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Rechercher : Ermite de rothéneuf

Sur la route, François Michaud

            Cet été, allez donc dans le Massif Central, dans le Limousin, c'est un massif d'inspirés et d'actualité (l'Abbaye de Beaulieu dans le Rouergue, Saint-Alban de Limagnole en Margeride avec l'expo Les Chemins de l'Art Brut(6) ), décidément, il va falloir que je songe à me tailler une place dans le secteur  tourisme et art populaire d'une quelconque Maison de l'Auvergne...
            Sans compter qu'il existe tout plein de lieux aussi qui n'ont pas attendu d'être sous les feux de l'actualité pour faire parler d'eux. Comme par exemple Masgot. Ca fait plus de 150 ans que ce hameau vous attend...
 
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         Tailleur de pierre de métier et sculpteur autodidacte à ses loisirs, Michaud a vécu de 1810 à 1890. Il paraît avoir commencé à décorer son petit village de Masgot  (commune de Fransèches dans la Creuse, non loin du Moutier d'Ahun) dans les années 1850-1860 (la datation se basant sur les personnages ou les thèmes abordés).
 
 
 
 
(Ci-dessous, la deuxième maison de Michaud avec Napoléon, la femme nue sur la clôture, Jules Grévy, Marianne...)
 
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             Plusieurs statues dues à son désir de manifester ses convictions tour à tour bonapartistes et républicaines, déistes et anticléricales sont demeurées dans ce village de cette époque jusqu'à nous, faisant de ce site l'environnement populaire spontané le plus ancien que nous ayons en France (bien avant le Palais Idéal du facteur Cheval ou les rochers sculptés de l'abbé Fouré à Rothéneuf), si l'on met de côté provisoirement la Cave Sculptée des Mousseaux à Dénezé-sous-Doué dans le Maine-et-Loire (qui serait du XVIIe siècle et dont on ne connaît pas très bien les auteurs).
 
 
 
 
 
 
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            On peut encore voir actuellement, autour de ses anciens domiciles, des effigies de Napoléon, celles d'un moine, d'une sirène, d'un homme assis flanqué d'un chien, un buste d'homme barbu, une statue de femme nue, des bustes de Jules Grévy et de Marianne (les premières effigies de Marianne datent des années 1880, et Michaud fut l'un des tout premiers à en façonner, ce qui en fait de logiques Marianne "primitives"...) et divers autres décors ou inscriptions, le tout taillé dans le robuste granit de la région dans un style archaïsant à mi chemin de l'art brut et de l'art naïf.
 
 
 
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Buste de Jules Grévy (ci-dessous) 2ede5619837be2ce3f86f06b1be4cbd3.jpg
 
 
 
 
 
 
 
 
 
           Il existe un livre assez complet sur lui : L'oeuvre énigmatique de François Michaud à Masgot, de Jacques Meunier, Jacques Lagrange, Roland Nicoux, Pierre Urien, Bruno Montpied, Alain Freytet, Patrice Trapon, etc., aux éditions Lucien Souny (en vente à Masgot). Un petit musée est ouvert durant la belle saison dans le hameau qui se visite sans difficultés au coeur de la Creuse, région vallonée et forestière où l'on goûte une paix royale.  L'association des Amis de la Pierre, présidée par le maire de la commune, Alain Delprato, s'occupe d'animer et de surveiller le site (on y a même installé, alors que le hameau est plutôt restreint, un nouveau café).
 
7c69fdf85a0f002375188d4d4f01ff32.jpg  Photos B.Montpied
 
 
 
 
 
 
        



 

 

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Chomo, l'art pré-ludien sort de sa forêt

     Le mardi 10 septembre s'est ouverte l'exposition Chomo à la Halle Saint-Pierre (en même temps qu'une exposition Marie Morel), prévue pour durer... jusqu'au 7 mars 2010! Les expos de la Halle battent toujours les records de longévité.

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     Chomo, on n'en entendait plus parler depuis belle lurette. Lorsque j'ai découvert l'art brut au début des années 1980 (oui, c'est l'heure des souvenirs de Papy Bruno), j'ai commencé par lui. Je suis allé frapper sur le gong-couvercle de poubelle qui lui signalait l'arrivée de visiteurs, les bras dûment chargés de bouteilles de Porto, ce breuvage étant l'analogue avec lui des verroteries que les voyageurs occidentaux échangeaient avec les "sauvages" dans les contrées exotiques de l'autre bout de la terre. Et c'est vrai qu'arriver jusqu'à lui, après le franchissement d'une zone intermédiaire semée de pancartes en langage phonétique,Inscription de Chomo, L'art c'est concrétiser des rêve.jpg ça donnait, au moins la première fois, un peu les chocottes. Alors que l'homme était en réalité plutôt du genre urbain, à la fois courtois et provocateur.

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      Ses oeuvres étaient le pur produit d'une attitude expérimentatrice que j'ai toujours respectée, même si tout ce qu'il produisait n'était pas forcément de même qualité. J'avais admiré, conservés dans un abri couvert, surtout ses Bois Brûlés que j'espère voir à la Halle (je n'ai pas encore vu l'expo, le vernissage c'est le mardi 15), sortes de totems de bois carbonisé par places qu'André Breton, selon les propres dires de Chomo, aurait admirés au début des années 60, dans la galerie Jean Camion où Chomo exposa de façon éphémère avant d'aller se cacher au fond des bois en ermite vitupérateur.

