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Rechercher : barbus Müller

Chez Prinzhorn, sur Arte

    Ce dimanche aura été illuminé par l'excellent documentaire de Christian Beetz au titre à double sens (au moins dans sa traduction française), un "art insensé", insensé de force et de beauté poétique.

    Bien sûr, on a sous la main le bouquin de Hans Prinzhorn, traduit depuis les années 80, on a le catalogue de "La Beauté insensée" de l'expo du Palais des Beaux-Arts de Charleroi (1995-1996), on a des catalogues en pagaille venus de la clinique d'Heidelberg où se trouve la collection Prinzhorn (par exemple un des plus récents, de 2006, très soigné comme tout ce qui provient de la Sammlung Prinzhorn, "Wahnsinn sammeln, Outsider Art aus der Sammlung Dahmmann-Collecting Madness, Outsider Art from the Dahmmann Collection), mais personnellement, je n'arrivais pas à me faire une idée exacte de la qualité des oeuvres de cette fameuse collection Prinzhorn (jamais montrée en France à ce qu'il me semble?), hormis quelques cas célèbres très souvent reproduits, comme August Natterer (connu d'abord sous le nom de Neter), Karl Brendel (ces deux créateurs ayant influencé Max Ernst dans quelques-unes de ses oeuvres, quelques-unes sur des milliers comme on oublie souvent de le souligner), Joseph Schneller (Sell), ou encore le célèbre Heinrich Anton Müller. "La Beauté insensée" du musée de Charleroi, avec son côté austère, ses fiches signalétiques médicales, la pâleur de ses reproductions, n'aidait pas, il faut dire...

    Le film de Christian Beetz avec ses choix esthétiques parfaits, la qualité des commentaires de ses intervenants (tous collaborateurs ou responsables de la collection Prinzhorn: Thomas Röske, Bettina Brand-Claussen, Ferenc Jadi, Inge Jadi -conservatrice de la collection-,Sabine Mechler, etc), leur générosité et leur compréhension vis-à-vis des créations mises en lumière par une caméra non voyeuse mais rendant à César ce qui appartient à César, ce film tout à coup en deux fois vingt-cinq minutes révélait la haute qualité des oeuvres conservées à Heidelberg, leur haute valeur humaine, la profonde nullité des Nazis qui ont massacré leurs auteurs dans les chambres à gaz après avoir tenté de stigmatiser leurs oeuvres dans une exposition de mise à l'index (l'"Art" soi-disant "dégénéré"), le film révélait tout cela de manière éclatante. Un rayon de soleil passait subitement à travers la télévision et son habituel océan de vulgarités. Montrant subrepticement ce que pourrait faire la télévision si elle se transformait plus souvent en loupe merveilleuse se promenant sur les oeuvres d'art et leurs rapports avec la vie, la souffrance, les joies des hommes, instrument idéal de médiation directe entre les hommes et la poésie.

    Une seule petite critique aurait pu s'adresser à Thomas Röske qui affirme un peu vite à un moment du film que le surréalisme n'aurait sans doute pas pu exister sans les oeuvres de Natterer, ce qui est aller un peu vite en besogne tout de même... 

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Quand le rideau ne tombe jamais, expo à l'American Folk Art Museum (New-York)

      Etrange titre, se dit-on d'abord, mais on sait aussi que c'est le meilleur moyen d'intriguer et d'amorcer la curiosité des amateurs d'expositions hors du commun. Si "le rideau ne tombe jamais" (je traduis du titre en américain de l'expo "When the curtain never comes down), c'est sur les "performances" de créateurs hors-les-normes qui les vivent au quotidien (mais est-ce le spectacle qu'implique ce "rideau"...?).

     "Performances" n'est pas un terme que j'apprécie beaucoup, cela dit. Cela correspond à la volonté de la commissaire d'exposition, par ailleurs conservatrice en charge du département art brut et art autodidacte dans ce même American Folk Art Museum de New-York, Valérie Rousseau (dont j'ai déjà eu par le passé l'occasion de parler, du temps où elle animait la Société des Arts Indisciplinés au Québec), de rapporter les rituels quotidiens, les comportements, les actes, les inventions de machines et de mobiles, les créations de situation, les pratiques créatives au jour le jour de 28 "artistes" (en réalité plutôt des créateurs non professionnels, voir la liste sur le site du musée ci-dessus par le lien), de rapporter donc tout cela à l'Art sacro-saint, alors qu'en fait il faudrait à mon sens plutôt montrer comment ces pratiques se détachent de l'art au sens traditionnel du mot (ce n'est pas que de la création plastique, c'est aussi un rôle social)  pour investir l'espace-temps du quotidien, et donc en bref qu'il ne s'agit pas d'une "artification", d'une annexion de la vie par l'art,  mais d'une "quotidiennisation"  et d'une vitalisation de l'art à tel point que celui-ci finit par se dissoudre dans cette même vie... Mais bon, d'un autre côté, il faut aussi reconnaître que Valérie Rousseau a tenté pour le coup un rassemblement d'actes créatifs que l'on n'avait pas eu jusque-là l'idée de tenter, il faut donc lui rendre cette justice. Ce projet novateur a à n'en pas douter quelques cousinages avec l'expo "L'autre de l'art" qui s'est tenue en France au LaM et que j'avais aussi évoquée sur ce blog il n'y a pas si longtemps.

 

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Marie Lieb, bandes de tissu disposées sur le sol d'un hôpital en Allemagne où elle vivait, vers 1894, photographie collection Prinzhorn à Heidelberg

 

