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Rechercher : sirènes

Migas Chelsky, un dessinateur (entre autres...) inspiré

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       Migas Chelsky, alias Michel Gasqui, dont j'ai déjà parlé ici et là sur mon blog pour ses entreprises de sauvegarde du cinéma amateur, pour lequel, en compagnie de quelques amis, il a fondé une Cinémathèque du Cinéma Amateur, qui conserve films en format 8 mm, 9,5 mm et Super 8, mais aussi du matériel de projection, de visionnage, des colleuses, etc., Migas Chelsky vient montrer à Paris du 6 au 23 juillet d'autres facettes de ses talents, à savoir des peintures, des collages et des œuvres bricolées. Le vernissage est pour ce jeudi 9 juillet à partir de 18h au 105 rue de la Réunion dans le XXe ardt.

      Personnellement, je reste plus particulièrement fasciné par son inspiration graphique. J'en donne ci-dessous quelques exemples à mes yeux tout à fait frappants. Un grand dessinateur bien méconnu, et complètement autodidacte, n'est-il pas?

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Pas de titre renseigné par moi, format? Encre (?) sur papier, date?

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Pas de titre renseigné par moi, encre? Stylo?

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Machin, technique? Date? Dimensions?

Migas chelsky plainte motagnarde 2 (2).jpg

Plainte montagnarde, idem...?

Migas Chelsky, dessin 1, stylo,  2011blog atelier d'artiste.jpg

Dessin 1, stylo sur papier, 2011

Migas Chelsky, Dessin 2, stylo (2).jpg

Dessin 2, stylo sur papier, date non donnée

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Inquiétude, encre sur papier, 29,7 x 21 cm, 2012, coll. privée, Paris

Sirènes (2).jpg

Sirènes, dimensions ? Date? Technique?

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”La Pinturitas” à Paris et ”le Gazouillis des éléphants” aux Tours de Merle

      Ce sera le même week-end mais dans deux lieux bien différents... Hervé Couton présentera à la Halle Saint-Pierre ce samedi à 15h son livre consacré à la peintresse espagnole Maria Angeles Fernandez, alias "La Pinturitas",La Pinturitas, d'Hervé Couton.jpg tandis que j'irai de mon côté en Dordogne, demain, dimanche 28, à 17h, aux Tours de Merle, causer autour du film Bricoleurs de paradis des environnements populaires spontanés que j'ai recueillis au sein de mon inventaire, Le Gazouillis des éléphants, paru l'année dernière aux éditions du Sandre (deux derniers exemplaires à vendre, soit dit au passage, à la librairie de la Halle St-Pierre...). Une exposition d'une douzaine de mes photos est également prévue en ces tours, en même temps que des statues d'Antoine Paucard (voir le couple d'amis ci-contre, Paucard et son pote Cronnier, que j'ai photographié en 2011), et ce, du 20 octobre au 4 novembre.002 Autop-en-sculpteur-avec-son.jpg A signaler qu'interviendra le maire de St-Salvadour, Pierre Rivière, qui viendra parler justement du musée Antoine Paucard, du nom de ce sculpteur naïvo-brut dont les statues ont été sauvegardées par la mairie de St-Salvadour (Corrèze). Antoine Paucard fait l'objet d'une notice dans mon Gazouillis des éléphants. Ces deux interventions sont une initiative du Nuage vert, le musée mobile de la vallée de la Dordogne, animé, entre autres, par Laurent Gervereau.

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Rene Escaffre le maçon, 2014 (2).jpg

René Escaffre, la statue d'un maçon au travail (plus une sirène au loin), Roumens (Lauragais), ph. Bruno Montpied, 2014.

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Les tours de Merle

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27/10/2018 | Lien permanent

La Casa Leitao, quelques mètres cube de création pour soi, et de temps en temps pour les autres

    Grâces soient rendues à Laurent Jacquy qui a eu la gentillesse de m'emmener dans sa petite auto dériver sur les routes de la Somme. Il m'avait parlé l'air de rien d'un monsieur qui faisait "des choses" dans une sorte d'appentis ou de garage qu'il avait vu ouvert en filant sur une route non loin d'Abbeville sans pouvoir s'arrêter. Or, chaque fois qu'il repassait, comme de juste, le lieu était fermé. Le dieu des sites d'art brut me secondant généralement avec constance depuis pas mal de temps, il fallait me charger dans la petite auto!

 

José Leitao devant la casa Leitao, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao, citoyen d'origine portugaise, sur le seuil de son atelier avec un Toutankhamon sur le feu, la "Casa Leitao", ph. Bruno Montpied

 

     Cela n'a pas loupé, le monsieur avait ouvert sa boutique (mot pas du tout idoine comme on le verra), comme exprès pour nous ce jour-là. On aurait dit qu'il nous attendait, sculptant un Toutankhamon sans trop d'application.

