Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/12/2012

Graffiti cousus sur grille, du nouveau dans les inscriptions urbaines

    Dans mon périmètre d'arpentage perpétuel (j'ai souvent comme ça de ces moments à tuer) situé peu ou prou dans les Xe et XIe arrondissements, je suis tombé il y a quelques temps sur une drôle d'inscription à signification socio-politique quoique... Elle était brodée, si je puis dire, par-dessus les mailles du grillage d'une barrière de chantier. Et elle n'était vraiment pas facile à lire, vu qu'elle épousait étroitement les tiges métalliques. On pouvait passer devant sans la voir.

      Mais qui avait pu passer autant de temps à tisser d'une telle façon ce texte sur un support des plus exposés à toutes les vicissitudes?

      Le texte protestait contre le fait suivant (je n'ai pas vérifié si la statistique est bien fondée): "75% des pauvres = [le symbole de la gent féminine]", 75% des pauvres sont des femmes... C'était une protestation féministe apparemment, dans une technique traditionnellement impartie aux femmes. Exemple unique à ma connaissance dans l'art du graffito (au terme peu idoine en l'occurrence) et de l'inscription politique, en tout cas...

Inscription tissée sur grille de chantier, ave Parmentier, oct 12.jpg

Inscription tissée avenue Parmentier Xe ardt, octobre 2012, ph. Bruno Montpied

Inscription tissée détail du texte.jpg

Plus grande...

Inscription tissée détail.jpg

Encore plus rapprochée

Commentaires

J'ai déjà vu (en photo) des exemples de graffiti tricoté, parfois issus de la mouvance Punk-DIY, mais pas toujours. Car le tricot, le saviez, vous ? C'est hype, de nos jour, et c'est même parfois punk.

Faites des recherches Google Images sur les mots "stitch guerilla" ou "knit guerilla" pour en savoir plus.

Écrit par : Wood | 08/12/2012

Répondre à ce commentaire

Ah, merci de votre indication. Je suis allé voir quelques images. Je ne connaissais pas du tout cette nouvelle façon d'agir poétiquement dans la rue. Si je comprends bien, cela a surgi d'abord dans le monde anglo-saxon? Et c'est vieux de combien de mois? D'années, si, déjà?
Au fait comment traduiriez-vous "hype"? cela veut-il dire à la mode? Google traduction donne "battage" lui...
"Knit guerilla" en tout cas, je trouve ça très sympathique, la guérilla du tricot appliqué à la rue, le métro, les bus...
J'avais déjà entendu parler de guérilla végétale avec les bombes à graine que certains projettent un peu n'importe où pour réinsérer de la nature dans les villes, mais pas de cette guérilla textile...
En France, cela reste tout de même plutôt rare, non?
Peut-être que mon graffito tricoté de l'avenue Parmentier est une première... Non?

Écrit par : Le sciapode | 08/12/2012

Répondre à ce commentaire

J'ai bien peur que ma réponse à la plupart de vos questions soit la même : "je ne sais pas". Je ne connais ce phénomène que de façon très anecdotique.

Il me semble que le phénomène soit apparu dans le monde anglo-saxon, effectivement, de même que le retour en vogue du tricot, mais je ne saurais pas dire depuis combien de temps.

Un autre nom pour le phénomène est "Yarn Bombing". C'est le titre de l'article Wikipedia qui lui est consacré : http://en.wikipedia.org/wiki/Yarn_bombing (pas d'article en Français, ce qui semble confirmer que la chose soit encore nouvelle sous nos latitudes).

Je ne suis pas sûr de ce que signifie "hype" en fait. On dirait que si on doit se poser la question, on n'est plus digne de l'employer.

Écrit par : Wood | 08/12/2012

Répondre à ce commentaire

Si on doit se poser la question de ce que veut dire "hype", ou tout autre anglicisme (non?), on n'est plus digne de l'employer... Vous mettez le doigt exactement sur ce qui fait mal!
On assiste en France depuis quelque temps à un regain encore plus marqué que par le passé de la déferlante angliciste qui tend à supplanter la langue française pourtant naturelle au départ (en France...). On ne doit pas discuter de tels emplois, ce qui est une nouvelle forme de totalitarisme. Et je ne dis pas cela dans un esprit nationaliste, je vous prie de le croire. J'aime la langue française c'est tout. Et je n'approuve pas que l'on veuille m'imposer de parler autrement.
Et au fait, vous ne seriez pas en rapport avec des Canadiens, par hasard?
En suivant votre lien, je suis tombé sur le blog du groupe de tricot-graffiti, Maille à Part, qui défend à Montréal les actions de street-art de réenchantement des décors urbains, luttant dans le sillage du récent printemps estudiantin canadien pour une démocratisation des arts. Cela ne peut que me séduire, moi qui ai écrit Eloge des Jardins Anarchiques et co-écrit le film Bricoleurs de paradis où Remy Ricordeau, son réalisateur, et moi militons pour les inspirés des bords de routes, exemples parfaits de démocratie directe appliquée à l'art.
Apparemment, le mouvement de tricot-graffiti serait né à la fois aux Pays-Bas et aux USA vers 2004, si l'on suit Wikipédia. Cela se rapproche de la France, cela dit. J'ai vu une photo représentant un éléphant entièrement recouvert de tricot en Espagne...
Or l'éléphant paraît un animal embématique d'une certaine créativité sauvage. Le sous-titre de notre film Bricoleurs de paradis, je vous le rappelle, est "Le Gazouillis des Eléphants"...

