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Joseph Baqué de Bruxelles à Lausanne, des monstres en visite

    Une exposition intitulée "Démons et merveilles" se tient actuellement à Bruxelles dans les locaux d'Art et Marges, jusqu'au 1er juin prochain, avec comme principal invité (du moins à mes yeux) Joseph Baqué (1895-1967), cet ancien gardien de la paix barcelonais dont j'ai déjà parlé dans cette colonne (il y a eu une vente il y a un an de l'ensemble de ses dessins, vente qui fut à 95% conclue avec un seul collectionneur, ce qui fait que l'ensemble de l'œuvre est conservée au même endroit ; c'est d'ailleurs elle qui sert de base à l'expo d'Art et Marges), cet ancien gardien de la paix (si on prend ces mots au pied de la lettre, cette garde prend un autre sens plus poétique) qui des années 30 aux années 60 a créé une étourdissante série de 1500 "Animaux, phénomènes rares, bêtes jamais vues, monstres et hommes primitifs", déclinée en 454 planches numérotées.art et marges,démons et merveilles,bruxelles,art brut,joseph baqué,collection de l'art brut,monstres,gardien de la paix,barcelone Il recourut à l'aquarelle, à la mine de plomb, avec des rehauts d'or et d'argent par endroits.

 

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Extrait 111 des "animaux et fauves" de Joseph Baqué, édité en carte postale par Art et marges musée, 2014

 

      Les dessins obtenus par lui sont d'un charme fou, les "monstres" inventés faisant quelque peu songer par leur aspect grotesque, d'où se dégagent un humour et une malice évidents, aux dessins infiniment plus anciens des "songes drolatiques de Pantagruel", dessins probablement dus à François Desprez en 1565 et longtemps attribués à Rabelais. Il est possible que Joseph Baqué ait croisé du regard des ornementations grotesques dans sa jeunesse lorsqu'un oncle le fournissait en magazines consacrés à l'art décoratif.

 

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 "Monstres" de Joseph Baqué, section des "hommes primitifs", édités en cartes postales par Art et Marges, 2014

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Un des personnages des Songes drolatiques de Pantagruel, gravure de 1565

 

        Plusieurs dessins, faisant partie vraisemblablement d'un lot extérieur aux 1500 "monstres" numérotés vendus l'année dernière, figurent dans les collections de l'Art brut à Lausanne, ce qui explique que l'expo actuelle de Bruxelles, qui confronte Baqué à d'autres créateurs handicapés familiers des cimaises d'Art et Marges (ils aiment faire ce genre de méli-mélo là-bas), continuera à Lausanne, au Château de Beaulieu, mais cette fois je pense, Baqué y sera seul représenté, ce qui est plus adapté car il est bon de souligner la nouveauté de la révélation d'une telle œuvre en n'exposant qu'elle. Ce sera du 6 juillet au 20 octobre prochain.

 

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"Animaux et fauves" ?

 

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Fictions d'art brut à l'INHA et monstres de Josep Baqué aux enchères

     Pourquoi lier ces deux événements, d'une part la nouvelle rencontre du 30 mars prochain proposée  à l'INHA entre le CrAB et le collectif Marco Decorpéliada, et d'autre part la vente aux enchères de plusieurs lots de dessins de Josep Baqué (1895-1967) chez Ader le jeudi 11 avril?

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Josep Baqué, un de ses dessins à la vente aux enchères, site web d'Ader

 

    Peut-être à cause d'un point commun, la présence en arrière-plan de 'pataphysiciens (ou d'Oulipiens, ce qui est souvent la même chose il me semble), Marcel Benabou dans le collectif decorpéliadesque et la "Fond'Action Boris Vian" qui organisa autrefois une expo Josep Baqué, expo probablement en rapport avec l'article remarquable sur ce même personnage de Guy Ciancia et Françoise (ou Francine) Degand paru dans le n°1 de Viridis Candela, correspondancier du Collège de 'Pataphysique en octobre 2007.

 

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Les incroyables dessins de Josep Baqué, Hommes primitifs, vente aux enchères Ader

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Cet autoportrait est extrait du Correspondancier n°1 dont on voit la couverture plus haut 

     Il y a aussi que la rencontre prochaine du CrAB interroge diverses "fictions" qui ont pu se faire passer pour vies de créateurs bruts, avec les cas de Véreux (que je connais très mal), de Juva et ses silex "orientés" (voir ci-contre une reproduction tirée du fascicule de la collection de l'art brut où un chapitre lui est consacré),inha,crab,fictions d'art brut,supercheries,josep baqué,art brut,art immédiat,jusep torrés campalans,max aub,collège de 'pataphysique de Jules Penfac (canular monté par Michel Ragon qui déplut fortement à Gaston Chaissac qui y vit une cabale caricaturale montée aux dépens du rôle d'artiste bouseux qu'on voulait lui faire endosser) et donc de ce "Marco Decorpéliada" (on ne se lasse jamais d'écrire un tel nom). Inventer des auteurs d'art brut est bien sûr une façon d'éprouver le sens critique des amateurs. Si l'on arrive à asseoir la réputation "brute" d'une oeuvre produite par un auteur caché, en réalité habile et pétri de culture, ayant suivi un enseignement artistique qui plus est, on tourne en dérision un des aspects du concept d'art brut, un art surgi du néant, un art sans formation, sans culture. C'est tentant comme on le voit.

