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Infos-miettes (5)

RUZENA, PARLEZ-MOI DE GRENOBLE...

     Ruzena continue son petit bonhomme de chemin. Ses dessins pleins de lianes et d'homuncules étrangleurs, de spectres aux yeux vides, de serpents jaillissant lentement du prolongement de branches ou de cuisses, atterrissent à Grenoble dans les locaux de la galerie Ex Nihilo, présentés à côté d'oeuvres d'Eric Gougelin et à l'initiative de Jean-Louis Faravel de l'association Oeil'Art.

L'exposition se déroulera du 15 au 31 octobre prochain,  8, rue Servan (c'est dans le centre du vieux Grenoble, ancien quartier des antiquaires). Le vernissage aura lieu le jeudi 15 octobre à partir de 18h30.

RUZENA image en filigrane du carton d'invitation, Galerie Ex Nihilo, Grenoble, 2009.jpg

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LOUIS PONS, Dessins Anciens

      Des dessins de Louis Pons sont annoncés à la galerie de Béatrice Soulié, rue Guénégaud, pour une exposition de six jours (du 20 au 25 octobre) qui se prolongera ensuite dans une galerie voisine, la galerie Sellem, rue Jacques Callot, du 29 octobre au 21 novembre. Chez Mme Soulié, ce sera ouvert aussi le dimanche, et le vernissage aura lieu le mardi 20 octobre.

Louis Pons, dessin ancien,galerie Béatrice Soulié, 2009.jpg
Louis Pons, dessin ancien, extrait du dossier de presse de l'exposition
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LE RAYON INVISIBLE, nouvelle collection des Editions Les Loups sont Fâchés
Le rayon invisible Guy Cabanel Pierre Peuchmaurd, Les loups sont fâchés, octobre 2009.jpg      Deux ouvrages paraissent simultanément dans cette collection toute neuve, Maliduse, de Guy Cabanel, avec des illustrations de Robert Lagarde (réédition de celle de 1961), et Le pied à l'encrier, qui paraît être le dernier ouvrage qu'aura préparé Pierre Peuchmaurd de son vivant, sorte de journal posthume donc, apparemment consacré à ses lectures, à des réactions vis-à-vis du "caquetage médiatique".
Les loups sont fâchés, 75, rue Dutot, 75015 Paris, ou www.lesloupsediteurs.fr
A l'occasion du lancement de la collection, une rencontre aura lieu avec Guy Cabanel "qui dédicacera Maliduse suivant son humeur", le mardi 13 octobre à partir de 18 heures, à la Galerie Nuitdencre 64, 64, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e. T: 01 49 29 48 49. Se tient actuellement dans ses locaux une exposition consacrée à Jacques Lacomblez qui vaut aussi le détour (jusqu'au 13 novembre).
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 ART BRUT NEERLANDAIS

     L'exploration systématique de l'art brut par pays continue vaillamment. Pas un pouce de terrain qui n'échappera! Ce sont nos amis bataves qui passent demain au crible. C'est chez Christian Berst dans sa galerie ex-Objet Trouvé (j'en connais pour qui cette galerie n'a pas le droit de changer de nom). Voici les créateurs sélectionnés: Rieka Bettink, Siebe Wiemer Glastra, Ylonka Elisabeth Jaspers, Ron Oosterbroek, Evert Panis, Han Ploos van Hamstel, Micha Stanojevic et Roy Wenzel, le seul dont j'avais jusque là entendu parler. Pas de Willem Van Genk? Pas grave, ce n'est personnellement pas le créateur que je retiens le plus en Hollande... Dans cette exposition, ma curiosité se porte vers monsieur Glastra, à ce que j'en suppose en me basant sur le site de la galerie bien sûr.

GLASTRA Galerie Christian Berst, octobre 2009.jpg
Siebe Wiemer Glastra

"Made in Holland", l'art brut néerlandais, du16 octobre au 28 novembre 2009. Vernissage le jeudi 15 octobre de 18h à 21h.

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SOIREE d'HOMMAGE à MADELEINE LOMMEL

De gauche à droite,Madeleine Lommel, André Robillard, Claire Teller, archives LaM, Villeneuve-d'Ascq.jpg

      C'est programmé dans le cadre de l'expo, dont j'ai déjà parlé ici, "Les Chemins de l'art brut 8", à l'auditorium de l'INHA, la salle Walter Benjamin, dans le passage Colbert (entrée indifféremment par la rue des Petis Champs ou la rue Vivienne à Paris). Cela aura lieu le jeudi 22 octobre à 18h30. Sera projeté à cette occasion le film de Claude et Clovis Prévost (dont j'ai mis en ligne ici et là sur mon blog quelques photogrammes grâce à l'obligeance des Prévost), qui est un montage d'entretiens réalisé avec les fondateurs de l'Aracine, Madeleine Lommel, disparue comme on sait en avril, Claire Teller et Michel Nedjar.

Louise Tournay, Les Chemins de l'art brut 8, INHA, 2009.jpg
Louise Tournay, exposition Les Chemins de l'art brut 8,
 salle d'exposition de l'INHA, Galerie Colbert

      A signaler qu'un catalogue d'environ 180 pages paraît seulement ces jours-ci pour accompagner l'exposition. Il s'agit d'une "promenade chronologique commentée" par divers intervenants, divers témoins de l'histoire de l'Aracine, notamment durant la période entre 1982 et 1996, date du départ de la collection vers le futur LaM de Villeneuve-d'Ascq.

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ANATOMIA METAMORPHOSIS

       L'exposition de l'automne dans la galerie ABCD à Montreuil a déniché un titre bien pédant cette année, je trouve. Faut croire que "Métamorphose anatomique", ça faisait péquenot. Sont invitées sur les cimaises les figures hésitant entre pure ornementation et spéculation botanique (ou anatomique, donc) d'Anna Zemankova et les plongées tourbillonnantes au sein du corps par Lubos Plny. Un film sur ce dernier sera également présenté. Par ailleurs, a été montrée à quelques privilégiés, l'avant-première du film de Bruno Decharme intitulé "Rouge Ciel", traitant de l'art brut, de son histoire, de sa réception chez quelques amateurs, et interrogeant des créateurs eux-mêmes, notamment ceux que Bruno Decharme est allé filmer à diverses reprises. Espérons que ce film pourra être rapidement visible d'un plus grand nombre de passionnés.

Lubos-Plny,ABCD.jpg
Une oeuvre de Lubos Plny, extrait du dossier de presse d'ABCD

 

Exposition du 10 octobre au 29 novembre, galerie ABCD, 12, rue Voltaire, 93100 Montreuil. Ouvert les samedis et les dimanches de 12h à 19h.

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La dynastie des Montégudet, inspirés de père en fils (1)

     On a tendance à croire, possédé que l'on est par le dogme de l'art brut, que les créateurs d'environnements populaires sont le plus souvent des individualistes forcenés. Cela n'est pas toujours vrai. Et même, lorsqu'il s'agit des inspirés du bord des routes spécialement, cela se révèle souvent faux. Mais peut-être aussi ne faut-il pas toujours associer l'art brut aux environnements spontanés.

     Il y a ainsi le cas des deux Montégudet, le père et le fils, dans la Creuse, département qui s'enorgueillit de posséder par ailleurs le plus ancien environnement spontané qui soit parvenu jusqu'à nous, à savoir le village sculpté de Masgot du tailleur de pierre François Michaud (commune de Fransèches).