 

José Leitao,angle de l'atelier, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao, les premières statues, ph Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao, première photo ci-dessus, un angle de l'atelier-garage avec ses dizaines d'effigies sculptées entassées et couvertes de poussière ; deuxième photo ci-dessus, prés du cadre doré, les premières sculptures des femmes imaginaires, dont une joueuse de boules nue, sorte de Fanny?, ph BM

 

     Sacrée caverne d'Ali Baba que nous découvrîmes là! Dans un cube sombre, où une chatte ne retrouverait pas ses petits, José Leitao entasse au garde à vous ou en rangs d'oignon des dizaines et des dizaines de statues venues d'on ne sait trop quelle inspiration, mixant probablement plusieurs références - madones chrétiennes polonaises (un souvenir du sanctuaire de Jasna Gora à Czestochowa)?Madone du sanctuaire de Jasna Gora.jpg José Leitao, statuettes de madones chrétiennes dans un angle de l'atelier comme dans une grotte, ph. Bruno Montpied, 2011.jpgRéminiscences d'idoles hindoues? Statues africaines? Pièces de jeu d'échec géantes? Hermaphrodytes? Symboles islamiques (et pré-islamiques)? Têtes pharaoniques? - au sein d'un syncrétisme abandonné à la poussière et aux toiles d'araignée, il était difficile de se faire une religion.José Leitao, deux pièces comme des pions géants de jeu d'échec, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg Ayant découvert le talent de ciseler à peu près tout ce qui lui passe par la tête (souvent des femmes, et des mains de Fatima, parfois saignantes, et des symboles) au moment de sa retraite, après une vie passée comme travailleur dans une usine textile de la région - à présent abandonnée - José Leitao a eu l'air de nous dire que cette révélation lui avait paru trop tardive pour pouvoir l'autoriser à s'en faire un nouveau métier.José Leitao,plusieurs exemplaires variés de mains de Fatima, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg Si bien qu'il sculpte sans cesse pour lui-même avant tout, refusant opiniâtrement de vendre ces effigies qui lui donnent tant de plaisir à l'entourer ainsi, enserrant et cernant chaque jour un peu plus son modeste établi.

 

José Leitao au milieu de ses nombreuses khomsa (mains de Fatima), ph. Bruno Montpied.jpg

José Leitao vous salue bien, ph. BM

 

     On n'est pas dans une boutique donc. L'atelier bâille sur la route, l'ancien ouvrier sculpte au vu et au su de tous, populaire dans la région, où de nombreux articles de la presse régionale lui ont déjà été consacrés, parfois plus centrés sur les trois oies qui le suivent comme des toutous (alors que pour tout autre que lui elles n'ont que pincements cruels à distribuer) que sur ses étonnantes œuvres hésitant entre art naïf et art brut. Ce dernier pourrait en effet s'appliquer ici en raison du syncrétisme et des croisements de réminiscences culturelles mixées de façon originale. Certaines compositions, où Leitao a assemblé des objets sans rapports évidents (un cheval cabré et une main de Fatima par exemple ; une main de Fatima soudée à un front ; des empilements de têtes, des figures sans signification précise), relèvent d'une inventivité que l'on peut associer à l'art brut. Et puis il y a cette création très égocentrée, ce paradoxal désir de se montrer et de refuser dans le même mouvement de se séparer de ses œuvres (quoique ce refus ne soit pas si hermétique, son épouse nous confiera que le créateur fait parfois des dons). La poussière saupoudre d'ailleurs nombre des statues de son talc blanc, patine propre aux œuvres que l'on garde pour soi...

 

José Leitao,nombreuses  statues abandonnées à la poussière, ph. Bruno Montpied, 2011.jpg

Surpopulation au pays des effigies... Et puis, tiens?, que fait ce dinosaure ici...? Ph. BM

 

    Et puis, comme un clin d'oeil à mes propres inclinations, j'ai retrouvé ici des sirènes multiples.

 

José Leitao,sirène au buste voilé rose, ph.Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao,sirène, ph.Bruno Montpied, 2011.jpg

José Leitao, sirènes, ph.BM

 

      

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23/04/2011 | Lien permanent

Naïve aventure

NAÏVE DEVANTURE

 

               Quand on quitte la station de métro Maraîchers par la sortie donnant sur la rue des Pyrénées, on rencontre aussitôt une ruelle transversale dénommée rue du Volga. Son nom masculinisé de façon insolite, son étroitesse, qui contraste avec l'idée d'immensité qu'on se fait d'un tel fleuve, et surtout le pont du chemin de fer de ceinture qui arrondit sa voûte au-dessus d'elle une centaine de mètres plus loin, agissent comme autant d'irrésistibles appâts qui aimantent les pas du promeneur et l'incitent à s'y engager.

Une des plaques de la rue du Volga, Paris,20e ardt, ph. Bruno Montpied.jpg

               Il longe alors sur le trottoir - ou, devrais-je dire, la rive gauche - quelques ateliers transformés en isbas, dont les jolies façades de bois le font rager d'autant plus fort contre les promoteurs coupables d'avoir bâti juste en face une de ces casemates de béton bouygo-stalinien qui défigurent, tel un lupus hideux, le visage des villes. Mais alors que le promeneur croyait son chemin tout tracé jusqu'à la voûte du chemin de fer, il est arrêté par le débouché de la rue des Grands-Champs qui, à la manière d'un indolent affluent, se jette dans le Volga par la rive droite; et là, comme l'âne de Buridan, notre homme hésite sur le parti à prendre.Rue du Volga et débouché de la rue des Grands Champs, Paris, 2Oe ardt, ph. Bruno Montpied, 2009.jpg Les grands champs évoquent en lui tout à la fois la clé des champs et les grandes largeurs, deux pôles inscrits depuis longtemps sur le cryptogramme de sa sensibilité. Mais la voûte l'attire, comme tout ce qui lui rappelle les arcades, ces reconstructions urbaines de la caverne primitive où prend son élan la poussée utopique de l'humanité. Or justement, en ce soir de mai, ce n'est pas d'un abri qu'il a besoin, ni de la nostalgie des origines, mais de la liberté des grands champs, ce qui le décide finalement à s'y vouer. Par un détail qui ne manque pas d'avoir infléchi ce choix, la rue ne présente pas de perspective au regard, mais amorce un virage à quelques encablures; et nul n'ignore que le flâneur est toujours avide de découvrir ce qu'il y a après le virage.

