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Rechercher : épis de faîtage

Le nouveau catalogue de la Collection de l'Art Brut

      En attendant que la municipalité de Lausanne se déniche un(e) nouveau(elle) directeur(trice) pour la collection de l'Art Brut, les responsables précédent (Lucienne Peiry) et actuel (Sarah Lombardi) s'affairent et publient par exemple ce nouveau catalogue de la Collection dont la couverture est aux couleurs de la magnifique Laure Pigeon (qui dessinait avec de l'encre et... une plume – par prédestination sans doute?).

 

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     Mais – et ici je formule une critique de fanatique de la dite collection – on aurait pu attendre, puisque l'on nous parle d'un "catalogue", enfin le catalogue raisonné exhaustif de la Collection avec tous ses créateurs, mis à jour... Une sorte de pavé sur papier bible dans le genre de la collection Bouquins chez Albin Michel, sans nécessairement beaucoup d'images (ou alors sous forme de vignettes), histoire que le public des mordus se fasse une idée du vaste et éclectique panorama de l'art brut tel qu'amassé depuis les années 40 jusqu'à aujourd'hui (je le verrai bien comme un annuaire!). Au lieu de ça, on a droit ici, une fois de plus à un échantillonnage de ce que l'on pourrait trouver dans le Château de Beaulieu si l'on voulait faire un petit détour par la jolie Suisse, sans savoir que les réserves de ce musée extraordinaire abritent en fait bien d'autres trésors.

 

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Johann Hauser, sans titre, 1969, mine de plomb, craie grasse et crayon de couleur sur papier, 40 x 30 cm, Photo : Claude Bornand, Collection de l’Art Brut, Lausanne


      J'écris "une fois de plus" parce que l'on avait déjà vu paraître en 2001 un ouvrage de nature voisine, signé par Michel Thévoz, à l'enseigne des Musées Suisses, qui comprenait une sélection de 36 créateurs de la collection, livre qui prenait l'allure d'une esquisse de catalogue de la collection (et qui est, dit le site web de la collection, désormais épuisé ; voir ci-contre).Catal art brut 2001.jpg Dans le catalogue récemment publié, une cinquantaine de créateurs ont droit à des notices et quelques images (magnifiquement imprimées, dois-je le souligner). On nous y annonce que la Collection possède environ 60 000 œuvres désormais. Mais je le répète (j'aime ressasser), on aimerait voir tous les autres. Pour y arriver, à moins de collectionner les livres sur la collection depuis des décennies, comme s'y emploient quelques vieux de la vieille campant sur leurs trésors (il y a notamment les 22 fascicules que la Compagnie, puis la Collection de l'Art Brut, ont édités depuis les années 60 jusqu'à aujourd'hui), on se prend à rêver d'une numérisation de toutes les notices sur les créateurs avec des images de toutes leurs oeuvres... Vaste programme!

 

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Catalogue de l'exposition de 1967 au Musée des Arts Décoratifs


      Il me semble que c'est le quatrième catalogue dans l'histoire de la Collection, après celui de 1967 (qui était le catalogue de l'exposition au Musée des Arts Décoratifs de Paris, la collection provenant à l'époque de la Compagnie de l'Art Brut située rue de Vaugirard, dans le même bâtiment qui abrite aujourd'hui la Fondation Dubuffet ; il y avait selon Michel Thévoz 700 œuvres de présentées dans cette expo, en provenance de 75 auteurs). Le deuxième catalogue, dont la maquette copiait celle du catalogue des arts décoratifs, parut quatre ans plus tard en 1971 à l'égide, pour le coup, de la Collection de l'Art Brut qui venait d'être donnée  à Lausanne. Ce catalogue-là recensait, toujours selon Thévoz, "4104 œuvres de 133 auteurs" (en 1975, un an avant l'ouverture de la Collection au public, il précise que la donation était passée à "quelques 5000 œuvres"). Lucienne Peiry, dans l'ouvrage très bien documenté qu'elle a consacrée à l'art brut en 1997 (chez Flammarion), signale que la collection d'art brut comprenait en 1996, soit vingt-et-un ans plus tard, environ 15 000 pièces, tandis que la collection Neuve Invention – les cas-limites de l'art brut – en rassemblait environ 5000 (entre parenthèses, on aimerait bien savoir ce que devient cette collection Neuve Invention dite autrefois "collection annexe"; a-t-on annexée l'annexe?).

