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Rechercher : la maison sous les paupières

Info-Miettes (14)

Pascal Tassini au Madmusée de Liège

       Pascal Tassini quand on voit ça, le truc emberlificoté ci-dessous, on se dit, ah, on tient une Judith Scott made in Europe. Car,pascal tassini-créahm(Liège)e.jpg objet textile non identifié (OTNI qui mal y  pense bien sûr), le parallèle paraît s'imposer, du moins si l'on s'en tient à cette boule bleue effilochée. Or, ce créateur ne s'en tient pas là. il semble que son œuvre majeure soit plutôt une sorte de construction, une "cabane", toujours textile, qualifiée par les rédacteurs du dossier de presse de l'expo de "phénoménale installation à l'aspect organique et tentaculaire", installation qui se développe dans les locaux du Créahm, également installé à Liège (le Madmusée, "émanation" du Créahm, est quant à lui hébergé provisoirement au musée du Grand Curtius en attendant un espace plus adapté à ses collections présentées comme importantes –je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller vérifier, cependant l'expo montée il y a peu à Paris à la Maison des Métallos invitait à le penser). Pascal Tassini réalise aussi des coiffes et des tenues de noces plutôt inventives. Une expo se tient actuellement pour en apprendre davantage.

Expo Pascal Tassini au Madmusée jusqu'au 25 février, un catalogue monographique étant édité à cette occasion. Egalement l'exposition parallèle "Indifférence", qui concerne la collection du Madmusée présentée au Grand Curtius, et qui durera jusqu'au 6 mai.

 

Pascal TASSINI cabane détail flou.jpg

La cabane de Pascal Tassini


Gérard Sendrey à Langon (Aquitaine)

     De son côté Gérard ne chôme pas. Après une expo à Bayonne (que j'ai annoncée il n'y a pas si longtemps) le voici qui remonte près de son cher Bordeaux qu'il n'aimerait guère quitter à ce que sussure la rumeur.G.Sendrey,-profil,-1994.jpg Cela se passe à Langon, dont monsieur le maire s'appelle Vérité. Un politicien appelé à ne jamais mentir, ça ne doit pas être facile tous les jours.

Expo du 12 janvier au 25 février, Salle George Sand au Centre Culturel des Carmes, 8, place des Carmes, 05 56 63 14 45. (Ci-contre "Profil" de 1994 par Gérard Sendrey)

André Robillard à Lyon, toujours par monts et par vaux

    On m'annonce une nouvelle exposition d'André Robillard avec des fusils et des dessins à la MAPRA à Lyon, dans le cadre de la Biennale "Musiques en scène" du 2 au 17 mars (où dans le programme parmi des dizaines de compositeurs type Boulez ou Steve Reich on retrouve le nom de notre amateur d'accordéon et de poésie sonore bruts).

Expo du 28 février au 17 mars à la MAPRA de Lyon. Petit-déjeuner André Robillard et Alain Moreau (directeur du théâtre de Villefranche-sur-Saône) le samedi 3 mars à 10h30 au Théâtre Les Ateliers à Lyon.

 

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André Robillard, DAFRIQUE UN ELEPhant, coll.Bruno Montpied

Et Guy Brunet dans tout ça?

      Eh bien, ce dernier exposera à Villefranche-sur-Saône dans le cadre du "festival de cinéma francophone en Beaujolais", à la fin de l'année. On me signale qu'il y aura des silhouettes (de producteurs, vedettes d'Hollywood comme les affectionne Guy Brunet comme on sait), des affiches de films (la plupart américains comme de juste ; "copies" modifiées involontairement par l'auteur) et ses films bricolés à la maison, comme ceux où il se rêve en speaker de documentaires cinéphiliques. C'est le même Alain Moreau qui sera le conseiller artistique de cette manifestation prévue pour novembre 2012 seulement.

Actualité du Musée de la Création Franche

     A Bègles, va bientôt s'achever une exposition Emilie Henry que je n'ai pas eu le temps de signaler ici, bien que j'en apprécie les oeuvres, très proches, dans la technique des encres, des pratiques tachistes, rorschachiennes, voire hugoliennes qui sont autant de pratiques divinatoires ou simplement génératrices d'imaginaires latents (cela dit, Emilie Henry réalise aussi désormais des collages au milieu de ses encres). Cette expo est prévue pour se terminer le 22 janvier, dans une semaine donc, pressez-vous les retardataires (175 dessins vous y attendent).Ss titre,21x13cm, ptêt 2011.jpg

CF n°35.jpg     Par ailleurs, à signaler la parution à la fin de l'année dernière du n°35 de la persévérante revue Création Franche dont Gérard Sendrey vient d'annoncer qu'il se retirait du poste de rédacteur en chef, pour se limiter de façon intermittente à des collaborations ponctuelles. J'ai été invité à participer à ce numéro où je propose un article pour découvrir le foyer d'arts plastiques de La Passerelle à Cherbourg (La Passerelle: comme un vol d'étourneaux dans le paysage créatif), foyer par ailleurs déjà évoqué sur ce blog. Le sommaire est à lire ici (à noter qu'on trouve dedans un article de présentation de Pascal Tassini par Teresa Maranzano, et un texte de Deborah Couette, du CRAB, sur Alexis Lippstreu où elle analyse la démarche imitatrice-recréante d'Alexis Lippstreu, analyse qui ne peut que me ravir puisque je l'ai déjà précédée sur la question dans le texte de mon allocution sur les rapports entre arts populaires et art brut dans le cadre du séminaire de Barbara Safarova au Collège International de Philosophie).