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Chomo, bébé d'orage, photo site de la Halle Saint-Pierre

       Chomo, c'était un artiste, et non pas un créateur de l'art brut. Il avait une culture artistique affirmée, même si elle était personnelle. On n'a jamais trop cherché à la mettre en lumière. Mais l'entretien que je fis avec lui, assez décousu, me permet encore aujourd'hui de me dire qu'il parlait  d'égal à égal à ses interlocuteurs instruits comme lui de l'histoire des avant-gardes et des novations en art. On sait notamment qu'il fréquenta un autre amateur de jargons et de poésie signiste nommé Altagor (le bulletin éphémère Zon'Art qui entra en contact avec Marc Vernier, le fils d'Altagor, a publié la correspondance Chomo-Altagor, voir le lien ci-dessus). Le mot "signiste" fut employé, histoire de ne pas indisposer le mouvement lettriste qui leur était parfaitement contemporain.  J'ai montré aussi un jour (dans  Gazogène n° 7-8 en 1993, et suite à la réaction ulcérée d'un disciple absolu de Chomo, Jean-Pierre Nadau, dans le Bulletin de l'Association des amis de François Ozenda n°52 ou sous forme de tract, je ne sais plus, voir ci-dessous...) qu'il y avait de troublantes ressemblances entre les graphologies de Dubuffet et de Chomo. Tous deux en réalité partageaient probablement le même engouement pour les tentations d'après-guerre en direction de la création de nouvelles formes de langage qui seraient débarrassées de l'intellectualisme, mot que proférait sans cesse Chomo du reste.

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Bruno Montpied, Réponse à un connaisseur, tract, 1994

        Il se voyait précurseur, un peu situationniste sans le savoir clairement, d'une société où le jeu régnerait en maître contre l'accumulation des richesses concentrées entre les mains d'une caste (il fait du reste une fugitive apparition dans un film de William Klein sur mai 68, apparition un peu ringarde et réactionnaire...) Exposer Chomo loin de sa forêt dans un espace culturel, alors qu'il est avant tout connu, et limité à cela bien souvent à tort, pour son "village d'art pré-ludien", c'est une bonne idée. On découvrira alors peut-être qu'il était au fond un grand artiste moderne, défenseur d'un art total fondu avec la vie quotidienne, qui eut besoin du grand écart loin de la société de son époque parce qu'elle ne pouvait lui permettre de s'exprimer et de vivre comme il l'entendait. Précurseur de plusieurs autres créateurs de l'art singulier qui vinrent après lui, et cousin conceptuel (un grand mot en ce qui les concerne) de tant de créateurs populaires d'environnements spontanés, type facteur Cheval et autres Picassiette.

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Portrait de Chomo, photo extraite du blog d'Henk Van Es, Outsider environnements Europe,  photographe inconnu

     Il faut annoncer qu'à l'occasion de cette exposition une émission de radio lui sera consacrée, dans "Songs of praise", lundi 14 septembre à 19h15, sur Aligre FM (93.1 Mhz). Son animateur, Cyril ("Cosmo Helectra") devrait recevoir l'un des deux commissaires de l'exposition, Laurent Danchin, ainsi que le photographe et cinéaste Clovis Prévost, qui projettera son film sur Chomo, fait avec Chomo, "le Débarquement spirituel" dans le cadre de l'exposition de la Halle. Divers documents sonores devraient être diffusés dont des expériences de création musicale de Chomo - musique et poésie étaient presque synonymes pour lui - et des fragments d'entretien, dont certains seront des extraits de l'interview et repiquage de poèmes lus à voix haute que j'avais réalisés en 1982, fragments que j'ai prêtés pour les besoins de l'émission. Sera également présent un grand ingénieur du son en la personne de Michel Geiss qui aida à de nombreuses reprises Chomo. 

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Affichette republiée dans le bulletin Zon'Art (n°9, 2003), voir leur site ; "Estivals" étant sans doute Robert Estivals, une connaissance, me semble-t-il, des Situationnistes

A signaler enfin du 10 au 30 septembre, parallèlement, une exposition d'Adam Nidzgorski dans l'espace "Galerie" de la Halle. Pour une "iconologie de l'être humain", paraît-il... On connaît le goût de Nidzgorski pour le dépouillement des représentations humaines, avec ses personnages dessinés avec une simplification qui va presque jusqu'à l'os. Un art souvent pathétique.

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Gens ordinaires et univers imaginaires

     Le printemps est donc là avec son cortège de projections de docu sur l'art brut et consorts. Hors-Champ à Nice doit être en train de mettre la dernière main à son programme de fin mai début juin au MAMAC de Nice. Peut-être pour nous mettre l'eau à la bouche, voici que son animateur principal, Pierre-Jean Wurst, avec la complicité de Denis Lavaud son homologue parisien féru de cinéma autour des arts populaires, monte à Paris avec un programme de films certes déjà vus ici ou là, mais que les néophytes auront tout intérêt à aller découvrir si ils veulent s'initier de façon vivante et cinétique aux créateurs de l'art brut et apparentés. Demandez donc le dit programme...