 

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Aloïse Corbaz, Napoléon, 1943, crayon de couleur sur papier, 58 x 45 cm, photo : Arnaud Conne, Collection de l’Art Brut, Lausanne

 

     On peut se demander à combien d'auteurs on en est arrivé aujourd'hui (je ne trouve pas dans le nouveau catalogue de chiffre à ce sujet), étant donné le fantastique accroissement du nombre d'œuvres depuis 1971 (de 5000, il y a quarante ans, puis de 15 000 il y a seize ans, on est passé, accroissement conséquent tout de même, à 60 000 ce qui paraît prouver une accélération des acquisitions rassemblées à Lausanne sous le vocable d'art brut ; la prospection internationalisée n'y étant sans doute pas pour rien). Le public qui découvre l'art brut aujourd'hui – et il n'y a pas de doute qu'il est en train de s'accroître avec l'extension du marché autour de l'art brut et l'écho que lui accordent simultanément les média – ne se doute pas de l'incroyable variété des créations conservées dans ce temple d'Ali Baba qu'est la Collection de l'Art Brut à Lausanne. Le catalogue qui vient de paraître, malgré son élégance et sa qualité d'impression inégalable (Skira + Flammarion + Collection de l'Art Brut...), est bien loin de le renseigner à ce sujet.

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Le Jardin de Gabriel se visitera de nouveau bientôt

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    Nouveauté de la visite cette année, outre une guide-conférencière qui fait ses débuts sur place, Catherine d'Arzac, stagiaire à l'Atelier du Patrimoine de Saintonge, on fournira grâcieusement aux enfants des écoles qui viendront découvrir cette forêt de statues enchantées un livret qui devrait leur permettre d'interpréter les personnages proposés à leur curiosité par Gabriel Albert.

gabriel albert, nantillé, chez audebert, livrets pédagogiques, environnement spontanés ,habitants-paysagistes, inspirés du bord des routes, patrimoine en saintonge

Jardin de Gabriel Albert, allée de statues jusqu'au moulin et à la route, ph. Bruno Montpied, 2006

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18/06/2012 | Lien permanent

Quelques tireurs de langues et autres montreurs de crocs

    Voici que je propose à mes lecteurs l'image ci-dessous afin de quêter un avis, espérer une réaction. Qu'en pensent-ils? Cet imaginaire aux outrances provocatrices a de quoi séduire le fan d'humour très noir, non? Doit-on vraiment le garder si caché, comme paraît le désirer fermement son auteur?

Anonyme, couvercle de coffre peint, 2010, ph. Bruno Montpied.jpg

 Anonyme, peinture sans titre sur couvercle de coffre (détail), sept 2010, ph. Bruno Montpied

 

 

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La chose étrange place de l'Hôtel de Ville

      Nous avons remarqué une étrange boîte vitrée installée sur les marches (ou les bancs) des fontaines de l'Hôtel de Ville mercredi 1er juin, un camarade et moi.

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Place de l'Hôtel de Ville, Paris, ph. Bruno Montpied, 2011

    Son auteur ne paraissait pas (plus?) être aux alentours. A quoi servait-elle? Cela ressemblait vaguement à une machinerie. Il y avait une chaîne de vélo à l'intérieur paraissant destinée à entraîner quelques rouages indistincts dans le bas de la boîte. On remarquait des lettres placées verticalement, des blanches, H M N G, et des noires à l'horizontale, J (?), T U R. Une étiquette était en outre collée, comme menaçante: "Pas dproblem je vous retrouverai / Promi". Que voulait dire ce dispositif? Comment avait-il pu atterrir là? Mystère et boules de gomme... Si quelque lecteur pouvait nous apporter quelques éclaircissements, nous lui en serions extrêmement reconnaissants. 