 

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Yann, sans titre, (créé dans l'atelier de La Passerelle), 50x70 cm, février2011, coll BM


A Lausanne, Sarah Lombardi aux commandes et Lucienne Peiry appelée à de plus hautes responsabilités

      A la Collection de l'Art Brut, il y a du mouvement, et je n'y comprends pas grand-chose... Bon, OK, que Sarah Lombardi devienne directrice par intérim pendant un an, ça je vois de quoi il s'agit (ou à peu prés...).pascal tassini,madmusée,handicapés mentaux,créahm,gérard sendrey,émilie henry,andré robillard,guy brunet,alain moreau,théâtre de villefranche,création franche,art singulier,la passerelle Mais Lucienne Peiry qui devient dans le même temps "attachée culturelle-directrice de la recherche et des relations internationales" en poste auprés de la municipalité de Lausanne, ça, je patauge quelque peu sur le sens de cette fonction, en franc béotien que je suis. (ci-contre portrait de Sarah Lombardi, photo Magali Konig, Coll. de l'Art Brut)

Guo Fengyi et Gregory Blackstock à Lausanne

     Pendant ce temps dans les locaux de la Collection de l'Art Brut se poursuivent deux expos également intéressantes, Guo Fengyi d'une part (18 nov 2011-29 avril 2012) et Gregory Blackstock (30 septembre 2011-19 février 2012). Les deux sont également au sommaire du dernier fascicule de la Collection, le n°23, paru tout récemment, Guo Fengyi décrite et analysée par Lucienne Peiry et Gregory Blackstock par Philippe Lespinasse, le même Lespinasse qui a réalisé avec Andress Alvarez un duo de courts-métrages sur ces créateurs, réuni en un seul DVD.pascal tassini,madmusée,handicapés mentaux,créahm,gérard sendrey,émilie henry,andré robillard,guy brunet,alain moreau,théâtre de villefranche,création franche,art singulier,la passerelle,lucienne peiry,sarah lombardi Philippe Lespinasse a le chic d'évoquer des créateurs d'art brut de façon sensible, condensée, dans une durée de film adaptée à une première prise de contact, telle qu'on l'expérimente dans les auditoriums de musée.

     Si Gregory Blackstock se présente a priori plutôt comme une sorte de naïf encyclopédiste amateur de planches sérielles aux thématiques variées (gratte-ciels, accordéons, corbeaux aux plumages pas toujours réalistes, scarabées, fouets, chaussures, bombardiers...), Guo Fengyi (1942-2010) paraît de son côté avoir commencé son œuvre (qui n'en était pas une au début) dans le but de se soigner avant toute chose. "Elle cherche à soulager ses souffrances dues à des crises d'arthrite aiguë", nous dit le dossier de presse de l'expo.pascal tassini,madmusée,handicapés mentaux,créahm,gérard sendrey,émilie henry,andré robillard,guy brunet,alain moreau,théâtre de villefranche,création franche,art singulier,la passerelle,lucienne peiry,sarah lombardi,guo fengyi,gregory blackstock,philippe lespinasse Par la suite, c'est par un esprit d'aventure et d'exploration d'une forme de savoir inconnu qu'elle systémisa sa production. Elle se mit à dessiner à un moment sur des rouleaux de papier fin fabriqué à partir de fibres végétales. Dessinant de façon tout à fait automatique –elle le dit très clairement dans le film de Lespinasse– dans les deux sens du rouleau, elle assimile le surgissement graphique qui s'opère sous ses doigts à la germination des arbres, sans repentir possible.

      Ces rouleaux de dessin à visée thérapeutique peuvent faire songer par analogie aux rouleaux magiques éthiopiens tels qu'ils avaient été présentés par exemple dans l'ex-Musée des Arts Africains et Océaniens à Paris en 1992-1993.pascal tassini,madmusée,handicapés mentaux,créahm,gérard sendrey,émilie henry,andré robillard,guy brunet,alain moreau,théâtre de villefranche,création franche,art singulier,la passerelle,lucienne peiry,sarah lombardi,guo fengyi,gregory blackstock,philippe lespinasse Ces rouleaux, portés à la ceinture par ceux qu'ils étaient destinés à protéger, de la taille d'un homme, étaient des talismans. Guo Fengyi ne se fabriquait-elle pas pour elle seule ses propres talismans? Un peu comme la Madame C. dont nous visitons la maison décorée de dentelles de plâtre dans notre film Bricoleurs de paradis, à Remy Ricordeau et à moi, et qui luttait durant ses nuits blanches de souffrance en sculptant contre son cancer.

Illustrations: Ci-dessus, Guo Gengyi, Le Mont Putuo, 1993, encre sur papier, 153,5x52 cm, ph: Caroline Smyrliadis, Coll. de l'Art Brut, Lausanne. Et en dessous, "Ange gardien", rouleau protecteur en parchemin, XIXe siècle, H: 44 cm, L:23,5, ancienne coll; du MAAO.




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15/01/2012 | Lien permanent

Info-miettes (25)

     C'est bientôt l'automne, ma saison préférée, et il pleut des événements plus ou moins bruts: demandez le programme...

    Dans le cadre de la "S" Grand Atelier, structure dans les Ardennes belges (Vielsahm)... pour les créateurs déficients mentaux, on aime à mixer ces derniers avec des auteurs de bande dessinée voire d'autres types d'artistes (il sont, je cite: "pour l’éclatement des catégories artistiques et la valorisation des nouveaux langages issus de la mixité entre artistes outsiders et artistes contemporains":...Ouais, ouais, ouais... Le grand méli-mélo à la mode ces temps-ci où l'art contemporain tente de se faire une perfusion de sang frais)

     Diverses expos, conférences, débats sont annoncés en France, plus ou moins en rapport avec cette "S" Grand Atelier, je ne retiens personnellement que les expos ci-dessous :

1. L’ARMY SECRÈTE
Au sein de l’exposition : Bruno DECHARME, Art Brut/ Collection ABCD
La Maison Rouge, 10 Boulevard de la Bastille, 12ème
Du 18 octobre 2014 au 18 janvier 2015

(Une grande exposition de la collection ABCD? Hmm... Cela devrait être le grand événement de la fin de l'année donc).