Carte postale,L'étang fleuri, éd. Cap-Théojac, années 1970.jpg
Une des quatre cartes postales ayant été éditées pour assurer la publicité de l'Etang Fleuri, Le Renard et le Bouc (avec un panonceau indiquant "qu'il est interdit aux moins de treize ans de regarder" le membre du bouc qu'une ouverture dessous la margelle dévoile clairement, membre qui fut "censuré" radicalement dans la suite des temps par l'épouse de son fils...), la chèvre de M. Seguin, Adam et Eve... (Années 1970, éd. Cap-Théojac)

     J'ai évoqué en titre une "dynastie", et d'accord c'est un peu exagéré, sauf à penser que nos créateurs retraités, issus pour leur majorité des classes populaires, lorsqu'ils créent, se fabriquent une nouvelle souveraineté, comme s'ils étaient devenus ce que j'ai appelé ailleurs "les rois d'eux-mêmes".

Carte postale, L'Etang fleuri, éd. Cap-Théojac, années 1970.jpg
Autre carte postale de l'Etang Fleuri, Le Renard et la Cigogne, Le Lion et le Rat, le monstre du Loch Ness, Ludovic avec la chèvre de Picasso... (Années 1970, éd. Cap-Théojac)

     Il y eut d'abord le père, Ludovic, qui entre 1967 et 1981 créa autour d'un étang une sorte de parc de loisirs bricolé avec les moyens du bord. Ludovic Montégudet devant sa buvette, document famille Montégudet, années 1970.jpg Il sema sur ses rives une multitude de petites saynètes représentant, entre autres, les Fables de La Fontaine, la Chèvre de Picasso, Barbe-Bleue, Roland à Roncevaux (ce dernier sujet peu banal chez nos autodidactes, en même temps en accord avec les souvenirs d'école!)... Ancien maire du bourg de Lépinas, retraité, c'était l'idée qu'il avait eu pour maintenir du lien social à la fois dans sa commune et pour lui-même aussi, parce que la retraite l'avait retranché de ses concitoyens. Il sculptait le bois et avait installé ses sculptures en plein air, à côté d'une buvette, ne dédaignant pas les galéjades parfois à la limite de la gaudriole. Ludovic Montégudet,les cornes, ancien Etang Fleuri de Lépinas, document famille Montégudet,années 1970.jpg

Les couples d'amoureux venaient parfois se cacher au bord de "l'étang fleuri" et l'ancien maire en était fier. Le photographe François-Xavier Bouchart vint chez lui prendre des clichés, ainsi que Pierre Bonte, le spécialiste des gens-ordinaires-qui-ont-tous-un-grain-de-génie... Cela le fit connaître des amateurs de création populaire autodidacte (deux pages lui sont consacrées dans le catalogue de l'exposition Les Singuliers de l'Art au musée d'art moderne de la Ville de Paris, 1978 ; à quand la prochaine exposition sur le même thème pour faire le point et la mise à jour?).

Ludovic Montégudet avec Le Lion et le Rat,document famille Montégudet, années 1970.jpg
Ludovic Montégudet devant la saynète Le Lion et le Rat (document famille Montégudet, années 1970)

     Ludovic se faisait parfois aider dans ses sculptures par son fils René, qui outre quelques statues (de personnages), s'occupait surtout de mettre en couleur les statues de son père, ainsi que de les réparer l'hiver (car, comme René et son épouse le soulignent, les statues étant en bois souffraient terriblement d'être à l'air libre).

Saynète sculptée par Ludovic Montégudet,le Bouc et le Renard, photo document famille Montégudet, années 1970.jpg
Détail de la saynète Le Renard et le Bouc, avec le panonceau "Interdit..."

     Fin de partie en 1981. Ludovic décède. René et Yvette, sa femme, constatant la détérioration accrue et le vandalisme qui affectent les oeuvres, décident de les retirer des rives de l'étang et de les mettre à l'abri dans une grange.

Grange où furent rangées un temps les oeuvres de l'Etang Fleuri de Ludovic Montégudet, photo Bruno Montpied, 1991.jpg
La grange où étaient stockées les statues animalières de Ludovic Montégudet, telle qu'elle était en 1991 (photo Bruno Montpied)

     C'est une dizaine d'années après que, curieux de savoir s'il restait quelque chose des statues insolites de Ludovic Montégudet à Lépinas, je viens en Creuse où, avec l'aide du sculpteur Jean Estaque, grand amateur d'art et de culture populaires par ailleurs (nous nous étions rencontrés via Michelle Estaque et le projet de livre sur Michaud), nous partons visiter les héritiers de Ludovic, à savoir donc René et son épouse...

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02/08/2009 | Lien permanent

Luigi Buffo, le retour (Les Amoureux d'Angélique, 2)

     J'avais demandé sur un autre blog, où l'on se contentait de ressortir de vieilles photos du temps passé consacrées à lui (je n'ai rien contre les archives, cela dit), des nouvelles de Luigi Buffo (signant parfois "Lui" Buffo), cet ancien maçon qui avait réalisé un décor de statues en ciment très archaïsantes sur les murs de clôture de sa propriété à Lagardelle-sur-Lèze, non loin de Toulouse, à la fin des années 70 (Jean Teulé avait été le premier à en parler dans son émission de télé L'Assiette Anglaise, puis dans son livre tiré de l'émission, Les Excentriques de l'Assiette Anglaise, en 1989, aux éditions Antenne 2-Du May ; à l'époque dans son texte il dénombrait 400 statues de "bois, cailloux, ciment"...).

Luigi Buffo dans Les Excentriques de l'Assiette Anglaise de Jean teulé, 1989.jpg
Luigi Buffo, l'homme et ses oeuvres, photogrammes du documentaire sur lui extraites de l'ouvrage Les Excentriques de l'Assiette Anglaise de Jean Teulé, 1989 (dans le coin inférieur gauche de ce patchwork photographique, on peut discerner des statues en bois, serrées comme des sardines et accrochées sur un mur)

     Eh bien, les nouvelles sont venues toutes seules, à croire qu'il y a un ange quelque part qui veille sur les hantises, ou un démon (celui de ma curiosité)... En découvrant le petit musée de sculptures et de peintures naïves et brutes des Amoureux d'Angélique au Carla-Bayle en Ariège (voir ma note du 9 août), j'ai eu la surprise, et quasiment la commotion de tomber pour la première fois de ma vie sur des sculptures du fameux Luigi Buffo, conservées dans une salle entièrement consacrée à lui, salle qui est sans conteste la plus impressionante du musée fondé par le couple Boudra (bon, j'arrange l'histoire, en réalité, c'est Pascal Hecker à la Halle St-Pierre qui m'avait indiqué l'air de rien que les Amoureux d'Angélique avaient récupéré l'oeuvre en bois d'un "certain Buffo").

Salle Luigi Buffo au musée des Amoureux d'Angélique, Le Carla-Bayle, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Salle Luigi Buffo au musée des Amoureux d'Angélique, Le Carla-Bayle, avec la statue de la Liberté en bas à gauche (couronnée), photo B.Montpied, 2008

     Il s'agit là de sculptures en bois essentiellement, que les Boudra ont récupérées et sauvées il y a un an ou deux, aprés accord avec le nouveau propriétaire du site. Les statues en ciment, suite au décès de la femme de Luigi Buffo qui les avait conservées en l'état jusqu'à ces dernières années, se sont trouvées en effet détruites il y a  peu de temps (vers 2005-2006?). Ne resteraient en fait à Lagardelle-sur-Lèze que trois ou quatre statues, dont un taureau et un personnage assis les mains tendues laissant s'échapper un oiseau... peut-être l'âme de ce site étonnant...? La destruction est intervenue suite au désir des enfants de vendre les lieux et d'y faire place nette. En ce sens, l'oeuvre en ciment de Buffo aura eu moins de chance que celle d'un Charles Billy à Civrieux-d'Azergues dont la maison et le jardin de maquettes en pierre furent rachetées par un particulier qui s'est montré très respectueux du site.