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Nouvelle diffusion de ”Bricoleurs de paradis (le gazouillis des éléphants)”

(Une mise à jour a été apportée à cette note primitivement publiée le 19 mars)

    Après France 3 Normandie en janvier qui a diffusé une première fois notre film Bricoleurs de paradis, c'est au tour de France 3 Bretagne et de France 3 Pays de Loire de nous faire un peu de place à nouveau sur vos écrans plats et autres vestiges cathodiques. Ce sera pour le samedi 26 mars à 15h25 sur les deux chaînes. Je me suis laissé dire que les heureux possesseurs d'un bouquet de chaînes contenant tous les FR3 (genre Free) pourront eux aussi voir le film, qu'ils soient à Marseille ou à Lille, voire à Biarritz, Paris, etc.

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Chez M. Roux, tournage des Bricoleurs de paradis, juillet 2010, ph.Bruno Montpied

 

    Et pour ceux qui le rateront et voudront se rattraper, il restera la possibilité de le voir en DVD en acquérant le livre Eloge des Jardins anarchiques, ils auront en outre en bonus divers documents qui ne seront pas diffusés sur les chaînes de FR3, comme une interview de Savine Faupin, deux petits films extraits de mes courts-métrages en super 8 des années 80 à 90 (sur Raymond Guitet et Marcel Landreau), et des fragments d'interview des élus que nous avions interrogés, Remy Ricordeau et moi, sur le site d'André Hardy, que nous fûmes, semble-t-il, donc les derniers à avoir filmé...

    Enfin, diverses projections sont en projet ici ou là. La première aura lieu le dimanche 3 avril à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre, rue Ronsard dans le XVIIIe ardt de Paris, à 14h30 (merci à Julie Calver qui nous a posé la question en commentaire). Remy et moi, nous présenterons le film, et le livre, que je dédicacerai éventuellement aux personnes intéressées. L'Eloge sera en vente à la librairie de la Halle Saint-Pierre dès la semaine qui vient.

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Surgies de la nuit les poupées les tapisseries de Caroline Dahyot

     Il est difficile de se faire un jugement en se basant  sur des images que l'on a seulement aperçues sur la Toile et jamais encore dans la réalité physique, mais ce soir j'ai envie de prendre fait et cause pour les images que Mme Caroline Dahyot - dont au demeurant j'ignorais jusqu'à présent l'existence  - a mises en ligne sur le site web chargé de faire connaître son oeuvre (et puis, de fil en aiguille, on trouve ailleurs sur cette damnée vitrine qu'est le web baucoup d'autres aperçus, même sa date de naissance, une bonne année qui plus est!).Caroline Dahyot, poupée.jpg J'ai déjà dit ici, dans ma note sur le festival rouennais d'Art et Déchirure, que j'avais été intriguée par un détail d'une de ses "tapisseries" sur le site web de ce festival (c'est Alain Bouillet qui l'a présentée cette année). On se rend compte en compulsant (façon de parler ; j'ai eu du mal, ma loupe n'allait pas très loin dans le rapproché avec les lignes) les pages de son site que d'autres auteurs ont déjà parlé d'elle, comme par exemple à l'occasion d'une expo récente à la Maison de la Poésie de St-Quentin en Yvelines.Caroline Dahyot tapisserie.jpg Sur le blog Baie-des-Artistes.com, on apprend qu'elle habite une maison appelée "Verveine", située à Ault, au bord de la mer (c'est prés du Tréport). Surtout, on y apprend qu'elle a grandement décoré  cette maison, de grands dessins, d'inscriptions, et de mosaïques, à l'intérieur et à l'extérieur.Caroline Dahyot, fresque sur salle de bain.jpg Si on sent chez elle, je veux dire dans ses dessins, une influence de l'enseignement qu'elle paraît avoir reçu primitivement en matière d'arts graphiques, cela ne gêne pas, attendu que l'inspiration souffle ici à grandes bouffées irrépressibles, semble-t-il. Caroline Dahyot (mes doigts sur le clavier "coquillent" à loisir en me faisant écrire sans cesse "Day hot"...) a fait à l'évidence passer son combat avec l'existence, les problèmes auxquels tout un chacun s'affronte, et où ce chacun se retrouvera à travers les expressions de l'artiste, tout chauds et tout vivants, encore palpitants dans les oeuvres qu'elle expulse à jet continu autour d'elle (semble-t-il).Caroline Dahyot, poupée.jpg Cela peut prendre l'aspect d'une tapisserie (drôle de tapisserie effilochée, comme faite de sutures, de raboutage, avec incorporation d'objets), ou bien d'une poupée (j'aime celle où un crâne a été ouvert comme une boîte de conserve pour y faire jouer une minuscule pièce de théâtre aux clés inconnues), de dessins mettant en scène des hommes, des femmes, des enfants, le théâtre de la comédie humaine en somme, ou de décors sur les murs de sa vie quotidienne. C'est encore sur son site que ces oeuvres sont le mieux représentées, dans l'écrin qui leur sied à ravir, à savoir sur fond de nuit. Les poupées, les figures défigurées, y surgissent comme enfantées par les ténèbres. Il y a de la poésie noire dans l'oeuvre de Caroline Dahyot. Art brut? Art Singulier? Qu'importe puisque le vent souffle...Caroline Dahyot, poupée.jpg

