29/08/2020
"Le Génie des Modestes" au Centre Emmaüs d'Esteville, avec votre serviteur
On peut s'amuser à comprendre ce terme, "le génie des modestes", comme un jeu qui consisterait à repérer parmi les cinq artistes sélectionnés par Martine Lusardy pour le Centre Emmaüs d'Esteville, au nord de Rouen, le génie en question...! Car la formule est - involontairement - ambivalente... Alors qu'en réalité, il s'agit de présenter une sélection de créatifs modestes... ne disons pas "humbles", parce qu'au moins deux d'entre eux ne le sont guère (je vous laisse deviner lesquels). "Modestes", terme que l'on pourrait aussi interpréter comme légèrement réducteur, si on ne le prenait pas plutôt comme l'indice d'une sincérité dans l'acte de création.
Les flyers, les communiqués de presse, du fait du report des dates de l'expo, sont devenus caducs, car pas réimprimables à volonté...
Cette manifestation, prévue initialement du 1er avril au 30 juin 2020, a été reportée à des temps moins difficiles en terme de visite d'exposition, soit du 1er septembre au 15 novembre 2020 prochains (ouverte tous les jours de 10h à 18h). Elle présente les œuvres de Pierre Caran, Guy Colman Hercovitch, Demin, Namithalie Mendés et Bruno Montpied (votre serviteur).
Pierre Caran, L'homme visionnaire, 30 x 24 cm, 2006, ph. et coll. Bruno Montpied.
Pierre Caran, j'ai déjà eu l'occasion d'en parler à quelques reprises sur ce blog, Je renvoie donc les lecteurs à ces notes précédentes. Je ne connais pas le travail de Guy Colman dont je crois deviner cependant que comme certains nouveaux réalistes d'autrefois il aime les objets usés par le temps. Demin, j'ai aussi parlé de lui dans mes anciennes notes, lorsqu'il avait été exposé à la galerie d'Alain Dettinger à Lyon.
Demin, sans titre (une sirène), vers 2017, ph. Demin.
Namithalie Mendés, c'est une découverte de la librairie de la Halle Saint-Pierre où j'avais été frappé par ses dessins d'une grande ingénuité, ceux d'une enfant perpétuée à l'âge adulte en raison sans doute dans son cas d'une complexion psychologique particulière. Sa saga graphique (commencée à l'âge de dix ans et jamais interrompue depuis ; elle est née en 1994) raconte par séquences diverses sa vie réelle, et rêvée apparemment, manifestant un amour très profond de l'observation des autres êtres humains dont elle rapporte les dialogues dans d'innombrables bulles très vivantes. J'ajoute qu'elle ne veut pas laisser partir définitivement ses productions loin d'elle, car elle y est viscéralement attachée. De tous les créateurs ici exposés, elle est la seule à pouvoir entrer véritablement dans la catégorie de l'art brut.
Namithalie Mendés, deux dessins aux feutres et crayons sur papier, exposés à la librairie de la Halle Saint-Pierre du 1er au 30 juin 2019.
Quant à moi, je ne vais pas me présenter (à d'autres de le faire...), on peut toujours se reporter au photoblog que je tiens depuis 2013 en colonne de droite sur ce blog où j'égrène diverses productions de manière chronologique. Je dirai seulement que j'expose au Centre Emmaüs douze dessins, tous de mêmes dimensions (aux alentours de 32 x 24 cm, encadrés en 40 x 30 cm) dont celui ci-dessous. Ils sont tous disponibles à la vente.
Bruno Montpied, Le Samouraï échoué, technique mixte sur papier, 31 x 23 cm, 2019.
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ADRESSE: Centre abbé Pierre - Emmaüs. Lieu de mémoire, lieu de vie, Route d'Emmaüs - 76690 Esteville
tél : 02 35 23 87 76 - port : 06 28 27 65 04. www.centre-abbe-pierre-emmaus.org
L'exposition, organisée sous le commissariat de la Halle Saint-Pierre, est ouverte tous les jours de 10h à 18h.
00:39 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art moderne ou contemporain acceptable, Art singulier, Art visionnaire, Sirènes | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : le génie des modestes, centre emmaüs d'esteville, halle saint-pierre, namithalie mendés, pierre caran, demin, bruno montpied, art brut, art singulier, art contemporain, sirènes | Imprimer
Commentaires
La modestie doit restée modérée. C'est une attitude qui ne souffre pas l'excès.
Écrit par : L'aigre de mots | 31/08/2020
Répondre à ce commentaireOuh, la méchante faute!
Vous nous aviez habitués à davantage de rigueur, Monsieur l’Aigre, vous si prompt à tancer vos contemporains!
Monsieur le Sciapode, vous qui avez la haute main sur les commentaires, corrigez vite cela !
Écrit par : Isabelle Molitor | 01/09/2020
Certes pas, je ne corrigerai point, cette fois. Les fautes de L'aigre sont tellement rares, qu'elles en deviennent historiques et qu'il faudrait les encadrer.
Écrit par : Le sciapode | 01/09/2020
Oui, oui, mais ici, on parle du "génie des modestes" par une sorte d'oxymore. Un paradoxe intéressant, je trouve.
Personnellement j'avais inventé la notion de "génie ordinaire" dans un ancien article publié dans "Artension" au début des années 1990. Cela avait été repris, sans doute sans y faire attention, pendant quelque temps, par les rédacteurs de la revue "Création franche" en sous-titre de leur revue. Et moqué par Michel Ragon dans un de ses livres, prouvant bien par là qu'il n'avait pas toujours beaucoup de jugeotte... Plus anciennement, je dois dire que Jean-François Maurice - paix à ses cendres - avait fondé un fanzine qui s'appelait "Les Galas de l'ordinaire", c'était avant "Gazogène". C'était la même idée tissée de paradoxal, qui a, à mes yeux beaucoup de valeur.
Écrit par : Le sciapode | 31/08/2020
Répondre à ce commentaire...M le modeste...
Écrit par : Darnish | 05/09/2020
Répondre à ce commentaireVoudriez-vous insinuer que modeste n'est jamais loin de maudit?
Écrit par : Le sciapode | 05/09/2020
Entre le maudit et le modeste, il y a la modiste, comme le montre cette phrase extraite d'un ouvrage essentiel : « Le plus souvent de condition modeste, la modiste n'en est pas moins maudite par la bourgeoise ulcérée de découvrir que le couvre-chef emplumé qu'elle lui avait commandé ne suscite que le rire gras de son amant boxeur. » (Gaston Montrachet, "Sur le ring. Souvenirs sur Arthur Cravan", p. 97).
Écrit par : L'aigre de mots | 06/09/2020
Répondre à ce commentaireLe dernier mot dit appartient toujours à l'Aigre.
Écrit par : Régis Gayraud | 12/09/2020
Répondre à ce commentaireOu, en l'occurrence, à Régis Gayraud. (Et à moi)
Écrit par : Le sciapode | 12/09/2020
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