16/12/2021
Le petit art de rue qui m'intéresse
Le street art m'ennuie souvent, sauf quand il atteint un degré de développement proche de l'excès, comme dans certains lieux, comme l'ancien chemin de ceinture dans le XIVe ardt de Paris. Cela retient l'œil ces lieux-là...
"Pouvoir au peuple", promenade de l'ancien chemin de fer de Petite Ceinture, XIVe ardt, ph. Bruno Montpied, janvier 2021.
Ancien abri de cheminots peut-être, en lisière de l'ancien chemin de fer de la Petite Ceinture dans le XIVe ardt, ph. B.M., janvier 2021.
Non, au street art des artistes de rue patentés, tenant le haut du pavé, si j'ose dire, dans la hiérarchie des artistes se servant du support de la ville elle-même pour inscrire leurs expressions, et aussi parfois pour faire carrière, je préfère des interventions plus modestes, discrètes, même, et partant de là, moins repérées...
Art pariétal contemporain à la station Saint-Lazare du métro, avec empreintes de mains comme dans les grottes préhistoriques, ph. B.M., décembre 2021.
Détournement de plaques de la voirie en marelle, Rue Saint-Maur, 10e ardt, ph. B.M., 2012.
Boîte aux lettres de la Poste affublée d'un masque, à Montmartre, ph. B.M., 2011.
Ceci dit, je me souviendrai sans doute toute ma vie de cette station de métro entièrement peinte sauvagement, pas le moindre espace n'ayant été laissé au hasard, que je découvris éberlué à l'ouverture des portes du métro au petit matin, du côté de Richard-Lenoir. La police était sur les dents, interdisant (à ce que je crois me souvenir!) à tout un chacun de prendre des photos. Le résultat était étonnant, on entrait dans un maelström de couleurs et de grimaces extrêmement denses. J'avais été particulièrement curieux de repérer quels interstices ou détails du décor environnant auraient pu être oubliés. Je n'en voyais pas. Les bords des quais, les rails, les pièces du matériel électrique, tout était peint, et ces détails indiquaient à eux seuls le surcroît de vitalité qui avait présidé à ce travail de recouvrement pictural du décor normalisé quotidien, travail qui avait dû être vécu dans une jouissance énorme...
02/01/2020
Art de rue discret, pour happy few et autres amateurs de messages subliminaux en lisière de mobilier signalétique
Amusant que des gus aient investi des panneaux de sens interdit, tout près de la Halle Saint-Pierre, à Montmartre, car, entre autres, cela joue sur les mots. Ces sens nouveaux sont autrement interdits car relevant d'une forme de vandalisme, bien bénin certes, mais allez savoir, avec tous les pisse-froid qui peuvent croiser dans les parages... Et les spectateurs – sûrement pas nombreux – qui les auront aperçus, d'en rester eux-mêmes tout interdits. car, sans être géniaux par l'image obtenue par détournement du graphisme initial, les images réalisées – un tailleur de bloc blanc, un porteur de planche blanche – sont finement insérées dans le panneau circulaire, si évanescentes (en dépit de leur présence indiscutable) qu'on ne les aperçoit pas. Même les conducteurs de voitures, plus occupés à leur conduite qu'à repérer ce street art discret ne doivent guère les percevoir... Les deux significations sont unies indissolublement sur un même support, tout en diffusant rigoureusement, sans que l'une masque l'autre, leurs deux sens distincts.