Lui Buffo, quelques statuettes en bois et en ciment, musée les Amoureux d'Angélique, ph.B.Montpied, 2008.jpg
Luigi Buffo, statues en bois et quelques-unes en ciment, dont la plaque d'origine du musée, musée Les Amoureux d'Angélique, photo B.M., juil 2008

     Les statues en bois de Luigi Buffo, selon certains commentateurs (par exemple Jean-François Maurice, la fameuse concierge de l'Art Brut, dans le n°38 du Bulletin de l'Association des Amis de François Ozenda, en 1989 aussi, avec un temps de retard sur Jean Teulé et L'Assiette Anglaise), les statues en bois étaient, paraît-il, au coeur de la démarche créative de Buffo. Il s'en inspirait pour faire ensuite ses statues en ciment, nous dit la fameuse concierge. Elles étaient présentées sous les statues en ciment parfois, à l'ombre... Comme semble le montrer la photo d'Animula Vagula que j'insère ici (prise au début des années 90 ; des statues en bois s'abritent sous un auvent de ciment derrière un des personnages à sombrero).Lui Buffo 2 personnages ph C Edelman.jpg Ou bien dans un local à part, comme semble le montrer la petite photo publiée dans un petit coin du livre de Jean Teulé (voir ci-dessus au début de ma note)... On croit retrouver parmi ces fantômatiques pièces sculptées présentes sur ce photogramme flou, les mêmes pièces que l'on peut voir aujourd'hui au musée des Amoureux d'Angélique, où elles sont présentées de façon légèrement moins serrées qu'à l'origine, semble-t-il, ce qui leur va plutôt bien, j'ai trouvé...

Lui-Buffo,-plusieurs-statue.jpg
Luigi Buffo, Madone à l'enfant et autres pièces en bois, dont certaines datées 1984 (à droite, un personnage avec sabots placés en dessous de sa tête et autres faces fait songer à la disposition des minuscules sabots décorant les affiquets des brodeuses), musée Les Amoureux d'Angélique, ph BM, 2008

     Bien sûr, les statues en bois ne sont plus dans leur local d'origine, et je n'ai pas eu le temps de demander aux Boudra s'ils avaient connu le site du temps de sa splendeur, et s'ils avaient vu comment Buffo avait situé les oeuvres les unes par rapport aux autres (il semble l'avoir découvert juste au moment où cela était sur le point de disparaître complètement, ils sont intervenus in extremis, exhumant les statues d'un tas de débris prêts à finir au feu... ; un petit film fort émouvant a été tourné sur ce sauvetage). Je ne sais pas non plus si les figures sculptées sont chargées de représenter des personnages précis (j'ai juste reconnu Pinocchio dans un coin avec son grand nez de menteur, une madone  à l'enfant, ainsi que la statue de la Liberté avec une couronne). Telles quelles, elles sont déjà remarquables, archaïsantes, comme réminiscences de la statuaire romane des églises pyrénéennes toutes proches, tout en évoquant des ex-voto gaulois, mas aussi des fétiches africains... Et bien qu'elles aient été déplacées, transplantées, elles gardent intacte leur très grande force.

Luigi Buffo,sculptures musée les Amoureux d'Angélique, ph B.Montpied, 2008.jpg
Luigi Buffo, l'homme et son bétail, souvenir vague de statuettes propitiatoires? Musée des Amoureux d'Angélique, ph BM, 2008
Luigi Buffo,4 têtes, musée les Amoureux d'Angélique, ph B.Montpied, 2008.jpg
Luigi Buffo, quatre têtes, musée Les Amoureux d'Angélique, ph BM, 2008

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28/08/2008 | Lien permanent

Hypnos, images et inconscients en Europe 1900-1949

 Man Ray,Marquise Casati, 1922, Galerie Marion Meyer, Paris, copyright Man Ray Trust Adagp Paris, 2009, Photo Marc Domage.jpg   Le 14 mars, débutera une exposition qui nous intéresse vivement au Musée de l'Hospice Comtesse, à Lille, Hypnos, images et inconscients, 1900-1949. Organisée par les conservateurs du musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq, Savine Faupin, Christophe Boulanger et Nicolas Surlapierre, en collaboration avec Lorand Hegyi, le directeur du musée d'art moderne de Saint-Etienne, l'exposition se propose de montrer comment de nombreux artistes des premières décennies du XXe siècle se sont emparés de la notion d'inconscient, l'interprétant ou se l'appropriant. La notion était alors une révélation suite aux travaux de Sigmund Freud à Vienne. L'exposition ne se veut pas moins qu'une "contribution à l'histoire de l'inconscient visuel". On se dit: chiche, mais il faudra voir les résultats in situ. Car les images de l'inconscient sont fort multiples et variées.

Frantisek Drtikol, Le cri, 1927 MNAM, Centre Georges Pompidou, Paris. Dist.RMN, copyright Jacques Faujour, copyright DR.jpg

Frantisek Drtikol, Le cri, 1927, Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, Dist. RMN, © Jacques Faujour © DR

    Trois thèmes chronologiques structurent la manifestation, "le cosmos intériorisé (1900-1918)", "une géopoétique de l'inconscient: Berlin, Budapest, Cologne, Paris, Prague, Zürich (1918-1933)" et "l'heure dangereuse (1933-1949). Selon ces thèmes, on retrouve là des domaines qui ont déjà fait l'objet de passionnantes expositions précédemment montées ailleurs, comme l'art des spirites (la Halle Saint-Pierre notamment a monté deux expositions sur le thème, l'art médiumnique et l'art des spirites tchèques de la région des Monts des Géants et du musée de Nova Paka) Jan Tona,sans titre, musée municipal de Nova Paka, expo L'art brut tchèque, Halle Saint-Pierre, 2002-2003.jpg ou la photographie spirite par exemple (cf le Troisième oeil, la photographie et l'occulte, Maison Européenne de la Photographie à Paris, 2004-2005). Un éclairage particulier doit être donné sur la production des médiums de Bohème-Moravie, précisément ces créateurs que l'expo sur l'Art Brut tchèque de la Halle Saint-Pierre (2002-2003, ensuite montée en Belgique, puis à la Collection de l'Art Brut à Lausanne), sous l'impulsion de son organisatrice Alena Nadvornikova (une membre historique du groupe surréaliste tchèque contemporain), avait fait brillamment découvrir aux amateurs.

Hypnos,-Josef-Kovar-Prurez-.jpg

Josef Kovář, Pruřez ovoce Neptuna, 1905, Mestské Muzeum Nova Paka, République Tchèque, © DR

      La deuxième section sur la "géopoétique de l'inconscient" semble vouloir nous montrer des créateurs choisis ailleurs qu'en Europe de l'ouest, de façon à exposer une exploitation de la découverte du continent inconscient, peu connue en France, par d'autres mouvements que le surréalisme, à savoir en l'occurrence le cubisme, le dadaïsme ou l'expressionnisme. Si dans ce dernier cas, on connaît tout de même assez bien par ici le cinéma des Robert Wiene ou Fritz Lang, moins répertoriée est l'existence des "marionnettes dadaïstes" qu'on nous annonce dans l'expo et qui nous intriguent davantage (sans doute parentes des magnifiques oeuvres sculptées d'un Marcel Janco qui étaient naguère montrées au Centre Georges Pompidou dans le cadre de l'exposition bric-à-brac Traces du Sacré). De même les créateurs tchèques gagnent beucoup à être davantage contemplés (Kupka, Vachal, Driskol, etc...). On espère donc faire des découvertes dans cette section (par exemple Josef Vachal).