Quelques phrases relevées sur le site:

Les choses se font en dehors de moi.

Mes poupées prennent place dans un quotidien imaginaire pour que les choses deviennent paradoxalement de plus en plus réelles.

Ces poupées sont devenues petit à petit un questionnement sur l'amour et le carcan de notre éducation amoureuse.

Pour lier dessins et poupées, je commence la tapisserie.

Je commence à peindre les murs de mon appartement de manière obsessionnelle pour créer un univers rassurant et remplacer la tapisserie répétitive de mon enfance qui m'aidait à m'endormir.

Caroline Dahyot, Dessin.jpg
Toutes ces images proviennent du site web de Caroline Dahyot

Expositions auxquelles  Caroline Dahyot a participé:

2007, Exposition: « poupées d'amour » au centre culturel Neptune de Criel.
2007, Exposition à la MJC de Dieppe avec Gérard Cambon « jouets d'artistes».
Printemps 2008, exposition personnelle des poupées à la maison de la poésie de Saint Quentin en Yvelines.

Août 2008, exposition à Beaumont en Auge au festival d'art fantastique.

Avril 2009, exposition  de dessins à la librairie : « le rêve de l'escalier » à Rouen.

2009, Exposition « Ça coule de source » (avec entre autres Miss Ming, cette créatrice que l'on présente un peu partout comme "autiste" et qui joue dans les films réalisés par les créateurs de Groland), Association Culturelle en Baie de Somme, à Ault).

Mai 2010, Festival "Art et Déchirure", Rouen.

Caroline Dahyot, installation au festival Art et Déchirure, Rouen 2010.jpg
Installation de Caroline Dahyot au festival Art et Déchirure, la volonté de présenter l'oeuvre comme un art total, 2010

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Disparition de Pierre Peuchmaurd, un hommage de Joël Gayraud

"Pierre Peuchmaurd (1948-2009)

 

        Les trains dans la menthe

        la main dans l'étreinte

        la nuit violette aux œufs de femme

        les forêts bleues au bas des ventres,

        le sang sait ça

        le sang sait la poussière

        la lumière et l'écharde

        et les doigts des amantes

        dans la brèche bleue des bois

 

        (Scintillants squelettes de rosée, Simili Sky, 2007)

Pierre Peuchmaurd,photo Antoine Peuchmaurd, 2003.jpg
Pierre Peuchmaurd par Antoine Peuchmaurd, 2003 ; photo extraite du blog La vie palpitante d'Antoine P.

