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22/05/2010

Un meuble énigmatique

    Emmanuel Boussuge, notre correspondant émérite du Cantal, et accessoirement éditeur de la revue Recoins à Clermont-Ferrand, grand amateur d'art populaire et de rock'n roll, m'envoie l'image d'un meuble de 1812, sorte de placard, qu'il trouve - et moi itou - énigmatique. Il demande qu'on la mette sous les yeux de tout internaute un peu sagace qui saurait déchiffrer l'énigme qu'elle présente (s'il y a énigme). Pourquoi ces deux cadrans horaires aux heures différentes (trente minutes d'écart entre elles si ce sont les heures du milieu, ou de la fin, du jour)? Est-ce un naïf memento mori pour marquer le temps qui fuit, inexorable, et nous emmène tous vers le trou en bout de piste? Saurez-vous éclairer nos lanternes parisiennes et auvergnates?

meuble-aux-heures,-Com-Bous.jpg

Ph. Emmanuel Boussuge, 2010

Commentaires

Ce meuble est un garde-manger, non? Comme les auvergnats sont connus pour leur grand sens de l'économie, je propose comme hypothèse l'heure d'ouverture et de fermeture du placard en question: à 1 heure moins 10 on remballe pain, beurre, fromage et saucisson, et tout le monde aux champs. On va quand même pas passer la journée à bouffer !

Écrit par : RR | 22/05/2010

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un meuble scolaire indiquant l'heure de début et de fin du casse croute aux élèves ?

Écrit par : Cosmo | 23/05/2010

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Mil huit cent douze, c'est l'année de la campagne de Russie. Une heure moins dix, ne serait-ce pas l'heure du départ et minuit vingt celle de la retraite ?

Écrit par : L'aigre de mots | 24/05/2010

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Bonjour Monsieur Le Sciapode,
à mon humble avis, la réalité est plus simple, parce que le concepteur "populaire" n'était pas chichiteur, mais habile...
Le réalisateur de ce meuble a fait une sorte de rébus. Peut-être ne savait-il pas écrire à l'exception des chiffres et des nombres. Que nous dit-il dans ce message codé ?
1812 ! c'est-à-dire qu'il date ce meuble comme l'aurait fait un ébéniste d'art. Mais ne sachant signer et écrire, il tient à confirmer comme il le pense dans sa langue: l'auvergnat, son parler d'oc. Et là, il sait penser et représenter l'heure :
Il décompose ainsi :
1 8
et il dit en Oc : Un manca uèit (littéralement : Un manque 8), autrement dit une heure moins 8 ! puis il a fait en sorte d'utiliser ceci pour la date complète 1 8 1 2
Sur l'horloge de droite il dit en pensée : Detz e uèit passat de dotze (dix huit passés de douze... en oc), en français 12 h 18 !
Il nous a mis l'horloge à gauche pour nous faire entrer dans son jeu, celle de droite n'aurait pas suffi à elle seule. Je l'ai testé moi-même, en ne m'intéressant qu'à celle de droite et ce n'est qu'en manipulant les deux horloges que j'en suis arrivé à cette interprétation.
Ce meuble aurait bien toute sa place au prestigieux Musée de Temps à Besaançon !!!
Voilà, cher Monsieur mon interprétation toute perso... et j'espère convaincante pour vous, que je sais aux racines auvergnates...
Bonne continuation...
Cordialement

Écrit par : Michel Valière | 24/05/2010

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En agrandissant le cliché et en y regardant de plus près, je vois bien 18 à droite. De ce côté, votre explication, cher M. Valière, est aussi ingénieuse que convaincante. En revanche à droite, il est plus difficile de voir "moins huit". Je crois bien que c'est moins dix. Une idée me vient cependant prolongeant la votre et l'aspect répétitif du jeu proposé par l'artisan. Les aiguilles indiquent 1 et 10, qui pourraient correspondre au premier jour du dixième mois de l'année : octobre, dérivant lui-même étymologiquement de 8 et fréquemment abrégé en 8bre au XVIIIe siècle (ainsi sans doute qu'au début du XIXe). Notre artisan numérologue se sera donc avisé que le 1er 8bre de la 12ème année du siècle, en 1812, le temps s'arrêtait quasimment à "18 passé de 12" et il aura voulu inscrire cette conjonction particulière, cette sorte de bégaiement temporel sur le meuble.
Qu'en pensez-vous?