2. "Chefs-d'oeuvre", carte blanche à Bruno Decharme en parallèle à l'expo de La Maison Rouge (le titre exact étant "Masterpieces", mais j'ai traduit car j'en ai marre du snobisme qui consiste à se  coucher, en France, devant les clients anglo-saxons en se mettant à parler leur langue). Ce sera du 21 octobre au 29 novembre à la Galerie Christian Berst : 5 Passage des Gravilliers, 3ème, Paris. Avec des œuvres d'Aloïse, Jaime Fernandes, Domsic, Guo Fengyi, Joseph Lambert (peu connu, il me semble), Tichy, Stoffers, Schroder-Sonnenstern, Zemankova, Scottie Wilson, etc... On ne sait pas si parmi ces œuvres certaines seront à vendre, car en définitive on est encore dans une galerie. ABCD se séparerait-elle de certains de ses joyaux?

 

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Un dessin d'Eric Derkenne tel qu'on le voit sur le site web d'ABCD, des faces, ou des bouts de faces agrandies, striées...


3. ÉRIC DERKENNE : CHAMPS DE BATAILLE
Exposition rétrospective
Commissariat : Gustavo Giacosa
Espace abcd, 12 rue Voltaire, 93100 Montreuil
Du 26 octobre au 19 décembre 2014
Vernissage 25 octobre 19heures en partenariat avec l’Outsider Art Fair

Ce que j'ai vu de ce Eric Derkenne ne m'enthousiasme guère. C'est austère, très facile à rapprocher de certaines œuvres exsangues que l'on nous exhibe régulièrement chez nos plasticiens contemporains, un créateur venu d'atelier pour handicapés mentaux semble-t-il, posant une fois de plus la question des influences possibles occultes ou déclarées des artistes qui pilotent ces ateliers...

4. MATCH DE CATCH à VIELSALM / VIVRE à FRAN DISCO

Bandes dessinées, peintures, sculptures et installations, rencontre du créateur trisomique Marcel Schmitz et de l'auteur de BD Thierry Van Hasselt autour d'une cité imaginaire, Fran Disco, créée par Schmitz.
Commissariat : Barnabé Mons et Thierry Van Hasselt
Chez Agnès B., 17 rue Dieu, 10ème
Du 29 octobre au 08 novembre 2014
Vernissage 28 octobre 18 heures

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Coco Fronsac toujours sur la Rive Gauche

    Là, on est plutôt du côté de l'art contemporain franchement assumé. Mais un art contemporain primesautier, poétique, imaginatif, humoresque, pas très éloigné des anciennes œuvres de Prévert, du groupe Panique, de la 'Pataphysique, etc. L'exposition est déjà commencée, et se finira début octobre, comme on le verra en déchiffrant l'affiche ci-dessous.

 

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La Maison de verre, André Breton, initiateur et découvreur

    Au Musée Henri-Martin à Cahors commence ce 20 septembre une exposition consacrée principalement au Breton installé à l'Auberge des Mariniers de St-Cirq-Lapopie, qui cueillait des agates dans le lit du Lot, des racines aux formes suggestives, prenait fait et cause pour le mouvement des Citoyens du Monde de Gary Davis, se passionnait pour les hasards objectifs, autant de points qui seront évoqués dans l'exposition, avec un rassemblement, dit le dossier de presse, d'une impressionnante collection d’œuvres et de documents, dont certains parfaitement inédits, paraît-il. Un catalogue sort à l'égide de l'Atelier André Breton et des Editions de l'Amateur.

la s grand ateleir,art des déficients mentaux,trisomiques,marcel schmitz,mixité outsider et art contemporain,abcd,eric derkenne,gustavo giacosa,la maison rouge,cités imaginaires,galerie agnès b.    "Je n’ai pas connu d’homme qui ait une plus grande capacité d’amour. Un plus grand pouvoir d’aimer la grandeur de la vie et l’on ne comprend rien à ses haines, si l’on ne sait pas qu’il s’agissait pour lui de protéger la qualité même de son amour de la vie, du merveilleux de la vie. Breton aimait comme un cœur qui bat. Il était l’amant de l’amour dans un monde qui croit à la prostitution. C’est là son signe. » (Marcel Duchamp, entretien avec André Parinaud, Arts, 5 octobre – 11 octobre 1966).

 Photographe non identifié, André Breton observant un crapaud, date?

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 Dans la lumière du surréalisme, galerie Les Yeux Fertiles

Les Yeux Fertiles, cette sympathique galerie de la rue de Seine dans le 6e à Paris, a la bonne idée en parallèle de l'expo cadurcienne de montrer un ensemble d’œuvres liées au surréalisme dont ce manuscrit de poème sur bois dû à Breton ("Au Regard des divinités")la s grand ateleir,art des déficients mentaux,trisomiques,marcel schmitz,mixité outsider et art contemporain,abcd,eric derkenne,gustavo giacosa,la maison rouge,cités imaginaires,galerie agnès b. rehaussé par Slavko Kopac que l'on avait déjà vu ici et là (à commencer sur le site web de l'Atelier André Breton). Un beau poème-objet en vérité. Pour les dates, faudra attendre, je ne retrouve plus ce sacré carton d'invitation, et c'est pas le site internet de la galerie qui va nous aider, ils sont toujours en retard d'une annonce d'expo... (Cependant, l'Aigre de Mots a eu l'extrême obligeance de compléter l'info manquante, voir ci-dessous dans les commentaires).

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La galerie Polysémie, une actualité fertile

      Cette galerie marseillaise a en effet une activité plutôt débordante ces temps-ci, en rapport avec la rentrée bien sûr. Si je ne partageais pas leurs goûts pour certains des artistes exposés jusqu'ici (par exemple Jean-Pierre Nadau), j'ai été intrigué et séduit par les informations reçues de leur part récemment. J'ai déjà évoqué (le 2 août dernier) l'expo de Solange Knopf qui va bientôt s'ouvrir à Paris dans une galerie louée pour l'occasion (la galerie B&B,  6 bis rue des Récollets, 10e ardt, du 30 septembre au 6 octobre). Elle y sera accompagnée des Staelens, de Gérard Nicollet et de Huston Ripley. Mais la galerie ne s'arrête pas là. Elle annonce des présentations de travaux africains singuliers ou bruts dans ses locaux marseillais (titre de l'expo: "African outsiders", du 16 octobre au 20 novembre) dont Frédéric Bruly Bouabré (récemment disparu) et Franck Lundangi (ancien champion de football). La galerie sera également présente au Salon d'Art Alternatif (Outsider Art Fair, en langage marchand) qui se tiendra une fois de plus à l'Hôtel super chic "Le A" du 23 au 26 octobre. On devrait y voir entre autres des œuvres de Philippe Azéma et d'Evelyne Postic.

