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Balade en films chez les inspirés du bord des routes et rendez-vous en Creuse
Dans le cadre de mon exposition estivale chez Jean Estaque à la Maison du Tailleu à Savennes dans la Creuse (une dizaine de kilomètres au sud de Guéret), je prendrai rendez-vous avec tous les amateurs des environnements qui aimeraient voir quelques images animées, cinématographiques, de quelques-uns de ces derniers.
Rochers sculptés de l'abbé Fouré avec Jacques Cartier (l'homme au chapeau) au-dessus d'un monstre marin, Rothéneuf (Ille-et-Vilaine), ph. Bruno Montpied, 2010
Outre les Bricoleurs de Paradis de Remy Ricordeau, on pourra voir quelques films surprise, des images du Palais Idéal du Facteur Cheval, des rochers sculptés de l'abbé Fouré, de Fernand Chatelain, de Monsieur G. (Gaston Gastineau), de Picassiette, et de Petit-Pierre. Le programme fera environ 1h40, et il sera accompagné d'un débat, d'une discussion avec les amateurs présents si le cœur leur en dit. Cette petite animation se tiendra de manière intime et conviviale dans une des salles d'exposition de la Maison du Tailleu en fin d'après-midi du 28 août prochain. Pour plus de renseignements, merci d'appeler le 05 55 80 00 59.
15/08/2015 | Lien permanent
Cecilie Markova
Vente close... (22 mai)
A nouveau, je signale une œuvre à vendre, un dessin au crayon de couleur (peut-être à la sanguine) d'une créatrice médiumnique connue en République tchèque, Cecilie Marková (1911-1998). C'est sous l'influence de séances spirites qu'elle a commencé à dessiner vers 1938, essentiellement des formes proches du végétal, stoppées bien souvent, dirait-on, avant que la composition ne commence à être trop dirigée. C'est avant tout l'automatisme pur, actif pleinement au moment des premiers gestes, qu'elle paraît rechercher dans ses graphismes. Elle fut longtemps classée dans l'art naïf, avant d'être rangée à la suite des expositions d'art brut tchèque montées par l'artiste et historienne de l'art surréaliste Alena Nadvornikova au début des années 2000, à Prague, Paris (notamment l'expo montée à Paris à la Halle Saint-Pierre en 2002-2003) ou à Lausanne, sous cette dernière notion. Quelques œuvres (huit exactement) de Cecilie Marková sont présentes dans la Collection de l'Art Brut à Lausanne. Elle fut présentée aussi au LaM au cours de l'exposition Hypnos en 2009.
Cecilie Marková, sans titre, 29,7x21cm (dans un cadre de merisier, avec marie-louise et sous-verre, le tout mesurant 44,5x35cm), crayon de couleur (ou sanguine) sur papier, daté du 22-05-1960 ; une petite tache est visible à gauche, qui est du fait de la créatrice, ph. Bruno Montpied.
16/05/2017 | Lien permanent | Commentaires (2)
Deux petits événements à retenir pour les ”Happy few”
Cette semaine, j'ai oublié de les mentionner, il y a deux rendez-vous.
Le premier, c'est sur Radio-Libertaire demain matin (jeudi 25 septembre) de 10h30 à midi dans l'émission Chroniques Hebdo animée par Gérard Jan. Je suis invité à causer de ma participation à l'exposition actuelle de la Halle Saint-Pierre "Sous le vent de l'art brut 2, la collection De Stadshof", de l'animation du présent blog et aussi de mon article paru sur les bouteilles malicieuses du couple Beynet dans le n°3 de la revue L'Or aux 13 îles.
Bouteille de Louis et Céline Beynet, des filles et des monstres, coll. BM
Et le deuxième événement, quel art de la transition, n'est-ce pas?, c'est justement la présentation de la revue L'Or aux 13 îles de Jean-Christophe Belotti à la librairie du Sandre, rue du Marché Ordener dans le 18e ardt de Paris vendredi soir. Tous les amateurs de cette splendide revue sont cordialement invités à venir boire un coup et discuter avec les collaborateurs de cette revue. Voir le fichier PDF en lien ICI.