      Les 'pataphysiciens ont commis à l'occasion quelques supercheries à ce qu'il me semble (je ne suis pas un spécialiste, et encore moins de leur "Collège"), notamment lorsqu'ils ont fait croire à l'existence d'un certain Julien Torma, poète maudit des années 30 qui aurait dépassé les surréalistes par l'étendue et la portée de sa révolte. Il semble qu'en réalité ce fût Noël Arnaud qui le créa avec l'appui par la suite d'autres membres du Collège. Mais il est vrai que dans leur quête de nivellement des valeurs (ce qui est mon interprétation, eux parlent à propos de 'Pataphysique "d'une science du particulier, d'une science de l'exception"), grâce à laquelle le public ne verrait plus de différences du plus humble des créateurs populaires au plus notoire et reconnu des artistes (et pourquoi pas? au fond, c'est ma recherche personnelle aussi bien), les 'pataphysiciens n'ont jamais créé, à ma connaissance, de faux créateur d'art brut et qu'ils ont plutôt, tout au contraire, documenté de façon régulière plusieurs d'entre eux (Picassiette, l'abbé Paysant, Frédéric Séron, Camille Renault, plusieurs habitants-paysagistes par la plume de Marc Décimo dans ses Jardins de l'Art Brut paru il y a quelques années, etc.). 

inha,crab,fictions d'art brut,supercheries,josep baqué,art brut,art immédiat,jusep torrés campalans,max aub,collège de 'pataphysique      Le Josep Baqué qu'ils ont donc révélé en 2007, dont des dessins se trouvent désormais dans la Collection de l'Art Brut à Lausanne (celui ci-contre est reproduit dans le Correspondancier de 2007), me demandais-je, ne serait-il pas une de leur supercheries? Car c'est trop beau, il s'agit d'un gardien de la paix qui de 1932 à 1950 en Catalogne espagnole, à Barcelone, donc pendant la guerre civile notamment, aurait dessiné en cachette 1500 dessins montrant des monstres, des animaux improbables, des "hommes primitifs", le tout décliné en série comme dans les planches zoologiques ou botaniques, et avec un style étonnamment moderne (c'est-à-dire vraiment très proche de nous)...

 

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Couverture du livre de Max Aub publié en traduction (adaptation d'Alice et Pierre Gascar) chez Gallimard en 1961

 

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Le petit "catalogue d'exposition" inséré dans le livre d'Aub, avec un portrait imaginaire, un photomontage d'un côtoiement également imaginaire de Campalans avec Picasso (ci-dessous)

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       Sur le moment, j'avoue avoir pensé à une autre supercherie, celle qui fut fomentée par l'écrivain espagnol Max Aub, qui inventa un peintre nommé Campalans, lui aussi catalan, qui aurait connu Picasso à Paris, pour qui il inventa tout, une vie, une œuvre (avec des illustratons reproduites dans son livre), le présentant au début de son ouvrage comme retrouvé par hasard au Mexique... Mais finalement il semble que non, ce ne soit pas une supercherie, il y a un petit-neveu, une collection complète de dessins qui passe bientôt sous le feu des enchères (à un prix considérable, 100 000 à 150 000€..., peut-être parce qu'il s'agit de 1500 dessins et qu'on ne veut pas les séparer?). Alors? Qui se portera acquéreur de cet ensemble à l'abord fort agréable? Car ces monstres sont fort sympathiques et comme je l'ai dit, très modernes et si proches de notre époque.

 

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Josep Baqué, Planche 164, Poulpe à barbe blanche, reproduit dans Le Correspondancier n°1 

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Josep Baqué, monstre, extrait du site de vente aux enchères Ader

 

Pour acquérir le n°1 de Viridis Candela de 2007, il faut s'adresser (apparemment) à collegedepataphysique@laposte.net ou college.pataphysique@free.fr. Je dis apparemment car il semble qu'il y ait à présent, au moins sur la toile deux Collèges de 'Pataphysique...

