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21/08/2011

Le musée d'Antoine Paucard, limousinant, ancien communiste, poète et sculpteur autodidacte, patriotard et spiritualiste

 

Cette note est dédiée à la personne signant "les freluquets farfelus" qui m'a mis sur la piste d'Antoine Paucard, qu'elle en soit donc remerciée ici.

 

     Que d'étiquettes à coller sur le dos de cet étonnant personnage qui vécut une grande partie de sa vie à Saint-Salvadour, en Corrèze... Antoine Paucard,antoineP.jpg né en 1886, disparu en 1980, à l'âge respectable de 94 ans, fut en effet, nous dit-on sur internet (sources blogs Algerazur, Jean Maury et Wikipédia, dont les informations sont à réactualiser, je m'y emploie ici même), "tour à tour cultivateur, maçon, révolutionnaire, voyageur, auteur de chansons limousinantes, poète", et surtout pour ce qui me concerne un sculpteur naïf de première qualité...

 

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Antoine Paucard, autoportrait avec un ami, Roger Cronnier, avec commentaires inscrits sur les côtés, et au revers un bas-relief montrant "Minerve, déesse de la sagesse et des arts", (cette statue, difficile à déplacer, était à cet emplacement, devant l'ancienne maison de l'auteur, d'une manière toute transitoire), ph. Bruno Montpied, juillet 2011  

     En effet, venu sur le tard semble-t-il à cette dernière forme d'expression, il créa un ensemble de statues taillées pour leur majorité dans le granit qu'il décida d'exposer dans un petit musée bricolé par ses soins dans une petite dépendance de sa maison principale (voir image ci-contre, ph.BM).005 Ancienne-maison-d'A-Paucard.jpg L'entrée était libre, une pierre indiquait un "musée Paucard",047-bis-Musée-Antoine-Pauca.jpg ouvert tous les jours, et un panneau proclamait, paraît-il: "Entrez comme chez vous, mais refermez le clidou" (à mon passage, en juillet dernier, je ne l'ai plus vu, et pour cause, le musée avait été vidé de son contenu, par suite de la vente de la propriété par le fils d'Antoine Paucard et le transfert des collections dans un local également derrière la mairie du bourg où elles sont actuellement en cours de réinstallation).

 

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Cherchez le nouvel emplacement du musée Paucard... Ph. BM

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Le voici de nouveau à l'abri (chantier en cours... a priori non visitable pour l'heure), ph. BM

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Les statues transférées, une trentaine à peu près, pas toutes encore installées au moment de ma visite... Ph. BM, juillet 2011

      Depuis 2008, la commune, consciente de l'importance de ce patrimoine, a racheté le musée, ainsi que les archives d'Antoine Paucard, qui comptent notamment 120 carnets, contenant des notes et des réflexions personnelles, des aphorismes, des souvenirs, des poèmes, des chansons, le tout écrit entre 1930 et 1975... Peut-être la commune possède-t-elle un exemplaire, voire le manuscrit même, du livre qu'écrivit Paucard de retour d'URSS en 1933 (il n'y a pas que des Gide à en être "revenu"), intitulé "Un mois en Russie, par un paysan de la Corrèze". Je donnerais cher pour pouvoir lire ça...

 

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Coffre d'Antoine Paucard couvert de poèmes ayant trait à ses carnets de notes, que ce coffre était vraisemblablement chargé de conserver, ph.BM  

 

     Cependant, on peut se faire un début d'idée sur la personnalité et les opinions d'Antoine Paucard tant ce dernier a laissé ailleurs que dans ces carnets des traces de ses pensées. Il a inventé en particulier une très originale façon de les exprimer: des statues-poèmes (c'est moi qui les appelle ainsi). De nombreuses effigies sont striées d'inscriptions gravées et soulignées en noir, qui sont autant d'étapes dans l'histoire paucardienne de ses admirations, de son panthéon personnel, de sa philosophie, de ses convictions.

 

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Musée Antoine Paucard, de Napoléon à Sédulix... Ph.BM

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Les généraux Margueritte et Nivelle, Sédulix et autres... Ph BM

 

     Parmi  ces effigies, on retrouve Napoléon, Charlemagne, Richelieu, deux généraux de la guerre de 14, Margueritte et Nivelle, un chef gaulois particulièrement vénéré par Paucard, nommé Sédulix (sorte de Vercingétorix du Limousin), Saint Salvadour, le père et la grand-mère de l'auteur, des chasseurs d'Afrique (vraisemblablement, étant donné que c'est le corps dans lequel servit Paucard de 1906 à 1909, et où il perdit un œil au Maroc), Confucius, etc.054-bis-Chasseur-d'Afrique-poly.jpg

 

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Antoine Paucard, "Positivisme...et spiritualité", ph.BM

