31/10/2009
Un voyant
Le Voyant exacerbé, Maine-et-Loire, photo Bruno Montpied d'après un détail sur un orme mort, juillet 2009
A trop insister dans l'interprétation hallucinée, l'oeil finit par se dilater, se métamorphosant lentement, aussi lentement qu'une dérive des continents, l'oeil se pétrifie, durcit et devient un bloc de bois où serpente progressivement une lézarde, bientôt une crevasse, indice d'une fracture à venir... Le nez a été grignoté par un mulot. Pendant l'éternité de cette tentative de voyance, il a bien eu tout son temps. La face ressemble du coup à celle d'un lépreux. La bouche tente de hurler mais là aussi les paroles et la langue se sont muées en un bloc de bois fendillé où l'on peut deviner des grimaces, des rictus d'un hôte parasite narquois... C'est cher payé le moment de divination.
09:37 Publié dans Photographie, Poésie naturelle ou de hasard, paréidolies | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : poésie naturelle, photographie, bruno montpied | Imprimer
Commentaires
Drôle de voyant qui ne voit même pas la poutre qu'il a dans l'oeil...
Écrit par : RR | 01/11/2009
Répondre à ce commentaireUne rotation droite nous donne une poupée de Michel Nedjar ...
Bien vu la poutre.
Écrit par : fred | 03/11/2009
Répondre à ce commentaireje suis particulièrement sensible à cette "poésie du hasard", qui ne s'arrête pas simplement aux arbres, mais aussi au roches, lichens, taches etc. Quand je regarde les choses avec ce prisme et cette ouverture d'esprit, je perçois cette poésie un peu partout. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé d'aller un peu plus loin en faisant un réel travail autour de cette idée.
Mes photos sont légèrement retouchées afin de mettre plus en valeur l'esthétisme qu'on a perçu lors de la prise de vue.
Le résultat est ici : http://www.monch.fr/index_galeries.php?photo
... et ce n'est que le début d'une longue série car j'ai en réserve une très grande quantité de clichés qui vont dans ce sens.
Écrit par : Monch | 10/11/2009
Répondre à ce commentaireLes photos qui sont sur votre site "en cours de construction" sont fort belles, ma foi. Je vous joins dès lors à mes liens.
Cependant, petite discussion... Dès que l'on photographie une image brute trouvée dans la nature ou dans le décor urbain, une image dûe au hasard en tout cas, on doit le dire en légende, "sans retouches" ou "avec retouches", ce que vous faites avec honnêteté. Vous indiquez que vous retouchez "légèrement"... On ne peut dès lors que se mettre à douter du plus ou moins grand degré de "légèreté" mise dans la retouche. C'est pas possible, se dit-on, il a pas mal retouché, mais jusqu'où?
D'autant que dans votre cas, vous retouchez en faisant illusion. On dirait des images naturelles, sans retouches, tout en étant retouchées...
Si je retouche personnellement -mais c'est peut-être aussi que je ne suis pas aussi habile et professionnel que vous et que donc je ne peux faire autrement...!- je le fais franchement, cela apparaît avec évidence (je ne me souviens pas sur le moment avoir mis de ces photos retouchées sur ce blog, cela viendra). Je ne cherche pas, a priori, à simuler la mise en forme propre à la nature ou au hasard des formes. Pour que mon spectateur sache exactement devant quoi il se trouve. Sinon, l'image de poésie naturelle retouchée dans un sens illusionniste reste suspecte. Malgré la déclaration de retouche, elle reste comme une tromperie. Me fais-je comprendre? Personnellement, j'aime la photo prise objectivement, le hasard naturel trouvé et non retouché. Car j'espère que mon spectateur en retirera un sentiment de stupéfaction aussi grand que le mien. Qui a créé? Se dit-on alors... Le hasard, la nature, le photographe avec la nature et le hasard? Car il y a bien dans cette prise d'image un choix opéré de toute façon par le photographe. Il y va bien d'une inévitable subjectivité, même en cas de photo objectivement réalisée, sans retouche. Cependant, il reste possible que malgré cette subjectivité du photographe, on puisse convaincre encore le spectateur que la nature aussi sait façonner des images pour les hommes. Il y a un sentiment esthétique de la nature peut-être...