 

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Philippe Azéma, œuvre présentée actuellement dans l'exposition de la Halle St-Pierre, "Sous le vent de l'art brut 2, la collection De Stadshof"

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Et c'est reparti pour la Biennale de l'Art Partagé

        On en est à la 5ème et ce sera du 18 octobre au 16 novembre. A Rives en Isère dans le parc de l'Orgère à la Salle François Mitterrand, et toujours organisée par l'association Œil-Art de Jean-Louis Faravel. Il y a beaucoup d'artistes invités, et comme c'est l'usage avec l'art partagé (très partagé en l'espèce, vu le nombre d'invités), le récepteur béotien, qui trouve dans sa boîte aux lettres une invitation pour le vernissage (qui aura lieu le samedi 18 octobre à partir de 18h30), ce béotien aura du mal à savoir comment départager (faut croire qu'existe aussi l'art départagé...) le bon grain de l'ivraie. Sur les 70 (environ) artistes présents, je n'en retiens pour l'instant qu'un seul dont j'aurais été bien curieux de découvrir les œuvres, Gilles Manero, bien trop rare dans notre région parisienne, surtout si il a décidé d'exposer des dessins (ce que je préfère à ses sculptures, je dois dire). Ah si quelques autres aussi, Fatimazara Khoubba, Caroline Dahyot, Jacqueline Vizcaïno, Yves Jules, Alexis Lippstreu, Jean Aihade (un "singulier" africain découvert par le galeriste Alain Dettinger si je ne m'abuse), Virginie Chomette... Comme le signale Jean-Louis Faravel dans le commentaire ci-dessous, on peut se faire une idée de chaque exposant en cliquant sur le site web dont j'ai mis le lien ci-dessus (Œil-art).

 

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Gilles Manero, petit dessin au crayon, 2001, coll. BM

 

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Je parie que vous ne connaissez pas Vivi Fortin

      Yves Fortin, dit VIVI Fortin, signe aussi de temps à autre 6+6. Moins mystérieux que ça en a l'air de prime abord, c'est en fait – comme les plus déchiffreurs de mes lecteurs l'auront tout de suite déduit! – une traduction numérique de son diminutif (présenté en majuscules) où il voit le chiffre 6 en caractères latins répété deux fois. Monsieur 12 donc... Comme les douze apôtres, ou les douze salopards au choix (ou les deux ensembles fusionnés...)? Il habite en Vendée, non loin de chez Pierre Sourisseau, le sculpteur de la Croix-Bara, avec qui il travailla du reste comme plâtrier-carreleur, son ancien métier (suite à des problèmes de santé, il a été obligé de s'arrêter, mais ne pouvant rester inactif, il s'est lancé dans "l'art"). Tous deux se sont fait sculpteurs, plutôt naïfs – à la limite, surtout en ce qui concerne Vivi Fortin, du fabricant de santons. Donc, un peu à la limite du naïf basculant dans le kitsch (peut-être par excès d'amour pour la réalité photographique et la ressemblance)... Sourisseau a en effet, pour sa part, dans son œuvre sculptée multiforme et multi-styles de ces tendances au moulage plus vrai que nature. Ce n'est pas de cette manière qu'il fait preuve de talent et d'originalité d'après moi, mais plutôt quand il dévie dans le visionnaire et la "naïveté". De même, Fortin peut s'éloigner du réalisme kitsch, mais lui, c'est plus par goût de la fantaisie et de la blague.

Bière + Viagra (2).jpg

Vivi Fortin (6+6), Bière + Viagra = effet, 30 cm de haut env., entre 2011 et 2019. Ph. Bruno Montpied, 2019.

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Vivi Fortin, Branchés pour la vie, 25 cm de haut environ, entre 2011 et 2019, ph. B.M, 2019.

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Vivi Fortin, Humains pris dans la toile du Net!, 40 x 40 cm env., entre 2011 et 2019, ph.B.M., 2019.

 

      Le santon, c'est un peu la décadence de la naïveté populaire. Vivi Fortin est au bord de ce précipice. Il veut aller vers le vérisme, mais quelque chose en lui le retient d'y basculer complètement : sa fantaisie foncière, sa truculence peut-être, ses impulsions, comme celles qui le poussent à flanquer un écureuil sur la façade de la maison où le propriétaire commanditaire des travaux lui avait demandé simplement de refaire le crépi, tout simplement parce que l'idée lui en a été "imposée", dit-il, et qu'il n'a pu faire autrement que se libérer de cette idée en l'exécutant...

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Vivi Fortin a dispersé dans son jardin nombre d'animaux, 40 cm de haut env., entre 2011 et 2019, ph. B.M., 2019

 

      Il utilise un matériau très ductile apparemment, le MAB (rien à voir avec la reine du même nom...), acronyme de Matériau Adhésif du Bâtiment, d'après ses dires, une sorte de ciment-colle qui permet de former des personnages bien lisses – de taille plutôt réduite dans leur majorité (30 cm en moyenne?) – presque aussi lisses que s'ils avaient été modelés. C'est cela qui les fait ressembler à des santons.

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Vivi Fortin aime les sirènes de toutes couleurs, entre 2011 et 2019, ph.B.M., 2019

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Vivi Fortin aime aussi les libellules, à qui il confère des visages à l'expression benoîte, entre 2011 et 2019, ph.B.M., 2019.

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Vivi Fortin, d'autres libellules installées dans la cour de la maison, entre 2011 et 2019, ph. B.M., 2019.

