24/07/2010
11e festival à Aubagne
L'art singulier... Qu'a-t-il d'encore véritablement "singulier"? Quand on voit la multiplicité des festivals et des artistes se réclamant de ce terme, et lorsqu'on constate qu'au fond leurs oeuvres ne se distinguent pas tant que cela du tout venant de la création contemporaine (la création qui continue dans les arts plastiques, s'entend), on se dit que le terme "outsiders" au sens turfiste - le cheval qui n'était pas prévu pour la victoire et qui arrive cependant à gagner... - est bien mieux adapté.
Le 11e festival d'art singulier - le premier festival du nom, animé dès le départ par Danielle Jacqui, avec l'appui au début de feu-Raymond Reynaud -, basé au début à Roquevaire-en-Provence, puis migré à Aubagne, dans la grande banlieue de Marseille, ouvre ses portes le 31 juillet prochain, pour une exposition hétéroclite et bourrée comme d'hab' jusqu'au 29 août. On consultera le programme ci-lié, pour se rendre compte des artistes qu'on y trouvera (malheureusement, peu d'images sont fournies, quid de Pierre Hornung, par exemple, dont on nous annonce sur le site du festival monts et merveilles?). En lisant rapidement la liste des créateurs invités, j'ai relevé quelques noms, Jean Branciard (souvent mentionné sur ce blog), Bonaria Manca (très intéressante créatrice sarde auteur de peintures mais aussi d'une maison entièrement décorée à la limite du naïf et du brut authentiques ; un film a été fait sur elle par Marie Famulicki, excellent au demeurant), Swen et ses dessins touffus, Ester Chacon Avila, artiste chilienne de renommée internationale qui crée des oeuvres textiles aux figurations primitivistes qui font penser à du Marie-Rose Lortet, ou à du Karskaya en plus simple, Jacqueline Vizcaïno, Catherine Ursin, Adam Nidzgorski, ou encore Rosaria Cannonito (créatrice handicapée sicilienne sur qui on trouve un site à elle toute entière consacrée ; merci à Roberta Trapani de nous l'avoir indiqué)...
Les festivals jacquiens sont toujours foisonnants, à l'image de son animatrice charismatique, qui aime l'abondance et l'explosion de couleurs, il y a toujours quelque chose ou quelqu'un à dénicher dans cette salle du Bras d'Or la bien nommée. Bonne pêche!...
03/01/2009
Info-Miettes (2)
La galerie Nuitdencre64 au 64 de la rue Jean-Pierre Timbaud dans le XIe ardt à Paris expose Claude Tarnaud né en 1922 et disparu en 1991. Il s'agit d'un poète surréaliste peu connu, c'est donc l'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui. Sa rencontre avec les surréalistes réunis autour de Breton paraît avoir été éclair (1947-1948). Il fut lié à Brauner, Sarane Alexandrian, Stanislas Rodanski. Il semble avoir exécuté une bonne partie de son oeuvre plastique à partir de 1969 après une installation dans le Vaucluse. Là naîtront plâtres "greffés", divers objets, des collages, des oeuvres à la cire ou au brou de noix, des encres... Plusieurs livres de lui ont été réédités à L'Ecart Absolu. Expo de sculptures, peintures et manuscrits prévue pour durer du 19 décembre 2008 au 10 février 2009.
La "modeste collection" de Danielle Jacqui, "résultat d'une aventure qui dure depuis 40 ans" va être exposée dans la salle Fabre à Roquevaire-en-Provence "face à l'église" du samedi 1O janvier prochain à la fin de semaine suivante. Le vernissage a lieu à partir de 11h30 le samedi, ce qui est une information des plus essentielles. Beaucoup de noms au sommaire de cet accrochage, qui réunit sans doute tous ceux qui firent des échanges avec Danielle Jacqui tout au long de sa vie. Au hasard: Raymond Reynaud, Monique Goutte, Claudine Goux, Chichorro, Karamanoukian, Gérard Sendrey, Yvon Taillandier, John Maizels, Martha Grünenwaldt, Claudette Espallergues, Jaber, Jean-Jacques Predali, Bernadette Nel, Roger Ferrara, Marie Morel, Alain Pauzié, etc., "+ des nuls à HIE, que j'adore!", comme l'écrit Danielle Jacqui sans trop expliquer à qui elle songe en disant ces trois lettres un peu violentes... En dehors de cette exposition, Danielle Jacqui continue d'oeuvrer sur son "Colossal d'art brut", projet de décoration à base de céramique pour la gare d'Aubagne. (A noter que sur le site en question, elle reviendra sur ce qu'elle désigne par "nuls à (ch)IE(r)". Il s'agit des peintres de croûtes qu'on trouve sur les vide-greniers, avec leurs disproportions, leurs maladresses. Je sais que Danielle Jacqui fait des distingos même au sein de cette production. Elle m'a montré un jour une petite toile naïve qui était très poétique -Note du 17 février 2009).
