Soutter, Voie latine et corps de fer, Prêtresses druides, expo La Maison Rouge, provient de la Galerie Karsten Greve
Voir l'exposition de La Maison Rouge est une épreuve à dire vrai. On n'en sort pas rasséréné, si le besoin s'en faisait sentir. Le parcours aux œuvres fort bien choisies laisse un étrange souvenir de cabrioles et d'agitation contractée exécutées en contrejour sur un fond taché d'empreintes digitales, comme une danse macabre ombreuse. L'homme y est dépouillé jusqu'à l'os, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'époque (je suppose que cela a été déjà remarqué), où la "solution finale" de sinistre mémoire commençait d'être mise en action par les Nazis dans leurs camps de la mort. Il y a peu de chances que Soutter entre 37 et 42 en ait été averti. Mais le parallélisme est troublant, comme s'il s'agissait d'une anticipation visionnaire.
Louis Soutter, Quatre femmes nues, période maniériste (entre 1930 et 1937), Musée Cantonal des Beaux-Arts, Lausanne
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"Les primitifs sont petits – Les Cahiers de 1923-1930 Louis Soutter", exposition au Musée Fenaille du 16 juin au 14 octobre 2012. Un catalogue est paru à cette occasion avec des textes de Michel Thévoz, Louis Pons et Benoît Decron.
"Louis Soutter, Le tremblement de la modernité", exposition à La Maison Rouge dans le XIIe ardt de Paris, commissariat Julie Borgeaud, du 21 juin au 23 septembre.
Egalement : Fondation Le Corbusier, Paris, "Louis Soutter, dessins", du 15 juin au 15 septembre ; Fondation suisse (14e ardt de Paris) "Le Corbusier, Louis Soutter–croisements", Exposition + conférence, du 28 juin au 30 septembre 2012 ; Centre culturel suisse (Paris 4e ardt), "Météorologies mentales, œuvres et livres de la collection Andreas Züst", Exposition + conférence, jusqu'au 15 juillet 2012 (là, c'est trop tard...).
15/07/2012 | Lien permanent
Masques et métamorphoses au musée des Amoureuxd'Angélique
Voilà l'été comme disaient les Négresses Vertes. Et le temps des expos estivales qui vont avec. A Carla-Bayle, en Ariège, dans ce village perché, le joli et inventif musée de Martine et Pierre-Louis Boudra vit cette saison sous le signe du masque. Tout le monde là-bas a posé, le samedi 26 juin sur la place du village, sous ces visages étranges, la plupart du temps en bois, et rappelant singulièrement les masques de carnaval des régions suisses du Lötschental ou de l'Appenzell (que l'on se rappelle des "Sylvester Klaüse", ces hommes sauvages aux faces de troncs et aux bras noueux couverts de feuilles qui errent entre les maisons du côté d'Urnäsch en dessous du massif du Santis au tournant de l'année, vers la fin décembre). C'est donc carnaval tout l'été à Carla-Bayle.
Un livre paraît à l'occasion de leur exposition, aux éditions de la Boîte à Gants, son titre? "Peaux masques" (wow, le calembour). Les auteurs en sont Vincent Pachès, Pierre-Louis Boudra et Béatrice Jan. Les espaces d'expo temporaires, déjà réduits d'ordinaire, sont complètement réquisitionnés par cette pluie de masques au reste fort réussis. Qu'on en juge.