     Ce qui est visé ici, à travers ces productions hétéroclites ne faisant pas œuvre au sens où l'on entend généralement le mot (à savoir des icônes destinées à s'extraire de  notre temporalité pour accéder à l'absolu), ce serait en effet plutôt des actes, des pratiques créatives, vécus au quotidien, mêlés inextricablement à la vie de tous les jours. Marie Lieb dans son asile en Allemagne vers 1894 arrangeait sur le sol de façon parfaitement éphémère des bandes de tissu harmonieusement disposées, telle une nuit étoilée rabattue sur le sol le temps d'une respiration.Müller_expo AFAM qd le rideau ne tombe jamais.jpg Heinrich Anton Müller inventait dans un autre hôpital des machines dont le sens a été perdu et qui furent vandalisées (voir ci-contre, Müller dans l'hôpital de Münsingen en Suisse, 1914-1922, photo coll. Prinzhorn, Heidelberg). Par chance, le souvenir nous en a été gardé grâce à des photographes bien inspirés... Fernando Oreste Nanetti en Italie grava les murs extérieurs de l'asile de longues bandes de graffiti grattés dans l'enduit des parois. Vahan Poladian ou Eijiro Miyama (voir ci-dessous, image reprise du site web de la Collection de l'Art Brut de Lausanne) se couvrirent de parures extravagantes mais rigoureusement illustratrices de leurs caprices vestimentaires ultra personnels.Eijiro Miyama ds les rues de Yokohama 2006 ph coll de l'art brut lausanne.png Arthur Bispo de Rosario au Brésil aussi concevait des sortes de cape grandioses richement brodées et dessinées (on eut l'occasion de les découvrir à la Galerie Nationale du Jeu de Paume dans l'expo "La Clé des Champs" en 2003). Melina Riccio sème des proclamations inscrites, parfois au sein de cœurs,  tracées un peu partout dans les rues en Italie, sur des bannières et des vêtements aussi. Gustav Mesmer avait réinventé les ailes d'Icare sur des collines suisses. L'expo de New-York propose aussi de découvrir les amulettes de Jean Loubressanes, venues de la collection du Dr Pailhas à Albi, qui avaient été déjà montrées à Villeneuve-d'Ascq récemment dans l'expo "L'Autre de l'Art". Etc., etc.... Les créations de nombre de personnages présentées dans les expos d'art brut ont ainsi à voir avec la magie, avec des actes destinés à attirer la protection des esprits, ou de saints, dans une attitude analogue à celles des anciens peintres d'ex-voto. Bien sûr, on peut toujours, dans un cadre muséal, comme c'est le cas à l'AFAM de New-York, associer toutes ces manifestations à des "performances", mais on fait là une sorte de contresens à mon humble avis. Il n'y a pas volonté de la part de ces créateurs possédés par leurs expressions en actes, souvent éphémères, de faire œuvre entrant dans un corpus de l'histoire de l'art, il n'y a pas de leur part discours sur leurs pratiques, et donc ils n'ont rien en commun avec les "artistes" au sens où l'on entend généralement ce mot. Leur catégorie de création se situe ailleurs, dans la trame de la vie quotidienne, et à la limite, pourrait très bien se passer de toute médiatisation, tant elle est intensément vécue sans nul besoin de parade sur de quelconques tréteaux.

 

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Arthur Bispo do Rosario portant son "vêtement de présentation", photo reprise du blog (brésilien sans doute et en portugais) d'Anna Anjos

 

Exposition du 26 mars au 5 juillet 2015

 

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”Trait d'union, les chemins de l'art brut (6)” au Château de Saint-Alban-sur-Limagnole: MASSIF EXCENTRAL (6)

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     En Margeride, bien perdue dans une région de la Lozère où les loups manquent vraiment dans le paysage tant ils y seraient bien accordés (sans parler de la Bête du Gévaudan), au milieu de ces massifs d'épineux aux verts ténébreux, à la lumière lugubre, une exposition d'art brut, une de plus au Château de St-Alban. Je me souviens d'une autre en effet il y a quelques années, consacrée à une petite partie de la collection ABCD.

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     C'est qu'ici est née la psychothérapie institutionnelle des psychiatres Bonnafé, Tosquelles, Jean Oury, Roger Gentis, etc... Un mouvement psychiatrique qui voulait soigner aussi bien l'hôpital que les malades qu'il recueillait, en associant, entre autres moyens, ces derniers à la vie de l'hôpital, dans une sorte de participation égale des soignants et des soignés dans l'organisation de la vie quotidienne, ou des fêtes, dans la tenue d'un journal appelé "Trait d'union", d'où le titre de l'exposition ci-dessus nommée, organisée avec la participation du Musée d'Art Moderne de Lille-Métropole, qui a prêté pour l'occasion quelques pièces de la donation de l'Aracine.

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Vue d'une partie de la salle consacrée aux "Chemins de l'art brut (6)", un Barbu Müller à gauche sous vitrine, la robe de Bonneval, des broderies de Marguerite Sirvins et des sculptures et dessins de Forestier au fond, ph. B.Montpied, juillet 2007.

     C'est ici aussi qu'est né l'art brut, d'une certaine manière, non pas parce qu'Auguste Forestier y avait déjà commencé à faire de l'art brut avant que Dubuffet n'en ait inventé le terme (1945, comme on sait), mais parce que c'est précisément avec des créateurs tels qu'Auguste Forestier que Dubuffet commença véritablement à initier sa recherche, et à commencer ses explorations qui allaient devenir par la suite plus méthodiques et systématiques, notamment avec ses voyages en Suisse. Je l'ai déjà signalé dans un assez long article (Bruno Montpied, D'où vient l'art brut? Esquisses pour une généalogie de l'art brut, dans Ligeia, dossiers sur l'art, n°53-54-55-56, Paris, 2004).

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      L'art brut, comme on commence à le savoir, n'a pas été inventé par ceux que l'on classe sous ce nom, Auguste Forestier, Wölfli, Müller ne faisaient pas d'art brut. C'est un concept inventé par Dubuffet, non un mouvement. Lorsque François Tosquelles écrit (du moins c'est Mireille Gauzy, dans le catalogue de l'expo, qui lui prête ces mots): "Lorsque je suis arrivé à Saint-Alban en 1940, Forestier avait déjà inventé l'art brut", cette phrase n'a pas de sens et introduit de la confusion. Beaucoup d'auteurs, ensuite rangés dans l'art brut, créèrent bien avant que Dubuffet ne les découvre, comme par exemple Wölfli, ou Forestier. Tosquelles, s'il a dit cette phrase, voulait peut-être assimiler ces créateurs à des artistes en train d'élaborer un mouvement esthétique ou politique, etc. Mais cela ne correspond pas à la vérité de leur démarche. Ces hommes et ces femmes que l'on a rangés dans l'art brut créaient en état d'urgence, sans se préoccuper le moins du monde de confrontation avec le monde de l'art, dont la plupart du temps, ils ne savaient rien.

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Dessin aux crayons de couleur d'Auguste Forestier sur la couverture du catalogue de l'exposition, "Le Loup et Lagneau"

       C'est donc à Saint-Alban qu'opérait Forestier le sculpteur (qui avait été aussi auparavant un dessinateur, deux beaux dessins sont exposés dans l'expo actuelle de St-Alban ; ces dessins, conservés au départ par le Docteur Maxime Dubuisson, furent ensuite recueillis par son petit-fils le docteur Bonnafé qui en a fait don au Musée de Villeneuve-d'Ascq). C'est là que le découvrit en 1943 Paul Eluard qui fuyait alors Paris avec sa femme Nusch, du fait de son engagement politique avec le Parti Communiste et auparavant avec les surréalistes, desquels il venait justement d'être exclu pour son adhésion au parti stalinien (on sait que certains de ses anciens amis furent inquiétés, comme Desnos, resté lui à Paris bien trop visiblement, et qui fut dénoncé et déporté dans un camp en Tchécoslovaquie où il mourut ; Benjamin Péret fut emprisonné et s'évada, Breton fut inquiété à Marseille lors de la visite de Pétain, etc.).

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Autres dessins de Forestier, dont un représentant la guillotine avec un texte parlant d'Anatole Deibler et d'une exécution capitale prévue à Albi (un peu de sadisme chez Forestier?)

