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Les fous littéraires à la Bibliothèque Nationale de France

    Les fous littéraires (et artistiques), pilotés par Marc Ways et son équipe de la revue Les Cahiers de l'Institut, émanation de l'Institut International de Recherche et d'Exploration sur les Fous Littéraires (IIREFL), débarquent ce mercredi 1er avril, jour des blagues proposé paraît-il par hasard et sans aucun rapport avec le sujet (faut-il y croire?), dans le cadre d'un colloque ouvert à tous, libre d'accès. Des colloques gratuits, ouverts à tous sans distinction de fortune, c'est pas tous les jours que cela arrive...

    Alors... Demandez le programme...

LES FOUS LITTERAIRES ET ARTISTIQUES

Mercredi 1er avril 2009

 Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand

Petit auditorium, hall Est, quai François Mauriac, Paris 13e, de 14h30 à 20h

(Après-midi proposé avec l'IIREFL)

ENTREE LIBRE

À l'aube du XXIe siècle, dans un monde où le politiquement correct et la pensée unique sont de règle, où la raison n'est que ruine de la fantaisie, il est venu le temps d'exhumer et de considérer enfin - pour éviter que ne meurent une seconde fois les grandes oeuvres des petits auteurs - la piétaille des « Fous Littéraires, Hétéroclites, Excentriques, Irréguliers, Outsiders, Tapés, Assimilés... »

Fous musicaux : Au cours de l'après-midi, Fanchon Daemers rythmera les communications par des interventions chantées autour et alentour des fous littéraires ou des hétéroclites.

14h30 - 18h :

Ouf, petit film d'introduction

de Laurent Gervereau, président du comité scientifique de l' IIREFL

Histoire d'une passion

par Marc Ways, président et fondateur de L'IIREFL

Présentation de l'IIREFL : Qu'est-ce que l'Institut?

par André Stas, vice-président et co-fondateur de l'IIREFL

Les Cahiers de l'Institut

par Marc Décimo, vice-président et co-fondateur de l'IIREFL

Hersilie Rouy

par Laurent Soulayrol, psychiatre-psychanalyste

Pour une histoire de la folie littéraire. De Charles Nodier à André Blavier : en quête d'immoralité

par Tanka G. Tremblay, doctorant en langue et littératurefrançaises à l'Université McGill, Canada et co-fondateurde l'IIREFL

Warungka : perdre le sens des mots et des pas chez les Warlpiri du désert central australien

par Barbara Glowczewski, directrice de recherche au CNRS Laboratoire d'Anthropologie Sociale, Collège de France

Pause

Les fous scientifiques

par Michel Criton, président de la Fédération française des jeux mathématiques

Les Causeries brouettiques du Marquis de Camaras,

par Francis Mizio, écrivain et scénariste

Un éditeur chez les fous littéraires

par Marc Kopylov, éditions des Cendres

La guérison infinie : quelques cas de folie en histoire de l'art

par Nicolas Surlapierre, conservateur au Musée d'Art moderne de Lille Métropole

Paul Tisseyre, Ananké-Hel! et Jean-Pierre Brisset

par Marc Décimo

18h30 - 20h :

Lecture de textes de Brisset, Roux, Boudin et Gagne

par Sagamore Stévenin , comédien

Projections d'extraits des films

Praline, autour des fous de Rimbaud

par Jean-Hugues Berrou

Sacrées bouteilles,

film tunisien de Fitouri Belhiba

Brouettes. Autour du marquis de Camarasa,

par Laurent Gervereau

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31/03/2009 | Lien permanent

Art populaire, le retour? Une vente à Marseille

    Je dois à un correspondant mystérieux l'information qu'une vente d'art populaire curieux a lieu ce jour à Marseille via la maison de vente aux enchères Leclère, sans doute en écho de l'ouverture prochaine (le 7 juin prochain) du MUCEM (Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) à côté du Vieux-Port et du Fort Saint-Jean (de multiples expositions y sont prévues à partir de cette date qui plus est). C'est la collection de Marc Billioud montée "durant quarante ans" avec la collaboration de Jean-Yves Roux (qui fait une présentation dans un petit court-métrage incrusté dans le catalogue éléctronique de la vente) qui est dispersée ici, avec un catalogue sur papier à la clé. Les objets et peintures offerts à la vente sont suffisamment beaux, émouvants et intriguants pour que j'en extrais ici cinq pièces, choisies arbitrairement, enfin pas tout à fait. elles correspondent  à ce que j'aurais acheté si j'en avais eu les moyens...