Hypnos Frantisek Kupka Le reve, 1909, Museum Bochum, Bochum, copyright ADAGP Paris, 2009.jpg

Frantisek Kupka Le rêve, 1909, Museum Bochum, Bochum ©ADAGP Paris, 2009

 

      La troisième partie de l'exposition veut cerner ce moment de division et de totalitarisme (national-socialisme, stalinisme...) qui s'empare de l'Europe entre 1933 et 1949. Dans les représentations liées à l'inconscient se lisent des tendances et des menaces idéologiques qui font alterner les messages d'Eros ave ceux de Thanatos. C'est aussi le moment où le surréalisme qui s'était fait le champion de la libération du langage des désirs enfouis est traqué en Europe, et se diffuse dans le monde en même temps que s'exilent ou se cachent les membres des groupes européens. Cependant, on peut se demander si la place du surréalisme dans ce projet sur les images de l'Inconscient n'est pas quelque peu minoré. Il faut attendre de voir l'expo.  

     C'est près d'une centaine d'artistes d'Europe de l'Ouest, d'Europe Centrale et Orientale qui sont présentés, parmi lesquels Jean Arp, Brassaï, Victor Brauner, František Drtikol, Marcel Duchamp, Max Ernst, Simon Hantaï, Paul Klee, Hilma af Klint (de cette dernière, on a déjà eu l'occasion de voir des oeuvres en France, voir ma note du 25 avril 2008 sur ce blog, notamment à l'expo déjà mentionnée Traces du Sacré), Bohumil Kubista (qui était, Ô nom prédestinant, cubiste...), Frantisek Kupka, Emma Kunz, Augustin Lesage, André Masson, Joan Miró, Laszlo Moholy-Nagy, Man Ray, Joseph Sima, Sophie Taeuber-Arp, Marie Toyen, Josef Vachal, Lajos Vajda, Adolf Wölfli..., les cinéastes Fritz Lang, Friedrich Wilhelm Murnau, Georg Wilhelm Pabst, Robert Wiene..., des écrivains et poètes tels qu'André Breton, René Char, Géza Csáth, Robert Desnos, Franz Kafka, Frigyes Karinthy, Dezső Kosztolányi, Ghérasim Luca..., ainsi que des théoriciens de la psychanalyse comme Sigmund Freud, Sándor Ferenczi, Carl Gustav Jung ou Karl Abraham.

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Joseph Vachal, décor peint pour la maison de Josef Portman en 1922-1924 ; photo extraite du livre Facétie et Illumination, l'oeuvre de Josef Vachal, un graveur écrivain de Bohême (1884-1969), textes réunis par Xavier Galmiche, Presses de l'Université Paris-Sorbonne/Paseka, 1999

      On notera au passage que des créateurs de l'art brut, non professionnels de l'art par définition, comme Lesage ou Wölfli se trouvent ici mélangés aux artistes d'avant-garde. Cela augure-t-il d'autres mélanges à venir dans le cadre du nouveau Musée d'Art Moderne à Villeneuve-d'Ascq (où, comme on sait les travaux d'extension du musée, comprenant une aile consacrée à la présentation de la collection d'art brut du musée, sont en train de s'achever)? Wait and see... 

     L'exposition se tient du 14 mars au 12 juillet 2009. Musée de l'Hospice Comtesse, 32, rue de la Monnaie à Lille. Pour plus de renseignements, cliquer sur le site du musée d'art moderne Lille-Métropole (voir lien ci-dessus) à Villeneuve-d'Ascq. A noter qu'Hypnos devrait être la dernière exposition hors-les-murs du musée d'art moderne de Villeneuve-d'Ascq avant sa réouverture prévue pour 2010.

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L'été des expositions (note rallongée)

    Cet été, il y a du singulier saupoudré un peu partout pour ceux qui voudraient voyager en fonction des arts contemporains sous médiatisés. Je ne cite que quatre lieux cependant, car vous trouverez bien le reste sans moi, la toile pullule de sites consacrés à l'art dit singulier, la singularité résidant de plus en plus dans l'apparence, comme tant d'autres choses ces temps-ci...

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    On trouve de tout, des "classiques", des "ancêtres", et des aspirants à la notoriété "singulière" plus récents. Classiques sont en effet désormais Chaissac,Auberivecrbst_chaissac.jpg Pierre Bettencourt et Louis Pons, exposés du 1er juin au 5 octobre dans le cadre des Passeurs de frontière (sur les trois, c'est Chaissac et Pons que je préfère) au centre d'art contemporain de l'Abbaye d'Auberive.Auberive_vue_aerienne.jpg Auberive, c'est entre Langres et Châtillon-sur-Seine. A noter que ce centre possède des fonds d'art contemporain où l'on retrouve entre autres des oeuvres des Moiziard (Jean et Andrée) et d'autres artistes chéris de la galerie Béatrice Soulié. Tous les renseignements pratiques se trouvent sur le site du centre. Il suffit de cliquer...

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Portion de la Maison de Danielle Jacqui au Pont de l'Etoile, photo du carton d'annonce de son exposition à Nice

    Parmi les "ancêtres" (hou là, là... elle ne va pas apprécier...) de l'art singulier, il y a Danielle Jacqui dont on connaît la maison rutilante de couleurs, ultra baroque et foutraque à Roquevaire-en-Provence. Elle crée depuis trente ans au moins avec une belle constance et une grande profusion bariolée que je ne suis pas toujours sûr de pleinement apprécier (mais Jacqui et moi, on peut parler librement)... On ne peut cependant douter de sa sincérité, et de sa persévérance. L'occasion est donnée pour tous ceux qui voudraient en savoir plus de se renseigner sur l'ensemble de sa production multiforme puisque le Musée International d'Art Naïf Anatole Jakovsky à Nice lui consacre une exposition intitulée "ORGANuGAMME" (titre super tarabiscoté). Du 20 juin au 3 novembre, au Château Sainte-Hélène, avenue de Fabron, Nice. (Renseignements: 04 93 71 78 33).

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   Au Musée de la Création Franche à Bègles, ils ont prévu cet été de nous montrer encore et toujours Joël Lorand, en passe de devenir un classique lui aussi, étant donné la cadence de ses expositions. Il faut dire que son art frappe l'attention de beaucoup de spectateurs. L'oeuvre qui sert pour l'illustration du carton d'invitation ne déroge pas à la règle. De même que les autres peintures (dessins en couleur?) qui continuent d'être exposées en ce moment même à l'exposition L'Eloge du Dessin à la Halle Saint-Pierre à Paris. Cela est prévu pour durer du 27 juin au 7 septembre.

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Alain Lacoste, Seringue de malheur, 1996, photo récupérée du site Self-Taught-Art singulier de Jerzy Ruszczynsky-Art Outsider (à prononcer d'une seule traite) de Frédéric Lux

   Très classiques aussi sont Claudine Goux et Alain Lacoste qui exposent jusqu'au samedi 28 juin (va falloir se dépêcher, si ça vous intéresse ; personnellement, le site de la galerie où l'on voit des photos des expos laisse imaginer une tendance au foutoir et au n'importe quoi... ; mais, tout de même Goux et Lacoste étant des artistes estimables, il me paraissait malhonnête de ne pas les signaler) à l'Espace Lucrèce, 16, rue Salneuve, dans le 17e arrondissement de Paname.

