06/03/2009
Jean Estaque
Jean Estaque est une des figures déjà anciennes de l'art dit singulier. Sous ce terme, j'entends les créateurs quelque peu en marge des courants principaux des arts plastiques contemporains et qui font preuve d'une belle fidélité à une expression synthétique, voire enfantine, primitiviste si on veut, proche des arts populaires dont par ailleurs Estaque recueille chez lui certains exemples pris dans l'art brut et autres. C'est un petit cousin de Chaissac, pourrait-on dire (n'oublions pas que Gaston était originaire du Limousin), qui a débuté dans la sculpture sous l'influence de l'art roman, nous dit un dossier de presse. C'est un amoureux de la Creuse où il vit (c'est là que je l'ai rencontré voici plusieurs années déjà, à Savesnes, où il a aménagé depuis quelque temps une salle vouée à exposer des créations qui lui plaisent -on aimerait pouvoir en faire autant...), après être né dans l'Ariège en 1945.
Il expose jusqu'au 11 mars, plus que quelques jours donc, à la galerie lyonnaise A.Del Gallery (nom un peu tirebouchonné, n'est-il pas?), au 33, rue Auguste Comte, dans le 2ème arrondissement. Des oeuvres inspirées des personnages vus dans les nouvelles de Guy de Maupassant. C'est un tailleur de bois qui aime en outre la polychromie, mais il saura utiliser à l'occasion d'autres matières et supports, cartons et papiers (découpés, déchirés, dessinés...), faisant recours plus souvent qu'à son tour aux techniques de la gravure. Ses oeuvres ont parfois fort à voir avec certains jouets, et débouchent à d'autres moments sur les reliquaires. Des oeuvres monumentales ont pu lui être commandées, comme ce fut le cas au Lac de Vassivière.
Contrairement à tant d'autres artistes uniquement préoccupés de leur nombril, il sait se tourner vers les autres créateurs, notamment les plus modestes et les plus discrets d'entre eux, les créateurs populaires. C'est lui qui me signala l'existence de Pierrot Cassan, comme je l'ai déjà dit, mais c'est aussi avec son aide que je pus retrouver la trace des oeuvres de Ludovic Montégudet conservées par sa famille à Lépinas (toujours en Creuse), ce qui ouvrit la voie à une exposition des oeuvres sculptées naïves de ce dernier au Moutier d'Ahun à l'été 1992. En fait, il semble qu'entre l'art populaire et Jean Estaque ce soit un continuel va-et-vient, comme dans le phénomène des vases communicants. Tout ce qui me vient d'Estaque me maintient toujours en alerte.
00:55 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean estaque, art singulier, maupassant, a.del gallery | Imprimer
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