14/06/2020
François Jauvion et son panthéon singulier
L'imagier singulier de François Jauvion, graphiste, "maquettiste pour l'industrie à l'origine", dixit Françoise Monnin qui signe l'introduction du livre – après une préface de Michel Thévoz –, est une sorte de Panthéon des admirations de l'auteur pour des auteurs d'art brut, des artistes d'art singulier ou moderne, ainsi que de quelques auteurs de bande dessinée (Gotlib), édité par Le Livre d'Art (également propriétaire du magazine Artension) et la galerie Hervé Courtaigne. Pas d'art naïf dans ce choix (on ne trouvera pas le Douanier Rousseau, pas plus que Bauchant, Vivin, Peyronnet, Séraphine, ou encore Bombois), si ce n'est Germain Van der Steen (mais ce dernier est parfois plutôt rangé du côté de l'art brut).
Sur la couverture du livre, l'auteur s'est auto-portraituré, entouré de ses outils de graphiste, plus quelques éléments de son atelier suppose-t-on...
Son titre, où je remarque surtout le mot d'"imagier", fait référence, de manière lointaine, aux imagiers pour enfants (qui servent à l'apprentissage du vocabulaire). Au centre de chaque planche, du reste, distribués autour de la figure centrale du créateur, présenté nu (sans être ressemblant particulièrement au véritable auteur traité : les voyeurs en seront pour leurs frais, on ne voit pas les anatomies d'Aloïse Corbaz, de l'abbé Fouré ou de la charmante Caroline Dayot, entre autres...), sont étalés les accessoires caractéristiques des vedettes de ce panthéon.
Les planches originales du livre de François Jauvion seront exposées à la Galerie Courtaigne, rue de Seine dans le VIe ardt à partir du mardi 16 juin jusqu'au 19 juin ; une signature de l'artiste y sera possible durant cette période ; le 20 juin, le samedi, à partir de 14h, l'artiste sera ensuite à la Halle Saint-Pierre, qui inaugurera ainsi son premier événement post-confinement.
Pour André Pailloux, dont j'ai signé dans ce livre la présentation, par un court texte placé en vis-à-vis de la planche à lui consacrée, rare auteur d'environnement populaire spontané présent dans cette sélection (on compte aussi l'abbé Fouré, le Facteur Cheval, Stan Ion Patras et ses stèles sculptées du cimetière roumain de Sapinta dans le Maramures, Petit Pierre – à ne pas confondre avec Pierre Petit, également présent dans ce livre), est ainsi entouré par les moulinets colorés, hypnotiques, dont il a hérissé son bout de jardin en Vendée et dont mes livres, Eloge des Jardins Anarchiques et le Gazouillis des Eléphants, ont déjà parlé ; il apparaît également dans une séquence de Bricoleurs de paradis, le documentaire que j'avais co-écrit avec Remi Ricordeau).
Le livre de Jauvion se situe dans un art hésitant entre la bande dessinée et le roman graphique, rempli de déférence à l'égard de l'art brut (en revanche, les personnalités choisies pour illustrer l'art singulier me paraissent choisies avec moins d'acuité ; il paraît y avoir prime à ceux qui font avant tout acte de présence sur les tréteaux, mais leurs oeuvres sont-elles si intrinsèquement valables que semble le croire François Jauvion?).
08:19 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art rustique moderne, Art singulier, Environnements populaires spontanés, Environnements singuliers, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : françois jauvion, l'imagier singulier, galerie hervé courtaigne, artension, halle saint-pierre, imagiers, bande dessinée, art brut, art singulier, andré pailloux, bruno montpied, roman graphique | Imprimer
Commentaires
Un panthéon sans pantalon.
Écrit par : Isabelle Molitor | 17/06/2020
Répondre à ce commentaire"Mon Panthéon est décousu, si ça continue, on verra le trou de mon... Panthéon est décousu, si ça continue, on verra le trou de mon... Panthéon est décousu, si ça continue on verra le trou de mon..." (Etc).
Écrit par : P'tit Gibus | 22/06/2020
Ce qui me surprend, mon cher Sciapode, c'est qu'on loue à juste titre vos talents de découvreur, de passeur, de commentateur, mais qu'on néglige souvent votre substance profonde, c'est-à-dire que vous êtes vous-même un artiste singulier. Savent-ils regarder, ont-ils au moins des yeux? Peut-être faudrait-il leur signaler le lien vers votre "photoblog", qui pourtant saute aux yeux sur la page d'accueil du Poignard subtil, mais que bien peu semblent consulter (ce qui octroie à ceux qui le font un petit air de "happy fews" bien sympathique, cela dit)? Vous eussiez mérité de figurer deux fois dans ce panthéon, et une fois, donc, en costume d'Adam, au grand bonheur de toutes vos admiratrices et de tous vos admirateurs.
Écrit par : Régis Gayraud | 20/06/2020
Répondre à ce commentaireVous avez au moins un admirateur, fantasmant de vous voir en costume d'Adam, bien décidé à ne pas négliger votre substance profonde. Je ne sais pas ce qui se trame, mais à votre place je m'inquiéterais un peu.
Écrit par : Eve | 20/06/2020
Répondre à ce commentaireEt, Eve?... Que dire de tous ces commentateurs masculins qui viennent ici sous des pseudonymes féminins?
Écrit par : Le sciapode | 22/06/2020
Répondre à ce commentaireSans doute pour inciter d'autres femmes à s'exprimer et à écrire. Et en plus, ça me fait du bien à moi et à ma copine Isabelle Molitor : on se sent moins seules.
Écrit par : Félicie Corvisart | 23/06/2020
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