Écrit par : Emmanuel Boussuge | 24/05/2010

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A deux, on se sent plus forts ! En effet, j'avais envisagé cela pour ne pas laisser tomber mon 1-8 tout seul, le X° mois est bien 8bre comme on écrivait naguère, mais je n'ai pas trouvé de bonne formulation comme la vôtre... aussi en suis-je resté au millésime, histoire de titiller un peu l'ami sciapodique.
Et donc je souscris pleinement au 1er Octobre 1812 ! Bravo et merci E.B.

Écrit par : Michel Valière | 25/05/2010

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On se rapproche du but: par décret impérial du 1er Octobre 1812 signé à 12h18, les horloges publiques devaient désormais adopter les chiffres arabes en remplacement des chiffres romains jusqu'alors en usage. D'où les deux cadrans chiffrés différemment. Notre paysan auvergnat, grand admirateur de l'ordre rationnel instauré par l'empire, a tenu à en perpétuer le souvenir pour la postérité oublieuse.

Écrit par : RR | 25/05/2010

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Magnifique histoire et admirable démonstration.

Et valeur ajoutée inestimable, quand on sait que ce genre de meuble est ce qu'il y a de plus prisé par tous les bobos de France et de Navarre.

Mince, une crise d'urticaire.

Écrit par : Valérie | 25/05/2010

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Monsieur R.R. votre contribution à la découverte d'une "vérité" cachée aurait pu être décisive si on avait oublié que c'est vers le XIIIe siècle que les chiffres arabes ont pris le dessus sur les chiffres romains qui ne connaissent pas le zéro et de ce fait rendaient les opérations plus que difficiles... L'invention du zéro fut une découverte formidable qui a permis le développement de l'arithmétique et de l'al-gèbre !!!
Pour le décret impérial, vous repasserez ! mais c'était bien trouvé... bravo.

Écrit par : M.V. | 25/05/2010

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Je m'incline devant une telle réfutation argumentée. Pas de décret impérial, donc. Dommage, je me voyais déjà proposer un article grassement rémunéré à quelque revue friante de ces "scoop historiques" qui ont révolutionné l'histoire de l'humanité (j'aurais partagé les royalties, croyez le bien). Mais bon, du coup le mystère de ces deux cadrans n'en reste pas moins entier. C'est à y perdre son latin...!

Écrit par : RR | 25/05/2010

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En cherchant un peu sur le web, on apprend qu'à défaut de décret impérial, il y avait cependant eu une réforme décimale entreprise à la révolution. Ça devait être pratique, tiens.
http://www.procrastin.fr/blog/images/temps/horloges.html

Écrit par : Valérie | 25/05/2010

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Bravo Valérie pour ce duo d'horloges qui vient en écho à celles du meuble en question. J'adore cet à propos.
@RR : quant aux motivations profondes du créateur de ce meuble elles devraient rester longtemps celées... Mais ça n'empêche pas de rêver, de dialoguer de controverser, de controuver, de falsifier, de réfuter, déconstruire et démonter les arguments et contre-arguments, théories, litanies, hypothèses, raisonnements hypothético-déductifs et j'en passe, et le sieur B.M alias L.S adôoooooooooore; et nous aussi.
Cordialement à tous.

Écrit par : M.V. | 25/05/2010

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Et pourquoi pas ne pas lire de gauche à droite votre horloge en chiffres romains, c'est-à-dire 10 et 1, le dixième jour de janvier, aussi aventurable que le 1er 8bre, morbleu...
En fouillant au hasard (pourquoi pas?) sur le net j'ai été frappé par le nom d'un certain Narcisse HALLIER, né le 10 janvier 1812 à Queudes (peu importe où c'est, c'est déjà assez joli comme ça). Une illumination m'est venue. Pourquoi Narcisse n'aurait pas signé ce meuble, puisqu'il était fou Hallier?

Écrit par : Avida Cariâtre | 25/05/2010

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