Eluard a ramené des oeuvres de Forestier à Paris dès 1944, il en fait parvenir à Picasso, à Queneau (le catalogue reproduit un "homme-oiseau" que possédait ce dernier, et qui avait déjà été reproduit dans le livre de Dominique Charnay, Queneau, dessins, gouaches et aquarelles, p.69, Buchet-Chastel, Paris, 2003). Dubuffet qui fait la connaissance d'Eluard en 44 en voit chez lui, à Paris donc tout d'abord. Il existe une correspondance avec Queneau (de mai 45) qui prouve qu'il s'intéresse de près à Forestier dont il ne verra les oeuvres à St-Alban que plus tard, après son premier voyage d'exploration en Suisse (en juillet 45 ; il ira ensuite, au début de septembre, à Rodez chez Ferdière et Artaud, interné à Rodez, puis par la même occasion à St-Alban). On ne sait pas précisément le détail de ces prises de contact de Dubuffet avec l'oeuvre de Forestier, et aussi surtout avec ceux qui la collectionnaient. Et il faut dire que cette exposition rate un peu l'occasion d'apporter justement des éclaircissements sur la question... Il faut fouiller le catalogue (p.120) pour trouver simplement une petite phrase énigmatique de Christophe Boulanger qui nous apprend tout à coup que "Dubuffet [fut] mal reçu à Saint-Alban"... Tiens donc, et pourquoi? Aucune explication supplémentaire ne nous est proposée... Cependant, il est loisible au lecteur d'imaginer que les hommes en présence ne sympathisèrent pas (à l'époque, ni Jean Oury, ni le Dr. Roger Gentis, qui eurent des relations avec Dubuffet par la suite, n'étaient à St-Alban), et que ce fut pour cette raison que Dubuffet attendit assez longtemps pour parler de Forestier dans les fascicules de la compagnie de l'Art Brut, et qu'il ne publia un texte sur lui (avec l'aide d'informations venues de Jean Oury, médiateur plus idoine, et arrivé plus tard à St-Alban, soit en 1947) , qu'en 1966 dans le fascicule n°8 de l'Art Brut. Jean Oury a par ailleurs révélé que c'était lui qui avait donné toutes les sculptures qu'il possédait de Forestier à la Collection de l'Art Brut (en 1948-1949 ; il dit cela page 190 de Création et schizophrénie, éd. Galilée, Paris, 1989).

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Une sculpture en bas-relief de Forestier exposée à Saint-Alban, ph B.M., juillet 2007 (il me semble que cette oeuvre fait partie de celles qui sont reproduites dans le fascicule n°8 de la Compagnie de l'Art Brut)

       Sur Forestier, on lira dans le catalogue l'intéressant texte de Savine Faupin,  Le voyageur immobile, où entre autres remarques, elle met en parallèle les fugues de Forestier (interné une première fois de 1906 à 1912, puis une seconde de 1914 à sa mort en 1958 à 71 ans) qui aurait pu croiser sur les routes du Massif Central, nous dit-elle, cet autre infatigable marcheur appelé Albert Dadas, dont la vie et les étranges errances ont été récemment remises en lumière dans l'intéressant ouvrage de Ian Hacking, Les Fous Voyageurs, aux éditions Les empécheurs de penser en rond (en 2002).  J'ai également remarqué ce cas de mystérieux somnambulisme, assez proche du déplacement en état de rêve éveillé, que j'ai plutôt de mon côté associé aux expériences de dérives surréalistes et situationnistes des années 20 et 50 (cf. L'art Brut, l'utopie situationniste, un parallèle, deuxième version remaniée et en cours de rédaction, faisant suite à la publication en 2000/2001 d'une première version parue en américain dans une revue universitaire du Mississippi). 

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Auguste Forestier, un bateau (appelé "Euréka"?)

     Il y eut donc comme un différé dans l'histoire de la découverte de Forestier par Dubuffet. Certaines oeuvres présentées à St-Alban m'ont paru moins connues comme ce bateau "Euréka", que j'insère ci-dessus et qui me semble différent de celui que tient le Dr. Tosquelles sur la carte postale d'invitation à l'exposition (reproduit plus haut en vignette). Ce dernier ressemble davantage à celui que j'ai photographié dans la collection du Dr Ferdière en 1990, après le décés de ce dernier (voir ma note sur Les Nefs des fous), il possède simplement un peu plus d'éléments et de superstructures sur le pont (le catalogue en montre un, appelé "Myra" qui est crédité comme ayant appartenu à Ferdière). Il est difficile de s'y retrouver... Un catalogue exhaustif des travaux connus de Forestier se révélerait utile.

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Autre vue de la salle d'exposition, ph.B.M., juillet 2007

       L'expo de St-Alban n'est pas très grande. elle mêle de façon assez arbitraire des oeuvres de créateurs ayant vécu dans l'hôpital et qui sont classés dans l'art brut (Aimable Jayet, Benjamin Arneval, Marguerite Sirvins, ou Forestier) à celles d'autres auteurs d'art brut dont le lien avec St-Alban n'existe pas, hormis le fait qu'ils ont vécu dans d'autres asiles (Carlo, André Robillard, l'anonyme de Bonneval). C'est une simple expo d'art brut, voilà tout. Des photos sur l'abbé Fouré voisinent aussi ici avec un barbu Müller, sans trop de liens là non plus avec Saint-Alban. C'est l'occasion pour Alain Bouillet de se fendre dans le catalogue d'un long article sur Fouré où il s'insurge de ce que le propriétaire actuel des Rochers n'ait jamais songé à entourer les sculptures de l'abbé d'une information plus sérieuse à leur sujet.

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Détail d'un dessin d'Aimable Jayet exposéà Saint-Alban, ph.B.M., juillet 2007

      De son côté, Madeleine Lommel s'insurge contre l'hypothèse défendue par certains journalistes que l'art brut serait un art "culturel", ce dont elle s'afflige, mais quelques lignes plus bas de son même texte (paru en ouverture du catalogue), elle souligne aussi que les oeuvres d'art brut sont "autant d'invites à ne pas oublier son passé: art populaire, artisanat, travail de la main..." Ce qui est bien dire, me semble-t-il, que l'art brut participe d'un art dont les soubassements culturels sont à rechercher du côté des anciens savoirs artisanaux ou artistiques populaires, non?

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(A gauche, imagerie populaire datant du XVIIIe siècle sur le thème de la Bête du Gévaudan, et à droite, la même Bête sans doute, sculptée par Auguste Forestier, oeuvre -ayant appartenu primitivement à Paul Eluard- prise dans le jardin du Dr.Ferdière en 1990, juste après sa disparition ; à souligner qu'elle a été acquise par l'Aracine en 1995 ; ph.B.M.)
        Il faut aussi souligner pour finir que le film sur André Robillard, excellent mais très court, que Claude et Clovis Prévost viennent de réaliser, est projeté en annexe de l'exposition. Cette dernière se termine le 1er septembre prochain.

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Sculpture lippue, sculpture désabusée ?

