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Un créateur intriguant...
Voici une image récupérée sur le site d'Art Brut Connaissance et Diffusion qui nous le pardonnera, car nous voudrions ainsi les presser de nous en dire plus sur celui qui est à l'origine de cette oeuvre. On trouvera la reproduction, sur le site d'ABCD à la rubrique "Acquisitions récentes". Lorsque je suis passé sur le site, la notice biographique était signalée en attente. Seul le nom du créateur est donné: Charles Benefiel.
L'Association ABCD a le grand mérite à nos yeux de constamment chercher à montrer du nouveau du côté de l'art brut. Rappelons qu'ils ont un espace d'exposition à Montreuil (le site sus-mentionné donne également toute l'information utile à ce sujet) où se poursuit actuellement (jusqu'au 8 juillet) l'exposition sur le Creative Growth Center d'Oakland aux USA intitulée "Montreuil California". On peut y voir les oeuvres de Dwight Mackintosh, Donald Mitchell, Judith Scott, Daniel Miller et Aurie Ramirez (des cinq, celle qui m'attire le plus).
10/06/2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
Sur la route, François Michaud
10/06/2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Pascal-Désir Maisonneuve
Voici le masque de coquillages auquel fait allusion Régis Gayraud dans un commentaire récent, commentaire paru avant que le blog parallèle Animula Vagula ait eu la sagacité d'aller dénicher l'image sur le site du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux (Animula donne quelques éléments d'informations supplémentaires très intéressants sur la provenance de ce masque). Simple "masque" mais pourtant stupéfiant, n'est-il pas?
Pascal-Désir Maisonneuve, qui avait une formation de mosaïste, créait ces masques d'assemblage de coquillages dans le droit fil d'une tradition arcimboldesque, ce qui contredit les présupposés de la notion d'art brut qui stipulent que les créateurs d'art brut sont sans référence à une culture artistique.
10/06/2007 | Lien permanent | Commentaires (5)
Une figure macabre de Charles Benefiel
Une autre oeuvre du même Benefiel (né en 1967 il a aujourd'hui quarante ans et vit en Californie), figurant sur le site Outsiderart et pour inaugurer une série (une "ca-té-go-rie" comme on dit dans la blogosphère...) sur les images de la mort... Car j'ai l'âme un peu mexicaine.
11/06/2007 | Lien permanent | Commentaires (2)
L'Afrique et l'espérance de vie...
Angola : 41
Botswana : 34
Centrafrique : 44
Guinée Bissau : 45
Guinée Equatoriale : 44
Lesotho : 36
Liberia : 43
Mozambique : 42
Niger : 44
Nigéria : 44
Sierra Leone : 41
Swaziland : 34
Tanzanie : 45
Tchad : 44
Zambie : 37
etc., etc., etc., hélas !
12/06/2007 | Lien permanent
SCIAPODES ?
il a lancé le pied de marmite à la tête des juges,
il a enfoncé le pied de biche entre les omoplates de la philosophie, et il a forcé,
il a cambré le pied plat en une arche triomphale pour les processions de chenilles,
il a coiffé le pied marin d'une voilette afin de lui faire capturer les regards,
il a évidé de sa moelle le pied à coulisse et en a fait l'instrument qui retient prisonniers les vents et les change en notes,
il a enfin rendu le pied pané à sa crudité première de rose et palpitant pied de cochon.
Il n'a gardé attaché à son corps que le seul pied de science qui développe ses orteils comme autant de frondaisons balançant leur ombre sur les écarts du langage. Et sous cet abri qui tourne avec le soleil, le sciapode sait demeurer inutile.
Sa tête, en contact permanent avec le sol, se laisse bercer aux ondulations millénaires de la croûte terrestre; sismographe sans cadran ni aiguille, son cerveau enregistre les plissements des montagnes, la lente dérive des plaques sur la bouillie du magma, la lourde et bonne bouillie rouge, et il rêve parfois de la longue louche en bois qui remue doucement la pâtée boursouflée des cratères. Il se remplit la vie de cette vision.
Plus solides que le byssus, ses cheveux l'ont arrimé pour des siècles à la roche aiguë des promontoires, aux pentes pavées de lave des pics surgis de l'abîme, à la crête vertigineuse des falaises bleues de sel. Il n'est, on le comprend, pire malédiction pour le sciapode que de devenir chauve ; il va lui falloir, désancré de son centre d'inertie, rouler sur le plan incliné de l'existence, en se déchirant les flancs aux bouquets d'épineux et aux racines, et fouler son unique membre poussé hors de toute mesure dans les degrés inégaux d'une époque terrifiante.
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12/06/2007 | Lien permanent
Dictionnaire du poignard subtil
12/06/2007 | Lien permanent
Là où il y a Eugène, il y a du plaisir
L'Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue ? A cinquante kilomètres environ de Montauban. Il s'y montre de fort belles oeuvres depuis des années (depuis 1970 en fait). Il y a eu là-bas des événements artistiques majeurs, je cite au hasard, les tapisseries et autres travaux textiles de Karskaya, une rétrospective Michaux en 1985 l'année de sa mort, une rétrospective de la "tachiste" Marcelle Loubchansky, bien oubliée généralement des commissaires d'exposition et autres conservateurs), une exposition sur le "Fantastique intérieur" qui interrogeait les résurgences et la permanence du surréalisme d'après-guerre (là aussi, l'initiative était courageuse face à ceux qui ont sempiternellement voulu enterrer le surréalisme).
Entre autres monstrations cet été (je continue de faire l'anti-tournée des festivals de l'été), on retrouvera cette fois à Beaulieu Eugène Gabritschevsky (cliquez donc sur ce lien où vous trouverez toutes les explications pratiques).
