22/06/2019
Michel Valière nous a quittés
Michel Valière est mort le 22 février dernier, d'une longue maladie, dit-on... Et, même si je n'avais plus de contact avec lui depuis longtemps, je dois dire que cette nouvelle m'a fait mal. Une sorte d'adage résonne en moi... Lorsqu'un vieillard meurt, c'est comme une bibliothèque qui brûle. Et ici, mieux qu'ailleurs, l'adage se vérifie.
Michel Valière (et sa femme, Michèle Gardré-Valière) en compagnie de Franck Vriet et sa femme, à Brizambourg (Charente), ph. Bruno Montpied, 2006 ; nous visitions ce créateur de statues en plein air situé non loin de chez Gabriel Albert, qu'il connaissait bien, et avec qui il avait réalisé des statues (peut-être en commun?), apparemment plutôt animalières.
Le Corbeau de la fable Le Corbeau et le Renard de La Fontaine, imaginé par Gabriel Albert à partir d'un dessin de costume pour une pièce de théâtre ; cette attribution m'avait été signalée par Michel Valière ; ph.B.M. 2006.
L'homme, que j'avais rencontré au LaM de Villeneuve-d'Ascq, en marge d'une journée sur les environnements spontanés, en 2005, alors que venait de paraître un de ses ouvrages chez Armand Colin, Le Conte populaire, approche ethnographique, s'est engagé à fond durant toute une période dans la défense et la sauvegarde du jardin de 420 statues naïves de Gabriel Albert à Nantillé (Charente-Maritime), sauvegarde qui paraît en voie d'être acquise aujourd'hui (voir la note que j'ai consacrée au cahier de l'Inventaire du Patrimoine de la région Poitou-Charentes entièrement centré sur l'environnement de Gabriel Albert, cahier que Valière a supervisé ; on lira avec fruit, en cliquant sur le lien ci-avant, le débat enrichissant qui s'instaura à la fin de la note, en commentaires, entre Michel Valière, Emmanuel Boussuge et mézigue). Mais, à côté de cela, c'était avant tout un puits de science en matière ethnographique, et de cultures, de langues populaires (notamment en occitan). Les lecteurs anciens de ce blog se rappelleront peut-être ses commentaires érudits et fort pointus (trop?), sous le pseudonyme de "Belvert", qui renvoyait à son propre blog, toujours ouvert à l'heure où j'écris ces lignes... C'était, en dehors de son savoir ethnologique (il s'est consacré beaucoup au collectage de témoignages oraux dans la région du Poitou), en effet, un grand linguiste spécialisé dans les parlers poitevins-saintongeais, ainsi qu'en occitan (né à Paris, il a grandi à Lespignan, dans le Biterrois et l'Hérault). Il nous avait gratifiés sur ce blog, on s'en souviendra, de commentaires pointus sur les tsapluzaïres, ces tailleurs de copeaux, sculpteurs amateurs à leurs heures de loisir, que l'on rencontrait encore jusqu'à ces dernières années dans le Massif Central.
Par ailleurs, Michel Valière était un grand connaisseur de l'art populaire et avait contribué à monter avec d'autres des musées. Mais je ne parviens plus à me rappeler de lequel d'entre eux il m'avait parlé. Son rapport avec des gens dans mon genre montre que sur ses "vieux jours", il s'était ouvert aux nouveaux surgeons de l'art populaire que sont l'art naïf, l'art brut (ce n'est absolument pas signalé dans la notice qui lui est consacrée sur Wikipédia). Même l'art singulier l'intéressait (à ce titre, je lui avais offert une de mes peintures sur papier, Un rugby aux règles étranges, qui faisait une vague allusion à l'ancêtre du rugby, la soule, jeu violent pratiqué dans le Sud-Ouest). Sa curiosité était vaste et variée. Il faut espérer que quelque bonne âme aura eu l'heureuse idée de l'enregistrer, comme lui-même sut le faire pour beaucoup d'interlocuteurs dépositaires de culture populaire.
Bruno Montpied, Un rugby aux règles étranges, 30 x 40 cm, 2005, coll. Michel Valière, ph. B.M.
00:28 Publié dans Art immédiat, Art naïf, Art populaire insolite, Environnements populaires spontanés, Le conte en rapport avec d'autres expressions | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : michel valière, nécrologies, tsapluzaïres, art populaire, ethnologie française, parler poitevin-saintongeais, occitan, gabriel albert, environnements populaires spontanés, inventaire du patrimoine de la région poitou-charentes, conte, franck vriet, bruno montpied, soule, rugby | Imprimer
26/04/2015
La Maison de la Gaieté à Chérac (suite), on se mobilise...
La Maison de la Gaieté, cette maison couverte de mosaïques dans les années 1930 par Ismaël Villégier et son fils Guy, qui étaient apparemment cabaretiers et qui avaient également décoré l'intérieur, dont j'ai déjà parlé il y a quelque temps sur ce blog, est toujours en danger de destruction par volonté de la mairie qui est propriétaire du lieu. Des associations se sont créées avec des idées pour la pérennité de cet édifice, une pétition a été lancée et a recueilli (chiffre de mars 2015) 470 signatures. On peut trouver des infos ici.
depuis cette photo d'Eric Straub (2012), les palmiers ont été sciés...
Détail des murs couverts de mosaïque "Le roi des cocus"... ph Association pour le Renouveau de la Maison de la Gaieté
Il serait bien sûr dommage que ce lieu voué autrefois à la joie soit rayé de la carte et qu'à la place on trouve un jour une Maison de la Tristesse... Je répète que la meilleure façon de prolonger ce lieu, c'est-à-dire la plus en accord avec son esprit, serait d'y créer un espace de documentation et de rencontre autour des inspirés du bord des routes, créateurs autodidactes qui n'ont rien à voir avec les artistes tels qu'on les connaît avec leurs désirs de promotion, de gloriole...
Page 1 de la fiche consacrée à la maison des Viléger père et fils à Chérac par l'Inventaire du Patrimoine de la région Poitou-Charentes
Page 5 de la fiche de l'Inventaire ; décors intérieurs, objets, meubles, tableau en mosaïque...
12:30 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : associaiton pour le renouveau de la maison de la gaieté, mairie de chérac, maison de la gaieté de chérac, ismaël villéger et guy villéger, environnements spontanés, inspirés du bord des routes, inventaire du patrimoine de la région poitou-charentes, habitants-paysagistes | Imprimer