 

  moine montrant ses attributs 11,5 cm.jpg                                                                     moine indécent, H 36 cm.jpg

Deux moines quelque peu indécents... Collection Billioud

homme posant culotte (Provence ptêt), 29x19 cm bois peint.jpg

Anonyme, 29 x 19 cm, bois peint, coll Billioud (je trouve à cet homme au canotier un aspect proche des personnages des dessins animés de Paul Grimault, le réalisateur du Roi et l'oiseau...)

Gabriel Papel, recueil d'histoires avec ill gouache et aquarelle.jpg

Page extraite d'un recueil de contes et histoires divers illustrés à la gouache ou à l'aquarelle par un certain Gabriel Papel

Avion ds un paysage, huile s carton, 39x48,5 cm.jpg

Huile sur carton, 39 x 48,5 cm ; curieuse peinture naïve au verso de laquelle se trouverait un monogramme en lien avec Séraphine de Senlis (pourtant le style de cette peinture en paraît fort éloigné)

                                                 

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Mort d'un auteur d'art brut classique et mystérieux, Francis Palanc

     Je viens de découvrir sur le site de la collection d'Art Brut de Lausanne l'annonce de la disparition à l'âge de 86 ans de Francis Palanc (né en 1928, il vient de mourir le 30 avril 2015), cet ancien pâtissier, qui avait mis au point un système de création plastique à base de coquilles d'œuf pilées, et divers autres procédés dérivés de sa profession de pâtissier destiné à transcrire selon lui le plus adéquatement possible les mouvements de sa pensée, iansi que de donner des formes géométriques aux mots. On se reportera utilement à la note signée par Pierre Chave sur le site web de la Collection de Lausanne, le fils d'Alphonse Chave qui défendit dans sa galerie de Vence, les Mages, dans les années 50-60 l'œuvre de ce créateur ultra-secret. Palanc, après avoir aussi intéressé Dubuffet qui l'incorpora à la Collection de l'Art Brut, eut un jour un mouvement de colère en constatant que son indépendance risquait d'en prendre un coup du fait de la vente de certaines de ses productions par Chave. Il cessa toute activité plastique en apparence. Mais il paraît, si l'on suit les conclusions quelque peu sibyllines de la note de Pierre Chave, qu'il reprit ses activités en secret par la suite. Pierre Chave ne dit cependant pas si cela s'accompagna d'œuvres nouvelles que Palanc aurait pu laisser derrière lui...?

 

Francis Palanc, mort le 30 4 2015 à 86 ans Vence.jpg

Francis Palanc à l'époque de sa découverte par Alphonse Chave et Jean Dubuffet, 1962 ; ph. sur le site de la collection de l'Art Brut

palanc, oeuvre, fasci de l'art brut n°1, 64.jpg

"Tu ne trace rien ce/que tu vie seulement te/trace dans la mesure ou ce que tu/vie est inconnu de tous, même de toi " ; dans ce poème, les mots aux lettres et aux tracés géométrisés sont censés prendre davantage de vie et dévoiler leurs vertus ; forme de graphisme qui n'est pas sans se rapprocher d'un autre créateur plus connu cette fois, à savoir Christian Dotremont, le poète Cobra, qui créa des logogrammes, poèmes tracés sans souci de lisibilité, les lettrages prenant des formes détachées de leur conventionnel graphisme (on a pu en voir récemment à la Halle St-Pierre au premier étage dans l'expo des "Cahiers Dessinés" ainsi qu'à la Maison de Balzac dans une expo sur la lettre dessinée, dont le concept semble avoir été suggéré par Pierre Alechinsky

