20/10/2008
Impressions d'Afrique, Roger Lemière
Curieux cette idée de parsemer son jardin de statues représentant des animaux de la faune africaine, avec dans un coin un élément humain, quelque peu cliché, un bout de village avec ses indigènes demi nus (la femme a bien sûr les seins nus), la lance au poing pour l'homme, l'enfant est à quatre pattes, ce qui l'associe par la posture aux animaux divers. On trouve là, disposés de manière fort espacée un grand éléphant (imposant: il paraît chargé de faire enseigne en quelque sorte, tellement les automobilistes le voient en premier, trônant au milieu de la pelouse et dépassant le mur de clôture -mur dont la fonction semble de freiner les curiosités trop massives?), un rhinocéros, un magnifique hippopotame, des zèbres, crococodile, iguane, singes, hyène, buffle, phacochère, kangourou (pas très africain, ce dernier cela dit), okapi, panthère, lionne, écureuil, toucan, dauphin, ibis, dromadaire, etc...
La maison est tout ce qu'il y a de simple, de plain pied. Les animaux sont façonnés de façon à imiter le vivant (c'est la fierté de leur auteur), ce zoo de ciment joue du coup comme un trompe-l'oeil en bordure de la route. D'ailleurs, un conducteur plus surpris que les autres peut-être (surtout plus alcoolisé en fait) a voulu aller voir de trop près une fois, et s'est encastré dans le mur de la propriété... Par temps de chaleur, le pays étant plutôt plat, on se croirait dans une savane qui aurait dérivé dans la Haute-Garonne, l'illusion est alors parfaite.
Devant la villa, histoire de rafraîchir les ardeurs des visiteurs qui seraient trop enthousiastes, se dresse un gorille ambigu (en raison de son aspect humanoïde) étouffant un boa dans ses pognes musculeuses, le déchirant de ses crocs. Passer à côté de lui n'est pas très rassurant. Plus généralement, on doit dire que le visiteur de ce curieux parc animalier domestique, malgré l'accueil chaleureux de Mme Lemière qui n'hésita pas à nous accueillir avec affabilité (le créateur faisant la sieste plus loin à l'ombre), ressent tout de même un certain malaise, peu explicable sur le moment... On se demande si ces simulacres au fond ne seraient pas davantage, pour certains d'entre eux en tout cas, des chiens de garde améliorés que des oeuvres d'art. Je n'ai pas ressenti en ce qui me concerne, l'ayant vu après le jardin rieur de Bepi Donal à Saiguède, "l'enchantement" promis par d'autres commentateurs. Plutôt un zoo sec.
Bibliographie: Voir texte et photos de Bernard Dattas dans Zon'art n°14, automne-hiver 2005.
22:25 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : roger lemière, environnements spontanés, lamasquère | Imprimer
Commentaires
En cette saison des amours mortes et de ces heures cruelles où sœur Emmanuelle est en pleine ascension jusqu'au plus haut du plus haut... eh bien, au lieu de lire comme tout un chacun "plutôt un zoo sec", qui conclut votre note, j'ai lu, par trois fois ! (ah le traître !), "plutôt un zob sec !"... conditionné à la fois par le grand âge et l'attente des z'obsèques....
Faites ce que vous voulez de cette notule, mais elle vient à point, à mon avisss, au côté du gorille (cf.G Brassens, Le setori)...
Écrit par : Asinus asinum fricat | 20/10/2008
Répondre à ce commentaireMerci de votre notule, Asinus. Le "Plutôt un zoo sec", du fait qu'il constitue un vire-oreilles exemplaire, autorise toutes sortes d'interprétations et d'hallucinations visuelles et mentales, puisque la mémoire cherche à combler le trouble qui la saisit devant l'incompréhension immédiate. "Zosek", "Zosek"? C'est qui ce Tchèque? Sékizetchèk?
Écrit par : Le sciapode | 21/10/2008
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