         Notre ami Pierre Peuchmaurd est mort le 12 avril 2009.  Un enchanteur, un poète. Qui avait trouvé dans le surréalisme  « une des passions de sa vie » et « son axe moral ». Il avait participé à des aventures collectives relevant éminemment de l'exigence surréaliste telles que les éditions Maintenant et la revue Le Cerceau, et avait animé de minuscules entreprises éditoriales comme L'air de l'eau ou Myrddin qui publiaient, pour le bonheur d'une constellation restreinte et sûre, certains des plus grands occultés de notre temps. Mais avant tout c'est sa voix singulière que nous écoutions, que nous attendions à chaque nouvelle parution - et là, dès l'ouverture du recueil, l'enchantement coulait de source. Voix de feuilles mouillées et d'envols dans les sous-bois, voix de cailloux jetés dans l'étang la nuit, voix qui, comme nulle autre, en ces années les plus hostiles au lyrisme qui furent jamais, a fait vibrer, de toutes ses harmoniques, la poésie, la maintenant inaltérée au-dessus des décombres d'une langue chaque jour un peu plus mise à mal. C'était la voix d'un amant de l'amour, la voix qui va droit au cœur, mais aussi la parole acérée et lucide, qui ne transige jamais sur l'essentiel, et porte au centre de la cible. Quand disparaît un poète, c'est une île, dans l'archipel du langage, qui s'enfonce sous les eaux. Il n'en reste, dans les textes, que l'empreinte cristalline et, nous le savons, nous ne lirons plus que ce qui a déjà été écrit. Cependant, les images inespérées, les attelages inouïs de mots dont chaque nouveau poème suscitaient le jaillissement, se lèveront toujours devant nous. Ils ne se prendront pas dans le givre de la mémoire.

         Parmi les dizaines de livres et de recueils que Pierre a égrenés sur sa route depuis quarante ans, et qu'ont souvent illustrés ses amis, nous citerons :

         Plus vivants que jamais, Robert Laffont, 1968.

        L'Embellie roturière, Éditions Maintenant, 1972.

        L'Oiseau nul, Seghers, 1984.

        Les Bannières blanches, illustré par Robert Lagarde, Fata Morgana, 1992.

        Le Diable, illustré par Jorge Camacho, L'Embellie roturière, 1993.

        Arthur ou le système de l'ours, illustré par Robert Lagarde L'Ether vague, 1994.

       Parfaits dommages, avec cinq photographies de Nicole Espagnol, L'Oie de Cravan, 1996, 2007 (réédition augmentée).

        À l'usage de Delphine, illustré par Jean Terrossian, L'Oie de Cravan, 1999.

        Encyclopédie cyclothymique, illustré par Jean-Pierre    Paraggio, Cadex Éditions, 2000.

        Bûcher de Scève, L'Escampette, 2002.

        L'Œil tourné, illustré par Hervé Simon, Cadex Éditions, 2003.

        Colibris et princesses, L'Escampette, 2004.

        Au chien sédentaire, Pierre Mainard, 2005.

        Le Tigre et la chose signifiée, L'Escampette, 2006.

        Scintillants squelettes de rosée, avec une photographie d'Antoine Peuchmaurd, Simili Sky, 2007.

        Alices, illustré par Georges-Henri Morin, Les Éditions de surcroît, 2008.

        La Nature chez elle, sur des images de Jean-Pierre Paraggio, Collection de l'Umbo, 2008.

 

Joël Gayraud, 1er mai 2009."

(NB: Ce texte est extrait du site du Groupe de Paris du Mouvement Surréaliste, où il a été mis en ligne récemment.)

