27/01/2020
Pape Diop, l'homme qui tatoue la Médina de Dakar, à la Fabuloserie-Paris
A la Fabuloserie depuis le 4 janvier (à vrai dire depuis quelques temps avant, même) jusqu'au 15 février (Sophie Bourbonnais s'arrêtant sûrement pour la Saint-Valentin et fêter son amoureux...), sont exposées quelques œuvres de Pape Diop "arrachées" à son univers fusionnel et frénétique des rues de Dakar, et de sa turne même.
Pape Diop en pleine action, photo Modboye.
C'est une sorte de créateur direct vivant dans la rue qu'il prend pour support de ce qui l'obsède (notamment des figures de marabout encapuchonné de plus en plus schématisées au fur et à mesure qu'il les répète, sur les murs ou sur des planches). Les snobs appelleront cela du street art brut, bien que ce ne soit pas du muralisme pulvérisé à la bombe, et que cela échappe complètement aux codes des graffeurs urbains tels qu'on les connaît en Europe ou aux USA. Ses outils, ses pigments à lui, seraient plutôt des mégots, du café, un bout de cuir, du charbon, une vieille godasse, ses supports, les murs, ou des chutes de bois abandonnés par les menuisiers.
La pièce où vit Pape Diop ; on note que l'auteur est fort capable de dessiner en volume, si l'on se rapporte au grand visage du mur de gauche ; photo Marek Mlodecki.
Un des murs couverts de dessins de l'habitat de Pape Diop ; ph. Modboye.
On connaît Pape Diop grâce à Modboye (alias Mamadou Boye Diallo) qui le suit depuis quelques années, le photographiant, conservant ses œuvres, le filmant, archivant sa geste, le faisant connaître grâce à une association qu'il a fondée en 2010 avec Mélodie Petit, Yataal Art, ce qui signifie en wolof "Elargir l'art". Moi, cet élargissement, je trouve que ce n'est pas vraiment le mot qui convient. Il s'agit plutôt d'une réalisation de l'art, pour employer des termes à couleur situationniste. Car l'art est ici fondu avec le décor de la vie quotidienne.
Voiturette de glacier couverte de dessins ; ph. Modboye.
Modboye que l'on voit dans une émission de la RTS (Radio Télévision Sénégalaise) sur le site de Yataal Art, paraît au courant de l'art brut, et de l'art hors-les-normes de la Fabuloserie, d'autant plus que les animateurs de ce foyer d'art hors piste, Sophie Bourbonnais et Mark Mlodecki lui ont rendu visite, enthousiastes pour cette nouvelle découverte. A ma connaissance, c'est la première fois que j'entends un Africain dans un pays d'Afrique noire reprendre ce terme, qui visiblement déroute ses interlocuteurs, comme il arrive dans nos contrées mêmes... Et ce, alors que quelques créateurs venus de différents pays ont déjà été rangés dans l'art brut, comme Ataa Oko au Ghana, ou Frédéric Bruly-Bouabré en Côte d'Ivoire.
Pape Diop semble avant tout concentré sur des compositions graphiques, des assemblages de symboles, mais il peut parfois aussi s'occuper de scènes figuratives, animalières par exemple. On apprécie particulièrement les teintes raffinées dans leur dénuement et les effets de matière brute.
Deux panneaux "tatoués" de graphismes de Pape Diop, exposés à la Fabuloserie-Paris ; ph. Bruno Montpied.
5 autres panneaux ; ph. B.M.
18:54 Publié dans Art Brut, Environnements populaires spontanés, Fantastique social, Galeries, musées ou maisons de vente bien inspirés, Street art marginal (art de rue sauvage) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pape diop, médina de dakar, art brut de rue, muralisme spontané, modboye, fabuloserie-paris, marek mlodecki, sophie bourbonnais, yataal art, réalisation de l'art, marabout | Imprimer
Commentaires
Il ne ferait pas bon pour lui qu'il aille du côté de Douarnenez. Il se ferait arrêter.
Écrit par : Atarte | 28/01/2020
Répondre à ce commentaireComme quoi on est plus tolérant et libertaire à Dakar qu'à Douarnenez...
Voir mes notes sur le graffitiste cinéphile de cette dernière ville qui a été arrêté, est passé en procès (Ô l'absurdité de ces édiles!), et a écopé de 4 mois de prison avec sursis, tout cela pour avoir inscrit des mots aux marqueurs Posca qui ne causaient aucune dégradation véritable dans les marges du mobilier urbain, puisque les inscriptions se désagrègent avec le temps...
Pour les notes, voir ci-dessous :
http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/archive/2017/08/08/le-mystere-du-graffitiste-cinephile-de-douarnenez-5969656.html
http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/archive/2017/08/21/le-mystere-du-graffitiste-cinephile-2-5972859.html
http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/archive/2018/01/03/laissez-libre-le-graffitiste-cinephile-de-douarnenez-ne-lui-6013874.html
Écrit par : Le sciapode | 08/02/2020
J'aime vraiment beaucoup.
Écrit par : Dahyot | 02/02/2020
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