Écrit par : Le sciapode | 09/12/2012

Répondre à ce commentaire

"Depuis quelques temps", vous voulez dire depuis au moins les années 1950 ? L'invasion des anglicismes ne date pas d'hier... Il faudra bien admettre un jour que le temps est passé où c'était la France qui imposait son langage dans toutes les cours d'Europe. Bah, au train où va le monde, le chinois remplacera bientôt l'anglais. Sic transit...

Après tout la moitié de ces mots anglais sont à l'origine des mots français, si cela peut vous consoler. En 1066, c'est Guillaume le Conquérant qui imposait son impérialisme culturel aux Saxons qui ne lui avaient rien demandé.

J'habite dans une région où au début du vingtième siècle on interdisait aux enfants de parler la langue de leurs parents. Ensuite ils en ont eu tellement honte qu'ils ne l'ont même pas transmise à leurs propres enfants. L'avenir, c'était le français ! Défense de cracher par terre et de parler Breton !

Comme tout ce qui est vivant, une langue peut mourir, muter, ou s'hybrider avec une autre pour donner naissance à quelque chose de nouveau. Aucune académie ne peut vraiment réguler ces évolutions, tout au plus en prendre acte.

Écrit par : Wood | 09/12/2012

Répondre à ce commentaire

Sinon, non, je ne connais pas vraiment le Canada. Drôles de phénomènes linguistiques, qui se passent là-bas aussi, qui donnent lieu à toutes sortes d'envolées patriotiques et protectionnistes. Pour ce qu'on peut en juger vu d'ici, au moins.

Je n'ai jamais beaucoup aimé les gens qui aimaient agiter un drapeau, si vous voyez ce que je veux dire. Ils sont trop souvent suivis par des gens qui brandissent des fusils.

Écrit par : Wood | 09/12/2012

Répondre à ce commentaire

"Depuis quelque temps", je voulais bien dire ces temps-ci.
Je sais bien que l'invasion d'anglicismes ne date pas d'aujourd'hui. C'est pourquoi j'avais pris la précaution de parler de regain.
Il me semble que cela prend un virage plus marqué en ce moment. Notamment chez les plus jeunes.
Que cela arrive à la langue française alors qu'elle fit la même chose à tant d'autres langues ne peut me consoler de voir cette progression de l'invasion linguistique anglo-saxonne. Et surtout ce qui me navre, c'est qu'on n'ait plus le choix dans les dialogues avec nos congénères. Vous l'avez dit, c'est hype (ou ce n'est pas hype) et tout le monde doit parler ainsi.
L'origine latine d'une bonne part du vocabulaire anglophone (j'ai entendu citer le chiffre de 30% de latin dans l'anglais...) ne me console également qu'à peine...
Il ne semble pas que ce soit le latin qui l'emporte au bout du compte dans cette langue (même si aux USA on disait à un moment que l'espagnol gagnait sur l'anglais du fait de l'influence des hispanophones dans la population).
Même face au chinois, on se demande si l'anglais n'est pas la langue qui s'est imposée mondialement. Si bien qu'elle apparaît comme la langue hégémonique en ce moment, comme le fut le français face aux langues régionales de la France à un moment.
Il me semble que l'on doit défendre la pluralité des langues dans le monde, parce qu'il y va d'une plus grande pluralité de sens, et non l'existence d'une seule langue mondiale, qui a de fortes chances de se réduire, du fait de son utilisation par un grand nombre de peuples la parlant pauvrement (de façon seulement utile), à la novlangue prophétisée par Georges Orwell.

Écrit par : Le sciapode | 09/12/2012

Répondre à ce commentaire

Comment ça, on n'a plus le choix ? Bien sûr qu'on a le choix ! Chacun parle comme il l'entend, personne ne va venir vous arrêter si vous refusez de dire "hype" !

Savez-vous que l'étymologie de "hype" est apparemment "hyperbole" ? Un mot grec !
http://www.etymonline.com/index.php?search=hype&searchmode=none

En français, le mot ne signifie pas la même chose qu'en anglais :
http://fr.wiktionary.org/wiki/hype
Il est dans l'ordre des choses, je pense, que les mots signifiant "à la mode" changent aussi vite que les modes, au rythme des générations.

