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01/10/2020

De la sculpture automatique, un masque du facteur Georges Maillard

     Georges Maillard et ses Rocamberlus, j'en parle ailleurs que sur ce blog, en fait dans le numéro 163 d'Artension, actuellement dans les kiosques, puisque couvrant la période de septembre-octobre. Cet ancien facteur, au départ dans sa jeunesse ouvrier agricole et bûcheron, s'est mis, après avoir pratiqué la photographie en autodidacte, via un club photo organisé à l'intérieur de la Poste (il a une prédilection pour la photo réaliste populiste, assez proche de la photographie dite "humaniste"), dans  les années 1980, à assembler des pierres aux formes suggestives qu'il avait accumulées depuis des années, à toutes fins utiles. Il allait aux expositions de l'Atelier Jacob entre 1972 et 1982, et il connaissait un peu les sculptures de silex assemblés de Marcel Landreau qui les dressait à Mantes-la-Ville. Cela – il le reconnaît humblement, sans rien dissimuler, car le bonhomme reste modeste – a pu le guider vers ses personnages particulièrement grotesques, tour à tour tourmentés ou cocasses.

Le théâtre de la 1ère terrasse (de 3 quart) (2).jpg

Georges Maillard, le théâtre des statuettes sur la 1ère terrasse, photo Bruno Montpied, juin 2020.

Figures fantastique 2e terrasse côté droit (vu de la rue) (2).jpg

Georges Maillard, figure fantastique en ciment-colle sur la 2e terrasse ; ph. B.M., juin 2020.

 

     Mais ici, dans cette note, je ne veux évoquer qu'un petit à côté de sa production. Il ne se contentait pas d'ériger des assemblages de pierres toutes en circonvolutions, il les confrontait à des façonnages en ciment-colle qu'il a mêlés aux pierres sur les terrasses de son terrain pentu (voir la figure fantastique ci-dessus). Cela a donné de grandes figures comme l'ensemble dit des "Chimériques" dont j'ai publié une photo dans Artension. Parfois, il mariait les figures en ciment aux pierres au sein d'une statue, ne dédaignant pas des incrustations d'accessoires, pour souligner les contours des yeux par exemple. Ou bien il se servait du ciment pour réaliser des socles.

Au-dessus du garage, la figure centrale (2).jpg

Georges Maillard, Rocamberlu installé sur la 1ere terrasse, au-dessus de son garage, associant pierres, ciment, et accessoires incrustés ; ph. B.M., juin 2020.

 

      En maniant le ciment pour ces pièces principales, il lui en restait des chutes qu'il ne se résignait pas à jeter. Alors, d'une main et d'une truelle plus primesautières encore que lors de ses façonnages de figures chimériques, il faisait des masques, parfois des bonshommes, dans une sorte de régression vers les graphismes sommaires de son époque enfantine. Et les abandonnait entre ses Rocamberlus, à leurs pieds, ou bien appliqués contre un parpaing de sa clôture. On en voit dans la photo ci-dessous, placées dans les interstices de ses créatures, modestes œuvrettes auxquelles on ne prête pas attention de prime abord, et pourtant...

Restes de ciment dans les interstices des Rocamberlus (2).jpg

Georges Maillard, dans l'escalier vers une de ses terrasses, des figures en restes de ciment semées dans les interstices des Rocamberlus, ph. B.M., juin 2020.

Bonhomme en reste de ciment sur un mur de parpaings (2).jpg

Georges Maillard, bonhomme réalisé en chute de ciment, sur un mur de parpaings, ph.B.M., juin 2020.

 

      A ma dernière visite, Georges Maillard me proposa d'emporter quelque chose, et ma main, comme téléguidée par l'Ange qui me suit et me conseille, se porta sans hésiter vers l'une de ses humbles et pourtant expressives, figurations, un masque grumeleux et souriant, comme d'un être qui aurait beaucoup bourlingué, portant sur sa face les stigmates de quelques excès... Un nouveau compagnon...

 

Georges Maillard, masque ss titre, ciment, vers 2019, alt (2).jpg

Georges Maillard, masque en chute de ciment, 15 x 11 cm, vers 2019 ; ph. et coll. B.M. ; selon l'éclairage, le masque prend des expressions variées: ce jour-là, il paraissait soucieux et son sourire était comme épais, lourd...

 

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Les Rocamberlus de Georges Maillard sont visibles depuis la rue, au 16 rue de Marines, Osny (communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise, dans le 95, Val d'Oise).