24/09/2014 | Lien permanent | Commentaires (1)
Une suite provinciale à l'affaire parisienne des plaques commémoratives?
Dans une note plus ancienne consacrée à la disparition de Jean-Pierre Le Goff, l'écrivain et poète des coïncidences, créateur de situations-poèmes, je mentionnais sa recherche sur des fausses plaques commémoratives qui fleurirent un temps à Paris avant d'être effacées brutalement du paysage (toutes sauf une? Voir ci-dessous), recherche "parue dans le n°12 de Viridis Candela (1 gidouille 130 EP, vulg. 15 juin 2003), carnet trimestriel du Collège de 'Pataphysique, p.49 à p.64".
Eh bien, passant récemment par la Bourgogne, dans l'Yonne exactement, dans le bourg de Bléneau, qui s'enorgueillit entre autres d'avoir toujours un portail d'église rehaussé d'une rare proclamation jacobine d'amour envers "l'Etre suprême", je suis tombé en arrêt devant ce qui m'est apparu sur le moment comme une tentative de prolonger l'affaire des fausses plaques dont le contenu tournait en dérision la tendance actuelle à commémorer à tout va. Il y avait là une boutique de coiffure intitulée "la chaise blanche", et dans un coin de sa façade une inscription analogue à celle que l'on voyait autrefois à Paris.
La "Chaise Blanche" avec une mini chaise blanche pour enseigne, et sa plaque commémorative bouffonne, ph Bruno Montpied, 2014
L'affaire des fausses plaques va-t-elle rebondir à la France entière? Les "Renseignements Généraux" sont sur les dents... ph BM, 2014
27/10/2014 | Lien permanent | Commentaires (3)
Gilbert Peyre, quand les objets s'amusent sans les hommes...
La nouvelle grande exposition d'automne de la Halle Saint-Pierre à Paris s'est ouverte récemment sur le théâtre d'objets et les automates de Gilbert Peyre, un ancien artiste de Montmartre qui avait autrefois son atelier non loin de la Halle à Montmartre, rue Durantin. Les deux niveaux de la Halle lui sont consacrés, et pour une fois, il n'y a pas de différence de qualité d'un étage à l'autre (c'est parfois en effet meilleur en bas, ou supposé tel...).
Gilbert Peyre, Danseuse du ventre, électromécanique, 1985, ph. Bruno Montpied, 2016
Je suis resté un peu sur ma faim, je dois dire, en visitant en avant-première l'exposition. Serai-je devenu trop blasé? Bien sûr, il doit y avoir de cela, un béotien découvrant pour la première fois cet ensemble d'œuvres d'art automatisées (ou pas), fait de bouts de fils de fer et d'autres matériaux récupérés, serait bien entendu tout ébaubi. Ah, on peut faire ça, se dirait-il, émerveillé ? Ce serait oublier les coups d'essai préalables, le cirque de Calder des années 1930-1950 (merveille de poésie précaire qu'ont restituée deux cinéastes dont Jean Painlevé, déjà cité sur ce blog), les œuvres des années 1970 de Roland Roure, ou bien le manège de Petit-Pierre sauvegardé à la Fabuloserie. Si on peut trouver une beauté étrange aux sculptures "électromécaniques ou électropneumatiques" de Gilbert Peyre, il reste qu'elles prennent avant tout plus de charme lorsqu'elles s'animent. Même si toutes ne relèvent pas d'une inspiration égale. Certaines ne s'élèvent pas au-delà d'une plaisanterie de type potache, comme celles qui s'intitule "Aquarium" (1990) et "Nounours pisseur" (2010-2016). D'autres font dans le style fantastique, du type "ange exterminateur" de Bunuel (où une main se déplaçait toute seule), voir "Le bras" de 2010-2016.
Détail de "l'Aquarium" de Gilbert Peyre ; les boîtes de sardines se déplacent comme poissons rouges dans un aquarium... Oui, bon... ; ph. B.M.