107 rue des Grands Champs, salon de Coiffure Chez virginie, ph. Bruno Montpied, août 2009.jpg
Salon de coiffure au 107,rue des Grands champs, "Chez Virginie", ph. Bruno Montpied, août 2009

               Et de fait, le flâneur, qui n'éprouvait qu'un vague espoir de trouvaille, n'a pas été déçu dans son attente sans objet : au rez-de-chaussée du numéro 107 de la rue des Grands-Champs, juste après le virage, s'ouvre la vitrine d'un salon de coiffure, ornée sur les murs qui en constituent la devanture de fresques murales représentant une énorme paire de ciseaux, une sirène alanguie (1) et d'autres figures naïvement peinturlurées. Au-dessus de la porte une plaque de pierre où s'inscrit l'expression latine TEMPUS FUGIT nous rappelle notre condition de mortel,Salon de Coiffure Chez Virginie, le Tempus fugit et la paire de ciseaux, ph.Bruno Montpied, 2009.jpg reliant sans doute, dans l'esprit de la tenancière des lieux, une nommée Virginie, s'il en faut croire l'enseigne, le thème de la fuite du temps à celui de la chute irrésistible des cheveux, l'universelle et inexorable calvitie que seuls des soins appropriés prodigués par une main experte, et l'on espère très caressante, sont capables de retarder.

 Joël Gayraud

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(1). Note du Poignard Subtil:  à l'époque où fut faite la photo du salon de coiffure en question, à savoir seulement quelques semaines après que ce texte ait été rédigé, la "sirène" s'était visiblement transformée en clown... Ou faut-il croire à quelque hallucination de la part de l'auteur de ce texte? D'autre part, à nos yeux, il ne s'agit pas là d'un décor proprement "naïf" mais plutôt d'un exemple de ce que le peintre Di Rosa appelle de l'Art modeste, à mi-chemin entre la décoration des camions et les fresques de graffeurs.

 

Enseigne du Salon de Coiffure chez Virginie avec une grenouille, ph.Bruno Montpied, 2009.jpg
Enseigne de la boutique de Chez Virginie avec une curieuse grenouille brandissant des ciseaux... Photo B. M., 2009

 

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Le Limousin, son François Michaud, et (plus éphémère dans la région) son Bruno Montpied...

      Si vous captez France 3 Limousin, je vous signale que vendredi 26 juin prochain, en soirée, à partir de 23h10, dans la série "Enquêtes de régions", sera diffusé un sujet d'une douzaine de minutes (paraît-il, car on s'attend à tout avec la télévision) sur le sculpteur naïvo-brut, populaire, François Michaud du hameau de Masgot dans la Creuse. "François Michaud... De l'oubli à la consécration", ça doit s'appeler. Pour capter France 3 Limousin, il faut avoir soit Canalsat (canal 364), soit France Sat (canal 309), soit TNT Sat (canal 315), soit Numéricable le Box (canal 924), soit BouyguesBBox (canal 384), soit Orange ou SFR ou Free (canal 315). C'est merveilleux et simple la télé désormais, n'est-ce pas? Un vrai maquis, qui a des inconvénients, mais aussi des avantages : on peut s'y perdre, et comme par les chemins buissonniers, on peut tout de même y faire des trouvailles. Je vous souhaite que ce soit le cas vendredi soir. Sans compter qu'à un détour de l'émission, vous pourrez peut-être même me rencontrer en train de causer de l'ami Michaud, le "faiseur de marmots"...

 

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Ancienne disposition (que personnellement je regrette) des statues de François Michaud sur le mur de son potager face à la première maison, aujourd'hui transformée en "petit musée", avec le "berger et son chien tenant un serpent entre ses pattes", les aigles napoléoniennes, une sirène au fond... Ph Bruno Montpied, 1991

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François Michaud, la sirène, ph. BM, 1991

 

     J'aime cette région du Limousin. On y est fier, on y est combatif, on ne s'en laisse pas compter, à la différence des habitants d'autres régions. Le 10 juillet – c'est un autre vendredi – aura lieu le vernissage d'une exposition de quarante de mes dessins et peintures à la Maison du Tailleu, structure créée par l'artiste Jean Estaque (dont j'ai eu maintes fois l'occasion de parler sur ce blog) pour présenter le travail d'amis artistes qui l'intrigue. Cette fois, à côté de mes dessins seront aussi montrés des éléments d'art populaire ou brut qui viennent de la collection personnelle de Jean Estaque, il y aura ainsi quelques Pépé Vignes... Et des cibles foraines, des figurines dues à des anonymes, des surprises, autant de pièces naïves que j'aime moi aussi, et qui devraient donner, je l'espère, une confrontation fructueuse avec mon univers graphique.