 

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Josep Baqué, image sur le site d'Ader

 

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Une vente aux enchères chez Tajan, déclaration liminaire non gardée dans son catalogue

    Art naïf, art brut, art singulier, outsiders, inclassables, étoiles filantes de l’art passées inaperçues, grands isolés, ermites de l’art, indomptés, rebelles, art hors-les-normes, passagers clandestins, art buissonnier, art immédiat, tous ces termes recouvrent un corpus de créateurs ou d’artistes que l’histoire de l’art dominant ignora longtemps, avant que les avant-gardes du début XXe siècle ne se penchent vers eux, les chantant, les défendant, les citant en exemples. Le positionnement de ces mouvements eut ainsi une conséquence qui n’est toujours pas perçue bien clairement : la reconnaissance d’un art qui dépasse les catégories usuellement établies, et qui remet en question les hiérarchies, les castes, les écoles, les professeurs distributeurs de brevets de créativité. Un art non séparé de la vie quotidienne était désormais reconnu.

     J’ai longtemps admiré l’invention de l’art brut par Dubuffet, qui eut le mérite d’ouvrir la porte aux curieux de ces grands talents marginaux, issus des hôpitaux psychiatriques, des cercles de spirites, du monde des exclus. Avant qu’on parcoure les théories de Dubuffet, affectant de détester l’art cultivé, on peut s’intéresser d’abord, en effet, à ses sauvegardes, à ses collections désormais conservées, sans cesse enrichies, à Lausanne. Elles rassemblent des orthodoxes de l’art brut ‒ c’est-à-dire des créateurs non vénaux, œuvrant dans un cercle strictement intime, indépendant des Beaux-Arts ‒, mais aussi des créateurs relégués, dans les premières décennies de la collection de Lausanne, en « annexe », dans un département renommé par la suite, en 1982, « Neuve Invention », ce qui indiquait en creux comme un repentir vis-à-vis d’artistes que l’appellation « annexe » avait pu stigmatiser.ventes aux enchères,francs-tireurs de l'art,art naïf,art brut,art singulier,art outsider,tajan,bruno montpied,consultant,inspirés,déferlement Parmi ces créateurs refoulés et oubliés/négligés, nombre d’entre eux me paraissent tout à fait dignes d’être recherchés – je n'en citerai que quelques-uns, au hasard : Lambert Josèphe Degaude (actif au XVIIIe siècle), Madame Favre (créatrice entre 1858 et 1860), Louis Soutter (1871-1942), Berthe Coulon (1897-1979), Jules Godi (1902-1986), Jean Deldevez (1909-1983 ; dont l’œuvre est retombée dans l’oubli, après avoir circulé dans les années 1980-90), Claire Farny (1915-1988), Unica Zürn (1916-1970), Gérard Lattier, Marie-Rose Lortet, Alexis de Kermoal (1958-2002), etc., etc.

 

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Jean Deldevez, une parodie du tableau "Les Epoux Arnolfini" (de Van Eyck), collection de la Fabuloserie.

 

     La collection, dite primitivement « annexe », dans la Collection de l’Art Brut à Lausanne, ainsi que les premiers créateurs dont Dubuffet, au début de l’aventure de son « art brut », recueillit les productions ‒ que ce soit des masques populaires du Lötschental en Suisse, des peintures d’enfants, les sculptures en pierre volcanique des Barbus Müller ou les œuvres mystificatrices de Robert Véreux (alias le docteur Robert Forestier, qui produisait des tableaux naïfs plaisantins, parfois démarqués du Douanier Rousseau, voir ci-contre un de ses tableaux ayant appartenu à Boris Vian) ‒,ventes aux enchères,francs-tireurs de l'art,art naïf,art brut,art singulier,art outsider,tajan,bruno montpied,consultant,inspirés,déferlement reflétaient en réalité un corpus extrêmement étendu, et varié, de créateurs tantôt autodidactes, tantôt cultivés quoiqu’en rupture. Leur relégation, ou au contraire leur exclusion, dans des corpus tels que celui de l’art brut ‒ concept d’un art sans concession, un art « pur », rêvé par Dubuffet, qui se le souhaitait à lui-même pour sa propre création ‒ tendit à travestir et maquiller l’existence de ces artistes et créateurs indépendants, mais ne satisfaisant pas toujours aux critères d’originalité promulgués très subjectivement par Dubuffet, et, surtout, s’entêtant à communiquer avec les galeries, le marché et la critique d’art...

 

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     Dubuffet, parallèlement, rejeta l’art dit naïf, en le caricaturant comme un art du mimétisme et du réalisme. Cela cachait sa rivalité avec ceux qui avaient avant lui défendu les autodidactes ingénus (je pense à Anatole Jakovsky ou à Wilhelm Uhde).

     Avec le temps, l’art brut, en tant que plus pure des collections, a perdu de son autorité, et l’ensemble des créateurs inclassables redevient davantage visible, suscitant une curiosité chez beaucoup de collectionneurs et autres amateurs d’art, d’autant que le marché de l’art a perpétuellement besoin de renouveler son lot de chair fraîche ! Qui plus est, la difficulté du public des amateurs à s’y retrouver dans la terminologie de l’art des autodidactes et des indépendants milite pour l’éclatement des frontières.