 

      Il a commencé sa série de sculptures (qu'il estime aux environs de 700 sujets) en 2011. Il ne les laisse pas beaucoup dehors dans le jardin, parce que cela l'ennuie d'avoir à repeindre tout le temps ses statuettes (plutôt que "statues", car elles ne mesurent pas plus de 30 à 40 cm de haut). Son garage s'est aménagé à la longue comme une sorte de galerie avec des rayonnages présentant pêle-mêle ses réalisations comme des articles d'un magasin qui hésiterait à prendre le qualificatif de petit musée... Il lui arrive d'en céder, mais ce n'est pas le but de l'opération au départ.

Le garage, les rayonnages à Gauguin, etc, resserré (2).jpg

Vivi Fortin, exemple de rayonnages à saynètes sculptées en MAB, entre 2011 et 2019, ph. B.M., 2019.

 

     Ses sujets sont fort divers, la plupart du temps inspirés de ce qu'il voit à la télévision. Si certaines saynètes servent à illustrer un jeu de mots, comme dans le cas des "branchés" ci-dessus, d'autres sont des allusions nettes à l'actualité politique ("Arrêtez les Réseaux sociaux, passez au Rosé social"). Je trouve même Fortin assez représentatif d'une composante sociologique à l'œuvre ces temps-ci en France, celle qui irrigue en grande partie (du moins au début du mouvement?) ceux qui se rangent sous l'étiquette de ces "gilets jaunes" qui ne se revendiquent d'aucun parti politique, et répudient tout porte-parole qui tenterait de la leur confisquer, justement, la parole. Il y a, non pas une forme de "populisme"chez Fortin, mais plutôt un rappel républicaniste populaire marqué, avec des saynètes rappelant des thèmes révolutionnaires de l'histoire de France (comme le soulèvement de 1830 avec sa copie du tableau de Delacroix, "La Liberté guidant le peuple", qui fut popularisé par sa reproduction sur les billets de 100 frs avant 2002). Ce rappel de la Révolution ne va pas sans contradiction, car Vivi Fortin paraît révérer également les Vendéens des guerres contre le pouvoir républicain, comme un bas-relief récemment installé à l'arrière de sa maison paraît le prouver... Et si la référence au "peuple" est marquée ici et là dans certaines de ses oeuvres, on n'oubliera pas de pointer aussi une référence à Napoléon (plutôt dans son époque de Bonaparte que dans son époque impériale, ce qui constitue ici, chez Fortin, une résurgence contemporaine d'une tendance bonapartiste qui fut, aux alentours de 1850-1860, dans les campagnes françaises, très vive dans les milieux ruraux, avec l'arrivée au pouvoir de Napoléon III). Bonaparte est représenté à cheval dans un coin du jardin, non loin de Henri IV et de sa poule au pot du reste, souvenir scolaire d'un roi cher au peuple. Donc, Fortin est-il un républicaniste avec vague réminiscence bonapartiste? On sait que, sous Bonaparte, pointait l'empereur, le dictateur qui engloutit le peuple des campagnes dans l'enfer des guerres européennes...

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Vivi Fortin, La liberté guidant le peuple, saynète inspirée du tableau de Delacroix, entre 2011 et 2019, ph. B.M., 2019. 

L'enfer des pauvres, Delacroix, etc. (2).jpg

Vivi Fortin, au-dessus d'un coq, symbole des Gaulois, qui symbolise aussi le peuple, a inscrit un texte nettement anti Macron ; à noter la présence du billet de 100 frs qui reproduisait le même tableau de Delacroix que celui évoqué par la saynète ci-avant, où "les casseurs et les Femen", selon ce qui est écrit, étaient déjà "dessus"... ; à noter encore la statuette à gauche représentant Jean-Marie Le Pen caricaturée en molosse avec la légende: "Calmos"... ; entre 2011 et 2019, ph. B.M., 2019.

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Vivi Fortin, Travail, Famille, Pâtes-riz, Pour les invisibles, saynète clairement en référence aux Gilets jaunes (la première à ma connaissance dans l'art naïf contemporain à les représenter), avec devise pétainiste détournée et moquée, 2018-2019, ph. B.M., 2019.  

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Vivi Fortin, Napoléon Bonaparte à cheval, entre 2011 et 2019, ph. B.M., 2019.

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Vivi Fortin, bas-relief  compartimenté, avec Vendéen, cœur vendéen, Van Gogh, transposition de l'Angélus de Millet, glaneuses..., 2019 ; © photo Vivi Fortin, 2019.

 

      A noter que Fortin, si son goût voulait le porter davantage vers la peinture en deux dimensions, sans nécessairement ajouter du relief, pourrait très bien nous donner de belles œuvres naïves, comme le prouve un tableau en ciment peint, servant de plateforme dans sa cour et montrant divers paysages.

Paysages champêtres, peintures sur ciment au sol (2).jpg

Vivi Fortin, entre 2011 et 2019, ph. B.M., 2019.

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Chemin faisant, qu'est devenu ce petit musée des années 70 entre Saint-Chinian et Assignan?

         Jacques Lacarrière évoque avec émotion et sympathie, dans cette bible de la randonnée en France qu’est son livre Chemin Faisant, au détour de quelques pages, "prés du hameau de Tudéry, entre Saint-Chinian et le village d’Assignan", un petit musée voué à la poésie naturelle que lui fit visiter un vieillard d’un autre temps (ce temps des ruraux païens se suffisant presque à eux-mêmes, tels qu’ils sont décrits dans les nombreux ouvrages de Raymond Humbert,  fondateur du musée rural des arts populaires de Laduz dans l’Yonne). Un petit paysan d’autrefois que la chasse aux rouges-gorges, dans son pays, révulsait et qui avait accumulé dans un local toutes sortes de vestiges de la création naturelle. Il était aussi guérisseur à l’occasion.