 

      Mais aussi, il n'est pas rare de rencontrer des pierres entièrement vouées aux inscriptions, l'auteur gravant ses écrits dans la matière, affichant ainsi sa volonté de représenter plus solidement l'éternité de l'esprit qu'il n'a de cesse de proclamer dans sa littérature (dont la postérité lui paraissait sans doute peu assurée), et particulièrement aussi au cimetière du village où il a pu sculpter son tombeau et celui de sa famille,028-Tombeau-de-la-famille-Pauca.jpg et de surcroît la stèle commémorant la mort d'un de ses compagnons résistants du "combat de La Servantie" (où cela se passait-il? Dans quelle région ou maquis? On aimerait davantage de renseignements là-dessus...),036-Datiko-Verouachvili,-la-pho.jpg un Géorgien au calot étoilé, Datiko Verouachvili, à qui il a consacré dans son musée un buste également.086 Résistant-géorgien.jpg    

Bibliographie:

Françoise Etay, Les chansons du temps de mon grand-père, in L'ethnomusicologie de la France, Editions L'Harmattan, 2008, pp. 225–226.

 

Robert Joudoux, Évocation d'Antoine Paucard, écrivain, sculpteur et chansonnier limousin de Saint Salvadour, Lemouzi, n°147, juillet 1998, p. 21.

Jean-Loup Lemaître, Michelle et Stéphane Vallière, Corrèze, 100 lieux pour les curieux, Guide Bonneton insolite, juin 2010, chapitre "Souvenirs d'un anticonformiste", pp. 167-169.

Illustrations du bas de cette note: Datiko Verouachvili en photo sur sa tombe au cimetière dont l'épitaphe a été rédigée et  gravée par Paucard, et aussi en buste, taillé dans le granit par Paucard dans son musée.

 

 

Commentaires

Bel article, merci !

Écrit par : Cosmo | 22/08/2011

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Par association d'idées "Antoine", j'ai retrouvé une coupure de presse locale sur le petit musée Antoine Brun à Sainte-Consorce, le connais-tu ?

On ne trouve pas grand chose sur le net à son sujet.

"Extraordinaire personnage né en 1822 à Sainte-Consorce (69), Antoine Brun était un paysan qui se prit de passion pour les nouvelles revues illustrées de son époque. Grâce aux progrès de l'imprimerie, les Français y découvraient pour la première fois des images représentant les trésors architecturaux des quatre coins du monde. Dans les pages du "Magasin Pittoresque" et de "L'Illustration", le Town Hall de New York et les mausolées d'Afghanistan révélaient leur secret. Fasciné par ces images, Antoine Brun commença à sculpter des morceaux de bois, travaillant patiemment à révéler les moindres détails des monuments qu'il choisissait de reproduire, inventant si nécessaire les éléments manquants. Devenue la grande affaire de sa vie, sa passion de sculpteur le fit produire près de 160 maquettes toutes plus surprenantes les unes que les autres.
Le nouveau Musée Antoine Brun de Sainte-Consorce est leur nouvel écrin..."

Écrit par : Cosmo | 26/08/2011

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Ca ne me dit quasiment rien. Seul le nom éveille en moi un vague écho, de même que la mention de "maquettes". Faut dire que ce dernier mot me détourne le plus souvent d'aller y voir de plus près, tant on a affaire le plus souvent à de doux maniaques sans grande inventivité. Mais ta coupure de presse est intriguante, je le concède. Peut-être qu'un lecteur du Rhône (Jean B., es-tu là?) pourrait nous en dire un peu plus après être allé faire un tour à Ste-Consorce?

Écrit par : Le sciapode | 27/08/2011

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Peuit-être des réponses à quelques questions que vous vous posez...