Écrit par : le sciapode | 11/11/2009
Répondre à ce commentaireJe suis très honoré que vous appréciiez mon travail et vous remercie pour le lien…
Comme je l'ai exprimé plus haut, cette poésie naturelle n'est visible qu’à travers l’œil du photographe (ou du passant).
Oui il y a un choix ! Disons que le "hasard" de ces images existe bel et bien, cependant, je n’hésite pas à le provoquer en jouant sur la lumière, l’angle de la prise de vue et, en amont, beaucoup grâce à l’observation.
La nature est source de mon inspiration et est d’une très grande richesse, mais le reste est de moi et le revendique ! Ces choses n’existent pas, je les fais exister ! Quand je croise un arbre mort ou noueux, un mur lépreux, une roche accidentée, ces images ne s’imposent pas à moi, je les recherche… et je les trouve. Ayant acquis ce « prisme » dans mon regard en voulant aller plus loin (c’est pour moi un réel coup de cœur !) cela m’a grandement facilité les choses, je me retrouve avec un nombre de clichés impressionnant.
Les retouches ne sont que la continuité de cette démarche : j’aide simplement cette vision de la nature (ma nature ?) à mieux se révéler. Il y a aussi le fait que je n’ai pas pour le moment un très bon matériel de prise de vue, je prends mes photos avec un petit appareil certes performant mais pas professionnel. Les images sont donc un peu "plates", manquent de contraste etc. J’aime mettre en valeur ces trouvailles, je veux simplement que le résultat soit beau, je les ai d’ailleurs appelés "tableaugraphies", néologisme né de "tableaux" et "photographies". Comme je me débrouille un peu avec la retouche d’images, voilà le résultat !
Je n’ai absolument pas le sentiment de trahir ni de tromper sur le contenu de ces images, la retouche n’est présente que pour rendre le contenu encore plus beau. L’art brut n’existe que par le fait d’être mis en valeur, sinon ce n’est juste qu’un objet du quotidien.
D’ailleurs, en observant la page de mon site, pour chaque image se trouve un lien vers le cliché non modifié, ce lien s’appelle "voir l’original", vous pourrez ainsi vous rendre compte facilement jusqu'où je suis allé dans la modification.
Je mettrai aussi bientôt des photos non retouchées sur mon site, tout simplement parce que certains clichés n'en ont pas besoin.
Pour info, j’ai effectué des tirages papier des tableaugraphies au format A3, le rendu étant de bonne tenue, s’il y a des curieux (région parisienne) …
Écrit par : Monch | 12/11/2009
Répondre à ce commentaire"L'art brut n'existe que par le fait d'être mis en valeur...", dites-vous. Certes, mais il n'est pas retouché pour autant! Et puis, dans son cas, il s'agit d'un objet créé par un être humain et non pas par le hasard naturel, une oeuvre, dés lors que les regards des autres amateurs d'art l'ont élevé à cette qualification.
J'ai regardé le lien "Voir l'original" (que je n'avais pas perçu clairement à cause du manque de largeur de mon écran!), et je m'aperçois que vous intervenez de façon variée tout de même. Si vous retravaillez les contrastes, la luminosité, la netteté, etc, nous sommes dans une démarche ordinaire, c'est déjà le travail habituel de celui qui fait un tirage argentique. Moi aussi, je fais ainsi quand j'enregistre mes clichés. Vous allez cependant plus loin dans certains cas. Vous ajoutez des matières, vous créez des gueules là où il n'y en avait pas, des pupilles là où la nature n'en avait pas mis. Vous faites de l'art avec une image trouvée, et vous avez raison d'inventer un terme pour décrire cela ("tableaugraphies", qui est un mot-valise comme néologisme ; entre parenthèses, je ne le trouve pas satisfaisant, vous auriez dû garder le mot "photo" dans votre nouveau terme, "photopeinture" ou quelque chose dans le genre...).
Écrit par : lesciapode | 12/11/2009
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