    Une fois celui-ci placé sous les yeux de tout un chacun, je me permettrai de me fendre de conseils de visionnage pour ceux qui voudraient se faire une culture, ou une anti-culture vite faites en matière de cinéma documentaire sur les arts populaires modernes. Sans aller jusqu'à faire comme les surréalistes qui préconisaient "lisez ceci... et ne lisez pas cela...", ce qui serait d'actualité dans d'autres cas –car tout un chacun a bien le droit d'exprimer ses préférences et ses haines, en dépit de tous les crétins amateurs de nivellement– on peut en l'espèce indiquer quelques pistes qui d'après moi s'annoncent plus originales que d'autres. La programmation est prévue pour deux jours le samedi 26 et le dimanche 27 à la MAISON DES CULTURES DU MONDE (101, bd Raspail dans le VIe ardt, et NON à la Halle St-Pierre... auprès de qui par ailleurs il est prudent de réserver sa place), dans le cadre du toujours passionnant Festival de l'Imaginaire qui se tient depuis des années à Paris, proposant diverses manifestations autour des arts populaires du monde entier (ils ont une antenne, si je puis dire, à Vitré, au Centre Français du Patrimoine Immatériel, où sont montées à la belle saison généralement d'alléchantes expositions, comme par exemple cette année "ANIMAUX TOTÉMIQUES ET DRAGONS PROCESSIONNELS, Le bestiaire fantastique des fêtes méridionales" du 26 avril au 21 septembre).

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Animaux (loups?) de procession dans le Midi de la France, image extrait du site du CFPCI

 

     Je ne pense personnellement pas venir le samedi 26, où seuls quelques titres m'intriguent (le samedi matin: Le jardin fantastique de Fiorenzo Pilla de Giuseppe Trudu, en présence du réalisateur ; Driven by vision (Jim Bishop) de Michael McNamara ; et surtout le samedi après-midi Emile Ratier d’Alain Bourbonnais en présence de Caroline Bourbonnais), car malheureusement placés avec d'autres déjà vus dans de précédentes programmations.DiamantsbrutsduJaponLespinasseDVD.jpg

  

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Emile Ratier, un de ses assemblages de bois, une grande roue foraine, collection permanente du Musée de la Création Franche, Bègles

 

    En effet, certains autres films comme celui annoncé sur Yvonne Cazier "peintre-médium", s'annoncent, si je me base sur les images d’œuvres récemment reproduites dans le dernier numéro de Création Franche, comme de possibles fausses découvertes. Comme si on s'ingéniait à nous trouver des prolongements spirites à l'heure actuelle, ce qui jusqu'ici n'est pas prouvé, les créateurs (et en l'occurrence plutôt les créatrices) proposés  lors d'autres manifestations (Marie Jeanne Gil par exemple ou Henriette Zéphyr) étant assez peu originaux je trouve. Le lecteur cela dit, comme je l'ai déjà dit, se fera bien entendu, à propos d'Yvonne Cazier, son opinion seul à l'aide du programme dans le lien inséré plus haut.

     Non, personnellement, je passerai peut-être plutôt le dimanche après-midi, même si je vous conseille de vous débûcher le matin pour aller voir les trois films programmés, l'excellent film de Milka Assaf sur Gugging, et ses créateurs dont plusieurs désormais disparus comme August Walla ou Johan Hauser, et aussi le très poétique documentaire de Vincent Martorana sur Justin de Martigues. L'après-midi, les films sont intéressants aussi. Sont prévus des films de Decharme sur ses chouchous déjà insérés dans son film Rouge Ciel (avec entre autres un sujet sur l'abbé Fouré à propos duquel j'espère qu'il aura fait une mise à jour côté biographie? Parce que son inspiration n'a rien à voir avec une bande de flibustiers du nom de Rothéneuf...), un film de Del Curto et Genoux sur Pya Hug,PyaHug-DVD.jpg et un autre sur un créateur asiatique (japonais je crois me souvenir), Macoto Toya –déjà montré par exemple au Lieu Unique à Nantes il y a deux ans– plus le toujours génial film de Michel Ettter, Martial, l'homme-bus, sur une figure de la rue de Lausanne.

      Cet après-midi-là, il y a encore un autre film, à se fier à la consonance du patronyme sur un site coréen, Mok Sok Won (ce qui veut dire jardin de bois et de pierres) de Muriel Anssens et Jean-Louis Bartoli. De la poésie naturelle en bord de mer interprétée par un artiste qui hélas plaque un peu trop semble-t-il son idéologie New Age, ce qui plaira certainement à tous nos "artbrutistes" amateurs de contre-culture. Un peu de poudre mystico-dingo faisant toujours bien dans le décor.

 

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19/04/2014 | Lien permanent

Une collection d'art immédiat dans ”L'Or aux 13 îles” n°2, et un vernissage le 6 novembre prochain

     L'Or aux 13 îles, je vous en ai déjà parlé lorsqu'était sorti en janvier 2010 son n°1 qui concernait grandement les passionnés d'art populaire brut et des environnements spontanés parce qu'y était inséré un dossier volumineux sur le musée disparu de l'abbé Fouré consacré à ses bois sculptés à Rothéneuf (ce fut l'occasion surtout de republier un document rare, le Guide de ce petit Musée étonnant, guide paru en 1919 ; par la même occasion, nous commémorâmes ainsi -les premiers!- le centième anniversaire de la disparition de l'abbé, mort en 1910).