 

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    Le terme de Singuliers de l’Art, datant de l’exposition éponyme de 1978 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, est aujourd’hui devenu inadéquat pour qualifier les différentes catégories de créateurs venus de l’art naïf, de l’art brut, des marges de l’art populaire autodidacte. Le mot « singulier » s’applique davantage, comme je l’ai dit, aux artistes primitivistes semi-professionnels, des surréalistes inconscients bien souvent. Il vaudrait mieux en réalité utiliser le terme de francs-tireurs de l’art, qui a le mérite d’inscrire l’esprit de liberté et d’indépendance dans la démarche de ces créateurs et artistes hétéroclites.

     Les festivals d’art dit « singulier », bien que l’on puisse y découvrir de temps à autre quelques bonnes surprises, ont eu tendance en effet à faire de ces semi-professionnels un équivalent modernisé de l’ancien terme de « peintres du dimanche », qui désignait les amateurs de peintures de genre (paysages, natures mortes, etc.), tous plus ou moins producteurs de « croûtes », flirtant parfois avec le kitsch. La « modernisation » des contenus a consisté chez nos semi-professionnels à intégrer, au lieu de l’impressionnisme et du naturalisme du XIXe siècle, les leçons des avant-gardes ayant prôné la spontanéité en art (par exemple le groupe COBRA de la fin des années 1940) ou le recours à l’inconscient (le surréalisme), ainsi que le goût des arts animistes dits « premiers », voire l’art brut de Dubuffet, ou encore des rudiments d’art naïf.

   C’était au fond ce que recherchaient les avant-gardes, ce déferlement de créativité débordant des espaces professionnels de diffusion de l’art, une créativité qui s’exercerait dans la vie quotidienne.

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Michel Macréau,  De l'un à l'autre (2e version), Maman., j'en es Raz le Biberon De ton Cordon..., 1975, expo Halle Saint-Pierre, 2009 ; photo Bruno Montpied.

 

      Ces nouveaux artistes « du dimanche » (alternatifs, en somme) ne peignent plus réaliste, à la manière d’une Rosa Bonheur, mais davantage sous l’influence d’un Gaston Chaissac ou d’un Michel Macréau, au style plus spontané, voire à l’image des peintures surréalistes célébrées et très médiatisées (Max Ernst, Yves Tanguy, Magritte, le Dali de la période surréaliste, etc.). On rencontre chez nombre d’entre eux des redites, des démarquages le plus souvent fades d’après les artistes ou créateurs singuliers inventifs qui n’ont pas su se faire connaître, ce qui les encourage ici ou là à des plagiats faciles. Mais on y trouve aussi des créateurs vraiment originaux et talentueux, et parmi eux beaucoup de femmes depuis quelques temps.

      Ces artistes singuliers cherchent à faire connaître leur art ‒ contrairement aux « bruts » qui œuvrent de manière autarcique, non vénale, car la proie de pulsions ou d’esprits désincarnés (comme dans le cas des artistes dits médiumniques).

     Les Naïfs, quant à eux, rassemblent des artistes, bien souvent issus de modestes milieux populaires de petits employés ou d’artisans, qui pratiquent une peinture ou une sculpture qui se réfèrent invariablement à la perception de la réalité extérieure, leur inconscient modifiant imperceptiblement cette réalité.

 

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L. Plé, exemple de peinture semi anonyme représentant un homme à la mer, en train d'être dévoré par des requins assez ressemblant à des murènes, XIXe siècle? ; ph. et coll. B.M.

 

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Joseph Baqué, extraits de ses planches zoologiques de monstres divers, revue Viridis Candela (le Correspondancier n°1 du collège de 'Pataphysique).

 

     Ils sont légion, ces originaux, ces francs-tireurs de l’art. On peut citer pêle-mêle parmi eux : Ovartaci (Danemark), Fred Bédarride, Robert Coutelas, Joseph Baqué (Espagne), Roger Lorance, Louis et Céline Beynet, Armand Goupil, Lucien Blanchet… Ou encore, présents dans la vente de chez Tajan du 2 au 12 avril 2024 : Paban das Baul (Inde), Gilles Manero, Ruzena, José Guirao, Marie-Jeanne Faravel, Gérald « Creative » de Prie (USA), Henry Speller (USA), Victor Amoussou ou Benjamin Déguénon (tous deux du Bénin), Joël Lorand, Imam Sucahyo (Indonésie), Oscar Haus, Michel Delannoy, Yves D’Anglefort, Jean Pous, Yvonne Robert...

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Un nouveau venu, Paban das Baul (Inde), qui sera en vente chez Tajan en avril 2024.

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José Guirao, sans titre, en vente chez Tajan en avril 2024.

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Oscar Haus, œuvre en vente chez Tajan en avril 2024.

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Yves D'Anglefort, œuvre en vente chez Tajan en avril 2024.