 

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Robert Giraud, le copain qui sort de l'ombre de Doisneau

      Olivier Bailly annonce la parution de son ouvrage sur Robert Giraud pour le mercredi 22 avril chez Stock, collection Ecrivins (oui, je sais, le calembour vaut ce qu'il vaut...). Monsieur Bob, tel est son titre. Une biographie, une évocation que tous les lecteurs du blog que tient Olivier Bailly, Le Copain de Doisneau, devineront fort bien documentée. Son blog distille en effet, depuis au moins deux ans je crois, toutes sortes de témoignages, photos, documents divers sur Robert Giraud.

couverture de Monsieur Bob d'Olivier Bailly.jpg

        Ce dernier est un écrivain, dont on réédite du reste par la même occasion Le Vin des rues chez le même Stock (l'année dernière avait déjà vu la parution au Dilettante d'un excellent recueil de ses reportages, Paris, mon pote), mais plus encore un amoureux du Paris populaire et de son "fantastique social" comme le nommait paraît-il Mac Orlan. Fantastique social, monde des figures de la rue que Paris, en dépit du vandalisme institutionnel des bourgeois, n'a jamais cessé de produire (il aurait peut-être même en ces temps de misère et de folie sociale tendance à s'épanouir...).

Photo par Pierre Gonnord, expo Maison Européeene de la Photographie, août 2007.jpg
Un clochard, photo de Pierre Gonnord, exposition à la Maison Européenne de la Photographie, août 2007

      Giraud connaît bien le monde de la nuit parisienne, les petits malfrats, les clochards, et se situe comme écrivain en successeur d'une tradition littéraire et artistique qui remonte à Fargue, Francis Carco ou Brassaï, et peut-être au delà à Lorédan Larchey, et aux chroniqueurs du Paris excentrique du XIXe siècle (Yriarte, Champfleury, etc.). Il connaît les rades où l'on boît du bon vin, il les chronique dans L'Auvergnat de Paris.Robert Giraud au comptoir chez Albert Fraysse, par Maximilien Vox, extrait du blog Le Copain de Doisneau.jpg Sa route (mauve) croise celle de l'art brut à un moment (il devient un temps le "secrétaire" de Dubuffet pour la collection de l'art brut en train de se monter). Son frère Pierre Giraud est un moment exposé dans le cadre des premières manifestations de l'art brut au moment où Dubuffet cherche la définition de sa notion (juste après la seconde guerre). Giraud et lui se quitteront en mauvais termes, semble-t-il, puisque dans la suite des années Giraud parlera de Dubuffet comme d'un "cave"... Il écrit diverses chroniques sur des autodidactes inspirés (comme Raymond Isidore, dit Picassiette, à Chartres, sur qui il sera le premier à écrire, et qu'il interviewera). Surtout, il fait paraître, avec son complice de toujours, Robert Doisneau, ainsi qu'avec Jacques Delarue, un fort bon livre sur les tatouages populaires, Les Tatouages du "Milieu" (réédité en 1999 aux éditions L'Oiseau de Minerve). Mais d'autres livres, sur l'argot d'Eros ou celui des bistrots, des romans aussi, sont à mettre à son crédit.

Jacques Delarue,Richardo et Robert Giraud, ph. de Doisneau extraite des Tatouages du Milieu, éd. L'Oiseau de Minerve.jpg
Jacques Delarue et Robert Giraud (à droite) avec Richardo, photo de Doisneau dans Les tatouages du "Milieu"

       Je ne m'étends pas davantage. Rendez-vous avec ce flâneur des deux rives (d'un fleuve qui ne charriait pas que de l'eau) en lisant le bouquin d'Olivier Bailly qui nous promet d'entrer dans l'intimité de ce monsieur Bob comme si on y était.

        Ci-dessous, un échantillon du style de M.Bailly, ça donne envie d'en lire davantage, non?

      "Tracer le portrait  de Bob Giraud, c'est facile. Bien que sécot, il est choucard. Il plaît aux frangines à cause qu'il a un petit air voyou. Ses crins drus et droits tombent en gouttes de pluie. Ca lui donne l'air d'un hérisson. Son nez: un bec d'oiseau. Au marigot fédérateur que l'on appelait jadis le comptoir, on nomme cet animal le pic-verre. Maigre comme un chat. Tel est le faune. Au mental, un brin solitaire. Il a ses têtes. Celles qui lui reviennent, il leur paye un canon. Les autres, c'est des cons."  (Olivier Bailly, Giraud, mon pote, présentation de Paris, mon pote, éd. le Dilettante, 2008)

  

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Un anonyme amateur de nuages, de merveilleux nuages...