Gilbert Peyre, Le Bras ; un bras détaché se déplace seul... Avec une belle main comme en cire... ; ph. B.M.
Le meilleur dans l'exposition est plutôt à rechercher du côté des théâtres d'objets, ou de ce que l'artiste appelle une "SculpturOpéra". Là, on va beaucoup plus loin et l'on atteint à quelque chose de profond et, disons-le, d'inquiétant. Car cette entreprise, où Peyre déchaîne les objets, les poupées décapitées, les armoires batttantes, les lapins naturalisés en folie (réminiscence du lapin en retard d'Alice au Pays des Merveilles sans doute?), paraît prophétiser un univers proche où les objets auront pris le pouvoir, une fois peut-être que l'homme aura achevé de leur greffer des cerveaux électroniques aux performances d'intelligence plus sophistiquées que celles qu'il peut se permettre lui-même. Les théories transhumanistes venues d'Amérique semblent le confirmer : des robots perfectionnés vont venir, remplaçant les hommes. N'ayant plus d'affects ni d'émotions, n'ayant plus besoin d'air, de nourriture, mais juste d'énergie, leur intelligence leur permettant de veiller à leur maintenance éternelle, ils pourront aller coloniser les étoiles, une fusée plantée dans le derrière... Et nous abandonner à notre pauvre boulet de chair pantelante...
Gilbert Peyre, une poupée digne de Chucky? (Elle n'était pas animée lors de mon passage), ph. B.M.
C'est ce à quoi je méditais en contemplant les extraits de films projetés dans une salle du rez-de-chaussée, comme "Le piano" (réalisation Eric Garreau, 2011 ; le film montrait "La petite forme", une première étape de la sculpturOpéra, "Avant le combat - version originale"), ou l'animation au premier étage de la sculpturOpéra intitulée "Cupidon propriétaire de l'immeuble situé sur l'Enfer et le Paradis", qui était une présentation réduite par rapport à la représentation intégrale (de 60 minutes) qui a tourné en divers lieux théâtraux, avec des acteurs incorporés à des déguisements animés, jouant des rôles paraissant ridiculiser l'homme justement (voir ci-dessous un bout de film visible à son propos sur YouTube).
"Cupidon", SculpturOpéra de Gilbert Peyre, Vidéo 3'43, Bâle, Septembre 2011
L'intelligence artificielle triomphante, les anti-humanistes (je me demande parfois si la Halle St-Pierre ne leur fait pas trop souvent les yeux doux) pavoiseront, leur homme vu comme un super-prédateur qui fait tout mal sera sur le point d'être rangé aux poubelles de l'histoire (qui sera pour le coup bien achevée, puisque les robots auront-ils encore besoin d'une histoire, en dehors d'un simple archivage de faits bruts?). Le singe perfectionné sera enfin proclamé roi.
Gilbert Peyre, Singe...
Expo "Gilbert Peyre, l'électromécanomaniaque", du 16 septembre 2016 au 26 février 2017 (c'est long...), Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard, 75018 Paris.
03/10/2016 | Lien permanent
Une visite chez Ni Tanjung, récit de Petra Simkova, notre correspondante à Bali
Une visite chez Ni Tanjung
par Petra Šimková
Bali, île de Dieu, son art et ses cérémoniaux traditionnels. J'y vivais déjà depuis quelques années quand Bruno Montpied me parla d'une personne très originale, dont la création se distinguait nettement des traditions enracinées depuis toujours.
Ce qui subsistait, au moment du passage de Petra, des pierres peintes de Ni Tanjung, photos Petra Šimková, août 2008
Dès lors, j'allais admirer ses œuvres étranges, des pierres arrondies et peintes situées sur un chemin à l'écart, bien loin des routes touristiques. Il y avait une sorte de « montagne » de pierres, où sur chacune était représenté un visage humain ; certains, déjà à moitié effacés par la pluie et le soleil, prenaient un air étrange, peut-être comme une présence un peu sombre. Mais à l'époque, je ne savais pas qu'un jour, je pourrais rencontrer leur auteur, la créatrice Ni Tanjung.