Jerzy Ruszczynski, oeuvre reproduite sur le blog de Frédéric Lux.jpg 
Oeuvre de Jerzy Ruszczynski, extraite du site de Frédéric Lux
Enfin, Frédéric Lux nous fait savoir qu'à Saint-Sever-du-Moustier, son protégé Jerzy Ruszczynski (riche non seulement de consonnes difficiles à retenir en français mais aussi d'une oeuvre foisonnante) expose une trentaine de ses oeuvres (dessins et peintures) en même temps qu'une forte escouade de créateurs talentueux: Louis de Verdal, Kurt Haas, Ted Gordon, Marilena Pelosi,Marilena Pelos,Il va renaître dans un corps sans haine, 2004.jpg Rosemarie Koczy, Stani Nitkowski (à titre posthume), entre autres... sans oublier... l'incontournable Joël Lorand! Dont cette fois l'oeuvre descend nettement vers le Midi (ceci afin de répondre au commentaire récent de Miss Anne-Lise...). L'expo s'appelle Les nouveaux troubadours (ça vous fait pas penser à la ritournelle d'une certaine publicité?). Elle est prévue pour durer du 12 juillet au 6 septembre. Le vernissage aura lieu le 12 juillet. C'est ouvert de 15h à 18h tous les jours (ceci pour répondre aux besoins horaires de Miss Valérie...). Un tél? 05 65 99 97 97. Un e-mail? nt@saint-sever.net

Marilena Pelosi, Il va renaître dans un corps sans haine, dessin aux crayons de couleur, 5x17 cm, 2004, coll.privée, Paris 

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Recoins n°2, Des fous de Tolbiac à Aubert d'Antignac

    Vient de paraître juste avant la grande migration estivale le n°2 de la revue Recoins qui se consacre, comme il est dit dans son sous-titre, aux arts, belles lettres et rock'n roll. Enfin, pas tout à fait seulement à cela. Cette revue, éditée à Clermont-Ferrand, et qui se qualifie aussi de "revue moderne d'arrière-garde", outre de nombreux articles sur le rock, la publication d'une bande dessinée, quelque détour vers la boxe pratiquée dans les rues du New-York du XIXe siècle, publie cette fois-ci (voir la recension succincte que j'avais déjà faite du n°1 dans mon Billet du Sciapode dans Création Franche n°26) plus d'articles concernant les sujets qui nous sont chers, à savoir le surréalisme, les environnements spontanés de bord des routes, et la littérature tournée vers les moeurs populaires qu'elle soit liée aux plus fous ou aux plus champêtres des figures du peuple.

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   Au chapitre du surréalisme, Anna Pravdova nous donne une présentation instructive de Tita, jeune surréaliste tchèque qui a fait partie du groupe surréaliste de La Main à Plume, groupe de jeunes gens qui eurent à coeur de poursuivre vaille que vaille l'activité surréaliste dans la France occupée, pendant que leurs aînés, plus connus, avaient fui ou se cachaient, poursuivis ou menacés qu'ils étaient par le régime vichyste. Ces jeunes gens commencent désormais à mieux émerger de l'ombre où on les a longtemps tenus. A noter qu'un n° spécial de la revue Supérieur Inconnu, dirigée par Sarane Alexandrian et Marc Kober, et publiée tout récemment (printemps-été 2008, n° consacré à "la vie rêvée"), évoque elle aussi un autre membre de La Main à Plume, Marc Patin, en publiant deux récits de rêve avec leur analyse par l'auteur. Marc Patin, dont Tita illustra de dessins deux plaquettes de poèmes. Anna Pravdova nous révèle dans cet article la fin exacte de la jeune peintre juive qui fut arrêtée durant la tristement célèbre rafle du Vél d'Hiv, et déportée à Auschwitz via le camp de transit de Drancy.

Une solitaire dansant sur une piste de guinguette à Champigny-sur-Marne, photo Bruno Montpied, 1989.jpg
Une danseuse solitaire dans une guinguette de Champigny-sur-Marne, vue par B.Montpied en 1989 (pour s'associer avec l'évocation ci-dessous ; photo non éditée dans Recoins)

   "Quatre fous de Tolbiac", tel est le titre d'un texte absolument remarquable (et je vous prie de croire que ce n'est pas parce qu'il s'agit là d'un vieil ami que je dis cela) de Régis Gayraud sur des souvenirs (en réalité, plus que cela) relatifs à des figures de la rue parfaitement saisissantes, et angoissantes pour certaines d'entre elles. Il s'agit là, pour reprendre un terme cher à Mac Orlan et à Robert Giraud de pur fantastique social. Ecrit dans un style dépouillé (bien éloigné du style des années 80, que l'auteur qualifie lui-même de "maniéré", tout en phrases longues, et bourré d'excès divers, que je connais bien pour en avoir publié dans ma revuette La Chambre Rouge, vers 1984, quelques morceaux choisis, comme Faire chou blanc, plaquette tirée à part...), nous faisons connaissance avec quatre figures inoubliablement campées par Régis. Elles entrent de plein droit dans une longue tradition d'évocation littéraire des figures de la rue, qui nous est personnellement très chère.  Cela faisait fort longtemps que Régis Gayraud n'avait pas repris la plume de façon plus directement créative et surtout de façon publique. On le connaît en effet davantage comme traducteur de russe et essayiste, spécialiste du poète-éditeur Iliazd (comme le commentaire qu'il nous a laissé récemment le laisse deviner). On ignore -et c'est très dommageable- qu'il est un écrivain de première force, à la personnalité hors-norme et baroque, pourvue d'un humour parfois féroce...  Ce texte à lui seul vaut l'achat de ce n°2 de Recoins.

Maison de François Aubert à Antignac, photo B.Montpied, 2003.jpg
La maison de François Aubert à Antignac, avec l'entrée du musée minéralogique derrière la porte à tête de mort, photo B.Montpied, 2003 (reproduite dans Recoins

     Un autre texte vaut cependant également le détour, l'évocation documentée et fouillée par Emmanuel Boussuge (par ailleurs directeur de la publication) de la vie et de l'oeuvre du maçon créateur d'environnement spontané François Aubert à Antignac, dans le Cantal (agrémentée de quelques-unes de nos photos faites en accompagnant Emmanuel sur les lieux). Cette mini monographie, s'appuyant sur des souvenirs et des documents confiés par la fille de François Aubert, ainsi que des témoignages d'une érudite locale, Odette Lapeyre, restitue assez bien le cas Aubert. Ce dernier a laissé derrière lui une maison décorée de bric et de broc, avec des animaux en ciment armé de style naïf, un musée minéralogique (point commun avec le facteur Cheval qui comme on sait avait donné pour vocation à son Palais Idéal, dans les débuts, d'abriter un musée de pierres trouvées), une architecture employant des matériaux jurant les uns avec les autres, mariant l'intention farceuse au goût du désordre provocateur. Maison à vendre aujourd'hui et en péril (les statues ont été aujourd'hui cependant mises en lieu sûr, suivant la solution du "déplacement" -chère à Patricia Allio, voir le cas de Jean Grard- et sage décision si l'on se réfère à d'autres sites, comme ceux de Gabriel Albert en Charente, de Raymond Guitet en Gironde ou encore d'Emile Taugourdeau dans la Sarthe). Nous reviendrons personnellement, avec notre propre vision, sur le site de François Aubert à une autre occasion. Je renvoie pour l'heur les lecteurs à ce n°2 de Recoins décidément fort riche.

Maison de François Aubert, vue du côté droit, ph.B.Montpied, 2003.jpg
La maison de François Aubert, vue de la route, côté droit ; photo B.Montpied, 2003 (inédite)

Coordonnées pour acquérir la revue:

Sur Paris, on est sûr d'en trouver quelques exemplaires à la librairie incontournable de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard, 18e arrondissement. Sinon on la commande à Recoins, 13, rue Bergier, 63000, Clermont-Ferrand. (Contact e-mail: revuerecoins@yahoo.fr). Prix au numéro: 6€, abonnement 4 numéros: 20€ (+ toujours le "formidable cadeau"...).

   

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Touslas, tout passe, tout casse? Que non pas!

   Note dédiée à Emmanuel Boussuge et à Jean Branciard 

   Voici quelque temps déjà que mon jeune camarade Emmanuel Boussuge m'a glissé malicieusement sous les yeux une carte postale ancienne relative à un "monument aux morts", bricolé de façon naïve, situé à Saint-Jean-de-Touslas dans le département du Rhône.