   Les brocantes, les "foires aux jambons", les puces sont peut-être les plus féconds et simultanément les plus décevants terrains de rencontre des objets ou des oeuvres bruts, naïfs, insolites, poétiques, surréalistes...

   Je les fréquente sporadiquement. Car j'ai, paradoxalement, une sainte horreur de l'amas, une lassitude incommensurable devant l'entassement sans limites du bazar hétéroclite des objets rejetés, promis à d'autres mains, objets qu'on se lance d'une collection à l'autre, en attente du doux bercail d'un musée qui les sédentariserait enfin...

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Feu d'artifice? Un visage lunaire, une écharpe tricolore... (Photo B.Montpied)

    Il y a de cela plusieurs années, ce devait être vers la fin des années 80 de l'autre siècle (quel délice de pouvoir écrire cela, avantage de vivre à la charnière de deux siècles, cela nous octroie l'illusion de vivre plus longtemps...), à la braderie de Houilles, que l'on présentait alors comme la deuxième plus grande braderie de France, après Lille (cette dernière devenue aujourd'hui bien décevante), en traînant la savate au long d'une allée, je perçus du coin de l'oeil, dépassant d'un carton à dessin, le tout petit bout d'un dessin à la craie sur papier noir montrant un arrangement de lignes intéressant. Les vendeurs étaient des adolescents qui visiblement n'accordaient que très peu d'intérêt aux dessins. Ils m'extirpèrent du carton un ensemble de dessins format raisin (50x65 cm). C'était tout à fait original quoique légèrement abîmé par la suite de nombreux frottements. La craie n'avait sans doute jamais été fixée et les multiples manipulations avaient étalé les couleurs autrement que ce qu'avait probablement voulu l'auteur primitivement. Mais cela restait prodigieusement attractif, intrigant. Un nom se laissait deviner sur chaque dessin que j'acquérais pour une bouchée de pain, Robert Roseff, crus-je lire...

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Un feu, un oiseau, des êtres fantastiques dans les nuées... Un ciel nocturne visionnaire (Ph.B.Montpied)

   Les ados me laissèrent entendre qu'il s'agissait d'un parent à eux, mais qu'ils ne savaient pas grand-chose, voire rien du tout à son propos... Je me retrouvais  avec trois dessins étranges (un compagnon que j'avais alerté en acquit d'autres aussi). L'un qui montrait visiblement un feu d'artifice "visionnarisé", un autre qui se concentrait sur des visions interprétées d'après des formes nuageuses et végétales, gentiment hallucinatoire, et un troisième qui paraissait plus abstrait et plus directement visionnaire (malgré un rapprochement possible là aussi avec les feux d'artifice), le tout représentant à chaque fois des scènes se déroulant dans le ciel nocturne représenté par le fond du papier Canson noir que l'auteur avait laissé en réserve.

   Le hasard a fait jusqu'à présent que je n'ai jamais rencontré d'autre écho au sujet de cet auteur ou d'une autre de ses oeuvres. Créateur à ranger donc du côté des grands secrets enfouis à l'intérieur des vies quotidiennes qui ne se dévoilent que bien longtemps après leur disparition (par suite d'une vente à un brocanteur), comme on en voit dans  l'art brut. Ce dernier se déniche de ce fait particulièrement au fond des brocantes, là où finissent la plupart du temps les secrets qu'on n'a pas voulu détruire avant de mourir.