 

    Gageons que ces noms ne sonnent pas (encore) familiers aux oreilles des amateurs et collectionneurs d’art buissonnier, plus connaisseurs de quelques grands noms ‒ quelques grandes marques ? ‒ de l’art brut, de l’art naïf, voire de l’art dit singulier, imposés par quelques rares marchands ambitionnant une sorte de monopole de l’offre d’art brut sur le marché.

     Pourtant ces œuvres moins connues fascinent tous ceux qui détectent leur valeur intrinsèque, sans se soucier de la rumeur médiatico-urbaine qui cherche toujours à imposer ses hiérarchies, ses palmarès obligatoires (souvent du fait de surdéterminations commerciales cachant mal le besoin de monopole ci-dessus pointé), rumeur qui cherche à trier parmi les œuvres hors système apparues depuis deux siècles. Ces créateurs différents, situés en dehors des écoles d’art, en dehors de l’art admis, il paraît à certains qu’il serait urgent de réduire leurs effectifs ‒ la contagion d’un déferlement de création sauvage non régimentée, non captive, non réservée à quelques marchands, étant à craindre, dirait-on…

    Or, ce déferlement est bel et bien en marche. Petits musées de création alternative, grands musées redécouvrant dans ses réserves des cas atypiques (revenus du passé où on les avait oubliés), commissaires d’exposition ayant compris l’intérêt grandissant du public pour toutes formes d’art surprenantes, hors des chemins battus, historiens d’art et chercheurs eux-mêmes autodidactes battant la campagne dans les archives, ou les bords de routes, collectionneurs à l’affût de toutes formes de création poético-insolite oubliée, méconnue, et aussi, venons-en au fait, ventes aux enchères qui sont régulièrement le siège de surgissements de curiosités en tous genres, dans le brassage permanent qu’elles suscitent, d’une collection dispersée à l’autre (pas nécessairement spécialisées en art brut), tous militent pour accroître le corpus, le champ de l’art inspiré inopiné. Cela déborde les quelques rares galeries cherchant à dominer ‒ outre le marché ‒ surtout l’offre des créateurs atypiques, inclassables, sauvages, irréguliers, autodidactes à la naïveté ambiguë, l’offre des « pas comme tout le monde » en somme, qui remettent en cause, volontairement ou non, les certitudes en matière d’expression artistique.

 

Bruno Montpied

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Vente aux enchères "Les Francs-tireurs de l'art: Bru

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Info-miettes (24): expos tour de France avec un détour par la Suisse

Musée de la Création Franche à Bègles (Gironde)

     Pendant l'été, jusqu'au 7 septembre, se tient à Bègles l'exposition "Côtes Ouest" qui confronte huit créateurs français et espagnols et huit créateurs américains de la côte californienne. Il semble qu'il s'agisse de confronter les travaux produits dans des ateliers ouverts où il y a du passage, et où l'intimité peut de ce fait être relative, et les œuvres créées dans des espaces plus secrets par des individus isolés. Les noms des créateurs exposés sont sur l'affiche. "Cako" Boussion râle parce qu'il aurait pu en faire partie, vu qu'il est originaire de la côte ouest française, C'est un Basque, Cako.

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Musée des Arts Buissonniers, Saint-Sever-du-Moustier

    Les Arts Buissonniers y vont aussi de leur expo estivale. en plus, ils ont un étage de plus pour la collection permanente, avec un espace dévolu aux boîtes coquillées de Paul Amar. C'est depuis le 12 juillet et cela dure jusqu'au 1er novembre. Saint-Sever c'est tout près de St-Affrique, dans l'Aveyron, pas loin de l'Aude, à côté des monts de Lacaune. Il y aura entre autres Patrick Chapelière, Sylvain Corentin, Anaïs Eychenne,Chris Hipkiss, l'incontournable Joël Lorand, Jean Tourlionas...

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Anaïs Eychenne au Musée des Arts Buissonniers

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Solange Knopf exposée à Paris

     Enfin une occasion pour les Parisiens de voir en réalité les travaux de l'excellentissime Solange Knopf qui, grâce à la galerie Polysémie (de Marseille) qui a loué l'espace, va exposer à partir du 30 septembre jusqu'au 5 octobre à la Galerie B&B (6 bis, rue des Récollets, à côté du Canal St-Martin, près du Square Villemin pour ceux qui connaissent Paris). Elle sera avec un certain H.Ripley, pas connu de moi, mais qui a l'air intéressant. Mais je préfère ici dire mon plaisir de pouvoir découvrir en vrai les œuvres enchantées de Knopf.SK Femmes n°7, 2012, crayons de couleur, 182x7cm.jpg

Ci-contre Solange Knopf, Femmes n°7, 2012, crayons de couleur, 182x7cm, Galerie Cavin-Morris (à New-York) ; cette œuvre ne sera pas à Paris

 