 

 

     Ce créateur a une biographie, un profil psychologique qui restent largement mystérieux. On nous décrit le personnage comme de nature "compliquée" sans nous en dire plus. Depuis 1964 et le premier fascicule de l'Art Brut ("Palanc l'écrituriste", notice due à Jean Dubuffet qui y signalait déjà l'arrêt "depuis deux ans" de la production de Palanc, à laquelle il avait alors substitué l'écriture de "poèmes géométriques"), on n'a pas eu beaucoup plus d'éclaircissements sur l'œuvre à suivre de notre ex-pâtissier à l'esprit bien sophistiqué.  

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Benoît Jaïn et les galets

     Bon sang ne saurait mentir, faut croire... Benoît Jaïn est le petit-neveu du sculpteur Pierre Jaïn, connu dans l'art brut pour ses sculptures sur os et sur bois qui ont fait l'objet de plusieurs expositions. Actuellement, dans le nouvel espace consacré à Jean Dubuffet, à la Collection de l'art brut de Lausanne, quelques pièces ont été sorties des réserves.

La face aux grandes oreilles de trois quart, os sculpté (2).jpg

Os sculpté par Pierre Jaïn, dans la main de Benoît, son petit-neveu, ph. Bruno Montpied, 2013

     Benoît, depuis pas mal d'années, travaille à la mémoire de ce grand-oncle autodidacte passionné de théories mystiques, de folklore breton, et de sculpture d'après des matières parlantes comme les souches de bois où il voyait, par exemple la procession de la Grande Troménie du Locronan tout proche de son domicile (il habitait Kerlaz dans le Finistère), ou un Diable près d'une femme... Il sculptait aussi le granit et jouait d'une batterie bricolée dans son jardin. Il recourait à une culture grandement reconstruite par lui à partir d'éléments glanés dans son environnement. En Bretagne, les nuées, les roches, les arbres, tout parle avec force. On ne compte plus les poètes, savants ou non, qui glanent le long des grèves, algues, galets, bois flottés, épaves en tous genres. C'est un genre à lui tout seul, cet art sur épaves, il y a même eu il y a quelques années une biennale qui s'était spécialisée dans les arts de la récup' sur plages, "brut de pinsé", cela s'appelait. Aller au pinsé, c'est glaner sur l'estran, l'espace de plage d'où la mer s'est retirée.

Os-ramassé-par-P-Jaïn-et-interprété-par-BM .jpg

Os du stock de Pierre Jaïn, interprété par Bruno Montpied, titre: Os osé, ph. B.M., 2013

 

      Benoît, faut croire que ça le travaillait, cette méditation de son aïeul, et plus généralement, cette passion bretonne (ou non) pour les matériaux de rivage, cela a dû infuser en lui. Et puis, on s'est aussi rencontré, on est devenu amis, et moi aussi je dessine sur galets, plus rarement sur bois. Dernièrement, il m'a montré un stock d'os que son grand-oncle avait stockés, sans avoir eu le temps ou l'inspiration pour les interpréter, et il m'en a donné un, que j'ai interprété à mon tour et que je lui ai renvoyé en cadeau. Des galets, il n'a qu'à se baisser pour en ramasser, même si, comme il ne doit pas être seul à le faire, il y a maintenant de plus en plus d'arrêtés de pris pour interdire ce glanage. Et voici que Benoît a cédé lui aussi au démon de la peinture sur galets, marqueurs Posca en main, avec ce plaisir supplémentaire qu'il n'a pas hésité à se donner, celui de trouver des titres qui excitent l'imagination. Cela donne les résultats suivants :

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Benoît Jaïn, Yaniig an naod (Petit Jean du rivage), 2016

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Benoît Jaïn, Paré pour danser, 2016

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Benoît Jaïn, Monocorne de Lorette, 2016

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Benoît Jaïn, Crooner crâneur, 2016

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Benoît Jaïn, Inquiétude fardée, 2016

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16/04/2016 | Lien permanent

Art populaire et archéologie

 
      Cette note est la refonte complète d'une précédente version, mise en ligne originellement en mars 2010 ; les commentaires qui la suivaient ont du coup été supprimés, puisqu'ils ne se rapportaient plus à la même note.