René Guenzi, ancien de l’A.S. des Monédières, avait rejoint le détachement Guy Lelong. Le groupe « Guy Lelong » a été attaqué à l’aube du 3 mai 1944. Il y eu 4 tués sur place, 14 prisonniers. 13 ont été déportés. 8 sont morts dans le train du 2 juillet. Un autre est mort en camp. 4 ont survécu. Quatre camarades ont réussi à s’enfuir : Auguste, André Faucher, Pitou et Pierrot Balage.
René Guenzi :Le 27 avril 1944,par l’intermédiaire du boulanger de Chamboulive, Monsieur Jonchère, qui me connaissait depuis trois mois, je rejoins le groupe Guy Lelong à la Servantie. J’y retrouve mes copains de l’A.S. : Dédé, Beaumont, Boucher, L’Auvergnat, Clairmont. Aucun problème avec les autres hommes du groupe qui m’admettent parmi eux. Je suis promu chargeur F.M ., arme que je connais parfaitement, 24- 29 ou Bren. Auguste ne veut pas m’engager à Vigeois, mais me confie la garde du campement – 1° et 2 mai – c’était gros pour mes épaules d’adolescent. Le 2 au soir, les gars rentrent. Du 1° au 2 mai, je n’ai pas beaucoup dormi. Mes compagnons, eux, sont fourbus par la marche. 5h 30 : les Boches sont sur nous. Chargeur au F.M. , à peine éveillé, je suis à ma place en caleçon, à la gauche du tireur Georgius. Il est tombé lors de l’attaque, foudroyé par une rafale. Si je m’étais trouvé à sa droite , je n’écrirais pas aujourd’hui. Il a été foudroyé par une rafale avant même d’avoir pu épauler son F.M. Quatre camarades ont été abattus. Nous sommes 14 prisonniers embarqués dans des camions stationnés près du hameau de Bort. Le convoi prend la route, s’arrête quelques instant au Puy-Grand, puis sur la place centrale de Chamboulive, devant l’église. Nouveau départ en direction du campement du détachement «Roland » à Bretagne. C’est un échec pour l’ennemi, le détachement a pu décrocher. Nous reprenons la route en direction de Tulle. Arrivés à l’école de Souilhac, nous sommes enfermés dans un cachot sans fenêtre, dans le noir. Le 4 au matin on nous sort. Nous sommes dans la cour éblouis par la lumière du jour, adossés au mur ; Devant nous, un M.G., sur une table avec ses serveurs. Cette mise en scène est montée pour nous saper le moral. Puis arrive une traction noire, ça gueule, ça hurle. Un camion arrive ensuite et, le temps de le dire, nous sommes embarqués avec une bonne ration de coups de crosse . Destination : une pièce sous les toits de l’école normale. Là nos gardiens, soldats de la Wehrmacht, sont corrects et humains avec nous. Puis c’est le passage à l’hôtel Saint-Martin Pegharre passe le premier. Je suis le second. Sur un bureau une carte est étalée. Je dois montrer l’emplacement des camps et parachutages. C’est facile, ceux qui sont « grillés « sont déjà indiqués, quant aux parachutages, je m’en tire en disant qu’il s’agit d’équipes spécialisées que personne ne connaît dans les groupes. En fait l’interrogatoire a été plus long et plus compliqué.
Il y a, je pense, affluence de prisonniers et nous sommes transférés à Limoges vers le 18 – 20 mai, hôtel Tivoli. Superbe « raclée » pour nous souhaiter la bienvenue. Je perds ma première dent. K.O. : des coups de pied dans le côtes me réveillent et je vois un fauteuil s’écraser sur la tête du berrichon Bodin. Les morceaux serviront à rosser Clairmont et on nous enferme 17 bis, place du champ de foire, prison des troupes d’occupation. Clairmont et moi sommes cellule 35. Deux de nos copains sont dans la même cellule que Guillaume d’Ussel. Sous la fenêtre de ma cellule, se situe le poteau où les G.M.R. fusillent. Les Allemands n’exécutent pas à la prison.
Louis Gourinal. Pressentant un malheur, nous allons aux renseignements. A notre arrivée sur les lieux , que nous avons heureusement quittés quelques jours auparavant, nous découvrons le drame, les cadavres de nos malheureux camarades. Certains ont subi, en plus des blessures, les affres de l’incendie qui continue à consumer les sous-bois. Deux corps en aval du parachute ont été atteints lorsqu’ils tentaient de fuir. Je reconnais Jojo, le joyeux bordelais, ancien du camp de Chabrillanges et à ses côtés un camarade venu de l’A.S. et entré au groupe quelques jours auparavant, Beaumont. Sur le terre plein, fort reconnaissable par sa stature, Georgius, déserteur d’origine géorgienne, arrivé au début de l’hiver à la Gente de Saint-Salvadour, était criblé de balles. Près de lui enfin, mon cher et vieux camarade Le Floch, ce vieux Bébert de Pradines, compagnon de jeunesse que j’avais retrouvé l’été 43 à Cors de Veix avec « le Frisé », a été achevé, lui, d’une balle dans la tête. Nous l’avions rencontré avec « Le Grand Sec » le soir de l’opération de Vigeois, l’avant veille. Il était épuisé Et René lui avait promis que les conditions seraient crées afin qu’il puisse se reposer. Le repos, il l’a eu, éternel.