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Gerbes et fusées de couleurs pâles, une tête qui tire la langue, une cocarde tricolore dans le bas à gauche... Feu d'artifice visionnaire et brut? (Ph.B.Montpied ; cliquez pour agrandir)

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19/10/2007 | Lien permanent

Fondation de la collection de monographies ”la Petite Brute”

     La Petite Brute, collection que je dirige, répond à une demande de l'éditeur de l'Insomniaque qui souhaitait qu'on lance une série de titres sur des créateurs d'art brut, ou d'art naïf inventif, ou d'environnements populaires du type de ceux dont je parle dans Eloge des Jardins Anarchiques (éditions l'Insomniaque, 2011), voire sur des thèmes en liaison avec les arts de l'immédiat (poésie naturelle, figures du fantastique social dans la rue, anonymes de l'art populaire, etc.). Chaque titre devant comporter un texte rédigé de façon primesautière, non universitaire, plutôt poétique et littéraire, suivi d'un album de reproductions.logo avec titre en arc-de-cercle.jpg

     Le choix des auteurs se portera avant tout sur des sujets choisis en dehors des circuits commerciaux de l'art, puisqu'il s'agit de mettre en lumière une créativité éparse dans la population, qui ne se destine pas nécessairement à faire l'objet d'un marché, mais qui se déploie plutôt dans le désir d'embellir la vie quotidienne, en la magnifiant, en l'enchantant, voire au passage en la critiquant, miroir installé sur le bord du chemin de la vie comme disait (à peu près) Stendhal...

 

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     Les deux premiers titres sortent cet automne. Mardi 13 octobre (l'ouvrage est du reste d'ores et déjà disponible à la librairie de la Halle Saint-Pierre), on trouvera en librairie Visionnaires de Taïwan de Remy Ricordeau, consacré à une demi douzaine d'environnements découverts par l'auteur dans l'île de Formose, en différents points de cette terre. On y rencontrera dans la neuve perspective proposée par Ricordeau notamment les œuvres de Lin Yuan qui avait été exposé il y a quelques années dans l'expo "17 Naïfs de Taïwan" à la Halle St-Pierre. Mais à côté de lui, se déploient également différentes autres créations parfaitement inconnues et inédites, prouvant s'il en était besoin que la création spontanée est une pratique des plus répandues dans le monde, les territoires de l'Asie n'en étant pas épargnés, et commençant à largement intéresser les amateurs et les chercheurs d'art brut (dont bien entendu les marchands toujours à l'affût et attentifs à être les premiers à poser le pied - et la griffe - sur les nouvelles œuvres découvertes).

 

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Bestiaire de Wu Tanlai, ph. Remy Ricordeau, 2014

 

    Le deuxième titre est de Bruno Montpied, votre serviteur, Andrée Acézat, oublier le passé. Il sera disponible en librairie à la mi novembre (le diffuseur de l'Insomniaque est désormais Les Belles Lettres). Acézat, j'en ai déjà beaucoup parlé sur ce blog, était une peintre secrète qui produisit durant une cinquantaine d'années dans la région bordelaise (elle vivait à Talence avec son mari Lino Sartori, devenu sur le tard et par contagion un sculpteur et peintre singulier autodidacte ; le livre montre également quelques-unes de ses œuvres) des tableaux d'une facture banale relevant de ce que l'on appelle la peinture de genre, nus, natures mortes, paysages du bassin d'Arcachon, etc. Elle se décida, peut-être par contrecoup d'un cancer, sur le tard à 70 ans, à tout rejeter pour se mettre à créer un cortège de figures grotesques, caricaturales inspirées des personnages qu'elle croisait dans sa vie quotidienne. Ses peintures prirent alors un aspect expressionniste naïf très singulier. 

 

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Andrée Acézat, sans titre renseigné, 65 x 50 cm, peinture sur toile, 1996, coll. privée, région bordelaise, ph. Bruno Montpied

 

 A signaler: les deux auteurs, Remy Ricordeau et Bruno Montpied signeront leurs livres respectifs, tout en dialoguant avec les amateurs, dans le cadre de l'Outsider Art Fair, sur le stand tenu par la librairie de la  Halle Saint-Pierre le samedi 24 octobre à 15h à l'Hôtel du Duc, rue de la Michodière, dans le IXe arrondissement de Paris.

(Si vous ne trouvez pas les livres chez votre libraire habituel, n'hésitez pas à le commander, le diffuseur étant les Belles Lettres)

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