02/01/2020
Art de rue discret, pour happy few et autres amateurs de messages subliminaux en lisière de mobilier signalétique
Amusant que des gus aient investi des panneaux de sens interdit, tout près de la Halle Saint-Pierre, à Montmartre, car, entre autres, cela joue sur les mots. Ces sens nouveaux sont autrement interdits car relevant d'une forme de vandalisme, bien bénin certes, mais allez savoir, avec tous les pisse-froid qui peuvent croiser dans les parages... Et les spectateurs – sûrement pas nombreux – qui les auront aperçus, d'en rester eux-mêmes tout interdits. car, sans être géniaux par l'image obtenue par détournement du graphisme initial, les images réalisées – un tailleur de bloc blanc, un porteur de planche blanche – sont finement insérées dans le panneau circulaire, si évanescentes (en dépit de leur présence indiscutable) qu'on ne les aperçoit pas. Même les conducteurs de voitures, plus occupés à leur conduite qu'à repérer ce street art discret ne doivent guère les percevoir... Les deux significations sont unies indissolublement sur un même support, tout en diffusant rigoureusement, sans que l'une masque l'autre, leurs deux sens distincts.
Commentaires
A Chloremont-Ferreux, il y a une tradition qui, m'a-t-on dit, s'est répandue dans tout le Massif central (d'autres disent qu'elle vient de Limoges) et qui porte, elle, sur les feux tricolores. Des rigolos dessinent au marqueur sur le feu rouge un visage (deux points pour les yeux, une ligne courbe pour la bouche) malheureux, sourire inversé, les coins de la bouche dirigés vers le bas, et un visage radieux, tout sourire, sur le feu vert. Quand le feu est au rouge, le tristounet est allumé, quand le feu passe au vert, c'est le sourire qui revient. Le jaune n'est généralement pas décoré, mais quelque fois, on y a ajouté un visage dans lequel la bouche est figurée par un trait ondulé.
Écrit par : Régis Gayraud | 02/01/2020
Répondre à ce commentaireComme aurait dit ma concierge: "ah ben mon vieux, fallait y penser".
Écrit par : Le sciapode | 02/01/2020
Seule la cité qui a inventé la mathématisation des situations incertaines et la vulcanisation du caoutchouc pouvait apporter cette contribution essentielle à l'animation de nos carrefours.
Écrit par : Régis Gayraud | 02/01/2020
Répondre à ce commentaireVous êtes vraiment persuadé qu'il n'y a plus de lecteurs sur ce blog pour écrire de façon aussi absconse... Calcul de probabilités ? Pascal? Le caoutchouc, plus facile, Michelin. Tout ceci à Clermont-Ferrand. Excusez-moi d'avoir un faible pour l'explicite.
Écrit par : Le sciapode | 02/01/2020
Et pourtant, je me suis trompé, pan sur le bec! La vulcanisation n'a pas été inventée à Clermont, mais aux États-Unis, par un certain Goodyear aidé par la sérendipité, mais qui n'a jamais gagné un centime de par son invention, a passé pas mal de temps en prison pour dettes, et s'est fait chaparder jusqu'à son nom par de plus malins. En revanche, la mathématisation des situations incertaines, ou la "géométrie du hasard", comme il disait, le Blaise, oui, ce sont ses travaux sur les probabilités (que l'on retrouve d'ailleurs sur un autre plan, à la base de son fameux pari, bel exemple de sagesse de bougnat prudent), la « valeur de l'espérance» d'une situation d'incertitude, pour parler comme Huygens qui avait trouvé là une belle formule pour synthétiser les deux aspects de l'activité de Pascal. Alors quoi, que dire d'autre sur cette ville? Ah oui!... Si, quand même : c'est là, dans la cité ténébreuse, là que pour la première fois, semblerait-il, en 1095, précisément le 27e jour de novembre (j'imagine une de ces soirées noires et humides ou le brouillard fait redescendre sur les hommes et les bêtes une épouvantable odeur de suie froide), a retenti le sinistre : "Deus vult!" Brrr…
Écrit par : Régis Gayraud | 03/01/2020
Répondre à ce commentaireBonjour,
Ces interventions sont l'œuvre de Clet Abraham, fils de l'écrivain Jean-Pierre Abraham et street artiste qui s'est spécialisé notamment dans le détournement des panneaux de signalisation routière, avec un talent certain.
https://www.clet.com/
Écrit par : Nicolas Galaud | 06/01/2020
Répondre à ce commentaireAh bien, merci beaucoup, Nicolas Galaud, pour cet éclairage. J'ai lu autrefois le livre de son père, "Armen"... C'est marrant, cette filiation. Et son travail est effectivement très réussi. Voici de l'art de rue qui me plaît...
Écrit par : Le sciapode | 06/01/2020
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