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B.Montpied, Un nuage d'images le suivait, encres, mine de plomb et marqueurs sur papier, 29,7x21 cm, 2009 (exposé à la Maison du Tailleu)

 

     Voici le texte de présentation de l'exposition, rédigé par Jean Estaque:

"Jean Estaque invite Bruno Montpied à La Maison du Tailleu du 10 juillet au 30 août 2015

Bruno Montpied n’est pas qu’un historien de l’art spécialiste des artistes hors-normes. Outre son travail personnel, je ne peux m’empêcher pour le présenter, de parler de son amour pour les créateurs creusois : François Michaud et Ludovic Montégudet dont il a, avant tout le monde, reconnu l’intérêt artistique. Dans son livre Éloge des jardins Anarchiques, deux chapitres leur sont consacrés. Il est aussi un créateur dont les œuvres peintes et dessinées s’imposent à nous avec une forte personnalité comme je vous invite à le découvrir.

Bruno sera présent le vendredi 10 juillet dès 15h. Vous pourrez le rencontrer et partager avec lui le verre de l’amitié.

 

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B.Montpied, Un pistolero chez les créatures, encres, mine de plomb, crayons, marqueurs divers sur carton gris piqueté, 40x30 cm, 2014 (exposé à la Maison du Tailleu)

 

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Jean et Michelle Estaque seront heureux de vous recevoir pendant la durée de cette exposition : tous les week-ends et jours fériés de 15h à 19h et sur rendez-vous au 05 55 80 00 59.

(Si vous désirez être informés des activités programmées, envoyez vos coordonnées postales ou électroniques à La Maison du Tailleu — 2009 place de l’église 23 000 Savennes Tel : 05 55 80 00 59 contact@lamaisondutailleu.fr www.lamaisondutailleu.fr)"

 

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Auteur anonyme, sculpture dans du bois fruitier, coll. Jean Estaque

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Figures de jeu de massacre, art forain, coll. J.Estaque

 

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22/06/2015 | Lien permanent

Des morts, toujours des morts...

       Mort récemment, Jean-Marie Massou  (1950-2020) à Marminiac, sans que je sache comment, si, par exemple, comme Molière, il a fini en scène, c'est-à-dire, en ce qui le concerne, en chantant ses cantiques personnels au fond de la terre (voir vidéo ci-dessous) creusée amoureusement toute sa vie, au départ, avec le prétexte d'une recherche de civilisation préhistorique. (En fait, si, on peut savoir comment il est mort: affaissé au pied de son lit, découvert par son ami – et protecteur - l'ancien maire de Marminiac, André Bargues). Voici, parmi d'autres souvenirs de M. Bargues évoqués sur le blog d'un certain Lenous, qui a utilisé sans vergogne un de mes photogrammes sans citer sa source, bonjour le sans gêne ; c'est la photo qui sert pour illustrer la vidéo ci-dessous justement), ces propos prêtés à Massou: "Il est grand temps d’arrêter de procréer, mieux vaut adopter. L’apocalypse est bientôt là. Nous sommes plusieurs milliards sur cette terre. Les enfants, c’est fini. Ils n’ont plus d’avenir. Plus de travail. L’ozone décortiqué, le soleil blanc qui commence, plus aucun avenir à attendre. Si vous voulez faire l’amour, embrassez-vous dans une glace ou alors prenez la photo d’une copine."

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Jean-Marie Massou est parti explorer le royaume des ombres, photogramme du film d'Antoine Boutet, Le Plein Pays.

Jean-Marie Massou, photogramme Bruno Montpied, extrait du film Super 8 que je lui ai consacré en 1987 ; dans le document sonore, il chante un des "cantiques" de son invention.

 

      Mort encore, tout récemment, José Leitao (1938-2020) que j'avais évoqué dans mon Gazouillis des éléphants, après l'avoir rencontré à Ailly-sur-Somme, grâce à l'ami Laurent Jacquy. Que vont devenir ses sirènes, ses mains de Fatma, ses pions de jeux d'échec? D'ores et déjà, comme Laurent me l'a signalé, on pourra disposer un jour, au moins, de l'ensemble de ses oeuvres photographiées par Jacquy (si ce dernier songe à les léguer à quelque documentation de musée), à défaut de la sauvegarde de son œuvre, qu'il ne vendait pas.

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José Leitao (à droite) expliquant en 2011 sa technique à Laurent Jacquy, ph. Bruno Montpied.

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José Leitao, une de ses nombreuses sirènes, ph. Laurent Jacqy.

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José Leitao, Tu vois ça Oh non, sculpture en bois peint, ph.B.M., 2011 ; Un poing fermé, symbole du combat communiste...

 

       Et enfin, troisième évocation, celle de Yann Paris (1964-2020), pas très connu non plus, mort trop jeune (54 ans...), en laissant derrière lui, me prévient Laurent Jacquy, qui était son grand ami, près de 300 sculptures empreintes d'un esprit enfantin perpétué à l'âge adulte, traitant avec une naïveté assumée aussi bien des artistes, des musiciens (de rock ou de blues), des écrivains connus (Breton...) que des figures admirées des bandes dessinées de sa jeunesse.

jean-marie massou,josé laitao,laurent jacquy

Yann Paris, André Breton entouré de ses poupées hopi "Kachina"

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Yann Paris, Bodan (sic) Litnianski, 1913-2005, le chef surmonté de figurines d'Indiens et de billes, quelques éléments emblématiques de son jardin Viry-Noureuil dans l'Aisne. Ph.B.M., 2011.

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Yann Paris, Le professeur Tournesol, ph. .M., 2011.

jean-marie massou,josé laitao,laurent jacquy

Yann Paris, Captain Beefheart. Ph. B.M., 2011.

jean-marie massou,josé laitao,laurent jacquy

Yann Paris, des héros de Marvel.