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard       Voici que paraît son n°2 (cliquez sur ce lien et vous obtiendrez le formulaire de commande du numéro, voire des deux numéros), cette fois dominé par un thème "L'homme hanté par l'animal". Jean-Christophe Belotti est toujours aux commandes du navire, Vincent Lefèvre est toujours le maquettiste, élément important qui assure à la revue sa belle et élégante livrée. Le sommaire est varié, après une introduction de Belotti sur le pourquoi du comment du thème choisi, qu'il a illustrée de fort charmantes cibles foraines tchécoslovaques, on découvre les magnifiques photographies d'oiseaux naturalisés de Pierre Bérenger qu'il fit à la fin des années 1960 dans les locaux alors désaffectés du Museum d'Histoire Naturelle, avant que ce dernier lieu ne soit restauré et transformé en Grande Galerie de l'Evolution (comme le rappelle François-René Simon dans son texte de présentation). Suivent divers textes de Vincent Bounoure, Anne Fourreau et Jean-Yves Bériou. Je m'arrête plus particulièrement sur les dessins d'une certaine Mélanie Delattre-Vogt.l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard

     Puis suit un grand dossier sur Pierre Peuchmaurd, poète estimable disparu tout récemment (comme dans le n°1 était inséré un dossier sur Jean Terrossian). Les poèmes nombreux sélectionnés par Belotti dans l'œuvre de Peuchmaurd ont tous un lien avec l'animal. 

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard      Des poèmes inédits de Guy Cabanel sont flanqués d'aquarelles d'Aloys Zötl, extraites du livre de Victor Francés récemment paru aux éditions Langlaude (Contrées d'Aloys Zötl, à un prix défiant toute concurrence grâce à des Chinois sous-payés), cet obscur teinturier autrichien qui se passionna de 1831 à 1887 pour des animaux qu'il dessinait plus réels qu'en vérité, les plaçant dans des décors naturels peu réalistes mais somptueusement veloutés et d'une puissance de suggestion sur l'imagination à nulle autre pareille.

      Ce numéro 2 est aussi pour moi l'occasion d'entrouvrir une porte sur une collection "d'art immédiat" dans le texte de 40 pages que j'ai intitulé Le Royaume parallèle.l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girard Dérivant derrière cette porte, j'invite le lecteur à découvrir des créateurs aussi variés  que Guy Girard, Marilena Pelosi, Gérald Stehr, Armand Goupil, le sergent Louis Mathieu, le peintre naïf Louis Roy, le "patenteux" québécois Charles Lacombe, Christine Séfolosha, divers pratiquants de l'atelier pour handicapés mentaux de la Passerelle (l'atelier animé par Romuald Reutimann à Cherbourg), des objets d'art populaire anonyme, des collages d'un "anonyme américain" (que j'ai identifié depuis peu grâce à l'amabilité de Frédéric Lux comme étant de l'autodidacte américain Javier Mayoral, voir le blog de Laurent Jacquy Les Beaux Dimanches qui y parle d'un blog tenu par ce créateur, appelé Locus Solus 1 où Mayoral parle de ses créations très diverses, ex-voto décalés, catcheurs, phénomènes à la Barnum ; le monsieur en question paraît beaucoup jouer de la distanciation tout en restant friand d'ingénuité: curieux!), un jeu de massacre forain, une poupée rescapée de tribulations dans des greniers oubliés, Jean Estaque, Serge Paillard, l'inévitable et mirifique Joël Lorand, Jean-Louis Cerisier, soit autant de figures ou de sujets que les lecteurs fidèles et attentifs du Poignard reconnaîtront sans coup férir  comme rôdeurs dans ces parages...

l'or aux 13 îles n°2,jean-christophe belotti,art immédiat,bruno montpied,armand goupil,marilena pelosi,joël lorand,gérald stehr,hérold jeune,la passerelle,maugri,jean-lous cerisier,charles lacombe,sefolosha,émilie henry,louis roy,art naïf,lobanov,donadello,sirènes,manero,ruzena,bernard javoy,serge paillard,monique le chapelain,pépé vignes,paul duhem,javier mayoral,guy girardA noter que je viendrai à l'auditorium de la Halle Saint-Pierre à 15h le dimanche 6 novembre (dans une semaine donc) en compagnie de Jean-Christophe Belotti qui dédicacera ce numéro tandis que je proposerai aux personnes présentes une dérive en une centaine d'images sur cette collection d'art immédiat (cela ne se limitera pas, étant donné le nombre, aux images présentes dans la revue). A bientôt donc.

Les illustrations qui accompagnent cette note sont, pour ce qui concerne les dernières des pages extraites de la revue.

        

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Création Franche, la revue, n° 44 et n° 45

     Si, régulièrement, je me fais l'écho de la seule revue que nous ayons réussi à pondre en France au sujet de l'actualité des arts spontanés (la création, dite franchepar Gérard Sendrey,  fondateur du musée du même nom), j'avoue avoir pris du retard vis-à-vis du n°44, sorti en juin 2016. Pourtant, il contenait d'intéressants articles, dont un en particulier de Brigitte Gilardet, une chercheuse en histoire de l'art contemporain, travaillant au CNRS, auteur récent d'un (probablement) fort intéressant ouvrage,  Réinventer le musée, François Mathey, un précurseur méconnu (1953-1985), qui est paru aux Presses du Réel en 2014.Lucienne Peiry, ph. Chris Blaser.jpg Dans ce n°44, elle se préoccupe de braquer la lumière sur Lucienne Peiry (voir son portrait ci-contre par le photographe Chris Blaser) et, en particulier, sur l'ouverture de l'art brut vers les mondes extra-européens qu'opéra celle-ci, le temps où elle fut aux commandes de la Collection de l'Art Brut (une dizaine d'années de 2002 à 2012).

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Création Franche n°44, avec une œuvre de Dimitri Pietquin en couverture, juin 2016.