       Mail du 28 juin 2016 :
 
      "Je possède une tête sculptée dont je recherche l’origine...
      Au départ, je lui trouvais un petit côté art roman... genre corbeau d’église... Mais il manque un débord et semble un peu haute... Je me demande si je ne dois pas me retourner vers une solution contemporaine. Eventuellement de l’art brut... Dans l’esprit de Jan Křížek  ?  
      Il s’agit d’une pierre de type calcaire... elle proviendrait de la région de Poitiers... Mais sans certitude... Hauteur 41 cm.
      Auriez-vous une piste à me conseiller  ?
      Bien à vous.
      Denis"

sculpture populaire anonyme, art brut, art immédiat, jan krizek, autodidacte, lippue, désabusé

Anonyme, tête sculptée, h 41 cm, sans date, collection privée.

 
      Réponse du 30 juin 2016 :
 
       "Bonjour Monsieur,
       "La tête dont vous m'envoyez plusieurs reproductions [de face, de dos, de profil, etc.] ne me paraît pas provenir d'une église. On dirait, comme ça, à première impression, plutôt un travail profane.
       De "l'art brut"? Le mot est employé à toutes les sauces. En sculpture, de plus, on peut ranger certaines pièces taillées à la diable tantôt dans l'art brut tantôt dans l'art naïf, tantôt dans l'art populaire.
       Je dis cela parce qu'effectivement, on dirait bien qu'il s'agit d'un travail d'autodidacte qui s'est ingénié à tailler une tête, comme pour se faire la main. 
       Il existe tant de pièces orphelines semblables à ce genre de sculpture, très stylisées, très sobres, pour ne pas dire sommaires, qu'il est peut-être vain de chercher à les situer. Pourquoi ne pas la laisser à elle-même?
       Elle a une expression amusante, je trouve avec cette lippe un peu épaisse qui semble comme l'expression d'un dégoût, ou de quelqu'un qui paraît désabusé... Et ces yeux faits comme des grains de café hypertrophiés, c'est curieux, et cela donne un caractère particulier.
     Ces grains de café, c'est même eux qui me font penser à un essai de taille qui pourrait être le fait d'un autodidacte s'exerçant pour la première fois sur un bloc de pierre...
     Désolé de ne pas pouvoir mieux vous aider,
    
     Cordialement,
     B.Montpied"
 
Et vous, chers lecteurs de ce blog, avez-vous un autre avis sur cette pierre (qui n'est selon moi, ni un Krizek, ni un Barbu Müller)...?
 

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Donation d'art brut au Musée National d'Art Moderne

Cette note contient des mises à jour opérées le 14 juin. 

 

     La nouvelle est tombée ces jours-ci, Bruno Decharme et son Association ABCD font donation au MNAM de 921 oeuvres, de 242 auteurs différents (chiffre avancé sur le site de la collection ABCD), prélevées dans leur collection d'art brut, avec comme condition qu'une salle soit perpétuellement (?) consacrée à une présentation tournante de cette donation au sein même du Musée, situé comme on sait dans la raffinerie du Centre Beaubourg (il était commun au début de son existence d'appeler ainsi ce qui s'appelle aujourd'hui le Centre Pompidou, Centre qui se démultiplie désormais de plus en plus: Centre Pompidou-Metz, CP-Malaga, CP/Kanal à Bruxelles, CP/West Bund Museum Project à Shanghaï, futur CP francilien/Fabrique de l'art, avec des réserves qui seront déplacées à Massy...), Centre où, personnellement, je le trouve trop à l'étroit (le MNAM posséde 120 000 œuvres et objets dans ses collections : on n'en voit qu'une très infime partie à Paris).

     Cette salle consacrée à l'art brut, selon une information parue dans le Quotidien de l'Art, sera-t-elle près du Mur reconstitué de  l'Atelier d'André Breton ? Ce "Mur" qui est présenté au MNAM comme une "installation" alors qu'il s'agissait du résultat d'une concrétion d'œuvres et d'objets accumulés par Breton au gré de ses découvertes, rejets, etc., concrétion qui n'avait été finalement arrêtée qu'avec la mort du poète (la réinterpréter comme une "installation" tient donc d'un tour de passe-passe discutable...). Cela paraît corroboré par la précision donnée sur le site web d'ABCD, qui indique que la salle d'art brut sera au niveau 5 du Centre, et qu'elle ouvrira du reste le 23 juin, niveau 5 donc où se situe aussi le fameux "Mur" de Breton. Il est ajouté qu'"Une exposition sur l’art brut à partir de la donation sera programmée après les grands travaux de 2023, accompagné d’un catalogue raisonné."

     Une autre condition demandée par Bruno Decharme est que la "donation va s’accompagner d’un pôle de recherche au sein de la bibliothèque Kandinsky afin de poursuivre les travaux déjà engagés sur l’art brut." (citation d'après le communiqué paru sur le site web d'ABCD).

      Ont été extraits de la collection complète (qui contient au total 5000 œuvres, dont depuis quelques temps 1500 photos "brutes") des auteurs choisis comme "la quintessence de l'art brut" (selon des termes, prêtés à Bruno Decharme par Rafaël Pic dans le Quotidien de l'Art). La collection d'ABCD ne garderait ainsi que des œuvres "moindres" (toujours selon Le QdlA). Cette quintessence serait représentée par Aloïse, Wölfli, Darger, Jeanne Tripier, Crépin, Lesage, un Barbu Müller, légendé à présent (depuis ma découverte de l'identité de son auteur) "Antoine Rabany dit Le Zouave, Sculpture Barbu Müller", etc. (on en apprend plus encore sur le site web  d'ABCD).

     En se retournant vers une récente newsletter de l'ineffable Christian Berst, on découvre d'autres noms d'"artistes" (mot particulièrement confusionniste, je ne le répéterai jamais assez) présents dans cette donation: "Joseph Barbiero, Franco Bellucci, Julius Bockelt, Anibal Brizuela, Jorge Alberto Cadi, Raimundo Camilo, Misleidys Castillo Pedroso, Raymond Coins, James Edward Deeds, Fernand Desmoulins, John Devlin, Janko Domsic, Eugène Gabritchevsky, Giovanni Galli, Madge Gill, Ted Gordon, Emile Josome Hodinos, Josef Hofer, John Urho Kemp, Davood Koochaki, Zdeněk Košek, Alexandre Lobanov, Joseph Lambert, Raphaël Lonné, Dwight Mackintosh, Kunizo Matsumoto, Dan Miller, Koji Nishioka, Jean Perdrizet, Luboš Plný, Royal Robertson, André Robillard, Vasilij Romanenkov, Yuichi Saito, J.J. Seinen, Friedrich Schröder-Sonnenstern, Mary T. Smith, Harald Stoffers, Ionel Talpazan, Dominique Théate, Miroslav Tichý, Mose Tolliver, Oswald Tschirtner, August Walla, Melvin Way, George Widener, Scottie Wilson, Hideaki Yoshikawa, Anna Zemánková, Henriette Zéphir, Carlo Zinelli..." (je surligne en gras ceux qui me paraissent relever de la fameuse quintessence, selon moi ; mais quelques-uns sont insuffisamment connus de moi: Julius Bockelt, Anibal Brizuela, Jorge Alberto Cadi, Misleidys Castillo Pedroso, Raymond Coins, les Japonais (souvent issus d'ateliers)).