12/07/2010 | Lien permanent | Commentaires (1)
Surgies de la nuit les poupées les tapisseries de Caroline Dahyot
Il est difficile de se faire un jugement en se basant sur des images que l'on a seulement aperçues sur la Toile et jamais encore dans la réalité physique, mais ce soir j'ai envie de prendre fait et cause pour les images que Mme Caroline Dahyot - dont au demeurant j'ignorais jusqu'à présent l'existence - a mises en ligne sur le site web chargé de faire connaître son oeuvre (et puis, de fil en aiguille, on trouve ailleurs sur cette damnée vitrine qu'est le web baucoup d'autres aperçus, même sa date de naissance, une bonne année qui plus est!). J'ai déjà dit ici, dans ma note sur le festival rouennais d'Art et Déchirure, que j'avais été intriguée par un détail d'une de ses "tapisseries" sur le site web de ce festival (c'est Alain Bouillet qui l'a présentée cette année). On se rend compte en compulsant (façon de parler ; j'ai eu du mal, ma loupe n'allait pas très loin dans le rapproché avec les lignes) les pages de son site que d'autres auteurs ont déjà parlé d'elle, comme par exemple à l'occasion d'une expo récente à la Maison de la Poésie de St-Quentin en Yvelines. Sur le blog Baie-des-Artistes.com, on apprend qu'elle habite une maison appelée "Verveine", située à Ault, au bord de la mer (c'est prés du Tréport). Surtout, on y apprend qu'elle a grandement décoré cette maison, de grands dessins, d'inscriptions, et de mosaïques, à l'intérieur et à l'extérieur. Si on sent chez elle, je veux dire dans ses dessins, une influence de l'enseignement qu'elle paraît avoir reçu primitivement en matière d'arts graphiques, cela ne gêne pas, attendu que l'inspiration souffle ici à grandes bouffées irrépressibles, semble-t-il. Caroline Dahyot (mes doigts sur le clavier "coquillent" à loisir en me faisant écrire sans cesse "Day hot"...) a fait à l'évidence passer son combat avec l'existence, les problèmes auxquels tout un chacun s'affronte, et où ce chacun se retrouvera à travers les expressions de l'artiste, tout chauds et tout vivants, encore palpitants dans les oeuvres qu'elle expulse à jet continu autour d'elle (semble-t-il). Cela peut prendre l'aspect d'une tapisserie (drôle de tapisserie effilochée, comme faite de sutures, de raboutage, avec incorporation d'objets), ou bien d'une poupée (j'aime celle où un crâne a été ouvert comme une boîte de conserve pour y faire jouer une minuscule pièce de théâtre aux clés inconnues), de dessins mettant en scène des hommes, des femmes, des enfants, le théâtre de la comédie humaine en somme, ou de décors sur les murs de sa vie quotidienne. C'est encore sur son site que ces oeuvres sont le mieux représentées, dans l'écrin qui leur sied à ravir, à savoir sur fond de nuit. Les poupées, les figures défigurées, y surgissent comme enfantées par les ténèbres. Il y a de la poésie noire dans l'oeuvre de Caroline Dahyot. Art brut? Art Singulier? Qu'importe puisque le vent souffle...
Quelques phrases relevées sur le site:
Les choses se font en dehors de moi.
Mes poupées prennent place dans un quotidien imaginaire pour que les choses deviennent paradoxalement de plus en plus réelles.
Ces poupées sont devenues petit à petit un questionnement sur l'amour et le carcan de notre éducation amoureuse.
Pour lier dessins et poupées, je commence la tapisserie.
Je commence à peindre les murs de mon appartement de manière obsessionnelle pour créer un univers rassurant et remplacer la tapisserie répétitive de mon enfance qui m'aidait à m'endormir.
Expositions auxquelles Caroline Dahyot a participé:
2007, Exposition: « poupées d'amour » au centre culturel Neptune de Criel.
2007, Exposition à la MJC de Dieppe avec Gérard Cambon « jouets d'artistes».
Printemps 2008, exposition personnelle des poupées à la maison de la poésie de Saint Quentin en Yvelines.
Août 2008, exposition à Beaumont en Auge au festival d'art fantastique.
Avril 2009, exposition de dessins à la librairie : « le rêve de l'escalier » à Rouen.
2009, Exposition « Ça coule de source » (avec entre autres Miss Ming, cette créatrice que l'on présente un peu partout comme "autiste" et qui joue dans les films réalisés par les créateurs de Groland), Association Culturelle en Baie de Somme, à Ault).
Mai 2010, Festival "Art et Déchirure", Rouen.
24/05/2010 | Lien permanent | Commentaires (5)
On a retrouvé Mario Chichorro...