         Voici ce qu’écrit Lacarrière, entre autres :

         « Devant la maison, sous la treille, je découvre tout un amoncellement de pierres aux formes étranges, de fossiles, un petit reposoir abritant une Vierge faite de calcaires coralliens, portant les empreintes étoilées de polypiers et madrépores fossiles. A côté, une sculpture faite, elle aussi, de ces pierres ouvragées par l’eau, simplement empilées et liées par un léger mortier. Elle représente un homme en marche tenant un chien en laisse. (…) Il y a là des minéraux, (…) des racines aux formes de mandragores, des coquillages, des pierres colorées. Avec certaines, il a construit de petites figurines, dressé des personnages gnomiques ou féeriques, esquissé des scènes rudimentaires, tout un théâtre de bois, de nacre, de coraux, de paysages imaginaires. Le plus curieux, c’est que ce paysan autodidacte n’a rien lu, ne sait rien de précis sur tout ce qu’il possède. Chaque fois que quelqu’un vient, il le questionne, lui demande son avis, l’interroge sur l’origine de tel ou tel objet. Ainsi s’est formé son savoir : en parlant avec des inconnus. »

         Je ne sais s’il reste aujourd’hui, trente-six ans plus tard, quelque vestige de ce musée. Avis aux chercheurs, si vous passez par ici, n'hésitez pas à laisser quelque commentaire…

Bibliographie : Jacques Lacarrière, Chemin Faisant, mille kilomètres à pied à travers la France, éd. Payot, 1992 (Edition originale 1977, éd. Arthème Fayard) ; mille mercis à Cosmo Helectra qui m’a rappelé ce passage de Lacarrière et qui me signalait ces jours-ci que je pourrais en reparler ici, dans le prolongement de ma note évoquant le musée d'art naïf de Flayosc. Dont acte.

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Kevin R., jungle, mariage et catch (les distractions à la Passerelle)

      A Cherbourg, je l'ai dit et redit, il ya un atelier d'art plastiques animé par Romuald Reutimann chargé de laisser toutes sortes d'individus dits handicapés tracer diverses sortes de rêveries graphiques sur Canson avec des crayons spéciaux, des marqueurs et autres outils laissant comme l'escargot un sillage derrière soi... Voici un exemple de ce que je leur ai récemment acheté auprès d'un de leurs "artistes", Kevin R., que j'ai tendance à priser un brin.

 

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Kevin R., Tarzan et Jane, 50x70 cm, produit à l'atelier La Passerelle, 2013, coll BM

     On pourrait croire étant donné le titre que Tarzan est à gauche et Jane à droite. Si c'est correct pour cette dernière (qui fait très dessin d'enfant), ça ne l'est pas pour le personnage de gauche qui n'est autre qu'un gorille. Tarzan est plutôt au centre de la composition, au-dessus de la bande bleue dans laquelle Jane et le gorille se baignent les pieds (ils ne paraissent pas le voir, mais un crocodile nage sournoisement entre deux eaux juste en dessous de l'emplacement de Tarzan qui, les bras écartés, cherche à les ameuter justement, ayant peut-être perçu le danger). Tarzan, qui se fond dans le décor de jungle qu'a voulu planter Kevin R. en arrière-plan, les lignes qui le dessinent se mélangeant avec la toile quasi arachnéenne des lianes tombant ou sinuant depuis les frondaisons qu'on devine plus qu'on ne les perçoit exactement. C'est d'ailleurs cet enchevêtrement de jungle qui fait tout le charme de cette composition colorée, dessinant un assemblage de formes géométriques quasi abstraites et dégringolantes tout en étant chargées simultanément de figurer une réelle sylve tropicale. Le regard hésite et balance entre les deux registres, résolvant son problème finalement dans une sorte de douce hébétude...

    Ce Kevin-là est décidément un sacré bon dessinateur, qu'on en juge avec cet autre dessin que je lui avais également acheté au moment de l'expo de La Passerelle dans le "vestibule" de la Maison Rouge.

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Kevin R., Les 40 ans de mariage, 70x50 cm, produit à l'atelier La Passerelle, 2011, coll. BM

 

    Et encore celui-ci, un dernier pour la route, lui aussi fort séduisant...

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Kevin R., Catch, 45x65 cm, produit à l'atelier La Passerelle, 2013, coll.BM



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22/06/2013 | Lien permanent

Un troisième exemple de créateur brut iranien

Mokarrameh 4.jpgIMG_0141.jpg    Oui, j'ai bien dit trois, car il y avait eu jusqu'ici Mokarrameh Ghanbari (voir ci-contre le mur peint dans sa maison) et Akram Sartakhti (voir ci-contre les personnages peints sur toile, dont une femme en bleu) naguère exposée à la Halle saint-Pierre. J'ai eu l'occasion d'en parler sur ce blog . Voici en outre, présenté par la Galerie Hamer de Nico Van Der Endt à Amsterdam (qui avait elle aussi exposé autrefois Sartakhti), un troisième créateur de toute première force, Davood Koochaki, né en 1939 dit le carton de l'exposition, dans la partie nord de l'Iran, dans une région de rizières. Son œuvre essentiellement graphique s'apparente à d'autre dessins rangés habituellement dans l'art brut. 

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Davood Koochaki, Couple, 100x70 cm, crayon sur papier, Galerie Hamer

    Sa biographie ressemble à celles d'autres exemples de création autodidacte, une enfance pauvre et difficile (il travailla dès l'âge de 7 ans et n'apprit à lire et à écrire que par ses propres moyens quand il fut plus âgé), une origine ouvrière (il fut réparateur de voitures), aucune formation en dessin, et un fils artiste qui l'incite à persévérer dans le hobby qu'il se découvre à 40 ans, le dessin, et qu'il systématise à 60, dès qu'il se retrouve avec plus de temps à sa disposition. L'influence du fils artiste, on la retrouve chez des créateurs européens comme Boix-Vives ou Joseph Barbiero. Cela fonctionne comme un stimulant, encouragé qu'on est à créer par une instance normalisée alors qu'on se sentait par trop atypique peut-être...

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Koochaki, Créatures, 100 x 70 cm, Crayons, Galerie Hamer

      Il dessine aux crayons graphite et de couleur des créatures imaginaires, semi mythologiques, parfois proches de l'humain. Les oiseaux font de fréquentes incursions sur ses pages. Il paraît dessiner de façon automatique, accueillant ce qui surgit avec hospitalité, ne regrettant pas qu'une œuvre plus "esthétiquement correcte" ne soit pas venue finalement, alors qu'il l'avait pourtant désirée au départ. Ayant de la sympathie pour le parti communiste iranien, il pense que  l'étrangeté de ses créatures sont peut-être à mettre en rapport avec son passé difficile.