L’étendue du drame nous apparaît dès lorsque des témoins nous informent qu’un fort groupe de prisonniers a été conduit dans des camions en attente sur la route. En quelques instants, ce groupe, le plus ancien de la compagnie formée, l’année d’avant dans les Monédières, et qui avait surmonté bien des épreuves, a été anéanti. Et de surcroît, pour la deuxième fois depuis avril, c’est une hécatombe de nos meilleurs camarades, ceux avec lesquels nous avons partagé les difficultés de cette existence exceptionnelle, bien plus, une espérance commune.
En ces moments pénibles, douloureux où l’on sent la mort rôder autour de soi , l’on a besoin de stimulant pour faire face à l’adversité car la lutte continue.
De retour au campement nous partons, laissant nos amis Miginiac, admirables patriotes, et pour la deuxième fois, en un mois, nous gagnons le col du Bos et les vastes frondaisons des Monédières, toujours complices des persécutés. A trois reprises les plus anciens du Guy Lelong avaient fait le même chemin. Ce soir, nous savons que nos frères ne seront pas avec nous.
La formation ennemie conduite par un traître, venant de Saint-Salvadour, arrive dans la matinée à Bretagne de Pierrefitte où est installé le détachement Roland commandé par René Fossard.
René Fossard. Le matin du 3 mai, nous sommes, pour la plupart, de retour de Vigeois. Nous mettons en place un dispositif d’alerte en fonction des circonstances. A la garde de deux heures réglementaires avec un homme seul, je substitue un tour de garde d’une heure seulement, avec deux gars et l’interdiction de fumer. Nous attendons les camarades qui ne nous ont pas encore rejoints. Il en manque peu, mais il faut que nous puissions identifier à distance ceux qui se présentent. Le matin, alors que je fais un tour d’inspection en blouson de cuir et bottes de caoutchouc, j’entends une sentinelle crier : « les Chleus ». Près de moi , est Jo Guérin. Immédiatement, je donne l’ordre de rassemblement et de l’évacuation. A ce moment, arrive de la poste une petite fille, « Le brigadier de gendarmerie » dit-elle, « a téléphoné pour vous prévenir de l’attaque ». Rapidement, armes, munitions, couvertures sont rassemblées en priorité, les objets personnels à détruire. Jo se sert d’une souche pourrie pour cacher des documents. Il les recouvre de terre. Nous les avons retrouvés par la suite. Gaston qui nous a rejoints déambule en caleçons.
D’aucuns proposent de descendre vers la Vézère dans un passage où nous pourrons traverser à pied sec. Nous nous replions sous le couvert d’un bois à proximité et à l’abri des frondaisons. Je reste en arrière et j’essaie, avec un briquet, de mettre le feu à des bidons d’essence que nous avions récupérés. Mais impossible d’enflammer cette essence synthétique, de brûler les parachutes. D’ailleurs cela commence de tirailler, à mon tour, je traverse la rivière. Je dis à mes compagnons : « Regardez dans le pré, une mitrailleuse avec ses servants !».
Les Allemands nous cherchaient dans le bois alors que nous sommes dans le fond ! Les directives ont été les suivantes : un par un et, après avoir vérifié que les armes sont en position de sécurité, sortir de la frondaison accroupis et marcher le plus loin possible en direction d’Eyburie. Le mouvement s’opère ainsi. C’est à ce moment que Gaston s’écrie : « Je vais en allumer un ! ». Je lui réponds : « Si tu fais cela, ce sont tous les copains qui vont y passer et je t’assure que, toi, tu ne verras pas la suite !». Gaston ajoute : « Nom de Dieu, nous n’allons pas partir comme cela ! ».
J’avais sorti mon revolver. Quoi faire d’autre lors d’un repli que d’essayer de passer inaperçus ? Nous progressons et à un moment, l’un de nous dit : « Qu’est-ce que ces vieilles là-bas ? ». Nous allons nous rendre compte et nous découvrons que ce sont des soldats allemands avec autour de la tête des branchages en guise de camouflage. Ils se dirigeaient vers la zone que nous venions de quitter. La zone dangereuse n’était pas encore dépassée ! Arrivés à Eyburie, nous nous concertons et je propose de faire mouvement vers la forêt du Rond dans les environs de Meillards. C’est ainsi que nous parvenons à notre ancienne sape. Ce n’était pas le moment de s’y attarder car si nos adversaires étaient bien renseignés, et nous n’avions pas de doute à ce sujet, ils n’allaient pas tarder. Nous allons donc nous installer assez loin avec une garde renforcée.
La tragédie. Au cours de l’hiver 1943-1944, Datiko Vérouatchwilli , après avoir quitté son unité rencontre au niveau du village de Cousein un G.M.R. de garde à l’usine électrique de Bar.
Avec les rares mots de notre langue, il lui manifeste son intention de rejoindre les rangs de la Résistance. Le jeune Milou Géraudie le met en contact avec le maquis de la Gente. Il est affecté au détachement fixé au détachement fixé dans les fourrés du versant boisé de La Servantie.
Le 1° mai avec trente de ses camarades, il participe à la libération temporaire de Vigeois qui se traduit par la prise de la gendarmerie, une cérémonie au monument aux morts et un autodafé des portraits et proclamations des Pétain-Laval.
Le retour de Vigeois se fait en ordre dispersé. Le soir du 2 mai, ceux qui sont rentrés apprennent qu’ils doivent abandonner le camp de la Servantie, mais , harassés, ils remettent l’évacuation au lendemain.
