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07/05/2009

Marcel Noël, un trio de bruyère, et des questions

    Voici un drôle de trio (ci-dessous) qui a germé sur une racine de bruyère à ce que m'avait confié leur père, le bien nommé Marcel Noël, vieux monsieur hospitalier et affable de 94 ans (mazette...) qui vivait autrefois à L'Isle-sur-la-Sorgue, en 1993 date où j'allai chez lui... Ancien conducteur de travaux et entrepreneur en maçonnerie, à sa retraite, il s'était mis à sculpter le bois en tenant compte de l'aspect tourmenté et expressif des matières. entre autres sensibilités au bois et aux langages de ses noeuds, écorces, fibres, teintes, il connaissait aussi certains lieux spéciaux où l'on rencontre des arbres aux aspects phénoménaux, comme par exemple les faux de Verzy, ces hêtres tortillards sur la Montagne de Reims qui victimes d'un retard de croissance dû à un mystérieux virus se tortillent depuis au moins mille ans dans des sinuosités remarquables ("faux" vient du latin "fagus" qui veut dire "hêtre", mais l'homonymie avec l'adjectif contraire de "vrai" joue certainement inconsciemment dans le retentissement de ces arbres sur la mémoire collective).

Verso de l'affichette Fantastique dans la nature de Marcel Noël, 1993.jpgMarcel-Noël,affichette Fantastique dans la Nature, 1993.jpg 

    Il avait dressé sur le bord de la route un panneau où l'on pouvait lire "Le fantastique dans la nature". Des "messieurs d'Avignon" étaient ensuite venus lui demander de l'enlever, on se demande pourquoi...

Marcel Noël,sans titre,années 1990 peut-être, ph.Bruno Montpied, vers 1994.jpg
Marcel Noël, trio de têtes sculptées sur une racine de bruyère, années 90 environ, ph.B.Montpied, 1994

    C'était Raymond et Arlette Reynaud qui m'avaient mis sur son chemin par une petite notice parue dans le Bulletin des Amis d'Ozenda, que publiaient les Caire à Salernes, en Provence. Mes parents âgés, au cours d'une de nos dernières pérégrinations en commun, m'avaient conduit jusqu'à la maison trapue de monsieur Noël, où dans la cour se montraient quelques statues taillées dans des branches, des racines (de tous ceux qui me menèrent vers ce créateur, tout le monde est mort aujourd'hui, il ne reste plus que moi...). Une cave sombre et fraîche abritait le gros des oeuvres.

Marcel Noël,photo B.Montpied, 1993.jpg
Marcel Noël, une tête avec un képi? Ph.B.M., 1993

     Originaire de Ste-Ménehould, dans la Marne, Marcel Noël parlait à l'époque où nous le visitâmes de faire peut-être rapatrier ses oeuvres dans son pays natal, son fils Robert ayant formulé ce souhait, notamment d'installer les oeuvres dans un petit musée à Beaulieu-en-Argonne. M.Noël nous raconta avoir sculpté autrefois un calvaire en béton armé en ce bourg (qu'il prétendait - forfanterie? - avoir en quelque sorte fondé...).

Marcel Noël, ph.B.Montpied, 1993.jpg
Marcel Noël, ph.B.M., 1993

     Que sont devenues les sculptures que je photographiai (chichement et plutôt mal ce jour-là, en noir et blanc qui plus est, je me demande pourquoi, pour faire photographe à l'ancienne...)? C'est ce que je me demande en revoyant aujourd'hui ces figures légères et visionnaires, et ce que je propose aux internautes qui d'aventure pourraient peut-être me renseigner sur la question...?

Marcel Noël, ph.B.Montpied, 1993.jpg
Marcel Noël, un lutin? Ph.B.M., 1993

Commentaires

Des "messieurs d'Avignon"? Je suppose que cette expression désigne les pandores ou alors je n'y comprends rien. Est-ce de l'argot, un nom de code, un vocable local...? Enfin bref, d'où vient cette expression assez énigmatique ?

Écrit par : RR | 08/05/2009

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Ce sont les mots que j'ai retrouvés dans mes notes de l'époque. Je suppose qu'il s'agissait de membres de la maréchaussée sûrement. Désignés peut-être ainsi par M.Noël pour marquer la distinction entre l'homme du peuple dans lequel il se rangeait (en dépit d'un certain train de vie apparemment) et les représentants de l'institution, venus de la ville...?

Écrit par : Le sciapode | 08/05/2009

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Votre réponse (ou tentative de réponse) excite encore plus ma curiosité. S'il semble évident, comme vous le supposez vous même également, que l'expression désigne une autorité, reste l'énigme d'Avignon, ville qui à priori ne symbolise pas le pouvoir. A moins que l'expression remonte au XIVe siècle quand la ville était la capitale éphémère de la papauté. N'y a-t-il pas quelque lecteur susceptible de proposer d'autres hypothèses peut-être plus crédibles ?

