Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/03/2010

Fantaisie forgée rue Durantin prolongée

     Curieuse intervention créative qui a dû nécessiter un temps considérable pour être confectionnée puis ensuite disposée sur ces fenêtres en rez-de-chaussée, dans cette rue de Montmartre au nom cocasse, la rue Durantin prolongée... (Comme si on avait manqué d'imagination pour trouver un autre nom à cette voie qui ne ressemble du coup qu'à une excroissance méprisable).

Anonyme, fers forgés fantaisie,Rue Durantin prolongée, Paris 18e ardt,ph.Bruno Montpied, 2002.jpg
Photo Bruno Montpied, 2002

      C'est plutôt rare à Paris les décors originaux, faits en matériaux de récupération en l'espèce, et placés en plein air, au vu et au su des passants. Sans doute parce que les règles d'ornementation sont contraignantes dans les grandes villes et que peu osent s'en affranchir. Ici, la rue est maigrement fréquentée, malgré sa fonction de raccourci commode dans Montmartre. Cela a dû contribuer à l'audace du créateur qui a composé ces arabesques de fers tordus et soudés où l'on reconnaît entre autres dans le labyrinthe des lignes un plateau de dérailleur de bicyclette. Tout prés se tenait aussi (rue Durantin - non prolongée), à la même époque, l'atelier d'un sculpteur-assembleur connu des amateurs d'art singulier et qui se nomme Gilbert Peyre. Une enseigne en tôles peintes et sculptées, due à Peyre, au style voulu de guingois, représentant un moulin où s'agitait un automate au visage rigolard (la rue mène au moulin de la Galette que l'on aperçoit plus haut), donnait déjà l'exemple au coin de la rue Durantin prolongée et de la rue Tholozé (la rue du cinéma le Studio 28, où eut lieu le scandale de L'âge d'or de Bunuel). Le coin a ainsi l'aspect d'un bout de terrain libéré par les créateurs singuliers de plein vent parisien.

Gilbert Peyre, enseigne au petit moulin,rue tholzé, Paris 18e ardt, ph Bruno Montpied, 2002.jpg
Enseigne du restaurant Au petit Moulin créée par Gilbert Peyre, rue Tholozé, ph. BM, 2002

 

 

Commentaires

Belles découverte et photos. Merci !
Martine

Écrit par : Martine Zimmer | 05/03/2010

Répondre à ce commentaire

tu connais, Rue Vitruve ?

http://parifuni.over-blog.com/article-25504459.html

j'ai repéré aussi une étrange fenêtre dans la Rue d'Avron, il faudrait que je prenne une photo.

Écrit par : Cosmo | 05/03/2010

Répondre à ce commentaire

Le decor en fer forgé ornant les fenêtres est toujours en place.
Vérifié ce matin (7 mars 2010), j'y habite...
Cordialement
D d H

Écrit par : du Harcourt | 07/03/2010

Répondre à ce commentaire

Quelle agréable surprise de voir ceci ici... Le créateur de ce travail est une femme, Hélène Mallet, violoniste poète et soudeuse à ses heures perdues, décédée le 17 mai 2004 à Paris. Je suis heureuse de voir que l'oeuvre de ma mère est toujours en place, qu'elle vous plaît, il n'y a plus qu'à espérer que les prochains propriétaires en jugent de même... Mailys

Écrit par : Mailys | 04/10/2014

Répondre à ce commentaire

De nombreuses voies à Paris ou en d'autres villes ont reçu l'épithète «prolongée» pour signaler précisément leur prolongation. Il ne faut pas y voir l'effet d'un manque d'imagination, mais la simple indication provisoire d'une modification cadastrale. En revanche, sur un esprit réceptif aux signes comme celui de l'enfant ou du poète, cette épithète, qui connote aussi bien l'idée d'un dépassement dans l'espace que d'une suspension dans le temps, résonne avec une particulière étrangeté, comme l'invocation d'un mystère. Ainsi, lorsque, dans mon enfance, je prenais avec ma mère la rue Durantin, puis la rue Durantin prolongée, pour nous rendre chez notre dentiste qui habitait rue Félix-Ziem, cette dénomination insolite faisait naître à chaque fois chez moi une délicieuse sensation de nulle part, un charme des confins que renforçait l'aspect désolé de la partie prolongée, bordée alors de murs aveugles aux écailles plâtreuses qui semblaient délibérément mener au-delà de la ville. Cette poésie urbaine, non dénuée d'humour involontaire, n'a pas échappé à Ivan Chtcheglov, qui cite la rue des Volontaires Prolongée, celle-ci située dans le XVe arrondissement, dans son fameux «Formulaire pour un urbanisme nouveau».

Écrit par : L'aigre de mots | 05/10/2014

Répondre à ce commentaire

Le monsieur qui signe tout le temps ici "L'Aigre de Mots" m'a tout l'air de se balader une férule à portée de mimine, bien cachée dans sa poche et toujours prête à sortir pour fouetter les petits doigts des enfants qui ne parlent pas comme il voudrait mais qu'il ne s'empêche pas de vanter par ailleurs. La rue durantin machin chose n'appartient pas qu'à lui, crénom... (De même, du reste, que la poésie dont il nous fait la leçon, on dirait...)