 

 

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Dessiner avec des boucles, le Béninois Victor Amoussou, nouvelle découverte de la Galerie Dettinger

      L'infatigable Alain Dettinger ne s'arrête jamais de butiner du côté des puces de la région lyonnaise, ou de l'Afrique, en particulier dans ce cas au Bénin, à la recherche de nouveaux inspirés. Il vient ainsi de dégoter dans la brousse un dessinateur-sculpteur, fort séduisant par ses graphismes, et également, adepte du fer martelé ou repoussé, puisqu'il fait surgir au fond de vieilles casseroles des visages boursouflés fort expressionnistes. Personnellement, je suis plus fasciné par ses dessins, dont j'ai eu la chance d'acquérir déjà deux exemplaires.

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Victor Amoussou, sans titre, stylo sur papier, 30 x 28 cm, 2022 ; photo et collection Bruno Montpied.

 

      Victor Amoussou a eu l'occasion de faire un petit séjour en Europe dans une période de sa vie antérieure, lorsqu'il s'est marié avec une Finlandaise. Mais la Finlande, tout là-haut au nord, du côté du cercle polaire, gla-gla pour notre enfant des savanes! Ca ne pouvait bien durer longtemps, il est prestement revenu au pays où il a trouvé femme et fondé une famille avec quatre enfants.

 

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Alain Dettinger avec Victor Amoussou, la femme de ce dernier et leurs quatre enfants, ph archives Alain Dettinger, 2022.

victor amoussou, galerie dettinger-mayer, alain dettinger, art brut béninois

Victor Amoussou, exemple de visage obtenu sur l'envers d'une casserole par métal repoussé, 2022 ; archives Galerie Dettinger-Mayer.

 

       Ses sujets d'inspiration dans ses dessins sont étranges, des animaux mixés avec des figurations anthropomorphes, les corps étant noueux, sinueux comme des racines ou des branches. Certains se voient pourvus de jambes humaines, parfois comme revêtues de queues de sirènes faites d'algues. Des bras peuvent se changer en serpents, souvent une tête achevée par un bec peut également surgir, soudé à une sorte de tête féline...

     Le trait m'intrigue, il paraît tracé en faisant des boucles, ce qui donne des contours embrouillés comme ceux de buissons, et un aspect parfois broussailleux aux robes de ses personnages mi animaux, mi autres êtres. Il  y a une grâce poétique dans ces graphismes venus de la brousse béninoise.

 

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Victor Amoussou, sans titre, stylo sur papier, 2022 ; ph. et coll. B.M.

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”Le Gazouillis des éléphants”, avec ses 305 inspirés des bords de route, reparaît ce jour!

      On a envie de prendre un grand portevoix pour clamer: Oyez! Oyez! Le Gazouillis des éléphants, vous l'aviez demandé, eh bien, le voici enfin qui reparaît, sous une livrée d'une autre couleur, histoire de marquer le passage du temps. C'est une réédition, il fallait l'indiquer par cette nouvelle couverture de teinte aubergine, et aussi en accomplissant une mise à jour de quelques informations, ce qui justifie qu'il soit marqué justement "édition revue et mise à jour". Il n'y a pas – je m'empresse de le préciser, car la question va m'être posée – de sites supplémentaires par rapport à la 1ère édition qui datait de 2017. Cela sera peut-être pour plus tard, "Le Gazouillis des éléphants, le supplément". Non, ici, on a des dates, des états actualisés de certains sites (dans la mesure où j'en fus informé, notamment par divers correspondants), un nom rétabli (Antoine Rabany, le sculpteur de certains Barbus Müller), des coquilles (rares) corrigées, la bibliographie légèrement augmentée, des choses comme ça...

 

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Le communiqué de presse...

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     Le livre est relié plus solidement, la couverture n'est plus feutrée, mais plus lisse (et peut-être un chouïa plus rigide), je dirais, mais les caractères dorés des titres et sous-titres ressortent avec plus de contraste sur ce fond violet. L'éditeur est Hoëbeke, qui appartient au groupe Gallimard, et les éditions du Sandre co-éditent. La maquette, la mise en pages n'ont pas changé. Je pense, je le souhaite, que cette nouvelle mouture sera encore plus diffusée que la première édition. De ce fait, tous ceux qui le recherchaient ne devraient pas avoir de mal, désormais, à en trouver un exemplaire...

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Roger Mercier (1926-2018), Poséidon et les sirènes, "Le Château de Bresse et Castille", à Damerey (Bourgogne) ; ce site serait visitable après demande en mairie... information de 2020 (exemple de mise à jour informative dans cette nouvelle édition, dans un domaine qui évolue perpétuellement) ; photo Bruno Montpied, 2013.

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René Jenthon, le Disneyland de l'Etang Bazin, aussitôt apparu aussitôt disparu

     Agnès Barbier et Régis Gayraud m'ont alerté un jour sur l'existence d'un environnement insolite qui se trouvait aux abords de la bonne ville de Saint-Pourçain-Sur-Sioule dans l'Allier, ville connue pour ses vins de table, sa moutarde de Charroux ainsi que ses délectables andouillettes... Mais pas trop pour ses monuments d'art excentrique, jusque là plutôt proches du néant.

 

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René Jenthon, son site décoré, vue générale ; ph.B.Montpied, 2002

      Or, il y a quelques années encore, s'étendait en bordure de la principale route qui passe dans cette commune, une installation de silhouettes en métal peint que son auteur avait intitulé "Le Disneyland de l'Etang Bazin", et qui eut malheureusement une vie éphémère.