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Ci-dessus la liste complète des auteurs faisant partie de la donation ABCD ; un petit jeu dès à présent, qui y manque? Je n'aperçois personnellement pas, ni Pépé Vignes, ni Jean Grard...

 

      La quintessence de l'art brut, si ici de nombreux noms sont en effet marquants, il restera à ne pas oublier d'aller la rechercher là où elle est la plus présente,  à savoir encore et toujours à la Collection de l'Art Brut, au Château de Beaulieu, à Lausanne, rassemblée au départ par Jean Dubuffet, puis notablement agrandie depuis 1976 (aujourd'hui près de 70 000 œuvres dont 700 sont présentées en permanence). Ceci dit pour relativiser le grand renfort de trompettes des récents laudateurs de Bernard Blistène (directeur du MNAM qui a réalisé l'accord avec Bruno Decharme, et qui part à la fin du mois de juin): le Quotidien de l'Art et aussi le galeriste Christian Berst qui dans une dernière newsletter grimpe littéralement aux rideaux de l'extase, en affirmant avec le plus grand aplomb : "L’exceptionnelle donation de près de 1000 œuvres¹ d’art brut que Bruno Decharme fait à Pompidou permet désormais d’écrire un chapitre essentiel de l’histoire de l’art. Tandis que l’art brut sort de l’angle mort où il fut trop longtemps relégué, le Musée national d’art moderne peut s’enorgueillir de son audace en devenant une référence et un exemple pour les institutions du monde entier."

   "L'angle mort où "l'art brut aurait été trop longtemps relégué...", ne serait-ce  pas avant tout l'angle mort de sa valeur marchande, dans l'esprit de ce monsieur qui ne se sent plus?

        Et puis "l'audace" du MNAM, ça me fait bien rigoler...

      La réputation de l'art brut, son histoire, sa connaissance sont tout de même bien enregistrées, et depuis fort longtemps. Il n'y a que ceux qui ne voulaient pas en entendre parler pour l'ignorer (et ceux-ci continueront dans la voie de ce mépris, ce qui vaut mieux qu'un respect assorti de mauvaise volonté)². Et  précisément, si l'art brut est désormais bien connu, et conservé, c'est en particulier grâce à la séparation muséale, la distinction affirmée initialement entre l'art brut et le reste du champ artistique, qui furent mises en place par Dubuffet, Michel Thévoz, Lucienne Peiry en Suisse, continuée aujourd'hui par Sarah Lombardi. Même au LaM, l'Aracine a obtenu que les collections d'art brut soient conservées dans un département distinct. Cela a permis d'identifier clairement ses spécificités, en particulier les substrats culturels à l'œuvre par dessous ces créations si originales, 

     De l'art brut, de plus, n'en déplaise à ces messieurs, le MNAM en conservait déjà, dispersé certes au milieu de ses collections (quelles preuves, du reste, que cette dispersion ne recommence pas au bout d'une dizaine d'années de présentation de la donation?). A l'occasion de la donation Daniel Cordier, par exemple, un bel ensemble de peintures de Gabritschevsky sont entrées dans les collections du MNAM. On trouve également des peintures de Séraphine au MNAM ou de l'Algérienne Baya, défendue en son temps par André Breton. Des expositions remarquées ont été consacrées à l'art brut très tôt, que l'on songe à "Paris-Paris" (1981) où une merveilleuse salle lui était consacrée (avec un remarquable texte d'Henry-Claude Cousseau dans le catalogue, qu'on ferait bien de rééditer séparément, pour le mémoriser davantage), ou à Adolf Wölfli, et à Miroslav Tichy, sans parler des expos consacrées à Paul Eluard (où il fut question d'Auguste Forestier) et surtout à André Breton et ses enthousiasmes pour les autodidactes en tous genres (voir la roue ovale d'Alphonse Benquet dans le fameux "Mur", que j'ai contribué à faire identifier par les responsables du musée, voir cette note ancienne de mon blog).

     Mais peut-être que cette dispersion, ce mélange de l'art brut avec l'art moderne ou contemporain, est justement ce qui plaît à un Christian Berst, dont les actions et les proclamations, depuis quelque temps, ne cessent de militer pour un tel mixage (voir sa galerie supplémentaire ouverte récemment, au titre snob, "The Bridge", qui cherche les confrontations entre brut et contemporain ; voir aussi les auteurs qu'il met en avant pour leur cérébralité digne de l'art contemporain le plus creux).

     Je crois que personne ne l'a souligné. L'Etat français, en permettant l'entrée de ces donations d'art brut (l'Aracine au LaM tout d'abord en 1999, puis aujourd'hui une part de la collection Decharme à Beaubourg) dans de prestigieuses collections muséales d'art moderne et contemporain, réussit ce qu'avait précisément refusé Dubuffet vers 1970, après l'exposition d'art brut de 1967 au Musée des Arts Décoratifs (première grande exposition d'art brut publique et ce, dans un lieu institutionnel ; 1967... Messieurs les cuistres!), à savoir la confusion entre art brut et art culturel. Car, lorsqu'il réfléchissait au legs de sa collection dans ces années-là – qui allait aboutir ensuite à une donation à la Ville de Lausanne en 1972 –, il avait été proposé à Jean Dubuffet une intégration de sa collection au musée d'art moderne, comme l'a signalé Lucienne Peiry dans son livre L'Art Brut (première édition, 1997, chez Flammarion, voir page 172 ; réédition récente) qui retrace l'histoire de la collection. Le peintre-théoricien-collectionneur avait fermement décliné l'offre!

     Trente ans plus tard, et aussi aujourd'hui cinquante ans plus tard, l'Etat français récidive. Ceci dit, c'est moins grave, puisqu'entre temps l'art brut s'est constitué en catégorie socio-esthétique au niveau international. Il sera difficile de le rendre soluble dans l'art content-potpot. D'autant qu'il ne cesse de se ramifier en branches et racines diverses et multiples, et que la créativité continue de se développer, toujours aussi anarchiquement en dépit des tentatives réificatrices de tous ordres...

     Enfin, qu'on me permette de réitérer un propos que j'avais formulé il ya déjà longtemps dans un vieil Artension (article sur le musée de Laduz, « Un triangle d’or », Artension n°6, octobre 1988), pour moi l'art brut, par son substrat largement imprégné par la culture populaire des sans-grade a plus de cousinage avec l'art populaire curieux et l'art naïf visionnaire qu'avec l'art moderne et contemporain. C'est l'indice d'une bêtise bien française que d'avoir voulu depuis cinquante ans l'insérer à toute force dans les musées d'art moderne. Les Américains de ce point de vue se sont montrés bien plus intelligents en intégrant, au contraire, l'art brut dans un musée d'art populaire, à New York. Cela fait infiniment plus sens en effet.