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Solange Knopf, ce dessin sera lui par contre à l'expo de Paris

 

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Collection de l'Art Brut, Lausanne, fin de règne

     A Lausanne, un tournant serait-il pris dans la politique à la fois d'acquisition de la Collection et de gestion de son personnel ? Lucienne Peiry, après avoir été conservatrice de la Collection pendant treize ans, et avoir été nommée ensuite directrice des relations internationales, vient de se voir remerciée par le syndic de Lausanne, Daniel Brélaz, qui paraît lui reprocher trop d'acquisitions, et de plus menées trop loin de l'Europe... La Collection croulerait sous les acquisitions? Eh bien tant mieux! L'art brut existe dans le monde entier, il a un côté universel donc, c'est un fait. Il semble que ce responsable lausannois ne veuille pas de l'idée d'un agrandissement des collections, au prétexte que la ville aurait des petits moyens économiques. Quel esprit étriqué! Pourquoi, chers amis helvétiques, devant un si patent manque d'ambitions, ne pas réfléchir dès lors à un transfert des collections vers un autre endroit plus vaste et une ville plus audacieuse? Gageons en tout  cas que Lucienne Peiry saura réagir et rebondir dans un autre cercle pour continuer à nous faire part de ses recherches.

 

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Affiche de l'expo de la CAB avec Gustav Mesmer et ses engins volants bricolés

 

    Actuellement, on peut voir à la Collection la dernière exposition montée par Lucienne Peiry, la bien nommée "L'Art Brut dans le monde" (qui a fait l'objet d'un magnifique catalogue ; du 6 juin au 2 novembre) où l'on peut découvrir plein de nouveaux venus, et une autre expo sur "Joseph Baqué", l'homme des monstres merveilleux dont j'ai déjà parlé ici (du 6 juillet au 26 octobre).

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Le Musée du Veinazès expose les dessins de René Delrieu

    Les curieux avaient peut-être remarqué les dessins naïfs de Delrieu à la récente exposition Recoins dans la galerie de la Halle Saint-Pierre. C'est un créateur dont j'ai déjà eu également à causer sur ce blog. Le musée du Veinazès de Bernard Coste qui a mis à l'abri plusieurs de ces œuvres et qui l'expose souvent a décidé cet été, du 14 juillet au 28 septembre, de présenter l'intégrale des dix dessins conservés par lui, graphismes qualifiés à juste titre par lui de "petit trésor cantalien", faisant écho aux sculptures métalliques que le musée conserve également par ailleurs. Vous aviez deviné ce musée, c'est dans le Cantal.

 

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René Delrieu, Labour et maréchalerie, coll. Musée du Veinazès

 

 

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Info-Miettes (27)

      Ma dernière volée d'infos-miettes remonte au 19 avril de l'année dernière. Cela ne veut pas dire un "Info-miettes" par an tout de même... En voici donc quelques-unes.

Une expo "Pépé" Vignes au Musée des arts buissonniers

Expo_Pepe_Vignes-recto musée des arts buissonniers.jpg       Pol Lemétais et l'association Les Nouveaux Troubadours montent une exposition sur cet étonnant dessinateur qui au ras de sa table, handicapé par sa vue déficiente, traçaient, entre autres, une légion de véhicules de tous types, cars, voitures, steamers, à l'aide de crayons de couleur ou de feutres. Les crayons de couleur tiennent mieux dans le temps comme on sait. Je connais un collectionneur amateur qui a vu ainsi  ses Vignes se volatiliser progressivement puisqu'il les avait imprudemment laissés à la lumière du jour.  A côté d'une centaine de dessins des années 1970 et 1980, on verra aussi à Saint Sever du Moustier (pas loin d'Albi) des objets, livres, photos et films en rapport avec ce "créateur emblématique de l'art brut". Cela apparaît comme une manifestation apportant du nouveau sur le sujet Pépé Vignes. C'est du 9 avril au 5 juillet.Expo_Pepe_Vignes-verso MAB.jpg

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Joseph dit "Pépé" Vignes, photo JDLL (illibérien, c'est-à-dire, un habitant d'Elne), sans date

 

Et, pendant ce temps, Paul Amar à la galerie Nicaise à Paris...

photo Pa Au mus des arts buiss.jpg         Une autre vedette de l'art brut, cette fois plus contemporain, Paul Amar (voir portrait ci-contre, au musée des arts buissonniers où une salle lui est consacrée), est exposé quant à lui dans une galerie parisienne qui était plutôt connue autrefois comme une librairie vouée aux livres d'art, aux estampes, aux gravures. Il semble que Nicaise ait tourné sa veste en faveur des arts bruts. Elle a récemment exposé André Robillard, décidément devenu un incontournable de l'art brut (en dépit des coups de main qui cherchent à épauler ses bricolages de ci, de là ; je crois savoir que les fusils en assemblages de matériaux recyclés, il aimerait bien les abandonner pour se consacrer exclusivement au dessin et aux objets spatiaux, mais la commande l'en empêche et il est gentil, il veut faire plaisir et peut-être aussi que ça met du beurre dans les épinards). Voici que la galerie récidive avec Amar, connu pour ses assemblages de coquillages rutilants, et peut-être parfois un peu trop clinquants. Personnellement, dans ses travaux je préfère les petits monstres qui ressemblent parfois à des gremlins, proches parents des monstres que dessinait l'ancien gardien de la paix catalan, Josep Baqué, lui aussi présent dans les collections d'art brut. Cela durera jusqu'au 7 mai, c'est plus bref, donc.