Jardn de Roger Jeanton,vache,dinosaure, etc, ph.B.Montpied, 2002.jpg
Jardin de René Jenthon, les dinosaures, la roue, la vache, la paillotte... Ph.B.M., 2002

 

     C'est Agnès qui l'avait remarqué du coin de l'oeil, passant souvent le long de cette route. Elle et Régis savaient mon intérêt pour ce genre de création, et je descendis dès que je pus pour voir la chose. Nous ne rencontrâmes, l'unique fois où je pus photographier le site (en 2002), pas la moindre âme qui vive dans la propriété. Cette dernière paraissait désertée.

Jardin de Roger Jeanton,Lucky-Luke,etc, ph.Bruno Montpied, 2002-.jpg
Jardin de René Jenthon, Lucky Luke et autres personnages, ph.B.M., 2002

       Deux initiales, "JR", se lisaient sur le portail du jardin (sûrement une malice en référence au personnage populaire d'une série télévisée américaine). Un autre panneau placé au milieu des diverses effigies colorées qui animaient le talus à l'intérieur du terrain, destinées à attirer le regard des automobilistes, un autre panneau donnait le titre de l'installation, "Le Disneyland de l'Etang Bazin". L'Etang Bazin devait être le nom du lieu dit... (Ici, je sens que mon fidèle lecteur Régis va se sentir obligé de corriger mes inévitables approximations... Mais que n'a-t-il écrit lui-même sur ce site remarquable?). Sur une niche, se lisait aussi "9.95.Lila", peut-être la date de naissance de l'habitant de cette niche? Sur le pourtour d'une porte de grange, où la rumeur aurait localisé d'autres oeuvres restant cachées, d'autres mots étaient tracés: "Caves de l'ancien relais -1780", semblant indiquer qu'on y cachait surtout, peut-être, d'autres nourritures, plus spiritueuses que spirituelles... Un poisson en bois peint, placé de l'autre côté de la route, désignait aussi "L'Etang Bazin", peut-être en référence à quelque lieu poissonneux recherché des amateurs de pêche. Une croix, érigée un peu à l'écart de la propriété, proclamait qu'elle était vouée "A ma maman"... Un chaudron avait été recyclé en jardinière où poussaient des fleurs et pour qu'on n'oublie pas son ancienne fonction avait été affublé des mots "Le vieux chaudron", naïvement redondants.

 
Jardin de Roger Jeanton,Mickey,Babar,et autres personnages, ph.B.Montpied,2002.jpg
Jardin de René Jenthon, Mickey, Babar, et autres dinosaures, Saint-Pourçain-sur-Sioule, ph.B.M., 2002

      Disneyland donc, nous promettait-on... Et pourtant, les attractions étaient plutôt réduites en ces lieux. Il y avait bien un Mickey, une sorte de Donald, un Lucky Luke (pas très Disney celui-ci) parmi les personnages aux expressions légèrement distordues, deux ou trois dinosaures, une girafe, des individus difficiles à identifier (un dont le vêtement était marqué des lettres "KG") Jardin de Roger Jeanton,silhouette en métal peint, ph.B.Montpied, 2002.jpg dont un, multiplié par deux, comme un clonage, ressemblait à une sorte de jockey ou à un policier nain, un masque de "Loup-garou", un Babar (pas souvent reproduit dans les environnements populaires ce dernier), une sirène joyeusement peinturlurée comme ses congénères mais enfouie dans l'herbe, d'où je l'extirpais généreusement pour lui redonner vie le temps d'une photo (voir ma note du 9 novembre 2008 sur les "Mami Wata", ou bien ci-contre...),Roger Jeanton,Sirène, ph.B.Montpied, 2002.jpg un indigène africain accueillant les visiteurs dans une case au toit couvert de paille, des animaux, telles des oies et des cigognes, une vache au flanc constellé des étoiles du drapeau européen, semblait-il, vache que tétait son veau, des moulins, une guérite, divers exemplaires de roches, maquettes, roues de charette... Mais tout cela semblant davantage destiné à égayer le bord de la route, jugée sans doute un peu trop monotone, qu'à proposer une véritable attraction. En réalité, il est probable que l'auteur de ce jardin aux personnages fantaisistes tendait à une sorte de parodie, se moquant gentiment des grands parcs de loisirs médiatiquement consacrés pour proposer le sien, infiniment moins prétentieux.

Jardin de Roger Jeanton,guérite avec portrait, ph.B.Montpied, 2002.jpg
La guérite sur la gauche de la photo abritait un portrait photographique, peut-être de l'auteur de cet environnement ; on notera aussi dans l'herbe à droite la sirène sur le point de disparaître sous la végétation... ; Ph.B.M., 2002

       Hélas, cette joyeuseté fut jugée à peu de temps de là hors de saison. Le créateur avait dû disparaître, un nouveau propriétaire avait acquis la maison et le jardin, on résolut de faire table rase de la gaîté... Régis et Agnès qu'une obscure prémonition avait sans doute réveillés en pleine nuit s'étaient justement mis en route pour savoir ce que devenait le lieu. Ils arrivèrent trop tard. Les silhouettes de métal avaient été fourguées à un récupérateur de ferraille. Ils partirent à sa poursuite! Et quand ils atteignirent son lieu de travail, le "forfait" était accompli... Tout avait été compressé, refondu en métal brut... Du brut en brut en somme. Aucune chance n'avait été donnée au Disneyland de l'Etang Bazin, aucun  Olivier Thiébaut (archéologue de l'art brut des bords de routes comme on sait) ne pourrait venir désormais l'exhumer puisqu'on était allé jusqu'à faire disparaître le corps de la victime ce coup-ci...