     Et nous, ici, au lieu d'un musée vivant de l'art populaire, on n'a que le MUCEM... qui expose ces temps-ci, Ô misère!, Jeff Koons...

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¹ Ici, Christian Berst, sans doute légèrement en transe, suivant le Quotidien de l'Art qui propose le même chiffre de "près de 1000 oeuvres" arrondit exagérément (voir plus haut le chiffre exact de 942 œuvres).

² A ce point, il n'est pas inutile de renvoyer mes lecteurs à une protestation publiée récemment dans Beaux-Arts magazine par le galeriste new-yorkais Andrew Edlin, pour réagir aux critiques de Christian Berst (parues dans le même journal) visant les Outsider Art Fair (Salon d'Art Brut et marginal) qu'Edlin monte régulièrement à New-York et à Paris (qui contribuent à l'évidence, là aussi, à la connaissance que le public peut acquérir du champ des œuvres brutes, naïves, ou singulières). Proférée sur un ton fort courtois et feutré, la réaction d'Edlin instruit au fond un procès en cuistrerie...

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Roger Cardinal (1940-2019), après Laurent Danchin et Jean-François Maurice...

     Des pages générationnelles, en matière de médiation autour des arts spontanés, se tournent décidément depuis quelque temps... Voici que j'apprends avec une tristesse certaine que Roger Cardinal vient de nous quitter.

    C'était un médiateur réputé de l'art qu'il avait qualifié d'"outsider" en Grande-Bretagne, terme repris aux USA et dans le monde anglo-saxon, voire jusqu'ici, où il est de bon ton de parler anglais à tout bout de champ en désertant la langue française.

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Roger Cardinal recueilli ; Bibliothèque de Bègles, avril 2009. Photo Bruno Montpied.

 

    La dernière fois que je l'avais vu, c'était il y a trois ans, il me semble, dans un escalier de l'Hôtel du Duc où se tenait l'Outsider (comme de juste) Art Fair. Il était assis sur un banc, grignotant un sandwich ; je l'avais salué, en lui tendant je ne sais plus laquelle de mes publications, et il était resté assez bizarrement sans réaction, alors que nous nous connaissions et avions usuellement des relations cordiales. Quand j'avais envoyé ensuite des informations par mail, il n'avait pas non plus réagi, et je m'étais demandé ce qu'il se passait. La fatigue de l'âge (selon l'euphémisme convenu)?

     C'était un gentleman d'une grande bienveillance, un gentleman des années 1970, et un poète incontestablement, davantage qu'un théoricien (ainsi m'est-il toujours apparu en tout cas). C'est lui qui a lancé le terme d'Outsider art, en montant des expositions sur ce thème dès 1972 (parfois avec l'aide de la Fabuloserie d'Alain Bourbonnais) et pendant de nombreuses années, tout en écrivant de nombreux articles et études sur les arts spontanés (où il ne hiérarchisait pas l'art naïf par rapport à l'art brut). Certes, il n'était pas le seul au Royaume-Uni, il y avait aussi Victor Musgrave et Monika Kinley (la Madeleine Lommel britannique), et aujourd'hui il y a la Gallery of Everything de James Brett et ses amis. Mais Cardinal a eu un rôle déterminant, en influençant la création de la revue Raw Vision, de John Maizels en 1989 notamment. Le terme d'outsider a eu un retentissement énorme aux  USA, ce qui a causé en retour une onde de choc vers l'art brut européen.

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Le catalogue de l'expo "Outsiders" de 1979.

 

      Ce que l'on sait moins – surtout dans le petit monde des spécialistes de l'art brut et autres – c'est qu'il avait donné, dans ces mêmes années 1970, quelques textes au groupe surréaliste qui tentait internationalement de conserver une activité structurée en réaction à la décision que d'autres avaient prise de décréter, trois ans  après la mort d'André Breton (soit en 1969), la fin du mouvement organisé. J'ai retrouvé ses deux contributions dans le Bulletin de Liaison surréaliste réédité en 1977 par l'éditeur Savelli : "Tout un roman" et "Je note des signes", d'une très belle et très claire venue poétique.

    En Grande-Bretagne, il avait prolongé et adapté l'activité d'un Dubuffet pour tenter d'attirer l'attention du public sur des arts spontanés où il mélangeait artistes marginaux et auteurs d'art brut. Je possède son livre de 1979, paru à l'occasion d'une exposition à la Hayward Gallery, où l'on retrouve au sommaire des créateurs bien connus désormais : certains venus de l'Atelier Jacob (1972-1982) comme Alain Bourbonnais, Francis Marshall, Jano Pesset, Mario Chichorro, Joël Negri, Denise Aubertin, Pascal Verbena, François Monchâtre, ou Emile Ratier, d'autres en rapport avec la maison des artistes psychotiques de Gugging en Autriche comme Johan Hauser, Johann Scheïbock, Philipp Schöpke, Oswald Tschirtner, ou August Walla ; bien sûr, il y avait quelques grands créateurs de l'Art Brut venus d'autres collections, comme Aloïse, Scottie Wilson, Wölfli, Henry Darger,  Joseph Yoakum, Martin Ramirez, Anna Zemankova, Heinrich Anton Müller, des patients artistes de la collection Prinzhorn à la clinique de Heidelberg comme Joseph Sell, Gustav Sievert, August Neter,  Peter Moog, Johann Knüpfer, ou Karl Brendel, un créateur d'environnement visionnaire, Clarence Schmidt, mais aussi de grands inclassables comme Louis Soutter, ou ce dessinateur allemand étrange revendiqué par le surréalisme, Friedrich Schröder-Sonnenstern (voir ci-contre). roger cardinal,outsider art

    Cette expo prolongeait celle des "Singuliers de l'art" qui s'était tenue un an auparavant au Musée d'Art moderne de la ville de Paris, là aussi organisée avec l'aide d'Alain Bourbonnais et de son Atelier Jacob (galerie qu'il animait avant de fonder son musée de la Fabuloserie dans l'Yonne.

     Au fond, ce qui me séduisait, dans la perspective de Cardinal, c'était son origine et sa culture surréalistes. On sait que ce mouvement, surtout du vivant de Breton, incorporait des autodidactes naïfs ou bruts, de même que de la poésie naturelle sous forme d'objets insolites trouvés dans la nature, sans faire de séparation de valeur entre ces créateurs et les artistes plus explicitement en relation avec le mouvement. Je pense que c'était dans ce sillage que se situait Cardinal. D'autant qu'en Grande-Bretagne, on pouvait le faire sans dommage, ce pays ayant fait l'économie de la dispute qui eut lieu sur le continent entre ces deux crocodiles que furent Dubuffet et Breton, se colletant au fond du même marigot (image que me délivra un soir Philippe Dereux au fond d'un restaurant lyonnais)... Les défenseurs de l'art brut français et suisses en effet ont longtemps hérité du clivage entre les deux crocodiles, et il est fort difficile de retisser les liens rompus de ce côté du Channel. J'en sais quelque chose, puisque moi aussi je m'efforce de me situer dans ce double sillage du surréalisme et de l'art brut...