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Créations naïves et singulières en Mayenne... et en Pays de Loire

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        L'association CSN 53 reste toujours fort active. Après des expositions loin de France (chroniquées sur ce blog) , la voici qui revient au pays natal. Avec une brochette d'artistes et de créateurs que ses différents membres ont pris l'habitude de défendre: Cahoreau (qu'adore Michel Leroux, "l'égaré" de l'art obscur – label récupéré de la corbeille de Dubuffet), Cerisier, Chapelière (dont une œuvre sert d'illustration à l'affiche de l'expo, voir ci-dessus), Marc Girard, Céneré Hubert (un créateur populaire d'environnement dont plusieurs œuvres ont été sauvées par Leroux), Alain Lacoste (un grand ancien de l'art singulier), Patrick Le Cour (je connais pas), Joël Lorand (lui, on connaît), Serge Paillard ("l'homme aux patates", comme on commence à le surnommer ici et là), Jacques Reumeau, Antoine Rigal, et Robert Tatin (que sa veuve ne voulait surtout pas qu'on range dans l'art singulier, label qu'elle trouvait sans doute réducteur, à tort bien sûr). Et puis nos Mayennais, souvent protectionnistes (je taquine) et jaloux de leur "mayennité" (je re-taquine), ont daigné ajouter à ce premier lot des artistes des Pays de la Loire: Noël Fillaudeau (dont une belle sélection est désormais accrochée au Musée d'art naïf et d'arts singuliers du Vieux-Château à Laval), Stani Nitkowski (dont j'apprécie les premières œuvres et beaucoup moins les suivantes, plus "expressionnistes-explosives", invitant le public à lorgner sur ses souffrances, et à se complaire dans ce spectacle), François Monchâtre et Yvonne Robert (naïve, brute ou singulière?).Jardin de la Perrine, entrée discrète (2).jpg L'exposition se passe à Laval mais pas au Vieux-Château, plutôt au "musée-école de la Perrine", charmant hôtel particulier installé dans le jardin de la Perrine, à deux pas de la tombe du "gentil Douanier Rousseau" (auquel le Musée d'Orsay consacre comme on sait une grande rétrospective en ce moment à Paris, avec, paraît-il, l'exhibition du fameux tableau "Le Rêve", venu des USA, d'où il voyage rarement).

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Musée-école de la Perrine, ph. Bruno Montpied, 2016

Tombe du Douanier Rousseau, 2016 (2).jpgLa tombe du Douanier Rousseau, avec, incisé à sa surface, le poème d'Apollinaire, Jardin de la Perrine, ph. B.M., 2016

 

Et la Fabuloserie continue d'exposer de manière décentralisée, Auxerre cette fois-ci

csn 53,art naïf,art singulier,paul amar,joseph pépé vignes,musée des arts buissonniers,musée-école de la perrine,douanier rousseau     "Itinéraires fabuleux" est le titre de l'expo montée à l'Abbaye St-Germain au Logis de l'Abbé du 26 mars au 13 juin à l'initiative de l'Espace d'Arts Visuels de la ville d'Auxerre. Cela se veut une rencontre entre les créateurs de la Fabuloserie (basée elle aussi en Bourgogne, à Dicy) et des œuvres de l'artothèque de la ville. Sur l'affiche on reconnaît une pierre peinte par Jacques Renaud-Dampel, dont j'ai déjà parlé ici, confrontée à une œuvre du célèbre membre du groupe Cobra, Karel Appel, cette dernière pièce (un poil infantile, un Appel à tarte, si j'ose m'exprimer ainsi) provenant sans doute de l'artothèque, car je ne sache pas qu'il y en ait à la Fabuloserie.