Puis un jour, par une fin de matinée de janvier, je me suis retrouvée sur mon scooter à suivre une étroite route en zigzags. M'accompagnait madame Arimbi, l'assistante de M. Georges Breguet, qui avait organisé la visite.
Nous passons l'endroit où, quelques années plus tôt, Ni Tanjung a été découverte en train de peindre ses pierres, et nous poursuivons jusqu'à celui où elle vit maintenant. Comme elle ne peut plus prendre soin d'elle-même toute seule, elle vit avec sa fille unique.
Ni Tanjung avec une couronne de sa fabrication sur la tête, ph. Petra Šimková, février 2016
Ni Tanjung réside au rez-de chaussée d'une maisonnette extrêmement modeste. Sa chambre est minuscule, avec une seule petite fenêtre. Le lit prend toute la place, et sur ce lit, Ni Tanjung, incroyablement maigre, trône comme une reine. Elle est entourée de toute sorte d'objets, bols de riz, boîtes de conserve, pièces de vaisselle et aussi d'une « couronne » de sa fabrication. Tout autour, il y a des objets en papier coloré qui ornent le seul mur de la pièce. Très intéressants, ils me font penser à des sortes d'éventails étranges, de différentes formes, tailles et motifs. Ils créent un grand contraste avec cet environnement austère et plutôt sombre. La base de ces assemblages est toujours une structure en fibres de feuille de palmier sur laquelle sont accrochées plusieurs représentations, humaines, animales ou surnaturelles. Tous ces objets sont très colorés et forment un ensemble important, certains sont même dessinés des deux côtés.
Ni Tanjung et ses "buissons de figures", les manipulant comme un théâtre d'ombres traditionnel balinais, photos Petra Šimkovà, février 2016
Nous sommes assis dans la cour qui donne sur la petite maison, pour boire un café balinais. Ni Tanjung, qui regarde discrètement à travers l'ouverture sans porte de sa demeure, commence à s'apprêter. Elle extrait de plusieurs boîtes des bijoux de sa fabrication qu'elle se glisse ensuite autour des poignets, des doigts, du cou. Sur une étagère se trouve encore la couronne multicolore qu'elle s'est fabriquée. Dans l'une des boîtes, il y en a une seconde, qui, à ma grande surprise, est constituée de ses cheveux.
Ni Tanjung, dessins au pastel montés sur assemblage de tiges végétales, ph. Georges Breguet, 2016
Ni Tanjung avec le miroir grâce auquel, selon Georges Breguet, elle regarde systématiquement ses œuvres après les avoir créées... Ph. Petra Šimková, janvier 2016
Son autre objet de prédilection est un miroir. Le tenant dans ses mains, elle joue avec son reflet et le nôtre. Son reflet crée un dialogue. Il m'est venu à l'esprit que c'est peut-être dans ce miroir qu'elle voit tous les personnages qu'ensuite, elle crée sur le papier, tel le reflet de la vision de son monde intérieur enfoui aux tréfonds de son âme.
Après un certain temps, elle finit par se coiffer de la «couronne» et me fait signe de la tête que je peux prendre une photo. J'ai le sentiment qu'elle est heureuse de cette photo, et bien qu'elle soit déjà d'un âge avancé et qu'elle ait eu une vie difficile, le visage que je fixe sur la photo a beaucoup de charme, et porte une étincelle dans ses yeux. Fait intéressant cependant, dès que je cesse les prises de vue, elle montre une expression très différente.