De son côté le musée de la Création Franche à Bègles (Gironde) ne chôme pas et a décidé d'exposer les boîtes faites d'assemblages oniriques de Paul Duchein. Il est difficile de passer après Joseph Cornell et tant d'autres amateurs de la mise en boîte. Paul Duchein, esthète raffiné, y arrive en se servant de sa culture qui est grande et en tirant parti de ses goûts pour les belles choses. Un petit catalogue paraît à l'occasion de cette expo qui se tient du 12 décembre 2008 au 25 janvier 2009.
Ignacio Carlés-Tolra, vieux routier des arts singuliers, comme il est un créateur suisse, peut être accepté par le musée d'art brut suisse Im Lagerhaus de Saint-Gall (en Suisse orientale) qui ne s'occupe que des créateurs suisses à 100%... (Ca me rappelle l'Espace Hérault à Paris dans le quartier de la Huchette autrefois qui n'exposait que des artistes nés au sud de la Loire, ça faisait du monde, ils pouvaient exposer jusqu'à la Turquie par exemple mais pas les gens du Nord -qui ont pourtant dans le coeur la chaleur qu'il n'y a pas dehors, comme disait Enrico). Pour l'anniversaire de ses vingt ans d'existence (à ce que je crois avoir compris, car les informations qu'ils m'envoient sont en allemand, langue que je ne comprends absolument pas), le musée a invité Carlés-Tolra à monter quelque chose comme une rétrospective semble-t-il. Du 1er décembre 2008 au 16 mars 2009.
Les 20 ans du musée "Im Lagerhaus" (au fait sur ce musée, au tout début de ce blog, j'avais fait une note, voir ici) permettent aussi à ceux qui pourront faire le voyage jusqu'à St-Gall de découvrir la peinture naïve de l'Appenzell-Toggenburg, cette région qui s'étend au pied de la montagne magique du Säntis. Parmi les tableaux produits par les artistes autodidactes de ces contrées, on retrouve souvent des transpositions des paysages d'alpages aux verts soutenus communs dans ces régions, où sont semés, piquetant le paysage comme des masses et des formes plus ou moins abstraites peuvent piqueter l'espace d'une composition en apparence abstraite, les prés clôturés, les fermes, les vaches, les chemins blancs... Ces pentes douces sont proches du promeneur, j'ai pu le constater au cours du voyage que je fis en Suisse en 2007, comme des tableaux déjà tout faits dressés sous le ciel, immenses ready-made étendus aux dimensions d'un paysage entier.
Après les Japonais (et peut-être bientôt les Chinois?), la Collection de l'Art Brut de Lausanne va se retourner un petit peu vers son versant plus intime, à savoir l'art brut présent dans le canton de Fribourg. Et ce, du 6 février au 27 septembre 2009, autant dire qu'on aura le temps d'aller y faire un tour. Ce sera aussi l'occasion d'établir (pour la première fois il me semble, Dubuffet va peut-être même se retourner dans sa tombe!) une confrontation "expérimentale" (dixit le site web de la collection) des oeuvres de dix créateurs fribourgeois (de découverte récente) avec des oeuvres d'art religieux, populaire et ethnographique de cette même région de la Suisse (à mon sens, excellente initiative qui aurait pu être tentée depuis belle lurette). A signaler que la Collection a collaboré récemment (de septembre à novembre 2008) avec le musée Im Lagerhaus pour une expo en prêtant des oeuvres entre autres du Prisonnier de Bâle, de Hans Krüsi, etc. Un catalogue sur l'art brut dans le canton de Fribourg devrait paraître à l'occasion de l'expo, de même qu'un film de Philippe Lespinasse, devenu cinéaste officiel de la Collection, on dirait... Les créateurs présentés sont au nombre de dix dont Marc Moret, Lydie Thorimbert, Maurice Dumoulin, Gaston Savoy (on dirait un clone de Hans Krüsi, avec ses défilés de vaches poyesques), Piere Garbani, Eugénie Nogarède.
La galerie Dettinger-Mayer de son côté a décidé de montrer au tournant des deux années 08 et 09 un patchwork des artistes qu'elle défend depuis plusieurs années, photographie africaine, art tribal, peintures et dessins en confrontation: il y aura jusqu'au 31 janvier des oeuvres de David Braillon, Evaristo, Evelyne Postic, Ruzena, Pascal Zoss, Fred Deux, Bernard Pruvost, Louise-Anne Koeb, Zahra Toughraï, Marilena Pelosi, Ariel, Aurélie Gaillard, Estela Torres et des photographes africains comme Sanlé Sory ou Tidiani Shitou, etc.
Louise-Anne Koeb, Sans titre, Galerie Dettinger-Mayer
20:42 Publié dans Art Brut, Art naïf, Art singulier, Surréalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claude tarnaud, art brut fribourgeois, paul duchein, danielle jacqui, carles-tolra | Imprimer