 

     Par ailleurs, la création franche, ayant le courage de ne pas laisser retomber les peintres naïfs, victimes de l'aura grandissante de l'art brut – et, il faut bien le dire, des oukases de Dubuffet et de ses partisans, qui avaient beau jeu de vouer aux gémonies l'art naïf si l'on se référe à ce que l'on a mis en avant dans cet art des années 1960 à aujourd'hui , une sorte d'art cu-cul, comme dit Yankel... –, rend hommage de temps à autre à certains d'entre eux, comme dans ce même n°44 de la revue, à Simone Le Moigne (article de Jean-Pierre Nuaud).

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Gisèle Grun-Rousseau, sans titre (portrait d'un marin appelé Forbin), coll. permanente du musée de la Création franche, exemple d'art naïf contemporain de belle venue, ph. B.Montpied en 2008.

 

     Gérard Sendrey dans  le même numéro, comme Gilardet avec Lucienne Peiry, veut rendre hommage à un autre critique d'art, Dino Menozzi, qui anima très longtemps en Italie la revue Arte naïve qui s'ouvrit dans la dernière partie de son existence  aux arts singuliers. Par ailleurs, on trouve aussi un article d'archive (de 1991), de Jacques Karamanoukian, trop tôt disparu, s'étant fait l'écho de sa rencontre avec le créateur brut noir américain Sam Mackey à Detroit.

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Quelques numéros d'une valeureuse revue italienne sur l'art naïf et l'art singulier (marginal), Arte naïve... 

 

     Il y a bien sûr d'autres articles dans ce numéro, je ne vais pas tous les citer, il suffit de s'abonner. En ce qui me concerne, je signe un article, d'hommage là aussi, consacré à l'autodidacte Lino Sartori, mari de cette Andrée Acézat (à qui j'ai consacré un ouvrage dans ma collection La Petite Brute), influencé par la liberté de cette femme qui sut, à plus de 70 ans passé, abandonner tout ce qu'elle avait peint jusque-là pour se lancer dans une production de caricatures enfantines singulières. Lino Sartori, quant à lui, s'il peignit aussi sur divers supports en deux dimensions, choisit de préférence les souches de bois qu'il interprétait à la peinture, dans une démarche inconsciemment proche d'un Gaston Chaissac qui, on le sait, adorait peindre sur tout ce qui se présentait à lui, vieux bidons, planches de rebut, parpaings, marmites cabossées... Des œuvres de Sartori sont récemment entrées dans la collection permanente du musée de la Création franche.

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Lino Sartori, sans titre, tronc d'arbre évidé peint, coll. privée, région bordelaise, ph. B.M.

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Lino Sartori, sans titre (dialogue entre marionnettes?), 2007, coll. privée bordelaise, ph.B.M.

 

     Par ailleurs, est également sorti, en ce mois de janvier 2017, traditionnellement décalé par rapport à son mois annoncé en couverture (décembre 2016 ; la revue publie deux numéros par an), le n° 45 de Création Franche.

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Création Franche n°45, décembre 2016 ; en couverture, une œuvre d'une récente découverte de Pascal Rigeade : Léonie Pointis.

 

    Au sommaire, j'ai particulièrement retenu l'annonce par le directeur du musée, Pascal Rigeade, de la requalification du musée en "équipement d'intérêt métropolitain" depuis le 1er janvier dernier. Ce qui paraît signifier que les locaux deviennent propriété de Bordeaux métropole, alors que ce qui s'y expose et s'y anime reste de l'initiative de la ville de Bègles. Pascal Rigeade, dans son éditorial, délivre l'idée que cela pourrait induire des possibilités d'agrandissement et de modernisation pour le bâtiment actuel du musée. Ainsi qu'une communication accrue autour de ses manifestations. On sait qu'a été abandonné le projet de déménager le musée vers la Cité Numérique qui se trouve géographiquement plus près de Bordeaux. Il faut donc imaginer que les responsables de la Création franche rêvent maintenant plutôt de repousser les murs. Cependant, il faut noter parallèlement que le maire actuel de Bègles, Noël Mamère, qui a œuvré grandement à l'épanouissement du musée, ne se représentera pas aux élections en 2020. Il faut espérer que cela n'aura pas de conséquences sur l'avenir du musée, en place et actif depuis 1989 tout de même, et donc bien inscrit dans le paysage des arts spontanés à la fois régionalement, nationalement et internationalement.

      Par ailleurs, dans ce numéro on retrouve quelques contributeurs habituels : Paul Duchein (qui me paraît en petite forme), Dino Menozzi (sur une exposition d'"Irréguliers" à Cles, province de Trente, qui pose la question de "l'authenticité" préalable à toute création par ailleurs taxée d'"outsider" ; je dois dire que son texte, reposant les sempiternelles questions de délimitation terminologique m'a paru quelque peu embrouillé ; en particulier, qui  aurait l'idée – à part en Italie?– de reléguer encore  les "outsiders" et les "irréguliers" dans un quelconque ghetto?), Gérard Sendrey, Bernard Chevassu (qui revient sur les rochers de Rothéneuf de l'abbé Fouré sans véritablement apporter du neuf sur la question, et en véhiculant même une approximation à propos du gisant de la pointe du Christ – ce dernier n'est pas "Judicaël", comme avait cru bon de l'affirmer Frédéric Altmann, que l'on se rapporte à ce que j'ai révélé sur ce blog même, on se demande à quoi ça sert que je me décarcasse?), Jo Farb Hernandez (qui signale ses travaux de recherche sur les environnements spontanés en Espagne, ce que j'avais moi-même déjà relevé dans le n°43 de cette même revue en la citant, ainsi que d'autres ayant travaillé sur le même sujet (ce qu'elle bien entendu se passe bien de faire... ; le rédacteur en chef de la revue aurait pu – je le signale au passage – le rappeler en note)...