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 Sortie d'un nouveau livre sur Hauteville House de Victor Hugo

csn 53,art naïf,art singulier,paul amar,joseph pépé vignes,musée des arts buissonniers,musée-école de la perrine,douanier rousseau,fabuloserie,renaud-dampel      Paris-Musées édite un nouveau livre sur la maison étonnamment décorée que posséda Hugo à Guernesey. Je ne connaissais personnellement jusqu'ici qu'un livre ancien, dû au poète Pierre Dhainaut, et édité au début des années 1980 (il me semble) aux éditions Encre (les mêmes qui éditèrent des livres sur le Facteur Cheval et Picassiette). Ce nouvel ouvrage, intitulé exactement Hauteville House, Victor Hugo décorateur, 160 pages, comporte des photographies et des dessins dus à deux arrières-arrières-petits-enfants du poète, Jean-Baptiste et Marie Hugo.  Et Laura Hugo, fille de Marie, a sélectionné des écrits familiaux permettant de situer l'apport du Hugo décorateur, adepte d'un art total. Il a décidément tâté de tout, le grand homme,  poète, romancier, dramaturge, photographe, peintre et décorateur. La parution du livre prend place à l'occasion de l'exposition "Les Hugo, une famille d'artistes" (du 14 avril au 18 septembre).

 

Ursula à la galerie Les yeux fertiles

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    Sur cette artiste à part, compagne du peintre Bernard Schulze (aussi exposé à côté d'elle dans cette même galerie Les yeux fertiles), on a peu de renseignements (en français). Cela fait des années que je la vois mentionnée ici et là, notamment au moment de la donation Cordier au MNAM (Daniel Cordier l'exposa dans sa galerie), et je n'arrive pas à me décider à creuser la question. Je la prends pour une autre Unica Zürn au fond, une artiste visionnaire, para-surréaliste, marginale par rapport à ce mouvement (on dirait que comme dans le cas de Bellmer et Zürn, on aurait encore affaire ici à un autre couple d'artistes allemands où une femme se cache, à tort ou à raison, dans l'ombre de son compagnon). A lire la base patrimoniale des musées de Suisse romande, plusieurs œuvres d'elle (Ursula Bluhm) figurent dans la Collection de l'art brut, sans doute dans l'ancienne collection annexe dite de la "Neuve Invention" (les cas-limites entre art brut et art reconnu ; la base patrimoniale en question ne mentionne pas le distingo, et c'est un peu embêtant, accroissant la confusion entre créateurs de la Neuve Invention et la collection princeps de l'art brut). Dubuffet acquit de ses œuvres avant qu'Ursula se marie avec le peintre Bernard Schulze. L'automatisme très présent dans ses œuvres, accompagné d'une grande richesse chromatique, ses jungles de petites touches mosaïquées, rendent la fréquentation de ses œuvres fort agréable.

L'exposition d'Ursula et Bernard Schulze, aux Yeux fertiles,  dure du 17 mars au 7 mai.

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Un dessin aux crayons de couleur d'Ursula Bluhm, de 1959, tel qu'il figure sur la base patrimoniale de Suisse romande

 

Et que va-t-on montrer à la galerie Dettinger-Mayer en ce printemps? Christelle Lenci

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     Plus récente exposition de la galerie lyonnaise, c'est prévu pour durer du 9 avril au 4 mai. "Il était une fois", c'est son titre et, comme on le devine un peu en regardant le carton d'invitation, ce sont des dessins qui sont exposés de cette artiste, Christelle Lenci, dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'ici. Histoire de nous emmener en promenade dans une forêt de contes à usage interne peut-être... L'intéressant pour moi dans ce genre de dessins c'est l'usage parallèle du noir et blanc et de la couleur. Le noir et blanc paraissant réservé aux évidements, à la réserve laissée par les espaces colorés... Enfin, je le suppose à partir de ce seul dessin...

 

Armand Schulthess à Lugano 

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Inscriptions accrochées sur le terrain (de 20 000 m²) que possédait Armand Schulthess au Tessin ; ph. Hans-Ulrich Schlumpf, années 1970

 

    J'avais déjà mentionné l'exposition qui avait été montée au Centre Dürrenmatt de Neuchâtel sur cet ancien fonctionnaire qui abandonna son travail à 50 ans pour se retirer en ermite du côté du Monte Verita dans le Tessin, lieu emblématique et historique où tant d'artistes, de poètes, de philosophes et de révolutionnaires, firent des séjours. On peut imaginer que l'exposition qui a commencé le 19 mars au MASI (musée d'art moderne) de Lugano, pour durer jusqu'au 19 juin, sous le commissariat de Lucienne Peiry, est le prolongement de celle de Neuchâtel. Pour en savoir plus sur ce créateur encyclopédiste  qui avait semé des médaillons couverts d'inscriptions chargées d'informations scientifiques de tous ordres sur les arbres de son jardin (assez proche par le projet d'un Gregory Blackstock aux USA, ou d'un Arthur Bispo de Rosario au Brésil, eux-mêmes passablement férus d'accumulation d'informations), on peut écouter Lucienne Peiry interviewée dans une émission de radio, "A vous de jouer", sur Espace 2 (elle intervient seulement à 41'30, attention). Ou se référer aussi à son site, Notes d'Art brut.

 

Du côté de la création franche, le musée de Bègles réaménage ses salles et son accrochage

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