 

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Koochaki, figure, 100 x 70 cm, crayon, Galerie Hamer

      Sa figuration tout en hachures juxtaposée, noires ou en couleur, campe des êtres qui en raison de leur densité, de leur compactage, de leurs contours ambivalents, sont à mi-chemin des règnes animaux, végétaux et minéraux. Des sortes de fantômes d'êtres non advenus, laissés à l'état de possibles, pour une autre planète... 

Expo Davood Koochaki du 17 novembre au 5 janvier 2013. Galerie Hamer, leliegracht 38, Amsterdam. www.galeriehamer.nl.

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02/12/2012 | Lien permanent

Postérité des environnements (7): Gabriel Albert sous cloche?

     Transmis par Patrick Métais, un article de Sud-Ouest m'apprend que le jardin de Gabriel Albert a reçu la visite de l'ineffable Ségolène Royal, la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, qui a fait part de son désir de valoriser et préserver le site et que sa région soit maître d'œuvre de ce point de vue. Il semblerait, à lire cet article, que l'Etat, via la DRAC, et la Région travailleraient sur un projet de valorisation culturelle et scientifique du jardin. On souhaiterait ainsi créer sur place un centre d'interprétation et un atelier de restauration des statues. Ces dernières sont on le sait passablement abîmées, tandis que plusieurs ont disparu, victimes de voleurs.

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Le jardin de Gabriel Albert (que l'on voit coiffé d'une casquette au fond devant le moulin), avec Christine Bruces-Cerisier, Anita Albert, Jean-Louis Cerisier, le jour où nous visitâmes les Albert en 1988, ph. Bruno Montpied 

     Il paraît que l'on songe même à mettre l'ensemble du site dans une serre... Alors Gabriel, bientôt comme le fromage, sous cloche? Cela illustre bien les conséquences de la reprise en main d'un site d'art populaire par une instance conservatrice. Avec la perspective de le faire entrer dans la postérité et de l'installer dans une certaine pérennité, le site se métamorphose en autre chose, de plus pétrifié. Un comble pour un jardin de statues en ciment armé... Du coup,  par contraste avec ce qui risque d'advenir quand on l'aura réifié sous un dôme (comme chez Euclides da Costa Ferreira), ce ciment reviendra dans nos souvenirs, à l'époque où son auteur était encore vivant, moins solide, presque palpitant.

     Mais l'on dira bien sûr, en chœur, "c'est mieux que rien..." Ah, mais je m'interroge décidément sur ce "rien". Pas sûr, pas sûr... Mais, bon, on pourrait dire aussi, un jardin, ça peut se mettre sous serre, argument habile...

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La Maison Bleue d'Euclides da Costa Ferreira à Dives-sur-Mer, vue de la rue, état en juillet 2012 (le site fut recouvert d'un dôme en urgence, avec les moyens du bord, dans l'idée de le mettre hors d'eau, mais la situation perdure... Peut-être faut-il voir dans ce sarcophage plus ou moins translucide comme la métaphore d'une chrysalide dans laquelle une mue s'opère, prélude à l'essor d'un futur nouveau papillon?), ph BM

 

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Les murs de Brassaï à Dubuffet

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Grande première salle de la galerie Karsten Greve

        Plus que quelques jours pour aller jeter un coup d'oeil sur l'exposition "Brassaï et Dubuffet" à la Galerie Karsten Greve (5, rue Debelleyme dans le IIIe ardt parisien) puisqu'elle se termine le 21 mai. Cela dit, on y trouve surtout de nombreuses photos des magnifiques graffiti que Brassaï captura depuis les années 1930, et un peu moins d'oeuvres de Dubuffet mises en regard, ce qui au départ paraissait pourtant promis par le prospectus de la galerie. Car c'est bien ce rapport très présent dans les années 40, où Dubuffet suivait de prés les relevés photographiques de Brassaï , qui est le sujet de cette exposition.

 

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Brassaï, Graffiti de la Série V, Animaux: chimère, 1933-1956, tirage argentique, 50,8 x 40cm

 

      On y trouve ainsi les planches du poème de Guillevic sur "les Murs" (1945) illustré des lithographies de Dubuffet qui pointent très noires des murs lépreux où se lisent des graffiti recopiés avec application par l'inventeur de l'art brut, à côté des pisseurs ci-contre par exemple.brassaï,dubuffet,graffiti historiques,graffiti gravés,inscriptions sur les murs,écrits populaires,art enfantin,galerie kirsten grave Le prospectus de la galerie avec raison rappelle en hélléniste conséquent que lithographie veut dire gravure sur pierre. Ce qui était pour Dubuffet un moyen parmi d'autres de s'affronter lui aussi avec le mur dont les incisions expressives populaires allaient le ravir à la suite de Brassaï.brassaï,dubuffet,graffiti historiques,graffiti gravés,inscriptions sur les murs,écrits populaires,art enfantin,galerie kirsten grave Il démarque à l'époque les bonshommes aperçus au hasard de ses promenades dans un Paris où les galeries et les musées ne montraient plus grand chose sous l'Occupation (les murs des rues devenaient par contraste une  galerie alternative à ciel ouvert ; ci-contre un "Personnage" de Dubuffet datant de 1944, fait à "l'encre d'Inde sur papier, 26 x 21 cm", exposé à la galerie). Le mur l'inspira de plus non seulement pour ses graffiti mais aussi pour ses textures, comme le montre un tableau placé à l'entrée de la très belle première salle de la galerie (quel espace!).

 

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Jean Dubuffet, Langage des caves XI, 1958, Huile sur toile, 90 x 116 cm, (exposé à la galerie Karsten Greve)

 

Si on n'a pas le temps de passer à la galerie, faute à mon retard à vous en parler, on se rattrapera en allant dénicher en librairie ou bibliothèque les Graffiti de Brassaï parus naguère chez Flammarion (en 1993 déjà), ou bien encore le catalogue Brassaï, la maison que j'habite de la très bonne exposition qui a tourné entre Nantes et Nancy de septembre 2009 à mai 2010, et qui parlait des maints aspects de la création chez Brassaï qui nous ravissent (poésie naturelle, objets, "transmutations", collages, graffiti, photos insolites d'atelier, nus, etc.).