Allons donc... On ne l'avait pas sans doute complètement, véritablement, perdu, l'ami Chichorro... On n'avait plus trop de nouvelles. Moi en tout cas! Et voici que notre fidèle camarade Jean-Louis Cerisier nous a ramené un petit article d'un journal appelé adéquatement L'Indépendant et qui place la bonne figure épanouie du signor Chichorro à la une...
C'est qu'il expose - ou plutôt exposait, car ça se termine demain le 4 mai... - à la Casa Carrère à Bages, dans les Pyrénées-Orientales (maison qui abritait autrefois le "Palais de l''art naïf" dont les collections, à ce que l'on m'avait dit, ne valaient pas trop le déplacement...). On lui a fait une vraie rétrospective en commençant par les années 80, le rêve de tout artiste (cela dit, il a commencé plutôt après 1968, sa première expo personnelle ayant eu lieu à Collioure vers 1972, puis ce fut à l'Atelier Jacob d'Alain Bourbonnais en 1974, la galerie d'Alphonse Chave à Vence aussi dans ces mêmes années 70...). Je n'en sais guère plus, l'article du journal envoyé ne donnant pas beaucoup d'informations sur cette récente expo. Une autre exposition de Chichorro s'est tenue à Thuir l'année dernière (66 aussi). Des oeuvres de lui sont conservées dans divers lieux comme le Musée de la Création Franche à Bègles et au musée de l'Art en Marche à Lapalisse. Il paraît présent dans les collections du FRAC Languedoc-Roussillon, bref, il paraît s'activer désormais beaucoup dans la région magnifique qui s'étend autour de Perpignan...
03/05/2009 | Lien permanent | Commentaires (1)
Asylum, un documentaire de Catherine Bernstein
L'information tombe un peu juste, je le reconnais, mais elle arrive quand même. Si cela vous intéresse de retourner dans les hôpitaux psychiatriques des années d'après-guerre aux années 70 (hôpitaux de Sarreguemines, Maison Blanche, Villejuif, Fleury-les-Aubrais, Lyon...), il vous faut allumer le poste de télévision ce dimanche 15 mars en fin de soirée, sur la chaîne Arte, à 23h50 très précise (rediffusion cependant le 22 mars à 4h15...). On diffuse un documentaire de 40 minutes, Asylum, de Catherine Bernstein, réalisé en 2008 à partir d'un montage de films en format amateur (Super-8) tournés à l'origine par le "psychiatre réformateur" (je cite) Georges Daumézon. Le film ne comporte pas de commentaires, bruité seulement par des sons d'ambiance, pas, chuchotements, portes qui grincent... Ces images en noir et blanc pour la majorité dormaient, paraît-il, dans les archives de l'Hôpital Sainte-Anne. La caméra du médecin veut exposer l'aspect des hôpitaux psychiatriques en ces lendemains de guerre. Des psychiatres cinéastes amateurs, il n'y en a pas tant que ça, à mon avis. Avis donc à la population...
15/03/2009 | Lien permanent | Commentaires (1)
D'autres pays, d'autres frontières
Je ne m'intéresse que très modérément, comme on l'aura sans doute compris, à l'art contemporain tel qu'il reflète les recettes apprises dans les écoles. C'est souvent un bal de poncifs et de tics recyclés au contact des professeurs, de la pression générale des autres élèves, de la critique d'art patentée, etc. Cependant il faudrait être particulièrement dogmatique et aveugle pour ne pas remarquer de temps à autre telle ou telle novation, tel ou tel créateur qui vient surprendre son monde. Tel est le cas par exemple de Laurie-Anne Estaque, basée à Felletin dans la Creuse qui, venue me faire de l'information sur les activités de son père artiste Jean Estaque qui a ouvert récemment un espace d'exposition en pleine campagne à Savennes (Creuse toujours), "La Maison du Tailleu", où il a exposé récemment Joël Thépault, m'a également fait connaître son site web, où j'ai repéré particulièrement certains collages réalisés à partir de fragments de cartes géographiques qui m'ont fait penser que décidément existait une tradition du collage "géographique" (que l'on songe à ceux que faisait le Tchèque Ladislav Novak ou aux collages situationnistes de plans de dérive de Debord et autres...).
09/07/2009 | Lien permanent