 

Glozel,tablette d'argile, publiée dans le dictionnaire des Trucs, éd. Pauvert, 1964.jpg 

A Glozel, ce genre de tablettes avec un alphabet inconnu laisserait supposer que les traces les plus anciennes d'écriture sont en Auvergne... ; reproduction extraite du  Dictionnaire des Trucs de Jean-Louis Chardans (Pauvert, 1964)

      Les trouvailles archéologiques du musée de Glozel, en Limagne (voir sur le web les informations nombreuses sur la question avec le débat qui dure depuis 70 ans entre pro-glozéliens et glozélo-sceptiques) - dont je ne suis pas en mesure de juger si elles sont à prendre au sérieux ou non - me sont toujours apparues intuitivement cousines de celles d'un Robert Garcet, ce visionnaire naïf qui en Belgique (voir le film de Clovis Prévost sur lui) était persuadé qu'il y avait sous sa maison des traces d'une civilisation ancienne sculptées dans des silex qu'il amassa muséologiquement sous une tour maçonnée de grosses pierres, que couronnaient des bêtes fantastiques venues tout droit de bestiaires alchimiques. Ou de cet autodidacte savant qui dans le bourg de Croix-de-Vie en Vendée pensait que l'Atlantide se trouvait au large des côtes vendéennes. Pour le prouver il présentait d'innombrables tablettes, fossiles, moulages, empreintes, croquis divers, serrés comme des harengs sur le mur de sa propriété appelée "le Castel Maraîchin".

 
Castel Maraîchin,Croix-de-Vie, années 1920, carte postale ancienne, coll. BM.jpg
L'entrée du "Musée de plein air" du Castel Maraîchin à Croix-de-Vie dans les premières décennies du XXe siècle... Coll. BM
Vénus-de-Quinipily,-2001.jpg
Vénus de Quinipily, ph. Bruno Montpied, 2001

            L'énigmatique Vénus de Quinipily elle-même, près de Baud dans le Morbihan, massive et de style incontestablement naïf, dont on ne connaît pas l'auteur et que l'on interprète comme une représentation d'Isis (voir le Guide de la Bretagne Mystérieuse chez Tchou), pourrait bien être, au lieu d'une trouvaille archéologique, une extrapolation en trois dimensions, inspirée de quelque iconographie ancienne, dont l'auteur serait un autodidacte resté anonyme. Les collections conservées au musée de Glozel, avec ses tablettes d'argile aux signes passablement sommaires, comme enfantins, ses idoles bisexuées rigolotes, d'un niveau artistique assez proche d'un certain art brut louchant du côté d'une stylisation archaïque pourraient sans difficulté entrer dans la catégorie de l'archéologie populaire visionnaire si ne s'y attachaient pas par ailleurs les convictions de divers auteurs qu'il s'agit là d'une découverte scientifique (le débat là-dessus paraît curieusement loin d'être clos).

Glozel,idole bisexuée, publiée dans le dictionnaire des Trucs, éd. Pauvert, 1964.jpg

Idole bisexuée, cf Le Dictionnaire des Trucs de Jean-Louis Chardans (Pauvert, 1964)

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Génie savant, génie brut à l'Abbaye d'Auberive