Ph. Petra Šimková, janvier 2016
Ni Tanjung se repose quelques minutes, et nous finissons lentement notre café, assises dans la pièce relativement sombre. Je remarque une guirlande de petites ampoules au plafond, qui sert à éclairer la pièce quand elle crée ses œuvres, car elle travaille essentiellement la nuit. C'est peut-être pourquoi son choix de couleurs est aussi contrasté. Son travail couvre presque tous les murs de la chambre, formant une sorte de théâtre coloré très particulier dont le centre est Ni Tanjung elle-même. Après un moment de repos, elle s'est de nouveau apprêtée sur le lit, et elle commence à danser et à chanter. L'expression de sa danse est très particulière, mais elle se déplace exactement comme les jeunes danseuses balinaises. Elle me regarde dans les yeux et j'ai l'impression que je comprends tout son chant, tous ses mouvements... Je me sens comme si le temps et le lieu de nos origines avaient disparu, et qu'il ne restait plus qu'une belle et authentique expérience, ainsi que son œuvre.
Ni Tanjung exécutant, assise, une danse balinaise traditionnelle ; on aperçoit derrière elle une partie de la fresque qu'elle avait alors tracée sur le mur de sa maisonnette ; photo extraite d'un petit film de Petra Šimková, février 2016
Nous nous faisons de longs adieux, nous nous serrons les mains avec des sourires, puis tous s'éloignent dans leurs pensées, leurs réflexions, ou encore pour certains d'entre nous, dans leurs réalités et leurs fantasmes insaisissables. Et moi, je suis heureuse d'avoir pu rencontrer personnellement cette artiste originale de Bali.
(Traduit du tchèque par Régis Gayraud (et très légèrement remanié par B.Montpied)
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Merci à Georges Breguet, protecteur et défenseur de Ni Tanjung sans qui ce petit reportage in situ n'aurait pu se faire de façon aussi facilitée.
Ni Tanjung en compagnie de Georges Breguet, ph. Petra Šimková, février 2016
05/05/2016 | Lien permanent | Commentaires (4)
Signature à l'Outsider Art Fair du 4e titre de la Petite Brute par Bruno Montpied, ”Marcel Vinsard, l'homme aux mille mo
Je fais une pause dans l'accrochage de l'exposition que j'organise à St-Ouen dans la galerie Amarrage ("Aventures de lignes", rappel : le vernissage c'est ce samedi 22 à partir de 15h, jusqu'à 19h, au 88 rue des Rosiers).
Jeudi 20 octobre, dans deux jours donc, j'irai à la première journée de l'OAF (en français, ça donne le "Salon de l'art brut - et apparentés", ce qui nous parle tout de même davantage que le jargon américain, en plus, "OAF à de (vieilles) oreilles françaises, ça sonne tout près de "OAS", acronyme de sinistre mémoire...). Je serai en effet présent sur le stand de la librairie de la Halle Saint-Pierre qui me donne aimablement l'hospitalité. Je dédicacerai mon livre sur Marcel Vinsard, inspiré du bord des routes dont l'environnement, qui détenait le record du nombre de statues naïvo-brutes en plein air, vient juste d'être démantelé et dispersé, suite à son décès le 23 juillet dernier.
Marcel Vinsard en ses œuvres, photo Bruno Montpied, juillet 2013 : Adieu, Marcel...
C'est le 4e titre de la collection la Petite Brute, collection, qui, soit dit entre parenthèses, cherche désormais un autre éditeur, capable de la reprendre. Son premier éditeur, l'Insomniaque, jette en effet l'éponge...
18/10/2016 | Lien permanent | Commentaires (2)
Souvenirs sur l'Aracine (1) : un fragment de lettre de Madeleine Lommel à Bruno Montpied
"En tout cas c'est une autre époque et je suis très inquiète pour le regard que l'on portera désormais sur l'art brut, la hauteur avec laquelle on le regarde sans se préoccuper du pourquoi et du comment ; l'œuvre seule intéresse! et plus encore l'argent qu'elle représente, pourtant rencontrer les auteurs est d'une richesse irremplaçable.
C'est la dérive."