Roger Jeanton,Mickey, ph.B.Montpied, 2002.jpg
René Jenthon, son Mickey... ph.B.M., 2002

     Seules subsistent à ma connaissance quatre pièces dues à la fantaisie de "J.R." (ses initiales, selon Régis et Agnès, paraissent correspondre à monsieur René Jenthon), la sirène ( reproduite ci-dessus), une Statue de la Liberté, un renard à la gueule ensanglantée (il vient de dévorer une poule) et un crocodile, œuvres (oui... ŒUVRES) sauvées de l'anéantissement par des amateurs qui les ont extirpées in extremis du jardin abandonné, les sauvant ainsi de la destruction finale, récupération qu'il faut bien se représenter comme une solution de la dernière chance, certes assez peu orthodoxe, menée en rébellion face au vandalisme des bien-pensants et des inertes.

Portrait présumé de Roger Jeanton... détail de photo de B.Montpied, 2002..jpg
Adieu "JR"...

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Un petit tour du côté du MASC aux Sables d'Olonne

     De passage aux Sables d'Olonne, passage fugace, durant lequel j'ai été quelque peu effrayé de voir que l'on y construisait décidément trop (dans l'espoir probable d'exploiter au maximum les flux de touristes amateurs de grillade au soleil, et dans le choix de tourner la page sur l'ancienne activité portuaire, autrement plus authentique et poétique pourtant), je suis retourné voir le charmant musée de l'Abbaye Sainte-Croix, connu pour sa collection et sa documentation remarquables sur Gaston Chaissac et autres Brauner et traditions populaires. Tous les Chaissac du musée avaient été prêtés en Allemagne (au musée Richard-Haizmann à Niebüll)  qui elle, de son côté, avait prêté une centaine d'"images non peintes" d'Emil Nolde, le grand peintre expressionniste dont nous aurons bientôt à Paris cet automne une rétrospective au Grand Palais (à partir du 23 septembre ; l'expo Nolde aux Sables, c'est jusqu'au 7 septembre). Pour consoler les chaissaquiens en villégiature cet été aux Sables, on avait rameuté tout de même de l'ami Gaston quelques dessins sur kraft et autres supports, quelques peintures, tous venus de collections privées, oeuvres apparemment inédites, et de très belle qualité.

Emil Nolde, aquarelle (N° inv.Ung.1205) de la fondation Nolde à Seebüll, expo MASC des Sables d'Olonne, été 2008 .jpg
Emil Nolde, Paysage de promenade sous un ciel du soir, aquarelle, env. 17x23 cm, Fondation Nolde de Seebüll, expo du MASC aux Sables d'Olonne, été 2008

      Les "images non peintes" de Nolde, ce sont des petites aquarelles qu'il a confectionnées au secret de son atelier durant la Seconde Guerre, après que les Nazis lui eurent intimé l'ordre de cesser de peindre, et lui eurent détruit ou vendu à l'étranger un millier d'oeuvres conservées dans les musées allemands, les utilisant au passage comme exemples d'"art dégénéré", au côté des oeuvres de Freundlich ou des créations de malades mentaux de la collection de la clinique psychiatrique d'Heidelberg, autrefois dirigée par Hans Prinzhorn. Pauvre Nolde, qui en outre avait eu l'aveuglement de s'inscrire au parti national-socialiste (du Nord, dans la région frontalière avec le Danemark) en 1934... Et qui fut donc sévèrement douché en retour! Quelle lettre abominable il reçut de ceux en qui il avait cru pouvoir placer sa confiance... Traduite dans l'exposition, elle ne l'est pas dans le catalogue malheureusement. Pourtant instructive par son côté terrible. Imaginez-vous, on vient vous rayer de la carte des artistes admis, on vous signifie la destruction, ou la vente à l'étranger (moindre mal), d'un millier de vos oeuvres, et on vous signifie l'interdiction de peindre, on viendra vous contrôler à domicile.

Emil Nolde,Deux personnages, aquarelle, N°inv.Ung.493, Fondation Nolde de Seebüll, expo du MASC des Sables d'Olonne, été 2008.jpg
Emil Nolde, Deux personnages, aquarelle, env 25x18 cm, fondation Nolde de Seebüll, expo au MASC des Sables d'Olonne, été 2008

       Emil Nolde se cacha alors au coeur de sa maison, et réalisa en miniature des projets de tableaux plus grands. L'aquarelle se prêta à cette insoumission intime. Etonnant de constater à quel point malgré leur petite taille, ces paysages et ces portraits respirent et restituent la poésie de lieux possibles, d'une réalité saturée de chaleur de vivre. L'exposition est rare, restitue la fragilité de cet effort de ne pas mourir artistiquement, l'aquarelle elle-même étant à la lisière de l'évaporation, de l'évanouissement, tel un mirage. Les voyant, j'ai pensé à un autre créateur de ces temps où créer de façon moderne avait pris un tour plus que vacillant, Roger Bissière, qui avec une toute autre technique, l'assemblage de tissus, la broderie, lui aussi créa des oeuvres d'une forte originalité, celle qui porte la marque de l'instinct de survie, et s'approche de l'art le plus authentiquement inspiré.