Je ne crois pas qu'il y ait lieu de craindre l'imposition d'une novlangue. l'histoire a prouvé que quand une langue se répand sur de vastes territoires, elle se divise en dialectes, patois, jargons locaux. Ainsi du latin, ainsi aussi de l'anglais, qu'on ne parle pas de la même façon d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique, ou même d'un bout à l'autre de la Grande-Bretagne. Les humains sont rétifs à la normalisation, et à l'uniformisation. D'aucun vous diront que c'est pourquoi il y a autant de guerres, parce que nous tenons toujours à affirmer que nous n'appartenons pas à la même tribu que ceux du village ou du pays d'à côté.

L'anglais est effectivement la langue qui s'est imposée mondialement, mais cette influence ne durera pas plus longtemps que la domination économique des Etats-Unis. Un empire en remplace un autre, tôt ou tard...

Écrit par : Wood | 09/12/2012

Répondre à ce commentaire

On n'a plus le choix, c'est façon de parler bien sûr. On vous laisse le choix de ne pas être d'accord avec un tel langage, mais on ne vous répond pas, on baisse le nez (quand on est poli, on a affaire à la génération du dessus, alors on est bien élevé, on ne le fait pas sentir au "has been", tiens, justement encore un anglicisme), on fait dans le narquois quand on est plus acerbe, on peut aller jusqu'à vous dire que vous êtes grincheux, vieux-jeu (pardon, "odd-fashioned"), chauvin, que sais-je. Bref, on vous fait sentir que vous n'avez plus vraiment le choix, que la roue tourne...

Merci en tout cas pour ce petit débat.

Écrit par : Le sciapode | 09/12/2012

Répondre à ce commentaire

A propos de l'anglais (ou plutôt du sabir americano mondialiste) comment accepter une langue qui n'a pas de traduction digne pour Bricolage ou Apéritif ?

Dans le monde du travail tout ce qui est en anglais est prétentieux, mensonger, aliénant.
C'est vraiment de la Novlanque pour lavage de cerveau.

Saluons dans ce slogan en tricot l'usage de notre langue, il y a tellement de graffiti ridicules en prêt à penser anglais sur nos murs !

Écrit par : Cosmo | 11/12/2012

Répondre à ce commentaire

Très intéressant débat, je dois dire, auquel je participerais volontiers, mais je n'ai guère le temps aujourd'hui...
J'apporte néanmoins ma petite pierre à l'édifice, sous la forme de cette petite anecdote m'arrivée hier :
Je parle avec une jeune prof d'école primaire (mon âge, génération 86 !), nous sommes entourés de petits hurluberlus les uns plus touchants que les autres, qui nous racontent leurs prouesses du matin, où a eu lieu une méga-bataille de boules de neige glacées, filles contre garçons ! Le comble, les garçons étaient BEAUCOUP plus (et trois filles ont dû rentrer chez elles, des morceaux de glace dans l'oeil) ! J'émets cette remarque taquine, destinée bien plus à faire rire qu'à développer une quelconque pseudo-pensée pacifiante (je crois que, petit, je n'aurais pas hésité longtemps à lancer une belle boule de neige pleine de glaçons sur la première princesse entrevue... quoique !), j'ai donc dit : "Au lieu de vous massacrer et de faire la guerre, vous feriez mieux de construire, tous ensemble, un bonhomme de neige géant !". La prof me regarde et me dit en riant : "Ce que t'es peace !"
Plus loin, je discute, toujours avec elle, de mon travail de traducteur, et du projet de traduire un roman. Elle de répondre, tout de go : "Mais c'est hardcore ça !"
Je vous laisse trouver une morale à la fable, moi j'ai tout simplement souri intérieurement ;-)
Vive les bonshommes de neige, peacement vôtre,

Mauro

Écrit par : Mauro | 11/12/2012

Répondre à ce commentaire

Le yarnbombing se démocratise et s'apprend en club du premier au troisième âge...
Sera-t-il, est-il subventionné par les très officiels édiles municipaux?

Voir cette opération de tricotage en province :

http://staive-vestale.blogspot.fr/2012/06/lart-doit-il-choquer-son-regardeur.html#comment-form

Écrit par : Versus | 14/12/2012

Répondre à ce commentaire

Vous ne dites pas précisément que les tricotages que vous avez mis en ligne sur votre blog ont été faits à Cahors semble-t-il?
C'est donc que cet exercice est plus répandu que je ne le croyais de prime abord.
Qu'il soit encouragé par des édiles, qu'il se "démocratise", comme vous dites (ne l'était-il pas dès le début?), eh bien tant mieux... Tant le résultat me plaît personnellement.
Au passage, je vous reprocherai d'employer ce terme incompréhensible en français de "yarn bombing", "art tricoté de rue", voire "tricot de rue" pouvant tout aussi bien aller me semble-t-il. Les Canadiens disent "Tricot-graffiti", mais c'est vrai que cela s'étend plus loin qu'un simple graffito.

Écrit par : Le sciapode | 16/12/2012

Répondre à ce commentaire

Écrire un commentaire