 

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Bruno Montpied, graffiti sur un platane à Bordeaux, 2010

  

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15/05/2011 | Lien permanent

Une sirène des rues encore (Mami Wata la suite, à Paris)

     Les sirènes me poursuivent drôlement je trouve. J'errais samedi matin avec un ami brocanteur aux Puces de Vanves, et comme souvent je me disais que je n'allais encore rien trouver. Et c'est toujours au moment où l'on désespère (enfin c'est souvent  à ces moments-là, un peu comme lorsqu'on est las d'attendre un bus qui ne vient pas, et qu'on se décide à partir, et il survient juste au point de lassitude...), que la surprise se manifeste. Repassant devant un éventaire qui sans doute avait été tardivement déballé, me frappent comme une balle deux peintures représentant deux magnifiques sirènes que le biffin a accrochées à la grille longeant le trottoir. Présences immédiates! Qui m'élisent aussi sec! Une connexion se fait instantanément, je ne peux faire autrement que chercher à en acquérir une. Il y en a quatre au total, et aussi des animaux (une belle hyène dégustant une proie sanguinolente, deux lions qui ont une certaine ressemblance avec ceux que peignait le naïf italien Ligabue). Et le marchand me dit: c'est les "Mami Wata" qui vous intéressent? Encore des Mami Wata...! Je ne les avais pas d'emblée reconnues pour sirènes africaines. Elles sont signées "Mansuela 78". Un peintre zaïrois (le Zaïre est l'ancien Congo) actif dans les années 70 donc.

 

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Mansuela, sans titre (Mami wata), 43 x 62 cm, 1978

 

      Je choisis d'acquérir, parmi les quatre sirènes, qui tiennent tantôt un téléphone, tantôt un micro surgi des eaux, une qui cueille des roses, poussant bizarrement parmi des touffes d'herbes dans le fleuve d'où elle émerge (les Mami Wata sont des esprits d'eau douce plus particulièrement, je crois). Et il ne me revient qu'à présent, en rédigeant cette note, l'anecdote relative au rosier de la variété de roses "Mermaid" que j'ai évoqué dans ma précédente note sur les Mami Wata (voir lien ci-dessus). L'inconscient a parlé, je ne pouvais choisir qu'une sirène à la rose. Les collections se constituent ainsi, pièce après pièce, recomposant un puzzle qui dessine le désir de ce que nous voudrions sauver de notre vie (voir aussi la note sur ce fantôme lumineux de sirène surgi un jour dans la même maison au rosier "Mermaid").   

 

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Les Amoureux d'Angélique publient un catalogue

     Ils avaient fait jusque là une flopée d'affichettes, confectionnées à l'occasion des petites expos temporaires qu'ils consacraient à leurs trouvailles en matière "d'art brut, naïf et populaire" dans leur charmante maison du Carla-Bayle en Ariège. A chaque fois, ils mettaient quelques lignes et quelques photos harmonieusement mises en pages. J'ai eu l'occasion d'en parler à plusieurs reprises sur ce blog et aussi dans la revue Création Franche (n°32 de mars 2010), où je signalais entre autres qu'il nous manquait un catalogue pour garder après la visite quelques souvenirs des créateurs protégés dans ces lieux.

Couv catalogue Les Amoureux d'Angélique, juin 2010.jpg
Couverture du catalogue paru en juin dernier avec Angélique à cheval sur son balai

       Or donc, voici que ce catalogue vient d'être à son tour réalisé par les Amoureux (alias l'Association Geppetto de Martine et Pierre-Louis Boudra). Certes, les atours de cette brochure reliée comme un simple cahier à spirale restent modestes (à l'image des créateurs mentionnés dedans bien entendu), mais l'on dispose là à présent de quelques éléments documentaires non négligeables.

Page Thierry Chanaud,catalogue musée Les Amoureux d'Angélique.jpg
Page sur Thierry Chanaud

        Les auteurs ont choisi de mettre l'accent avant tout sur certains créateurs emblématiques de leur primesautière collection: Gilbert Tournier, l'excellent Thierry Chanaud (dont personnellement je préfère surtout les dessins aux sculptures archaïsantes), Henri Albouy, Angelo Conficoni (dont on apprend qu'il a construit un musée dédié à ses propres réalisations en Aveyron), Henri Virmot, Sylvain Blanc, Joseph Claustres, le prolifique Joseph Donadello, Antonio de Pedro, Severino De Zotti, Honorine Burlin, la collection Yode d'art populaire en bouteille, Joseph Redini, Eric Hordas, Roger Beaudet, Raymonde et Pierre Petit, Louis Buffo, Denise Chalvet, les frères Jammes, Horace Diaz (comme Donadello et Burlin, créateur d'environnement), etc., etc.

Page Honorine Burlin, catalogue musée Les Amoureux d'Angélique.jpg
Page sur Honorine Burlin

       Ne sont pas oubliés non plus les anonymes que la collection prise aussi bien. Il ne faut donc pas hésiter à acquérir ce document indispensable aux amateurs de terra incognita, de poésie des sans-grade de l'histoire de l'art.

Page Denise Chalvet,catalogue musée Les Amoureux d'Angélique.jpg
Page consacrée à une créatrice d'épouvantails confectionnés avant tout pour eux-mêmes, semble-t-il, avant d'être utilitaires (chasser les oiseaux)

Musée Les Amoureux d'Angélique, Carla-Bayle, Ariège, 05 61 68 87 45, amoureuxanges@hotmail.com. Catalogue 15€.

Thierry Chanaud, dessin Des cerises, des arbres, musée Les Amoureux d'Angélique.jpg

Thierry Chanaud, dessin "Des cerises, des arbres...", collection les Amoureux d'Angélique

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