      J'ai continué ma balade dans le musée, à la rencontre des quelques oeuvres de la collection permanente que l'on pouvait voir cet été, je me souviens de tableaux à l'originalité certaine... Mais j'ai préféré poursuivre vers le département des arts et traditions populaires qui se cache sous les toits, pressé que j'étais de revoir Jean-Jean (peintre naïf rugueux, né à Matha en Charente en 1877 et décédé à La Roche-sur-Yon en 1948, à 71 ans, en prison, selon Jalovsky pour faits de proxénétisme après une vie de matelot de misère), Jean-Jean aux trop rares tableaux conservés dans les musées (j'ai servi un jour de trait d'union pour assurer le don d'un Jean-Jean de Yankel, l'extraordinaire collectionneur de peinture naïve, à la Collection Humbert du musée de Laduz, où on peut le voir). Un tableau était toujours accroché, non loin, surprise, de trois tableaux peu connus d'Hippolyte Massé (le conservateur du musée, M.Benoît Decron, ne désespère pas de réaliser un jour au musée quelque publication autour de Massé). Je voulais revoir la porte de bronze ciselé que Massé avait gardée de sa première petite maison de La Chaume, où il se reposait de son métier de passeur sur le chenal du port. Elle n'était plus visible. Momentanément certainement. La voici, telle que je la photographiai en 1996:

Hippolyte Massé,la porte en bronze de son ancienne maison à La Chaume, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied, 1996 .jpg
Hippolyte Massé, porte en bronze ciselé provenant de l'ancienne maison dite à la Sirène de La Chaume aux Sables d'Olonne, ph.B.M. 1996, coll. du MASC des Sables d'Olonne

       J'ai eu l'occasion de publier des informations sur Massé dans le passé (cf.  L'Art Immédiat n°2, 1995, le texte de B.Montpied, "Laissez passer Massé le passeur" et le texte de Frédéric Orbestier, "La maison d'Alice"). Il fut grâce à sa sirène en mosaïque de coquillages l'un des inspirés (pas encore nommés "des bords des routes") célèbré par les magnifiques photographies de Gilles Ehrmann dans Les inspirés et leurs demeures (éd. du Temps, 1962). Il avait sculpté la fameuse sirène sur une première maison de la Chaume,Hippolyte Massé, la maison telle qu'elle était en 1996 à La Chaume, ph.B.Montpied, 1996.jpg et fit par la suite un deuxième décor sur une maison rue du Marais (cf reproduction dans L'Art Immédiat, pour la première fois à ma connaissance), décor qui comme le premier fut ensuite par Massé lui-même semble-t-il effacé (cf le texte d'Orbestier ci-dessus cité), pour ne pas envenimer les relations avec les vandales qui s'amusaient à abîmer l'oeuvre donnant sur la rue.Hippolyte Massé,la maison à la sirène, ph. Gilles Ehrmann in Les Inspirés et leurs demeures, 1962.jpg Massé était donc aussi peintre, j'ai signalé dans L'Art Immédiat qu'un de ses tableaux, intitulé Le Voilier, se trouve à Nice dans la collection Jakovsky du Musée Internatinal d'Art Naïf (cf. reproduction dans le catalogue de 1982 du musée, p.235). Attendons donc encore un peu pour prendre connaissance de tout ce que l'on a pu garder sur Massé au musée de l'Abbaye Sainte-Croix (à noter qu'il y a déjà eu par le passé, en 1991-1992, une exposition sur Hippolyte Massé). Des archives attendent encore pour livrer des secrets  Hippolyte Massé, tête sculptée et peinte et coiffure en coquilles St-Jacques, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied, 1996.jpg      Hippolyte Massé,assemblage de coquilles de mollusques et de carapaces de crustacés, coll du MASC des Sables d'Olonne, ph B.Montpied en 1996.jpg

     Dernière révélation au MASC cet été, l'annonce pour cet automne (octobre 2008-mars 2009) d'une grande exposition sur le peintre naïf de marines Paul-Emile Pajot. On peut se référer là-dessus au site des amis du MASC. On apprend dans un tiré à part (avec une présentation de Benoît Decron) édité par le musée qu'en préambule à cette expo, le MASC avait déjà acquis en 2006 le Journal de Pajot intitulé Mes Aventures,Paul-Emile Pajot, une page de son journal, texte manuscrit et illustrations gouachées, coll du MASC des Sables d'Olonne.jpg relié en cinq volumes ("prés de 2500 pages, plus de mille illustrations dessinées à la plume ou crayon, gouachées pour la plupart"). Le tiré à part vendu actuellement à la librairie du musée, comprenant de très courts extraits du Journal permet cependant de se faire une idée alléchante de la fraîcheur de ce manuscrit et de ses nombreuses illustrations relatives à toutes sortes de sujets se référant aux goûts et aux tribulations de Pajot, dont on connaissait déjà les magnifiques marines à la fois naïves et japonisantes. 

    "Et si nous commencions juste à découvrir Paul-Emile Pajot?", écrit avec raison M.Decron... 

Paul-Emile Pajot,une illustration tirée de son Journal, coll du MASC des Sables d'Olonne.jpg

(Emil Nolde, "Les Images non peintes" (Aquarelles 1938-1945), MASC, Les Sables d'Olonne, 3 mai-7 septembre 2008.) 

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