Carte postale ancienne montrant le monument aux morts de St-Jean-de-Touslas, coll.E.Boussuge.JPG

Monument aux morts en mosaïque et en rocaille, auteur abbé Pierre Cognet, vers 1919, carte postale d'époque, coll. Emmanuel Boussuge

    On se dit devant ces fragiles, quoiqu'évocatrices ô combien, traces de sites bâtis ou confectionnés par des autodidactes, dans un premier temps, que ces lieux n'appartiennent qu'au passé. Tant ce petit bout de papier jauni par le temps, par son côté hors d'âge, semble devoir enfermer son sujet dans une île spatio-temporelle à jamais isolé de nous, de notre présent. Or, il ne faut pas hésiter à interroger la possiblilté que ce lieu ait pu franchir le temps à travers une passerelle protégée.

    Je n'ai donc pas trop traîné avec le monument aux morts de Saint-Jean-de-Touslas. Depuis quelque temps, j'ai une connaissance dans la région lyonnaise, que les lecteurs de ce blog ont du reste rencontré en même temps que moi puisqu'il s'y est manifesté par un commentaire évoquant son oeuvre toute en assemblages forts et poétiques (que j'aurai bientôt l'occasion de présenter plus copieusement), j'ai nommé Jean Branciard. Plus besoin de se déplacer pour vérifier les lieux, je propose l'affaire à celui qui est le plus près dans la région,à savoir lui. Cela l'intéresse. Il se rend sur place, et il ramène de précieuses informations, que je vous livre à présent.

   Le monument existe toujours, sur la place du village, à l'encoignure de deux maisons (il est d'une taille beaucoup plus grande que sur la carte postale). Il est en bon état, on veille sur lui, l'auteur s'appelle l'abbé Cognet, qui a été curé à St-Jean de 1903 à 1932 (comme cela est signalé sur le site du Pays Mornantais). Il a bénéficié des bons soins d'un autre curé, le père Braichet, lui-même sculpteur, décédé voici une dizaine d'années, qui entretint les décors en mosaïque de l'abbé Cognet et qui y ajouta en de petis endroits ses propres oeuvres (voir les petites sculptures dans une niche au bas de la photo du monument actuel).

Le monument aux morts de l'abbé Cognet, St-Jean-de-Touslas, état 2008, photo Jean Branciard.jpg

Le monument aux morts, état actuel (on rélève en inscriptions les mots "Bonjour, Amitiés" sur la partie inférieure du monument, partie qui correspond à la photo de la carte postale ancienne ; il est possible que ce monument ait été continué après la photo de la carte postale, voir l'auvent en tuiles...), photo Jean Branciard, février 2008

   Le site du Pays Mornantais indique que l'abbé Pierre Cognet a créé ses mosaïques entre 1905 et 1925. Il paraît s'être exercé sur trois zones principales dans l'espace de son village de St-Jean-de-Touslas: le monument aux morts, les murs extérieurs de la sacristie, cette dernière étant accollée à l'église du village, et enfin certains murs et corridors du presbytère, où ses interventions paraissent plus timides.

Les murs couverts de mosaïques naïves de l'abbé Cognet sur la sacristie, photo Jean Branciard, 2008.jpg
      
La sacristie de l'église de St-Jean-de-Touslas et ses décors de mosaïque naïve, photo du Site du Pays Mornantais.jpg

   Sur les murs de la sacristie, il s'est amusé à représenter les différents châteaux de sa région dont il a incrusté les reproductions en mosaïque au milieu de compositions décoratives. Son monument aux morts, qui me paraît de tous ses décors le plus frais et le plus primesautier, reproduit les noms des six soldats de la commune morts à la Grande Guerre. Il est à souligner qu'il s'agit là d'un des rares monuments aux morts en France dûs à une initiative individuelle, de plus dans l'espace public. Un autre monument aux morts de style nettement plus pompier fut réalisé en 1929 à quelques distances de celui de l'abbé, la différence d'allure et de caractère des deux monuments saute aux yeux, selon ce qu'en m'en dit mon correspondant. L'existence de ces décors et leur préservation ont bien sûr été favorisés par le fait que leurs auteurs étaient des ecclésiastiques, et donc en tant que tels, personnalités généralement autorisées par la communauté des ouailles, les critiques ne venant généralement dans ce cas que de leur propre hiérarchie (comme ce fut le cas pour l'abbé Paysant avec son Eglise Vivante et Parlante de Ménil-Gondouin dans l'Orne, dont on sait que les interventions et le musée furent anéantis après sa mort, vers 1920, avant de réapparaître ces dernières années et d'être restaurés). 

Intérieur du jardin du presbytère de St-Jean-de-Touslas, avec des mosaïques et des objets traditionnels, ph.Jean Branciard, 2008.JPG

Intérieur du jardin du presbytère à St-Jean-de-Touslas, mosaïques de l'abbé Cognet; cet endroit conserve aussi des objets d'artisanat et de traditions populaires ; photo Jean Branciard, 2008 

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André Breton, lettres à Aube

Lettres à Aube, André Breton, éd. Gallimard,2009.jpg     Gallimard vient de publier dans la collection blanche les "Lettres à Aube" qu'André Breton a envoyées des  années 30 aux années 60 à sa fille. Cette publication est le signe avant-coureur de la correspondance plus générale du poète du surréalisme que l'on verra publiée, probablement en plusieurs volumes, tant elle s'annonce profuse et variée, à partir de 2016 (conformément à ses volontés testamentaires, qui ne s'appliquaient pas à la correspondance détenue par sa femme et sa fille). Tout amateur du surréalisme ne peut que s'en enchanter. Car la vie du poète fait partie d'un ensemble uni indissolublement à son oeuvre, à son message général face à la vie et à la société, à la philosophie du surréalisme qui comme on sait n'est pas un mouvement limité à une esthétique, qu'elle soit plastique ou littéraire. Breton vivait au sein d'un faisceau de signes, d'évènements, de rencontres (importance, incroyable peut-être aux yeux d'un contemporain, de la place prise par la sociabilité dans ce qui ressort de cette correspondance... Les amis, la famille aimée, l'amour, que le poète ne cesse de réclamer autour de lui) qu'il assemblait dans une recherche attentive à en dégager les significations merveilleuses latentes.

Détail André Breton et Aube Elléouët en 1959-1960 à l'expo internationale du surréalisme à la Galerie cordier, p. William Klein.jpg
André Breton et sa fille Aube à sa droite, détail d'une photo de William Klein parue dans Vogue à l'occasion de l'exposition internationale du surréalisme, Eros, à la Galerie Cordier, 1959-1960

     Pour ne se cantonner qu'aux allusions à des sujets qui nous occupent plus particulièrement sur ce blog, les rapports à l'art brut, à l'art naïf et l'art populaire, on trouvera dans cette correspondance quelques notations intéressantes.

Miguel Hernandez, Portrait d'André Breton, 1952, vente Breton à Drouot en 2003.jpg
Miguel Hernandez, portrait d'André Breton, 1952 (extrait du catalogue de la vente Breton par Calmels-Cohen)

       Dans la lettre du 12 octobre 1948, Breton décrit à sa fille, alors âgée de treize ans, son projet d'Almanach de l'art brut (à noter qu'il ne fait aucune allusion à Dubuffet...): "Tu te demandes peut-être ce que ça peut être que l'art brut? Cela groupe tous les tableaux et objets que font quelquefois des gens qui ne sont pas artistes: par exemple un plombier-zingueur, un jardinier, un charcutier, un fou, etc. C'est extrêmement intéressant". "Des gens qui ne sont pas artistes", c'est à souligner, en ces temps où le terme d'artistes, appliqué aux créateurs de l'art brut, ne cesse plus d'être employé à tout va. En quatre lignes, ce père attentif à faire passer ce qu'il croit bon de faire apprécier à son enfant trouve les mots clairs et accessibles, résumant finalement assez bien le sujet pour un premier contact.