      "Génie", le terme peut paraître un poil excessif en l'occurrence, mais le commissaire de cette exposition qui se tient à l'Abbaye d'Auberive du 8 juin au 28 septembre 2014, Laurent Danchin, s'en sort bien en citant dans le dossier de presse John Ruskin. "On abuse sans doute du mot génie, mais c’est quelque chose qui existe, et cela consiste principalement dans le fait qu’un homme fasse des choses parce qu’il ne peut pas faire autrement –des choses de nature intellectuelle, je veux dire. (...) il y a en moi un instinct puissant, que je suis incapable d’analyser, de dessiner et de décrire les choses que j’aime –non pas pour la gloire, ni pour le bien d’autrui, ni pour mon propre avantage, mais une sorte d’instinct qui est comme celui de boire et de manger." (Oui, je sais, la dernière phrase est grammaticalement bizarroïde)

 

Mycélium abbaye d'auberive 2014.jpg

 

 

     Le terme est donc synonyme d'instinct puissant... Bien. Aussi impérieux que l'instinct de boire et de manger, re-bien. La liste des exposants, les œuvres dont le dossier de presse nous donne un aperçu en une pièce à chaque fois, cependant, me convaincrait que s'il y a ici désir de représenter un instinct, qu'il soit savant ou brut (pourquoi pas le parallèle en effet?), il n'y a pas l'assurance que le talent soit toujours au rendez-vous de cette exposition (au titre complet de "Mycélium, génie savant, génie brut" ; Mycélium, c'est aussi le titre du site web animé par Laurent Danchin et Jean-Luc Giraud sur internet). Cependant, comme toujours avec les découvertes ou les créateurs défendus par Laurent Danchin, on doit pouvoir trouver quelques pépites dans ce rassemblement, plus nombreuses même à l'occasion de cette manifestation que dans les cas précédents (je reconnais à Danchin la défense des créateurs Marcel Storr ou Germain Tessier notamment, mais moins celle d'un Chomo qu'avec le temps, ayant pu comparer avec tant d'autres créateurs, j'ai fini par trouver peu original en fin de compte). A l'Abbaye d'Auberive, on peut par exemple admirer Joseph-Emmanuel Boudeau, apparemment actif dans les années 30, dont on ne sait rien de plus que ce qui se trouve inscrit dans deux compositions (le Mont Saint-Michel et le cuirassé Dunkerque) réalisées au crayon et à "l'encre de Chine et de France" comme il l'écrit...

 

 Joseph-Emmanuel Boudaud, Le Mont Saint-Michel, crayon et encre de Chine sur papier, 7x71 cm, 1937

 

        Si de mon côté je reste passablement sur ma faim en redécouvrant les œuvres de l'abbé Coutant, qui ne paraît à chaque fois exposé qu'en raison d'un besoin des commissaires d'expo soit de prouver  leur esprit de tolérance à l'égard des religieux soit de faire un petit discours catho (par exemple dans le dossier de presse Laurent Danchin ne résiste pas au couplet bondieusard en écrivant à propos des créateurs qu'il expose: "C’est cet esprit de soumission à une forme mystérieuse d’irrationnel qui donne à leur démarche son authenticité et tout son sens, et constitue le principal point commun entre des univers, pour le reste strictement individuels. Or revenir au sens et relier des individus, peut-on trouver plus bel objectif à réaliser dans une abbaye ? (c'est moi qui souligne)"), je deviens nettement plus intrigué lorsqu'on évoque le cas de Youen Durand. Né à Lesconil en 1922, handicapé de la jambe gauche, il dirigea la criée du port, faute d'avoir pu devenir marin. En parallèle il faisait de la peinture, naïve, et confectionnait des maquettes et des tableaux de coquillages tout à fait aboutis et raffinés, une trentaine environ, représentant des "scènes typiques de la vie locale, des images exotiques et des thèmes symboliques". A sa mort en 2005, les œuvres furent partagées entre ses descendants, certaines léguées à a commune qui aurait le projet de lui consacrer un petit musée. Une association de ses amis, animée par Mme Marie-Christine Durand (au nom homonyme sans avoir de lien familial), s'est également constituée. Dans l'expo Mycélium, il est mis en parallèle avec Paul Amar, dont j'ai déjà parlé en pointillés à plusieurs reprises sur ce blog. Ce sont tous deux des créateurs spécialistes de la mosaïque de coquillages, mais ils ne sont pas les seuls, que l'on pense par exemple à Hippolyte Massé en Vendée autrefois ou à Yvette et Pierre Darcel et leur environnement de statues couvertes de coquillages dans la région briochine dont j'ai parlé dans Eloge des Jardins anarchiques.