(Madeleine Lommel, lettre à Bruno Montpied du 29-11-2004, à en-tête de l'association l'Aracine)
L'Outsider art fair (la Foire de l'art brut) se tiendra du 19 au 22 octobre 2017 à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière dans le IXe ardt parisien... Où l'on parlera d'œuvres et d'argent sans y rencontrer beaucoup d'auteurs d'art brut vivants... Mais il faut cependant y aller, ne serait-ce que pour maintenir le fil entre amateurs sincères – et désintéressés – de l'art brut qui croisent aussi par là-bas, entre les lignes. Personnellement, j'y dédicacerai mon nouveau livre, Le Gazouillis des éléphants, premier inventaire des environnements populaires spontanés en France, le samedi 21 octobre à 15h30 sur le stand de la librairie de la Halle St-Pierre. A venir, bientôt, une note sur ce blog, pour y revenir plus précisément.
17/10/2017 | Lien permanent | Commentaires (1)
Créer en intérieur, une enquête
Nous voici confinés, et pour un bout de temps semble-t-il...
Je me demandais il y a quelques minutes si cette situation ne serait pas favorable (un mal pour un bien...) à métamorphoser les logements en zones recréées, avec des murs sculptés, incisés,, ou peints à la fresque, couverts de mosaïque ou de fragments d'assiette, voire avec divers éléments incrustés... Si vous avez eu vent de ce genre de décors ces jours-ci, si vous-même vous vous attaquez (il faut être propriétaire des lieux bien entendu), ou si vous vous êtes attaqués, aux murs de votre prison domestique autrefois, n'hésitez pas à m'en faire part, on pourra répercuter par vos images sur ce blog ce que vous m'enverrez. L'adresse mail pour ce faire n'est pas celle que vous donne le lien "me contacter", mais bien celle qui se trouve à la fin de mon "éditorial" du blog, cliquez sur la ligne "A propos" pour la trouver en faisant défiler le texte jusqu'au bout.
Les prisonniers gravaient des graffiti dans les murs de leurs cellules, qu'avez-vous envie d'infliger à ces nouvelles murailles du confinement?
Je vous donne ci-dessous un exemple de ce que j'entrevois, en l'occurrence un fragment du décor peint tout à fait ébouriffant qui existait chez Jean-Daniel Allanche à Paris près de la place Saint-Sulpice et tel qu'il a été révélé (et sauvé par dépôt des murs) par son ami Hervé Perdriolle.
Jean-Daniel Allanche, son plafond peint (détail), photo Pierre Schwartz.
Vue des moquettes peintes par Jean-Daniel Allanche, 166 x 194,5 cm et 165,5 x194,5 cm, coll. privée.
22/03/2020 | Lien permanent
Dictionnaire du Poignard subtil
Solitude :
"Ne plus aimer sa mère fracture radicalement l'existence. C'est comme si on vivait avec un cœur différent de celui des autres. Ne plus aimer sa mère vous laisse profondément seul au monde, vous ampute. On ressent de la honte, on connaît le dégoût. On se croit volontiers un monstre."
Jean-Pierre Sautreau, Une Croix sur l'enfance, Nouvelles sources, 2019.
(Ce récit est un salubre – et pathétique – témoignage d'un homme que ses parents ont livré, pieds et poings liés, alors qu'il était un enfant de onze ans, aux séminaires des curés de Vendée, dont les élèves des années 1960 se mettent aujourd'hui à parler, révélant outre les attouchements et autres violences intrusives criminelles, plus généralement, le système de lobotomisation des consciences, la coercition généralisée due à l'éducation et au système religieux catholiques qui ont toujours eu pour but d'abolir toute pensée individuelle critique, et par là, toute liberté ; Eric Le Blanche (voir notes précédentes), peintre muraliste autarcique de Vendée, a écrit dans une de ses lettres retrouvées qu'il "donnait son âme et son corps à Dieu". Au regard des témoignages de crimes pédophiles qui affluent depuis quelque temps, en Vendée et ailleurs, concernant les prêtres, cette phrase du pauvre Le Blanche prend aujourd'hui un sens des plus inquiétants, voire tragiques...)
21/07/2019 | Lien permanent | Commentaires (2)