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Michel Maurice, sans titre, Musée des mille et une racines de Cornimont, ph. (inédite) B.M., 2016.

 

       En ce qui me concerne, j'ai offert à ce numéro un article qui dévoile pour la première fois dans une publication liée aux arts spontanés un petit musée pratiquement - je gage - inconnu du public des amateurs de ces arts, le Musée des mille et une racines de Michel Maurice (1937-2014) situé à Cornimont (Vosges ; il est dommage que la revue n'ait pas jugé utile de garder les coordonnées de ce musée que j'avais pourtant pris soin d'insérer à la fin de mon article, je les remets donc ici à la fin de cette note). Encore un créateur qui a collecté durant des décennies (50 ans) des formes naturelles en bois tantôt laissées telles quelles, tantôt réinterprétées, teintées, sculptées, etc. Cela avec beaucoup de goût. Après son décès, il est à noter que la municipalité de Cornimont, avec l'appui de ses proches, notamment sa fille Corinne, lui a bâti un musée tout exprès dédié.

Musée des Mille et Une Racines, 23, route de Lansauchamp, Cornimont (près de Gérardmer) . Ouvert tous les jours de 10h à 12 h et de 14h à 18h sauf les mardis ; fermeture du 14 au 30 novembre. Tél : 03 29 23 95 74.

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Michel Maurice, sans titre, (deux promeneuses?), musée des Mille et une racines de Cornimont, ph. B.M., 2016 ; photo non retenue par la rédaction de Création Franche.

Du côté de la Création Franche, à signaler dans les expositions à venir plus particulièrement une expo consacrée à l'art brut en Finlande du 14 avril au 11 juin 2017 qui promet d'être intrigante, tout autant que celle qui fut récemment consacrée à l'art brut indonésien.

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22/01/2017 | Lien permanent

Tours de force

       Qui n'a jamais reçu d'un correspondant à la belle âme une de ces cartes de vœux où s'étale un tableau dont la légende vous dit qu'il est l'œuvre d'un artiste handicapé « peignant avec le pied », si ce n'est « avec la bouche » ? Il y a quelques dizaines d'années, on recevait régulièrement dans les boîtes à lettres parisiennes des prospectus vantant des expositions de telles œuvres. Une édition s'est même spécialisée dans la reproduction des travaux de ces peintres du pied ou de la bouche, paraplégiques, tétraplégiques, manchots ou hommes troncs.

Ducornet portrait.jpg

Un portrait de Louis J. C. Ducornet par un certain (ça ne s'invente pas, sur notre blog...) Robillard

 

       Mais savez-vous que ces peintres ont un devancier qui, s'il n'est plus très célèbre, a été fort apprécié en son temps ? Louis Joseph César Ducornet (1806-1856) était né sans bras. Il était né aussi sans fémurs et n'avait que quatre orteils à chaque pied. Avec ces moignons de pieds, il réalisait en peinture de véritables tours de force, comme on peut en juger en regardant ses tableaux de paysages ou ses études de nus, exposés notamment au Musée de Lille. On dit qu'il se déplaçait accroché au dos de son père, il recevait étendu sur un édredon, mais cela ne l'empêcha pas d'être apprécié à la cour de Louis XVIII, qui le pensionna, ni d'avoir de nombreuses commandes.

       Il eut aussi plusieurs élèves, et l'un d'entre eux se nommait... Auguste Allongé (1833-1898). On ignore quel membre il utilisait pour peindre.

 

       Régis Gayraud

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L.J.C. Ducornet, Etude de tête de jeune homme

 

 

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Bonzom's de neige, gardiens de Nono, gardiens de Noël, hips!

    Voici des bonshommes tendrement amassés, tassés, palpés, façonnés par l'ami Max T., que la neige inspire toujours, malgré l'âge venu. Il essaie de les collectionner, me dit-il, mais l'on conviendra que c'est une collection des plus éphémères, bien accordée à la spontanéité de sa création. Une véritable collection d'art immédiat pour le coup. Encore une fois, pour s'en rendre compte et garder quelque souvenir de cette forme d'art collant à l'inspiration quotidienne, rien ne vaut la photo (ou le film).

 

Max T., bonhomme de neige[1], 2010.jpg

 

Bonhom' number one, photo et sculpture Max T.

 

        Le premier est raide comme la justice, un balai peut-être fourré là où je pense au lieu d'être dans ces bras qu'il n'a pas (ce qui explique qu'il a bien fallu mettre l'outil ailleurs). Bonhomme de neige genre sentinelle qui n'alertera personne.

  

 

Max T., bonhomme de neige (2), 2010.jpg

 Bonhom' number two, idem

 

     Pour le second, la nuit est tombée, manteau traditionnel qui va bien au teint des bonhommes de neige. C'est un boulimique, un obèse rembourré d'une baudruche qui pendra lamentablement sur l'herbe brûlée par le froid une fois le redoux bien amorcé, à moins que cette sous-ventrière trop gonflée n'explose sous la pleine lune, par suite d'une vilaine farce (encore un balai). On admire cependant le chapeau effilé à quatre testicules. 