    Étrangement, cette origine surréaliste de Cardinal ne paraît pas avoir été perçue par le milieu suisse de l'art brut, puisqu'il fit partie sans difficulté du comité consultatif de la Collection de l'Art brut à Lausanne (comme Laurent Danchin, pourtant pas très orthodoxe en matière de doxa brute...). Pourtant, on s'est longtemps méfié des surréalistes du côté de la Collection (du moins peut-être jusqu'à l'après-Michel Thévoz¹ ; car, avec Lucienne Peiry, directrice de la collection de 2002 à 2012, la méfiance se tempéra et s'atténua me semble-t-il).  Probablement parce que Roger resta toujours fort civil, diplomate, élégant, avec Dubuffet lui-même d'abord (qui lui avait fait part de son accord pour le terme d'"art outsider") puis avec les conservateurs successifs de la CAB.

     Sur ce terme d'art outsider, j'ai déjà évoqué sur ce blog par le passé la traduction qu'on aurait pu lui donner : art alternatif. Roger Cardinal m'avait écrit son assentiment face à cette traduction, comme je l'ai déjà signalé. Certes, ce mot qui lui avait été imposé, comme il me l'a écrit, par son éditrice, devait servir de synonyme à "art brut". En réalité, c'est un tour de passe-passe, dans la mesure où il recouvre beaucoup d'expressions différentes, du folk art, aux artistes marginaux, en passant par l'art brut au sens strict, et les environnements spontanés. En France, il sert d'ailleurs souvent de mot lui-même alternatif à la place d'art singulier. Le Musée de la Création Franche de Bègles par exemple, qui se sert beaucoup en ce moment du terme d'art brut – à mon avis inadéquatement – serait mieux inspiré de parler d'art outsider pour ses collections.

    Concernant Roger Cardinal, il serait judicieux de rassembler et de traduire ses principaux textes pour les lecteurs français. Il en a donné quelques-uns pour des catalogues, comme le premier qu'édita l'Aracine ou ceux édités par la Halle Saint-Pierre au fil des années.

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¹ Michel Thévoz qui écrivit un jour: "André Breton fusille les spirites et leur fait les poches". Ce qui, on en conviendra peut-être, est assez odieux...

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12/11/2019 | Lien permanent

Mes récentes publications (Info-Miettes n°21 bien narcissiques car centrées sur ma pomme)

"Art populaire et art brut, quelques exemples de comparaison", Actes I du séminaire sur l'art brut 2010-2011, dirigé par Barbara Saforova, éditions ABCD, 2012

 Actes I Séminaire B Safarova001.jpg    J'ai participé à ce séminaire qui se déroule dans les locaux du Collège International de Philosophie afin de présenter quelques éléments pemettant de mettre en regard art brut et art populaire insolite. Le but était de tenter de mettre en lumière à quel point, tout au moins pour une bonne part des collections d'art brut de Dubuffet transférées à Lausanne, l'art brut recélait des œuvres dont le style et les sujets étaient visiblement proches ou dérivés, malgré des ruptures, d'œuvres faisant partie des corpus de l'art populaire des campagnes d'autrefois. Comme je l'ai dit (briévement) dans mon intervention (dont le texte est donc paru dans ses Actes I publié l'année dernière), cette couleur populaire des collections était apparente surtout dans les premières décennies de la collection (commencée comme on sait vers 1945).

      Depuis quelque temps, l'art brut tend à être redéfini dans différents travaux, notamment ceux de la directrice de ce séminaire Barbara Safarova, travaux qui insistent sur la dimension transgressive de l'art brut, détachée de tout souci de communication, quasi volcanique, se limitant à la matière pure du signe. Le rapport à la culture, à une présupposée absence de culture (même seulement artistique), est moins abordé désormais. L'aspect sociologique est beaucoup moins présent (l'aspect de démocratie directe dans l'art n'intéresse pas les commentateurs actuels, peu politiques). On se concentre désormais davantage sur le côté anthropologique (comme le fait par exemple dans ces Actes une Céline Delavaux) ou esthétique des productions de l'art brut (voire poétique, comme le fait l'assez délirant Manuel Anceau, toujours un peu à la limite de la voyance).

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Une page d'illustrations de "Art populaire et art brut, quelques éléments de comparaison", intervention de Bruno Montpied, p.77 (de haut en bas et de gauche à droite, Thuilant, Forestier, un anonyme au De Gaulle membré -voir sur ce blog-, Müller et Leclercq)

      Au sommaire de ces Actes I, on retrouve outre mon texte, illustré d'oeuvres comme les autres contributions (le tout édité avec le goût extrême que l'on reconnaît à chaque publication de l'Association ABCD, et je vous prie de croire que je ne leur fais pas de la léche), des interventions de Philippe Dagen sur Marcel Réja, de Céline Delavaux sur une réaffirmation qu'il ne faut pas limiter l'art brut à l'art des fous, de Baptiste Brun qui revient sur la notion d'homme du commun mise en avant par Dubuffet au début de ses recherches d'après-guerre, de Lise Maurer sur Laure Pigeon, de Béatrice Steiner (avec des illustrations montrant d'intéressantes oeuvres – je ne parle pas ici de celles de Serge Sauphar, assez mièvres, mais plutôt de celles d'un Adrien Martias – venues des archives de la section du patrimoine de la Société Française de Psycho-pathologie de l'Expression et d'Art-Thérapie)  et enfin de Manuel Anceau interrogeant "L'art brut: une contre-culture?", mais ne répondant pas vraiment à la question, préférant céder à une dérive au fil de la plume, basculant la plupart du temps en termes abscons et se révélant à d'autres moments capables de traits de lumière, comme dans l'envolée finale de son texte  où il cite une nouvelle de Philippe K. Dick dont le propos devient un beau symbole de ce que peut représenter l'art brut.

Actes I, séminaire sur l'art brut, "De quoi parle l'art brut?", dirigé par Barbara Safarova, 2010-2011, 160 p., 29€, éd.ABCD, sd, 2012. Disponible en vente à la librairie de la Halle Saint-Pierre, à la galerie ABCD, 12, rue Voltaire à Montreuil, et à la Collection de l'Art Brut à Lausanne. Voir également le site d'ABCD. A signaler en outre que la galerie de Montreuil est ouverte en ce moment pour l'exposition "Voodoo Chile" consacrée à J-B.Murray et Mary T.Smith le samedi et le dimanche de 12h à 19h jusqu'au 17 mars.