Écrit par : James Song | 06/10/2014

Répondre à ce commentaire

Réaction irréfléchie dénotant un caractère emporté et bien acariâtre que celle de ce James Song ! Je n'ai voulu donner de leçon à personne, simplement nuancer une hypothèse du Sciapode, lequel ne s'en est pas offusqué, lui d'ordinaire si prompt à appuyer sur la détente. J'ai en outre si peu prétendu me réserver la poésie des rues prolongées que j'ai cité à l'appui de mes souvenirs l'autorité d'Ivan Chtcheglov.

Écrit par : L'aigre de mots | 06/10/2014

Répondre à ce commentaire

Je dois avouer de bonne foi ne rien savoir de ces nuances administratives quant aux modifications cadastrales dont vous parlez. N'en sachant rien, je me suis toujours retrouvé devant cette dénomination en pays insolite. Je ne connais, à ma grande honte, aucune autre rue "prolongée" à Paris. Y en a-t-il donc tant que cela, en plus de la rue des Volontaires prolongée dans le XVe? Ce serait intéressant d'en dresser la liste. Quand j'en aurai le temps, je dépouillerai mon plan Taride, si vous ne vous y attelez pas vous-même...
Devant la rue Durantin prolongée, je me suis toujours dit que l'on était en fait dans une rue presque fantôme, cet adjectif insolite lui donnant des allures de croupion de rue, de rue en rallonge, de bonus. Ce n'était plus une rue comme les autres, cela devenait déjà un autre type de rue, une rue alternative, comme la ruelle ténébreuse de Jean Ray. Ce "prolongement" lui confère un statut presque onirique.
Je n'ai pas voulu dans l'introduction fort désinvolte et légère de cette note vieille de quatre ans m'appesantir sur le retentissement réel de cette rue en moi. Le sujet de la note était surtout sur la grille curieuse en assemblages d'accessoires, due, on vient donc de l'apprendre grâce à Mailys à Mme Hélène Mallet. J'en profite, pour demander comme Régis Gayraud à Mailys s'il a existé d'autres réalisations de même type exécutées par sa mère?

Écrit par : Le sciapode | 06/10/2014

C'est amusant, cette polémique qui surgit à partir d'une note vieille de quatre ans et demi. Je trouve plus intéressant de louer Maylis qui nous permet d'en savoir plus sur l'auteur de ces petits bijoux d'un sou, sa mère. A-t-elle oeuvré ailleurs et comment? comment faisait-elle?, etc... Voilà des questions plus intéressantes que les remontées biliaires d'un Aigre et d'un Song...
Pour ma part, j'ai toujours aimé ces noms de rues "prolongées", surtout parce que, prononcées et non lues, "à l'oral", comme on dit dans les collèges, on croit comprendre que ce sont les volontaires, ou mieux un "rantin" (mais que serait le rantin consacré par cette rue du Rantin prolongé, un raton à la queue de deux mètres, un rentier passé à l'attendrisseur?) qui seraient prolongés, et non les rues elles mêmes. Imaginez des volontaires vraiment prolongés, leurs figures sombres et résolues, longues comme des jours sans pain, leurs corps dégingandés, leurs jambes de géants, leurs cous de girafes, les ombres immenses qui les suivent, leur longue file indienne qui s'étire tandis qu'ils partent pour une guerre d'au moins deux siècles... C'est vrai que ces noms sont restés incrustés dans nos cervelles depuis l'enfance; Je me souviens qu'une fois, j'ai fait un de ces nombreux rêves où je revois des villes ressemblant de loin ou de près à Paris, avec des mélanges de Kiev, de Sienne ou d'Athènes... où je devais prendre de toute urgence une Rue Longue prolongée, tel un étroit boyau, une faille tranchée dans une cité d'argile couleur de polenta froide.

Écrit par : Régis Gayraud | 06/10/2014

Répondre à ce commentaire

Et la rue de l'Adolescent prolongé?

Écrit par : Le père Plexe | 06/10/2014

Répondre à ce commentaire

Ah oui, la rue de l'Adolescent prolongé, ce serait très bien, ça, et même, surtout la rue de l'enfant prolongé. Ce pourrait être un boulevard, même. Boulevard de l'Enfant prolongé. J'y logerai avec plaisir. Mais pas dans l'impasse du petit perplexe rabougri.

Écrit par : Régis Gayraud | 08/10/2014

Mais pourquoi cette ire? Moi aussi, j'habiterais bien à de telles adresses.

Écrit par : Le père Plexe | 08/10/2014

Répondre à ce commentaire

Parce que je vous ai cru péjoratif. Comme certains disent "Adolescent attardé" pour fustiger un adulte un peu tout-fou. (Moi qui me trouve mille fois trop sérieux...) Mais je retire tout. Sorry.

Écrit par : Régis Gayraud | 08/10/2014

Répondre à ce commentaire

Écrire un commentaire