15/03/2021
Un film nouveau sur Pape Diop, le dessinateur des murs de la Medina de Dakar
Tilleen, le débile et le génie, d’Ugo Simon (2021, France, 23 min), tel est le titre du court-métrage consacré au dessinateur compulsif de rue Pape Diop (déjà évoqué par moi sur ce blog l'année dernière) parmi douze autres petits films qui sont proposés sur le site de Mediapart dans le cadre de la section "Première Fenêtre" du festival Cinéma du Réel (se tenant du 12 au 31 mars, sans doute en ligne...). Sur le site de Mediapart (voir LIEN), c'est le 4e.
Photogramme extrait par moi du film d'Ugo Simon. Pape Diop (à gauche) place touts sortes de petits objets dans la main de Modboye (à droite, avec son tee-shirt marqué "Dakar Art Brut"), dans un échange étrange.
On y retrouve Modboye l'artiste médiateur sénégalais qui suit Pape Diop (un médiateur et un créateur, on retrouve ainsi "l'attelage" traditionnel qui signale que l'on a affaire à de l'art brut), et recueille les contreplaqués que ce dernier abandonne ou donne, sans souci apparemment de ce qu'ils pourraient devenir (je pense bien sûr au marché de l'art brut en Europe ; m'est avis qu'un petit malin ira bien le proposer un de ces jours dans une quelconque Outsider Art Fair ; il a déjà été exposé à Paris dans la galerie parisienne de la Fabuloserie, comme le contait la note que j'ai mise en lien ci-dessus).
Pape Diop dessine obsessionnellement sur le bitume, les murs, les bouts de contreplaqués... Photogramme extrait de Tilleen ,le débile et le génie, court-métrage d'Ugo Simon, 2021 ; je n'ai personnellement pas compris à quoi ou à qui correspondait ce mot de "Tilleen", le film étant assez avare de commentaires et d'explications, tissé surtout d'impressions visuelles.
Merci à Remy Ricordeau qui m'a envoyé le lien vers ce film.
23:19 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art populaire religieux, Art visionnaire, Cinéma et arts (notamment populaires), Street art marginal (art de rue sauvage) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ugo simon, cinéma du réel, pape diop, médina de dakar, art brut de rue, art brut africain, modboye, artiste médiateur, fabuloserie, débile et génie | Imprimer
27/01/2020
Pape Diop, l'homme qui tatoue la Médina de Dakar, à la Fabuloserie-Paris
A la Fabuloserie depuis le 4 janvier (à vrai dire depuis quelques temps avant, même) jusqu'au 15 février (Sophie Bourbonnais s'arrêtant sûrement pour la Saint-Valentin et fêter son amoureux...), sont exposées quelques œuvres de Pape Diop "arrachées" à son univers fusionnel et frénétique des rues de Dakar, et de sa turne même.
Pape Diop en pleine action, photo Modboye.
C'est une sorte de créateur direct vivant dans la rue qu'il prend pour support de ce qui l'obsède (notamment des figures de marabout encapuchonné de plus en plus schématisées au fur et à mesure qu'il les répète, sur les murs ou sur des planches). Les snobs appelleront cela du street art brut, bien que ce ne soit pas du muralisme pulvérisé à la bombe, et que cela échappe complètement aux codes des graffeurs urbains tels qu'on les connaît en Europe ou aux USA. Ses outils, ses pigments à lui, seraient plutôt des mégots, du café, un bout de cuir, du charbon, une vieille godasse, ses supports, les murs, ou des chutes de bois abandonnés par les menuisiers.
La pièce où vit Pape Diop ; on note que l'auteur est fort capable de dessiner en volume, si l'on se rapporte au grand visage du mur de gauche ; photo Marek Mlodecki.
Un des murs couverts de dessins de l'habitat de Pape Diop ; ph. Modboye.
On connaît Pape Diop grâce à Modboye (alias Mamadou Boye Diallo) qui le suit depuis quelques années, le photographiant, conservant ses œuvres, le filmant, archivant sa geste, le faisant connaître grâce à une association qu'il a fondée en 2010 avec Mélodie Petit, Yataal Art, ce qui signifie en wolof "Elargir l'art". Moi, cet élargissement, je trouve que ce n'est pas vraiment le mot qui convient. Il s'agit plutôt d'une réalisation de l'art, pour employer des termes à couleur situationniste. Car l'art est ici fondu avec le décor de la vie quotidienne.
Voiturette de glacier couverte de dessins ; ph. Modboye.
Modboye que l'on voit dans une émission de la RTS (Radio Télévision Sénégalaise) sur le site de Yataal Art, paraît au courant de l'art brut, et de l'art hors-les-normes de la Fabuloserie, d'autant plus que les animateurs de ce foyer d'art hors piste, Sophie Bourbonnais et Mark Mlodecki lui ont rendu visite, enthousiastes pour cette nouvelle découverte. A ma connaissance, c'est la première fois que j'entends un Africain dans un pays d'Afrique noire reprendre ce terme, qui visiblement déroute ses interlocuteurs, comme il arrive dans nos contrées mêmes... Et ce, alors que quelques créateurs venus de différents pays ont déjà été rangés dans l'art brut, comme Ataa Oko au Ghana, ou Frédéric Bruly-Bouabré en Côte d'Ivoire.
Pape Diop semble avant tout concentré sur des compositions graphiques, des assemblages de symboles, mais il peut parfois aussi s'occuper de scènes figuratives, animalières par exemple. On apprécie particulièrement les teintes raffinées dans leur dénuement et les effets de matière brute.
Deux panneaux "tatoués" de graphismes de Pape Diop, exposés à la Fabuloserie-Paris ; ph. Bruno Montpied.
5 autres panneaux ; ph. B.M.
18:54 Publié dans Art Brut, Environnements populaires spontanés, Fantastique social, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Street art marginal (art de rue sauvage) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pape diop, médina de dakar, art brut de rue, muralisme spontané, modboye, fabuloserie-paris, marek mlodecki, sophie bourbonnais, yataal art, réalisation de l'art, marabout | Imprimer