C’est le grognement du chien de garde, vraisemblablement intrigué par un bruissement de feuilles suspect qui réveille Balage. André Faucher soulève légèrement la toile du marabout et crie : « Aux armes, les Boches sont là ».
Datiko réussit à se saisir du fusil mitrailleur et à engager le chargeur, mais il s’effondre, criblé de balles. L’effet de surprise a été total. Le combat est désormais inégal.
Les Allemands se retirent après avoir achevé trois de ses camarades et embarqué quatorze prisonniers vers les camps de la mort. Ils ont incendié le camp.
Le père d’André Faucher, à la recherche de son fils, y découvre les quatre cadavres carbonisés et informe les gens du village de Bort. La population terrorisée hésite à se rendre sur les lieux du drame et c’est de nuit que Léonard Peyrussie attelle ses vaches pour aller chercher les corps et les transporter à l’église de Saint-Salvadour. Le curé Audouaneix accepte de prendre le risque de célébrer leurs obsèques.
Cet épisode tragique de la lutte pour la liberté a profondément et durablement marqué la population de Saint-Salvadour et des environs. Marcel Plas et Antoine Paucard notamment ont veillé à perpétuer la mémoire des victimes en érigeant une stèle à La Servantie et ce modeste mais émouvant monument funéraire pour Datiko Vérouatchwilli.
C’est Antoine Paucard qui a composé et gravé dans le granit l’épitaphe que nous pouvons lire. « La commune de Saint-Salvadour, à tous ceux qui ont souffert et qui sont morts pour le pays. A son soldat inconnu d’hier et de demain. Mais au valeureux enfant de la lointaine Tiflis tombé en combattant, ici même, à la Servantie, le 3 mai 1944. Puisqu’il repose auprès de nous, sa place est bien là dans ce modeste mausolée du Soldat Inconnu. 0, notre brave Datiko Verouatchwilli, à jamais on sera fier de toi, repose en paix ! ».
C e matin du 3 mai 1944,Henri Monjanel, réfractaire au S.T.O ., se rend, à pied, de chez lui, à La Borie de Pierrefitte, à pied, à la pharmacie de Chamboulive, avec une ordonnance du Docteur Chambon d’Uzerche qui avait été appelé pour sa mère malade.
Un pli contenant vraisemblablement un message, lui a été confié par un inconnu, probablement issu du camp Roland surplombant la Vézère au dessous du village de Bretagne. Il lui a été précisé que le destinataire le reconnaîtra lorsqu’il arrivera sur la place de Chamboulive.
Au niveau du chemin de l’Aumonerie, il se trouve nez à nez avec un convoi allemand qui l’intercepte en dépit des justifications de sa présence sur la route qu’il tente d’apporter.
Il est entraîné sous bonne garde des soldats qui accompagnent le convoi à pied jusqu’au village de Bretagne et jusqu’au bois où était implanté le camp qui s’est heureusement replié mais où subsistent quatre ou cinq camions.
Les Allemands éventrent les tas de feuilles que les métayers avaient rassemblées pour faire la litière de leurs bêtes. Ordre lui est intimé de se coucher afin d’éviter les balles par son gardien qui s ‘exprime dans un français impeccable sous l’uniforme ennemi.
Au sol, il en profite pour extraire de la doublure de sa veste le pli compromettant qui lui a été confié et l’enfoui, tant bien que mal en ramenant dessus un peu de terre avec ses pieds
Des bœufs sont attelés pour remonter les camions jusqu’à la route carrossable où les Allemands réussissent à les mettre en marche.
Henri Monjanel est embarqué dans le véhicule où se trouvent déjà les Francs Tireurs faits prisonniers le matin au camp de la Servantie
Au niveau de chez lui, à La Borie, il essaie de faire un signe d’adieu aux siens qui se sont déjà rendu compte de son arrestation, mais c’est impossible en raison de la position couchée imposée aux prisonniers.
Il pense néanmoins que c’est par Chamboulive et Le Puy-Grand qu’ils sont conduits à l’école de Souilhac d’où ils seront transférés dans les soupentes de l’Ecole Normale où ils seront confrontés aux affres de la faim. Ils descendront boire dans la cour et ils remonteront accueillis à coup de crosse.
Il restera profondément marqué par la jubilation des jeunes soldats allemands se livrant sur eux à un simulacre d’exécution avant de les conduire à l’Hôtel Saint-Martin où ont lieu les interrogatoires.
Indicible effroi lorsqu’il voit revenir deux frères brivistes dont il a oublié le nom, pantelants, ensanglantés, les ongles arrachés, ainsi qu’un mutilé de la guerre 14-18, qui semble avoir été atrocement torturé .
Ne pouvant retenir contre lui, que son refus du S.T.O. qu’il essaie de justifier par l’impérieuse nécessité de rester auprès de ses nombreux frères et sœurs dont il était le soutien, le « tribunal », dans sa « mansuétude », peut-être un résultat des pressions tentées par le Préfet Trouillé, le condamne à la déportation dans un camp de travail.
Après avoir côtoyé toute la misère de monde, il se retrouvera à Graz , en Autriche, d’où il sera libéré par l’Armée Rouge qui le remettra aux autorités américaines.