      Il faut attendre une dizaine d'années plus tard pour trouver dans une lettre du 16 juillet 1958 une autre allusion cette fois à son intérêt pour l'art naïf. "J'attends l'arrivée, par les soins du camionneur, d'une vingtaine de tableaux naïfs que j'ai prélevés dans la soupente de l'atelier rue Fontaine et qui me semblent devoir ici [ dans sa maison de Saint-Cirq-Lapopie dans le Lot] égayer un peu tous les murs." On se demande à quoi pouvaient ressembler ces tableaux. Certains ont-ils fait partie de la vente Breton en 2003 à Drouot? Cela serait plausible, quand on se rappelle (et le catalogue de la vente par Calmels-Cohen aide à s'en souvenir) le nombre de tableaux naïfs que collectionnait Breton, par des peintres connus, Ferdinand Desnos, Hector Hippolyte, André Demonchy, Miguel Vivancos, par exemple, ou  moins connus comme Alphonse Benquet, voire des peintres anonymes (le catalogue présente plusieurs oeuvres "d'auteurs non identifiés").

Naïf anonyme,anc. coll. André Breton,vente 2003 par Calmels-Cohen.jpg
"Auteur non identifié", titre "Le retiro", tableau naïf ayant appartenu à André Breton, Catalogue de la vente 2003 par Calmels-Cohen

       Breton s'est à maintes reprises passionné pour des autodidactes, comme son ouvrage Le surréalisme et la peinture le montre déjà abondamment. Une nouvelle preuve nous en est administrée à la page 121 de cette correspondance inédite (lettre du 11 septembre 1958 destinée à Aube et son mari Yves Elléouët). "Hier, avec Joyce et son mari, nous sommes allés voir ce vieux boulanger-sculpteur de Corbeil dont je crois vous avoir déjà parlé. J'ai ramené de lui un tableau ultra-naïf qui n'est pas sans charme." Eh bien, le "boulanger-sculpteur de Corbeil", ça ne vous rappelle rien, ô vous lecteurs fidèles et assidus de ce blog? Mais bon sang, c'est bien sûr, comme aurait dit le commissaire Bourrel, il s'agit là de Frédéric Séron une fois de plus! En 1958, tout le monde allait chez lui, Doisneau, J-H. Sainmont, Breton, Dumayet, Gilles Ehrmann, et même ce grand mondain frelaté qu'était Cocteau (qui avait acquis des sculptures de Séron pour sa propriété de Milly: toujours présentes?). J'aimerais bien savoir où est passée finalement ce "tableau ultra-naïf" que Breton eut la bonne idée de sauver en l'achetant... Est-ce un des tableaux étiquetés par Calmels-Cohen, "auteur non identifié", là encore (mais il ne semble pas, voir ci-dessous)? Wait and see... Qui dissipera le mystère? Pour en savoir plus sur les peintures que faisait Séron, à côté des statues qu'il avait mises dans son jardin, on se reportera au documentaire-interview de Pierre Dumayet mis en ligne sur le site de l'INA que j'ai déjà évoqué et mis en lien sur ce blog (voir ci-dessus, le nom Frédéric Séron). Deux tableaux y sont commentés, dont une "Chasse à courre" et une "Paix chez les animaux". Ultra-naïfs en effet... A noter cependant que les tableaux de Séron étaient signés à gauche en bas, selon ce que répond Séron lui-même à Dumayet dans l'interview. On devrait donc pouvoir facilement les identifier si on les retrouve...

Tableau de frédéric Séron, chasse à courre, extrait du documentaire de Pierre Dumayet, Ina.fr.jpg
Un des tableaux montrés pendant l'entretien avec Pierre Dumayet mis en ligne par l'INA, une chasse à courre, avec un parachutiste dans le ciel, souvenir de guerre de Séron ; on se rend un peu mieux compte ainsi de la manière "ultra-naïve" évoquée par André Breton

 

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Cinéma hors-les-normes, cinéma amateur, cinéma autodidacte expérimental, etc...

     Il y a quelque temps, j'avais fait une petite diatribe en hommage aux recherches de cinéma amateur, notamment Super 8, auxquelles se livre un Michel Gasqui dans le cadre de sa Cinémathèque du cinéma amateur et de sa revue Cinéscopie. Lui et moi avons mis au point une courte programmation de films (1h30 environ) repérés comme pouvant s'inscrire dans un ensemble où l'on privilégierait un cinéma de création, dit parfois "expérimental", ou "underground" à une autre époque, fait par des autodidactes, non professionnels du cinéma, vous et moi en quelque sorte, pouvant parfois être, aussi, qualifié de "naïf". Ce cinéma amateur de création que nous recherchons est parfois la continuation, chez des autodidactes situés à l'extérieur du monde professionnel du cinéma, des productions avant-gardistes dues aux pionniers qu'a décrites, entre autres, Jacques Brunius dans son livre En marge du cinéma français. C'est, dans ce cas, des recherches d'autodidactes conscients de se mesurer aux avant-gardistes du temps passé (je range mes propres petits films en Super 8 des années 70-80 dans cette catégorie). Mais à côté de celles-ci, on peut repérer aussi dans le cinéma amateur des productions qui pourraient relever d'un cinéma naïf, comme il y a de l'art naïf, c'est-à-dire un cinéma qui tentant de se mesurer au cinéma professionnel crée d'autres effets par inadvertance, charmant soit par des maladresses, soit par des moyens techniques limités (de même que, dans la peinture ou la sculpture naïves, on rencontre des erreurs de perspective, des couleurs bizarres, des disproportions, des détails excessivement traités, etc., non voulus consciemment, mais qui donnent aux œuvres une étrangeté poétique).

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     C'est pourquoi Michel Gasqui et moi-même avons réservé, avec l'aimable autorisation de ses responsables, l'auditorium de la Halle Saint-Pierre pour le dimanche 29 novembre, dans une semaine exactement donc, afin de présenter la programmation que j'évoquais ci-dessus et dont je donne le détail ci-dessous.

      "Connaissez-vous le cinéma naïf?" est le titre générique de cette projection, choisi avant tout par le contexte spatial où elle aura lieu, la Halle Saint-Pierre, connue pour présenter régulièrement des expositions en rapport avec les arts d'autodidactes naïfs, bruts ou singuliers. Mais notre programme ne se limitera donc pas à ce seul aspect d'un cinéma possiblement naïf, avant tout illustré par le film de Didier Kirnberger (La nouvelle voiture)  ou les publicités naïves consacrées aux modèles de coiffeur de Georges Schramm ou à la machine à laver portative Calor dont la présentation est accompagnée d'un strip-tease improbable plusieurs fois répété (non sans malice?). On pourra ainsi voir deux films d'animation expérimentaux (Un Paysage changeant de Bruno Montpied et Sur le tableau noir de Michel Gasqui, qui en plus d'être l'animateur de la revue Cinéscopie et de la Cinémathèque du cinéma amateur, qui collecte des films et du matériel aussi bien, est aussi un artiste remarquable sous le pseudonyme de Migas Chelsky, voir la note que j'ai récemment consacrée à ses dessins).