"Retrouvera", car il fut déjà exposé en 1980 à Beaulieu. L'exposition est réalisée en collaboration avec la Galerie Chave de Vence, galerie qui exposa dès 1961 cet étonnant visionnaire (et qui depuis l'a exposé régulièrement, voir aussi le magnifique livre qu'elle lui a consacré en 1998 avec des textes d'Annie Le Brun, Georges Limbour, Georges Gabritschevsky, Florence Chave, et dont nous avons extrait nos illustrations).
Gabritschevsky (né à Moscou en 1893) créa quelques milliers de gouaches entre 1935 et 1979, date de sa mort (à 86 ans donc). Il passa cinquante ans dans l'hôpital psychiatrique de Haar en Allemagne (c'est près de Munich). Il n'intéressa pas tout de suite Jean Dubuffet, comme l'a rappelé Annie Le Brun en s'appuyant sur les recherches de Luc Debraine, lui-même s'étant basé sur les archives conservées sur Gabritschevsky à la collection de l'Art Brut de Lausanne. Dubuffet, dans une lettre de janvier 1948, suite à une sollicitation du frère d'Eugène, Georges, avait d'abord rejeté les premiers échantillons qui lui avaient été montrés, "comme participant trop de l'art classique européen". C'est seulement après 1959, après qu'il a connu la galerie ouverte par Alphonse Chave à Vence, que Dubuffet se reprit de curiosité pour l'oeuvre de ce génie étonnant.
Selon Annie Le Brun, on doit cependant la découverte de l'oeuvre dans toute son amplitude davantage à Alphonse Chave. Daniel Cordier peu de temps après acquerra plusieurs oeuvres, qui finiront par aterrir au Musée National d'Art Moderne de Paris à la fin des années 80 (exposition de la fameuse donation Cordier ; une salle entière, séparée de façon quasi étanche de tout le reste, était consacrée à Gabritschevsky et ce fut une révélation).
Le cas psychologique de Gabritschevsky paraît rare. Sa situation qui aurait dû évoluer vers l'obscurcissement progressif n'alla justement pas dans ce sens au rebours de ce qu'attendaient les psychiatres. Comme si pour cet homme, le fait de s'affronter avec l'ombre qui aurait dû prendre sans cesse plus d'emprise sur son psychisme lui avait permis par le truchement de la création visionnaire de retourner la ténèbre en lumière créative. Ce créateur avait été au départ un biologiste brillant, spécialisé dans la génétique. On ne peut s'empêcher de voir dans l'éventail de ses gouaches toutes plus inventives les unes que les autres, dans cette véritable parade de l'expérimental (comme un Max Ernst brut), une tentative de simulation du délire biologique tout à coup inscrit dans la chair de l'homme, réussissant à se formuler de façon maîtrisée à travers une technique picturale autodidacte mais raffinée en même temps... Comme si le biologiste à la faveur de cet ambivalent état que l'on appelle folie avait délaissé d'un coup et brutalement l'attitude de l'analyste pour celle du créateur, n'examinant plus seulement les cellules inconnues sous son microscope mais les générant désormais, tout au contraire.
08/06/2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Václav Levý, un sculpteur instinctif en Bohême
Vaclav Levy, Adam et Eve, sculpture en cire (semble-t-il)
12/07/2007 | Lien permanent | Commentaires (1)
Dictionnaire du Poignard Subtil
ART:
"(...) l'art ne dépend pas de l'artiste professionnel, une telle profession n'existe pas en soi. Ainsi il arrive que l'art se trouve parfois du côté des incapables professionnels, là où personne ne le soupçonne, parmi la communauté des snobs, dans le jeu d'un enfant ou dans l'artisanat par exemple. L'art est précisément une fleur singulière qui ne tolère de lien d'aucune sorte."
Kurt Schwitters, Art et temps, 1926, in Merz, écrits choisis et présentés par Marc Dachy, Editions Gérard Lebovici, 1990
"Le vrai art il est toujours là où on ne l'attend pas. Là où personne ne pense à lui ni ne prononce son nom. L'art il déteste être reconnu et salué par son nom. Il se sauve aussitôt. L'art est un personnage passionnément épris d'incognito."
Jean Dubuffet, L'art brut préféré aux arts culturels, 1949.
Je dois la découverte des intéressantes lignes de Schwitters, anticipant de vingt ans sur la fameuse déclaration de Dubuffet que j'ai reproduite en vis-à-vis (d'un côté 1926, de l'autre 1949), à la lecture du livre de Valérie Rousseau, Vestiges de l'indiscipline (voir ma note du 16 septembre à son sujet). Cette dernière rapproche avec raison le travail de Schwitters (par exemple incarné par son Merzbau, construction hétéroclite et très pensée à la fois qui traversait deux étages de l'immeuble qu'il possédait à Hanovre) et celui de Richard Greaves au Canada. Mais elle ne donne que partiellement la référence du texte de Schwitters. Marc Dachy dans une note signale que le texte existait en manuscrit et qu'apparemment il ne fut seulement publié qu'en tchèque, dans l'almanach Fronta à Brünn en 1927. On a du mal à imaginer dès lors que Dubuffet ait pu en prendre connaissance, même s'il a reconnu avoir été influencé par le mouvement Dada dans sa jeunesse. Simplement, nous pouvons constater que l'idée de l'art comme "fleur singulière qui ne tolère de lien d'aucune sorte" ne date pas de l'après deuxième guerre mondiale, mais était déjà bien dans l'air dés les lendemains du premier conflit mondial de 14-18.
29/09/2007 | Lien permanent