Écrit par : Michel AGNOUX | 11/04/2013

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Merci M. Agnoux.
Etes-vous l'auteur de ce long témoignage?
Je l'avais déjà repéré personnellement sur un site intitulé "AJPN.org (Anonymes, Justes, Persécutés durant la période nazie en France dans les communes de France)", basé à Bordeaux (http://www.ajpn.org/commune-Brive-la-Gaillarde-19031.html).
Il est un peu long pour ce blog, cela dit. Je cherchais surtout des précisions sur Datiko Vérouatchwilli. Vous dites dans le témoignage qu'il "avait quitté son unité" pour rejoindre la Résistance. Voulez-vous dire qu'il avait déserté (peut-être l'armée allemande où on l'avait forcé à s'enrôler)? Il y a eu plusieurs cas de ce genre pendant l'époque de la Résistance, rarement mis en lumière et encore moins commémorés, je crois...
Que faisait ce Géorgien dans la Creuse à cette époque-là?

Écrit par : Le sciapode | 15/04/2013

Datiko faisait partie d'une unité composée de Géorgiens enrôlés plus ou moins de force dans la Wehrmatcht. Ils étaient en garnison à Tulle. Et comme début 1944 et surtout depuis Stalingrad ils sentaient que le vent tournait, il n'était pas question de les laisser sur le front de l'Est.
Ce Géorgien n'était pas en Creuse.
Les textes ci-dessous pour vous donner un autre aperçu sur Antoine Paucard.
J'avais lu son livre une première fois dans les années soixante.
L'an dernier, Monsieur RIVIERE, Maire de Saint-Salvadour m'en a offert un provenant du stock du fils à Antoine Paucard.

Mon camarade Henri Martinie des Yex 19700 Saint-Salvadour se souvient parfaitement de l'impressionnante carrure de ce "Russe" qui évoluait tranquillement aux côtés de ses camarades résistants
en ce printemps 1944.
Rien ne s'oppose à ce que vous supprimiez les éléments ci-dessous.

Rapport du Maréchal des Logis chef commandant la Brigade de Corrèze sur des réunions relatives à l’ordre public : Le 4 février, jour de foire à Saint-Augustin ( Corrèze), une réunion communiste a eu lieu dans l’après-midi et s’est tenue dans la cour de la mairie. Elle avait été provoquée par Monsieur BOURDARIAS, conseiller général du canton de Seilhac qui la présidait. Ce dernier a pris la parole et a traité de la mévente du bétail et en général de la crise agricole. Il a terminé par une péroraison faisant appel à tous les paysans et les invitant à se rendre en nombre aux grandes réunions paysannes devant se tenir à Ussel et à Tulle, les 11 et 13 février 1935.
Le nommé PAUCARD de Saint-Salvadour a également parlé et a traité la même question que le premier orateur et d’un certain voyage qu’il aurait fait en Russie.
Cette réunion, dont les auditeurs étaient peu nombreux, une cinquantaine environ s’est déroulée dans le calme le plus complet. Les discours prononcés ont eu peu d’effet sur la population de la commune.
Il avait été en outre distribué avant la réunion des tracts dont ci-joint un exemplaire ayant trait aux revendications paysannes et aux réunions projetées pour Tulle et Ussel. En ce qui concerne celles-ci, il est à présumer que les habitants des environs ne s’y rendront pas très nombreux , si ce n’est en curieux.

Lettre ouverte à notre député, M. Spinasse, député S.F.I.O. de la Corrèze, en mairie de Beaumont

(en exergue de « Un mois en Russie par un paysan de la Corrèze » novembre 1933)
Je me fous de la politique
Et proclame ceci : vous fermeriez boutique
Messieurs les faiseurs de discours
Qui vous moquez du monde un peu plus tous les jours,
Si vous n’aviez comme auditoires
Toujours ces éternelles poires
Dont au jour du scrutin vous êtes les élus.
Mais auxquels vous ne pensez plus
Sinon pour leur serrer le kiki. Quand je pense
Au sort qui vous est fait, ô travailleurs de France,
Je me dis anxieux du sort où nous courrons :
Le corps des électeurs quelle bande de c…. !
Car j’admettrai fort bien qu’on se nomme des maîtres
Mais non pas des tyrans, des naufrageurs, des traîtres
Qui sont, je le sens bien internationaux
Mais ne le sont hélas que dans le sens des Gros !