Écrit par : RR | 08/05/2009

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AH tiens, cette sculpture aux trois têtes me fait penser à une peinture de Fabien Chevrier.
http://chevrier.blog4ever.com/blog/photos-262400-6.html#

Écrit par : V | 09/05/2009

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Ressemblance peut-être seulement de façade... En plus, je ne sais pas vous, mais moi, je commence à en avoir ras la casquette de tous ces peintres qui se complaisent dans les écorchés en train de se lécher les plaies, genre Rustin et cie. Académisme du lapin humain masochiste.

Écrit par : Le sciapode | 11/05/2009

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Eh, m'sieur RR, au pseudo ronflant, vous croyez pas que vous trouvez du mystère où il n'y a peut-être pas grand-chose en définitive? Les "messieurs", c'est sous une forme un peu détachée, une façon de décrire des gens qui jouaient les importants, les responsables. Avignon aussi, c'est un peu de la dérision. Ils venaient de la ville, par opposition à L'Isle-sur-la-Sorgue plus campagne. Et ces gens de la ville ne se prennent pas pour de la crotte, c'est connu...

Écrit par : Aramis Cariâtre | 11/05/2009

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Plutôt que ressemblance formelle, je pensais surtout sujet.

Euh, non, moi c'est plutôt de la connerie humaine qui perpétuellement l'engendre cette souffrance dont j'en ai ras le bonnet, et là où vous voyez de la complaisance, j'y lis plutôt de l'impuissance.

Écrit par : V | 12/05/2009

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J'insiste, la ressemblance n'est que formelle. Ce n'est pas le même sujet. Votre chevrier campe des écorchés, tandis que mon Noël met en scène des écorcés, analogues à des esprits des bois. C'est un petit arrière-cousin des animistes de nos mythologiques campagnes de jadis, il voit des fées et des lutins dont le coeur bat sous l'écorce des plantes. Forces de la nature. Rien à voir, à mes yeux bien entendu, avec la "connerie humaine" (un beau cliché, soit dit entre nous)...

Écrit par : Le sciapode | 13/05/2009

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En fait pour moi l'analogie que l'on peut qualifier de purement formelle n'existe que si elle n'est que mentale, absolument pas inspirée, guidée par ce qui est de l'ordre de l'intuition (c'est d'ailleurs la meilleur façon de se prendre le mur à travailler ainsi, et même à penser ainsi, ou alors évidemment on peut s'en tenir à la « ressemblance », sans plus, mais je crois que l'intuition est ce qui relie).
Ceci expliquant en partie pourquoi j'ai du mal à totalement séparer le fait qu'une triade à tête humaine en l'occurrence ici (quelles que soient la culture, l'inspiration, ce qu'elles s'apprêtent à signifier au spectateur, etc), ayant pour base une unité, dans la similarité de l' équivalence formelle commune à deux oeuvres, aussi éloignées soient-elles en apparence, si vous voulez, ne puisse révéler quelque chose qui ne soit bien plus profond et peut-être dépasse ce qui a pu être réalisé consciemment.
Evidemment dans ce cas-là, il faut peut-être s'engouffrer d'un seul coup dans quelque chose de plus absolu, où être emporté dans les airs par le guéridon de Duchamp, je ne sais pas.

Enfin j'espère que vous ne m'en voudrez pas d'avoir essayer de tirer un fil plutôt que dérouler une passerelle, et être d'autant plus hors sujet si je m'en réfère au sous-titre de votre blog.

C'est vrai, c'était un gros cliché ce que j'ai dit, celui du lapin masochiste n'était pas mal non plus.
On ne peut pas, dans l'époque actuelle de l'instant roi, et où l'aspect transcendantal est si malmené et si mal menant, ne pas tenir compte de l'aspect primordial cathartique dont l'art a toujours été le véhicule d'une part, et de sa difficulté à pouvoir engendrer du vivant après tout ce qu'il y a à porter de ce que fut le XXème siècle d'autre part.
Mais je comprends tout à fait que l'on puisse en avoir marre, même si c'est aussi symptomatique de l'état d'urgence actuelle véhiculée de partout.

Personnellement je regarde surtout à l'intérieur de ce genre d'oeuvre - quand même plutôt expressionniste - ce qui survit, et quel type d'énergie et de germe d'artiste prêt à bondir pourrait bien venir un de ces quatre fertiliser généreusement les terres de la représentation picturale. Qui sait.

Désolée d'avoir fait un peu long

(très sympathique, la Dame au miroir, de Goupil).

Écrit par : Valérie | 23/05/2009

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Excusez-moi, mais ceci est un bel exemple de commentaire prise de tête, ou je ne m'y connais pas...

Écrit par : Le sciapode | 23/05/2009

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Dis moi Le Sciapode, si moi jme lèche les plaies, jte conseille de te lècher le cul, tu verra ça a du gout......, Bonne dégustation mon canard..... Chevrier

Écrit par : chevrier | 01/07/2009

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