 Max T., bonhomme de neige[3], 2010.jpg

Bonhom' number three, idem

 

    Enfin vint le troisième, avec son large sourire benêt, ses trous de nez en route pour devenir un groin, son poitrail de lutteur, ses onze âmes tournoyant autour de son chef, âmes boules de neige qu'il pourrait lancer à tous ceux qu'il aime, s'il avait des bras (il ne lui reste que des moignons) et s'il y avait des gens qu'il pût aimer.

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25/12/2010 | Lien permanent

Les bâtisseurs de Babel de Gabriele Mina

     Gabriele n'est pas une dame mais un anthropologue italien, donc là-bas ils ont des "e" à la fin des Gabriel, ou des Michel.

   J'avais signalé il y a quelque temps l'apparition d'un site web appelé Costruttori di Babele qui était le signe avant-coureur d'une recherche en cours sur les sites et les environnements d'art populaire en Italie, où, comme on l'a découvert avec l'actuelle exposition Banditi Dell'Arte à la Halle Saint-Pierre, commencent à apparaître de plus en plus d'initiatives pour intéresser le public aux riches créations atypiques présentes dans ce pays déjà lourd d'un patrimoine artistique conséquent (vestiges gallo-romains, littérature latine, peinture de la Renaissance, mythologie chrétienne...), qui de ce fait a peut-être retardé plus qu'ailleurs la connaissance de la créativité populaire.

 

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     Gabriele Mina a une position originale qu'il a tenté de résumer dans un texte en français qu'il m'a envoyé parallèlement à l'ouvrage ci-dessus paru à la fin de l'année 2011, et qui aide les non italophones à comprendre ce qu'il a voulu dire dans son livre principal, Costruttori di Babele, sulle tracce di architetture fantastiche e universi irregolari in Italia (je fais figurer ce texte en français en lien ici même, son titre étant Insiders, les constructeurs babéliques et nous ; il reprend en grande partie l'introduction italienne de son ouvrage). Il veut avant tout attirer l'attention sur ce qu'il appelle les Insiders, par opposition avec Outsiders. Ce terme d'Insiders paraît recouvrir des créateurs populaires non coupés du reste de la société, non marginalisés, œuvrant dans l’espace public. L’art populaire contemporain, ou art modeste, pourrait relever de cette dénomination. Régis Gayraud m’a signalé récemment que chez les historiens de l’ex-Union Soviétique, on parle de « non-conformistes intégrés » au sujet d’artistes non officiels en Russie. Ce qui paraît assez voisin de ce que l'on cherche à distinguer avec les Insiders. Ce serait une appellation disponible pour des anticonformistes non marginalisés ne relevant pas des courants de l’art officiel. Cela représenterait du coup beaucoup de créateurs, populaires ou non, professionnels ou amateurs, qui pourraient rentrer dans cette catégorie, pourvu qu’ils aient en commun une certaine indépendance d’esprit… Les environnements spontanés de créateurs, populaires ou non, reléveraient ainsi des Insiders... Et c'est bien ce qui paraît se constituer sous la plume de Gabriele Mina qui évoque dans l'ouvrage collectif qu'il a dirigé aux éditions Elèuthera à Milan une soixantaine de cas d'environnements créés par des hommes du peuple ou par des artistes (cette distinction paraissant nettement moins tranchée dans les résultats esthétiques qu'en France, où l'œuvre d'un Chomo ou d'un Tatin me paraît nettement différer de celle d'un Picassiette ou d'un Pailloux, être moins émouvante en tout cas). Dans les soixante, on retrouve certains créateurs évoqués à la Halle St-Pierre en ce moment même: Luigi Lineri, Marcello Cammi, Melina Riccio, Giovanni Bosco, Florenzo Pilia, Angelo Stagnaro, Giulio Rancilio, Bonaria Manca (chapitre écrit par Roberta Trapani), Vincent Maria Brunetti, Filippo Bentivegna, Maurizio Beccherini, Orpheo Bartolucci, Mario Andreoli...


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Mario Andreoli, détail de sa crèche de la Colline des Lumières (4000 m²...) qu'il illumine de début décembre à fin janvier à Manarola en Ligurie, photo extraite du site de la Galerie Rizomi à Turin (expo Ligurie brute)

 

      L'accent est davantage mis sur la notion d'anticonformisme et d'utopie (ce qui explique "Babel" à l'arrière-plan des recherches de Gabriele Mina), sur la revitalisation de la culture populaire contemporaine longtemps refoulée à la suite de l'histoire italienne –le fascisme ayant apparemment dès les années 20 choisi d'imposer à la population une resucée de la culture classique gréco-latine– que sur une critique de l'art d'élite, cause à laquelle je me suis attaché plus particulièrement avec mon propre livre Eloge des Jardins anarchiques dont Mina pourtant se proclame proche. On distingue en effet mal en parcourant Costruttori di Babele si on a affaire à des créateurs cultivés ou à des autodidactes créant à partir d'une culture populaire. Au point que je me suis demandé en le lisant avec difficulté (le problème de la langue) si les créateurs populaires italiens au fond n'avaient pas davantage de culture que les créateurs prolétaires français... C'est une hypothèse qui serait à creuser, pas complètement hasardée si l'on pense justement à la richesse du patrimoine et de l'histoire artistique italienne que j'évoquais ci-dessus.