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Profils divergents (vus dans une bande blanche de passage pour piétons), Lyon, 2008, ph. Bruno Montpied

 

     Je présente également quelques films de nature poétique, consacrés par exemple aux dessins et aux taches figuratives et expressives des trottoirs parisiens, Sur les trottoirs de nos villes, ou aux personnages obsédés, parfois étranges, que l'on rencontre sur les hippodromes (Œillères), voire au merveilleux semis minéral des plages (Ecrin de sable), tous ces films étant sonores. A signaler que je montrerai aussi à cette occasion un autre de mes films, inédit, datant (1973) des tout débuts du Super 8 (ce format a été lancé à partir de 1965, et l'on fête ses cinquante ans cette année), City of London, sorte de portrait rythmique (il est également sonore) de cette capitale où j'ai séjourné en 1972. Le film Mariage relève lui plutôt du film de famille, genre auquel on limite par erreur le cinéma amateur. Tandis que Drosera se veut plein de recherche lui aussi, se confrontant ainsi à un certain cinéma esthétisant quelque peu "décadent"...

"CONNAISSEZ-VOUS LE CINEMA NAÏF ?"

Programme de films d’amateur en Super 8

(à l’occasion des 50 ans du Super 8 !)

 Organisé et animé par Bruno Montpied, peintre, chercheur indépendant, cinéaste amateur

et Michel Gasqui (Cinémathèque du Cinéma Amateur et revue Cinéscopie) 

1. City of London, Bruno Montpied, 1973, sonore, 8’.
2. La Nouvelle voiture (Automaboule), Didier Kirnberger, muet, (années 80 ?), 15’ – film de la Cinémathèque du cinéma Amateur.

3. Strip-tease pour Calor, Anonyme, muet, date inconnue, 3’ – film de la Cinémathèque du cinéma Amateur.

4. Made in Vietnam,  Dominique Mulmann, muet, 2000, 4'.

5. Modèles de coiffeur, Georges Schramm, « meilleur ouvrier de France en coiffure », muet, 3’, 1979 – film de la Cinémathèque du Cinéma Amateur.

 
6. Mariage,  Dominique Mulmann, muet, 2000, 4’.

 
7. Sur le tableau noir,Michel Gasqui, muet, 2006, 3’.


8. Drosera, Viktor Kolbitr, sonore, 2012, 18’.


9. Sur les trottoirs de nos villes, Bruno Montpied, sonore, stéréo, 1981-1983, 4’.

 
10. Un paysage changeant, Bruno Montpied, sonore en stéréo, 1983, 2’.


11. Œillères, Bruno Montpied, sonore en mono, 1984, 12’.

 

12. Ecrin de sable, Bruno Montpied, sonore, mono, 1988, 11’.

 (Durée totale : 87’)  

 

     Donc, on espère vous voir nombreux à cette projection, qui sera faite avec le doux ronron d'un projecteur Super 8 installé au milieu de la salle, façon de projeter qui renouera avec un cinéma familial plus ou moins bricolé, que la télévision et les formats numériques, s'ils permettent à tout un chacun de faire du cinéma sans passer par les équipes professionnelles, ont simultanément édulcoré par leur côté trop lisse et dématérialisé.

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22/11/2015 | Lien permanent

Mon oeuvre... et l'exposition ”Sous le vent de l'art brut 2”

     Petit rappel, c'est pour le 16 septembre à la Halle Saint-Pierre le début de l'exposition consacrée à la collection néerlandaise De Stadshof, collection hébergée depuis le début des années 2000 à Gand en Belgique au Museum du Dr. Guislain, suite à la fermeture du local où elle était primitivement hébergée à Zwolle aux Pays-Bas. C'est une collection d'art brut, d'art naïf et d'art singulier. On utilise ce dernier terme de plus en plus souvent pour désigner les artistes marginaux de l'art contemporain qui sont influencés par l'exemple esthétique et moral des créateurs de l'art brut. Dans l'exposition "Sous le vent de l'art brut 2", ceux qui relèvent directement de cette catégorie sont  (à ma connaissance bien sûr) par ordre alphabétique Azéma, Burland, Katuszewski, Koczÿ, Lamy, Lortet, Montpied (mézigue), Nedjar, Nidzgorski, Sefolosha. Nombre de créateurs néerlandais restent des inconnus et donc il ne faut pas se cacher que peut-être parmi eux se cachent quelques artistes plus proches de l'appartenance au corpus des singuliers qu'au corpus de l'art brut stricto sensu. Mais, autre caractéristique de la collection De Stadshof, par ailleurs apparemment construite avec exigence (qu'on en juge en parcourant leur site web, que j'ai mis en lien au début de cette note), c'est la présence de nombreuses œuvres naïves, c'est-à-dire relevant de ce que l'on appelait au début du siècle dernier, le "réalisme intellectuel". Les trois catégories se mélangent ainsi avec harmonie au service de la poésie visuelle. Et c'est donc une très bonne chose que Martine Lusardy soit partie rechercher à Gand cette collection que l'on avait tendance à oublier.

     Le catalogue de l'exposition est déjà prêt, mais je n'ai pas eu le temps de le compulser en détail, hormis le fait que j'y ai reconnu une peinture de moi assez ancienne qui y est reproduite (assez inexactement je dois dire, car elle est floue et ses couleurs ne correspondent pas à la réalité, je n'ai pas eu de chance). Je la reproduis un peu plus exactement ci-dessous.

 

Une-actulalite-chargee-comm.jpg

Bruno Montpied, Une actualité chargée comme un canon (Golfe, Yougoslavie), peinture sur papier contrecollée sur panneau de bois peint 60x80 cm, 1991 ; dans le catalogue de l'expo "Sous le vent de l'art brut 2" il est dit que cette peinture est "sans date", or cette dernière est inscrite au milieu en bas (du moins si mes yeux sont encore bons) ; la photo ci-dessus, compressée, a un tirage original sur papier, un tout petit peu plus net que la photo publiée dans ce catalogue (provenant des animateurs de la collection De Stadshof)

 

   C'est une des quatre peintures que recèle la collection De Stadshof, suite à une donation que je leur avais faite en 1995. Ce sera la seule des quatre qui sera présentée durant l'exposition parisienne. A côté d'elle - ce que je préfère! - douze œuvres de ces dernières années, d'une écriture sensiblement différente de celles des années 1990. Parmi elles, il y aura une œuvre accomplie à deux mains, avec la peintre et photographe tchèque Petra Simkova (titre: "L'enfer, c'est le paradis").

 

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Bruno Montpied, La démarche comme une frégate, voici la belle emportée..., 40x30 cm, 2013 ; exposée à la Halle St-Pierre

 

     Du reste, s'il y a des lecteurs qui s'intéressent plus particulièrement à ma peinture et mes dessins, je signale qu'existe sur ce blog depuis juillet 2013 un photoblog entièrement consacré à ma production picturalo-graphico-plastique (on le trouve dans la colonne de droite de la page d'accueil de ce blog, à peu près vers le haut de la colonne, au-dessus de la rubrique "Notes récentes"). J'y raconte mes œuvres à la manière d'un carnet de bord autobiographique qui serait centré sur l'activité artistique de son auteur, d'où peut-être parfois un ton qui pourrait passer pour narcissique ce qui, j'espère, n'agacera pas trop à la longue...

 

La-cigogne,-Grandes-Oreille.jpg

Bruno Montpied, La cigogne, Grandes Oreilles et l'angoissée, 8 figure, 2001 ; c'est l’œuvre qui est présente à la date de cette note sur la page d'accueil du photoblog)

 

      Si l'on veut voir l'ensemble des photos d’œuvres présentées, on part de la première visible sur la page d'accueil du photoblog et on remonte de l’œuvre la plus récente à la plus ancienne (mises en ligne par date de la plus proche d'aujourd'hui jusqu'à l’œuvre la plus ancienne, c'est donc une remontée dans le temps). Et si l'on veut regarder les archives on va plutôt à cet endroit. Qu'on se le dise.

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