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Cinéscopie n°26, 2012: BM, "Brunius, un cinéaste surréaliste en DVD"

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     Bon, je vais pas la ramener trop encore sur Jacques Brunius, parce que j'en ai déjà abondamment parlé dans cette colonne de notes sans fin (ou presque). Le compte-rendu que j'ai publié dans la revue ci-dessus citée, en juin 2012, est une reprise de la note qui a paru ici même et qui est donc désormais aussi fixée sur papier (car les blogs durent ce que durent les fleurs, en un peu plus longtemps seulement...). A noter que cette revue destinée aux fondus de cinéma amateur, notamment Super 8, animée par un passionné fort sympathique, par ailleurs dessinateur autodidacte de grand talent (voir ci-dessous un de ses dessins), Michel Gasqui (alias Migas Chelsky), s'est aussi intéressée aux Bricoleurs de Paradis entre autres pour mes films Super 8 des années 1980 qui se retrouvent dans les bonus du DVD paru avec mon livre Eloge des Jardins Anarchiques, et dans certaines des incrustations du film.

 

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Migas Chelsky, Bidule 1

Pour obtenir Cinéscopie, voir le blog http://cinescopie.unblog.fr/

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Création Franche n°37, décembre 2012, BM: "Bernard Jugie, un petit musée à usage interne"

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     Autre découverte que j'ai faite l'été dernier, avec la maison Péridier et autres merveilles dont je devrais bientôt parler, voici un petit article, avec de belles photos en couleur, bien imprimées (j'en suis très fier, si, si) sur un créateur populaire à la retraite, Bernard Jugie.B.Jugie-dans-son-petit-musé.jpg Je l'avais repéré en passant un jour par Billom dans le Puy-de-Dôme, du moins n'avais-je entraperçu que des petits décors naïfs placés au-dessus d'une porte et d'une fenêtre en rez-de-chaussée. J'ai attendu deux ans pour faire le tour du petit musée qui se cachait à l'étage. Quelques merveilles nous y attendaient moi et les deux camarades de dérive de cet été-là. Dont certaines se retrouvent ainsi photographiées et en pleine page dans ce dernier numéro de Création Franche. C'est la révélation d'un attachant créateur populaire caché au fond de l'Auvergne.

 

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Une des pages consacrées au petit musée de Bernard Jugie, Création Franche n°37

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Bernard Jugie, un renard taillé dans de l'aggloméré, coll. et photo inédite BM, 2012

       A noter au sommaire de cette livraison d'autres contributions de Gérard Sendrey sur "Lucie M. dite de Syracuse", de Bernard Chevassu sur Christian Guillaud, de Joe Ryczko sur un "Monsieur Grosjean, constructeur d'automobiles en chambre", un projet des étudiants de l'association Campus dynamique sur une prochaine exposition du musée de la Création Franche hors les murs ("La Création Franche s'emballe! Itinérance d'une collection insoumise", du 4 au 14 février 2013 au Bâtiment 20 des Terres Neuves aux lisières de Bordeaux et de Bègles, première étape d'une exposition d'une centaine d'œuvres de la collection qui devrait partir en balade, nous dit-on, excellente initiative...), un texte de Pascale Marini sur Aloïse et Dubuffet et aussi des contributions de Paul Duchein sur Labelle et Dino Menozzi sur Enrico Benassi.

 

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On reconnaît sur cette affiche un masque de Simone Le Carré-Galimard

La revue est disponible au musée ou en écrivant au contact du site web du musée.

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Les Maçons de la Creuse, bulletin de liaison n°15, daté juin 2011 (en réalité imprimé et disponible en janvier 2013), avec deux textes de BM: "François Michaud n'était pas seul, quelques exemples d'environnements populaires créés avant le Palais Idéal du Facteur Cheval" et "La dynastie des Montégudet, inspirés de père en fils"

 

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     Dans ce bulletin, le deuxième texte sur les Montégudet, je l'avoue sans peine, est  le même que celui publié dans mon livre Eloge des Jardins Anarchiques (qui lui-même était dérivé des notes parues sur ce blog...). Il est cependant mis en page différemment et comporte des photos supplémentaires inédites du petit musée privé de René et Yvette Montégudet, descendants et continuateurs de Ludovic Montégudet l'ancien maire de la commune creusoise de Lépinas qui avait créé un espace ludique et poétique avec statues et divertissements variés autour de son étang.

    Le premier texte quant à lui, "François Michaud n'était pas seul", est par contre une amplification d'un texte précédent paru dans Création Franche n°28 en 2007 (« François Michaud et les autres, quelques exemples d’environnements populaires sculptés avant le Palais Idéal du facteur Cheval »). De nouvelles photos inédites et des paragraphes nouveaux évoquent quelques sites anciens ayant précédé les Facteur Cheval, abbé Fouré ou abbé Paysant. Par exemple les statues du sabotier Jean Molette auteur dans les monts du Lyonnais d'une œuvre naïve, taillée dans la pierre et le bois, tout à fait remarquable. Il fit des Napoléon, Ier et IIIe du nom, une immense Madone, une fontaine ornée d'un écu et de lions, des croix de chemin, le tout en plein air (certains restaurés par les architectes des Monuments Historiques, car ils sont classés à l'Inventaire). Ce bulletin me permet aussi de présenter un extraordinaire panneau sculpté du même Molette – en 1854, excusez du peu... –, parfaitement inédit jusqu'à présent, consacré à la gloire de l'Empereur Napoléon III dont ce sabotier était raide dingue (comme François Michaud le tailleur de pierre de la Creuse dont mon article le rapproche). "Le Tableau des Souverains de France" étant le titre de l'œuvre de Molette entièrement vouée à chanter les louanges impériales (Napoléon III est représenté à cheval entouré de 78 médailles chargées de figurer les rois de France que l'Empereur surclasse selon l'auteur). Ce bas-relief fut longtemps conservé dans les archives locales jusqu'à ce qu'il parte chez les brocanteurs à une date récente, et de là dans une collection privée parisienne. Ces représentations naïves et populaires de Napoléon correspondent au regain de bonapartisme que l'on put observer dans diverses campagnes auour de 1852 en France lors du retour au pouvoir d'un Bonaparte. On trouve maintes références à cette napoléonimania, qui ressemble à un culte, sous la forme de statuettes ou d'imagerie, voire de fresques.

 

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Le Napoléon Ier et le panneau sculptés par Jean Molette, et autres décors situés en plein air avant le Palais Idéal... Les Maçons de la Creuse n°15, pages de l'article de BM

 

      Dans ce bulletin, je donne un autre exemple de décor napoléonolâtre photographié (là aussi, c'est complètement inédit) dans le Puy-de-Dôme près de La Tour d'Auvergne (voir ci-dessus). D'autres décors sculptés sur des maisons rurales du Cantal, que m'avait naguère signalés Emmanuel Boussuge sont également présents dans le numéro. Par ailleurs, l'article est flanqué d'encarts dus à la rédaction du bulletin (Roland Nicoux) et de nombreuses photos qui ajoutent de précieux renseignements sur les sculptures de François Michaud à Masgot. L'édition du livre que nous avions fait à plusieurs en 1993 sur ce créateur précurseur des environnements bruts et naïfs du XXe siècle aux éditions Lucien Souny étant désormais épuisée, ces précisions et photos sur Michaud viennent redonner un peu de lumière au sujet.

 

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Raymond Arthur, arrière-petit-fils de François Michaud, sur le seuil de sa maison en 2009, ph. BM

 

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