Oui, vous leur suffiriez aux masses populaires
Vous, les S.F.I.O. si vous étiez sincères..
Mais l’êtes-vous vraiment
Dans le sens qu’on attend
Vous, les collectivistes ?
Ou n’êtes-vous plutôt que de ces arrivistes
Habiles manœuvriers
Qui marchaient sur le corps des mondes ouvriers
Afin d’en arriver à vos fins égoïstes
Toutes individualistes.
Dans le sens de vos intérêts ?
Les maîtres où sont-ils ? où sont-ils les valets ?

Ne paraîtrait-il pas qu’ à voir votre virgule
Venir jouer partout où quelque torchon brûle…
A voir le bel empressement
Avec lequel parfois assez imprudemment
Vous venez imposer vote sotte musique
Dans le bal de la politique,
Ne paraîtrait-il pas qu’à vous voir accourir
Dès qu’il s’agit de soutenir
La bonne cause compromise,
Qu’à vous seul est donnée la parole promise ?
Comme Saint-Thomas nous doutons
Et nous avons quelques raisons
De ne les penser, pas toutes imaginaires.
Les Belges, les Anglais voient par leurs ministères
Votre nuance être au pouvoir :
Qu’y fait-elle en ces lieux ? On aimerait le voir.

Première question. J’en citerais une autre :
Cependant qu’on vous voit jouer au bon apôtre,
Avec de bons gogos qui n’y voient que du bleu.
(Nous sommes ignorants de tout, j’en fais l’aveu).
Donc, cependant qu’ici l’on gobe vos sornettes,
Pourriez-vous bien nous dire, à nous, gens un peu bêtes,
Pourquoi vous êtes rapporteur
D’une commission quelconque. Moi de peur
D’aller me compromettre avec des tas de types
Dont je n’épousais pas les divergents principes ::
Votre devoir, je crois eût été entre nous ,
De leur dire : « Débrouillez-vous » !
« Non je n’accepte pas, financières puissances,
« De tremper dans vos manigances
« C’est demain dans un monde à mes idées pareil,
« Que je prétends agir et lutte au soleil ! »

Concevons, électeurs, autrement notre rôle ;
Ne nous arrêtons plus à la vaine parole ;
Des actes ! Travailleurs ! je vous le dis : votez
Et méditez ceci : soyez représentés !
Car il faut tout d’abord s’inspirer de logique
Lorsqu’on est travailleur conscient, authentique,
On se doit de voter que pour des travailleurs.
Aux riches seulement de voter pour les leurs !
Travailleur au chantier, l’usine, à la terre,
S’il n’est pas fait de toi un prompt fonctionnaire,
Je te prédis un prompt, un néfaste destin.
Tout semble te guetter, l’arbitraire et la faim ;
Tout paraît conspirer contre ton existence,
Si tu ne comptes pas cette interdépendance
Qui chaque jour s’affirme et joue de plus en plus,
Entre les nations et les individus.
Je le pense et le dis qu’il faut qu’on s’organise ;
Tout part de ce principe ; aussi je préconise,
Au lieu de l’anarchie qui règne un peu partout,
De collectiviser, de coordonner tout..