 

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Bonaria Manca, Au travail, 1-11-1969, ph.Roberta Trapani


      Un point qui découle de cette quête utopique babélienne, "réaffirmer une appartenance de ces expressions excentriques au paysage culturel qui les entoure" (écrit Mina dans son texte en français mis en lien ci-dessus) est la critique qu'opère l'auteur vis-à-vis de l'art brut de Jean Dubuffet, accusé au fond de stérilisation par l'enfermement "dans la vitrine d'une vague diversité qui satisfait les attentes et le voyeurisme", au lieu d'être détruit par "l'asphyxiante culture". On retrouve là une critique de la ghettoïsation dans laquelle les défenseurs orthodoxes de l'art brut version Dubuffet enfermaient les créateurs de l'art brut, en en faisant, comme me le confiait récemment Bruno Decharme, s'il me permet d'ébruiter cette confidence personnelle, de nouveaux "dieux" (ou des "saints", comme disait pour sa part Dubuffet)... Or, comme disent nos amis anarchistes, ni dieu, ni maître! On ne va pas recréer une hiérarchie à l'envers, comme le demande au fond le marché de l'art qui se précipite chaque jour un peu plus vite sur la viande fraîche de l'art brut.

     Ce n'était pas ainsi qu'André Breton concevait les créateurs rangés dans l'art brut, il laissait dialoguer (un mot que Mina aime bien) les créateurs de toutes obédiences au sein de ses expositions internationales du surréalisme, il ne les mettait pas dans une réserve. Sans pour autant refuser de les documenter et d'indiquer leurs singularités. Les créateurs de l'art brut, les créateurs d'environnements n'étaient pas sans culture, la leur tenant davantage d'une culture populaire en miettes, en décadence, une culture dite de masse, un art modeste dirait Di Rosa aujourd'hui, dans laquelle ils repêchent les matériaux utiles à leur renaissance. C'est ma position dans mon Eloge. Et c'est ici effectivement que nous nous rejoignons Gabriele Mina et moi. De même que je lui suis reconnaissant d'avoir bien compris à quel point je refuse de me retrancher dans la rencontre avec les créateurs dans le film que j'ai écrit avec Remy Ricordeau, Bricoleurs de Paradis, parce que je trouve plus honnête de figurer à l'image avec les questions que l'on n'aura pas cachées.

A noter en outre que j'ai inséré à la demande de Gabriele Mina dans son ouvrage une réflexion sur la question de la conservation, ou non, des environnements d'autodidactes, intitulée La cura dell'ispirazione, Conservazione e prolugamento dei siti spontanei in Francia (en français: Entretenir l’inspiration, La conservation ou le prolongement des environnements spontanés en France), illustrée de trois photos montrant les sculptures abîmées de Gabriel Albert et de l'abbé Fouré.

Costruttori di Babele, vidéo

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Ubu, plein de latence, de forces contenues...

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De l'autre côté de la cour, ph. Bruno Montpied, 2012

     La grosse forme rouge qui attend là-bas, de l'autre côté de la cour, penchée au balcon, le regard perdu dans le vide, comme cueillie en plein recueillement, quelle est-elle? Que retient-elle au fond de son corps boursouflé, bouffi de tant de contention et sûrement pas de contentement...? Les yeux fendus en amande, hybride de Fu Manchu et d'un vague insecte extra-terrestre, il ne regarde personne en particulier, il est plongé en lui-même, rassemblant ses forces dispersées en dedans, les pognes crispées au fond des poches, comme bougon, très renfrogné. A quoi va-t-il  faire servir toute cette énergie rameutée? Quelques jours plus tard, il aura disparu.

 

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Le Théâtre Bois De Bout de François

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François le marionnettiste, photo Bruno Montpied, décembre 2009

      Depuis quelques mois, l'ami Remy Ricordeau me l'ayant signalé sur le parvis du Centre Beaubourg à Paris, je garde des photos de côté sur un marionnettiste de rue, dont je viens de découvrir qu'il se prénomme François. Remy me l'avait présenté en me disant qu'il s'exprimait avec ses marionnettes dans une musique qu'on pourrait apparenter à une sorte d'art brut musical. J'étais allé le voir, l'avais écouté. Il s'exprime avec un sabir étrange, déformant les mots, prenant un drôle d'accent en effet. Mais lorsqu'on l'entend répondre aux questions d'un interview dans le web-documentaire présent sur le site Brèves de trottoir (excellent site qui se voue à l'illustration sonore, visuelle, cinématographique des figures de la rue parisienne - et voilà encore un crêneau de pris sur le web!), on se dit qu'il a de la culture - il cite Dubuffet et son "homme du commun" à un moment - il nous dit descendre d'une famille de marionnettistes, il n'est pas complètement "barré".

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François, 2009, ph. BM 

 

   Mais qu'est-ce que ça fait au fond? L'homme est éminemment sympathique. Il vient en vélo tous les jours d'une campagne située à 50 kms de Paris pour rencontrer un public divers et varié (ou non, il lui est arrivé de jouer devant le vide, en continuant quand même), il manipule ses marionnettes à fil, tirant des borborygmes par-dessus l'action de ses histoires décousues, soufflant dans son harmonica avec une sainte inspiration. Il fait de "l'art populaire", il maintient le théâtre de marionnettes en public, comme il dit à un moment où on n'en voit plus beaucoup dans les rues. Son désintéressement est peut-être ce qui lui fait  avant tout rencontrer quelque public plus ou moins éberlué et lentement gagné à sa cause. Son jeu, son accent pâteux, comme d'un dyslexique ou d'un handicapé verbal, intriguent, donnant à ses spectacles un aspect vaguement foutraque.

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 Les marionnettes épuisées, ph BM, 2009

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