Fils de parents meuniers, mon enfance et mon adolescence s’écoulèrent dans une sauvage petite vallée de la commune de Saint-Salvadour en Corrèze.
Le vieux moulin à rouets recevait bien la visite des paysans des environs, venus pour apporter moudre leur grain, mais le cadre tout solitaire des lieux ne fut pas sans influer sensiblement sur mon caractère. Je fus toujours d’humeur un peu retirée et porté à la contemplation. L’âme des grands bois et des futaies mélancoliques dévalant les pentes en ravins des puissantes collines encerclant de toute part le rustique logis paternel, cette âme, disais-je qui, là comme ailleurs, pourrait bien n’être qu’une entité, semble encore peser de tout son poids rêveur et mystérieux sur tout mon être.
Après quarante six ans bien passés ‘( je suis né le 5 décembre 1886), des pensées pleines d’attendrissement se reportent en ce modeste coin où mes yeux se sont ouverts à la vie, sur ses illusions et ses peines. Je revois plus vivants que jamais certains visages amis émerger d’un monde de chers et confus souvenirs. Les uns sont morts, les autres vivent encore et je ne les rencontre jamais sans me remémorer la douceur de la vie dans l’insouciance et l’insouciance et la candeur des premiers ans en cette « vallée des larmes » qu’elle devient trop souvent par la suite.
Pour tout bagage littéraire, j’ai du me suffire avec mon modeste certificat d’études. C’est encore trop, puisque j’y gagne la sotte ambition d’encombrer d’une futilité de plus le domaine du livre. Quelle maladie, quelle fièvre s’est emparée de l’homme ? Tout le monde se met à écrire n’importe quoi : roman, histoire, mémoire, philosophie, sociologie, politique, tout y passe.
Je dois faire grâce au lecteur héroïque qui m’a suivi jusque-là des détails oiseux de mon existence assez mouvementée. Qu’il suffise de dire que j’ai jusqu’ici fait tout mon possible pour assurer le destin d’une famille de quatre enfants.
Les gens sages, les gens sensés se contentent généralement de ce problème assez ardu par lui-même à résoudre.
Pour mon malheur, je ne suis pas ce sage.
Professant que chaque individu porte son petit ou son grand secret dont il est débiteur envers le monde qui l’entoure, je prétends me permettre le luxe de jouer à l’étude des grands problèmes sociaux, lesquels paraissent sérieusement préoccuper notre époque désaxée
Pour un modeste artisan englué jusqu’ici dans de matérielles préoccupations, c’est assez prétentieux, j’en conviens. Je lis peu les journaux, je ne fais pas de politique. Mais en mon cerveau de primaire, pour ne pas dire plus, n’ont cessé de s’agiter des idées disproportionnées au niveau desquelles j’ai vécu et me suis tant bien que mal défendu..(p.18 et 19).

 Après son adhésion au parti communiste en 1930, il effectue un voyage en URSS en 1933, d'où il revient désabusé. Il publie un livre en 1934, Un mois en Russie, par un paysan de la Corrèze, qui marque sa rupture avec le parti.
Canton : Seilhac commune : Saint-Salvadour

Antoine Paucard au pays des Soviets.
Ce mercredi 1er novembre 1933, jour de la Toussaint, Antoine BOURDARIAS qui va devenir en 1934 le premier conseiller général communiste du canton accompagne son ami Antoine PAUCARD jusqu’à la gare de Seilhac où il va prendre le petit train qui marquera le début du long périple qui à travers l’Europe le conduira jusqu’aux rivages de la mer Caspienne. Il sera de retour à Saint-Salvadour le mardi 5 décembre de la même année.
Depuis quelques années après sa mort, une fable a circulé qui a force d’être répétée a conquis une évidente véracité. Fable reprise sans nuances sur Wikipédia :  « Après son adhésion au parti communiste en 1930, il effectue un voyage en URSS en 1933, d'où il revient désabusé. Il publie un livre en 1934, Un mois en Russie, par un paysan de la Corrèze, qui marque sa rupture avec le parti. »
Or, cette fable est une pure affabulation. Antoine PAUCARD n’a jamais été membre du Parti communiste.
A l’automne 1933, les Communistes corréziens lancèrent une collecte pour envoyer un paysan faire un pèlerinage d’un mois en Union Soviétique. Pour des raisons de propagande, ils portèrent leur choix sur quelqu’un qui avait des sympathies communistes mais qui n’était pas membre du P.C.F. Suivant la recommandation d’ Antoine BOURDARIAS, les dirigeants sélectionnèrent Antoine PAUCARD.
Premier vers de la lettre ouverte sous forme de poème à Charles Spinasse en exergue de son livre : « Je me fous de la politique… » Mais un peu plus loin : «  On se doit de voter que pour des travailleurs.
Aux riches seulement de voter pour les leurs ! 
Antoine Paucard a été enthousiasmé par l’accueil qui lui a été fait et son livre ne tarit pas d’éloges sur ce qu’il a vu en Union Soviétique. Contrairement à l’affirmation selon laquelle le parti communiste aurait condamné et refusé ce livre et bien que cet ouvrage constituât une critique à peine voilée de communistes corréziens qui n’étaient ni moins individualistes, ni moins attachés à leurs propriétés que d’autres paysans, le parti organisa une tournée de conférences et aida à vendre le livre dans les campagnes. Antoine BOURDARIAS, qui avait milité en faveur de l’envoi de PAUCARD en Russie, souligna que malgré quelques malentendus, le livre constituait un bon guide.
Au lendemain de la libération, Antoine Paucard marqua encore son attachement à l’Union Soviétique en érigeant un « modeste mausolée » en hommage à Datiko Verloutchwili , enfant de Tiflis où il avait séjourné le 22 novembre 1933 et qui était tombé les armes à la main à la Serventie.
Michel AGNOUX
Photo : couverture du livre

Écrit par : AGNOUX | 23/06/2014

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