 

Youen Durand.JPG

Youen Durand, image tirée du blog Les Grigris de Sophie

 

    Je retiens aussi dans le rassemblement mycéliumien les broderies délicatement poétiques de Jeanne Giraud (j'ai un faible pour les broderies naïves décidément) qui vécut entre 1906 et 1993, produisant à partir de ses 66 ans une centaine d'œuvres.

 

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Broderie de Jeanne Giraud reproduite sur le site de Mycélium

 

      Germain Tessier (1895-1961), ce peintre naïf de Pithiviers, découvert au départ par son voisin le photographe Jean-Paul Vidal (par ailleurs ami de Laurent Danchin), et dont l'oeuvre a été conservée par le fondateur et animateur du Musée des Arts Forains, Jean-Paul Favand, est également du rassemblement Mycélium. L'occasion pour moi de saluer son oeuvre que je trouve effectivement très séduisante. Passant récemment dans le Périgord, j'ai eu l'occasion de tomber chez un collectionneur, Thierry Bucquoy, sur un tableau de Tessier que je crois peu connu.

 

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Germain Tessier, La Foire de Saint-Georges, 1966, coll Thierry Bucquoy ; il y a un côté un peu Dubout chez Tessier

    Sinon à l'Abbaye d'Auberive, on retrouve aussi les mêmes copains artistes de Danchin, comme les Staelens, Joël Lorand, Jean-Michel Chesné, Jano Pesset, Kurhajec, Joaquim Batista Antunes, etc. Le dossier de presse mis en lien ci-dessus permettra à chacun de se faire sa propre opinion. Je n'ai retenu ici que ce qui m'interpellait plus particulièrement.

 

 

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Apparition de Fatima-Azzahra Khoubba

      Voici une dessinatrice lyonnaise, d'origine marocaine, que la Galerie Alain Dettinger nous propose du 30 novembre au 10 janvier 2014, pour les fêtes de fin d'année entre autres donc, dans une exposition intitulée "confidence à un perroquet".

 

Fatima-Azzahra Khoubba.jpg


     Ne dirait-on pas une variante de l'art dit fractal, tel que l'illustre un certain Jean Corrèze du côté de Bordeaux? Un art de l'échancré, de l'aber ou du fjörd appliqué aux silhouettes inconsciemment surgissantes dans ces îlots bleus et rouges? Car on voit bien des ombres de personnages fantomatiques sur ce dessin reproduit en couverture du carton d'invitation, paraissant danser dans un grand frou-frou de loques effilochées. Ronde, flottement de figures indistinctes, parentes, dans d'autres dessins, de formes moins identifiables comme des taches, des graphismes informes, tavelures abstraites chargées de figurer des pensées ou des humeurs sans signification claire, toutes flottant dans un espace indéfini. Peut-être analogues à ces taches de peau qui apparaissent avec l'âge sur le dos de nos mains et plus généralement de notre corps... Qui sont comme des avertissements, des signaux...

Petite vidéo sur le vernissage de la galerie Dettinger le 29 novembre dernier

    

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Lars Bo sur le blog Le Copain de Doisneau

   Dans le paysage parfois assez fatigant de la blogosphère, il est toujours rafraîchissant (c'est le mot qui s'impose par ces temps de chaleur lourde) d'aller faire un tour sur le blog du Copain de Doisneau, ce copain étant Robert Giraud (et plus secrètement peut-être aussi Olivier Bailly, l'auteur du blog, copain des deux...à titre posthume?). On y apprend des tas de choses sur Giraud et surtout sur le milieu dans lequel il évoluait, l'époque pendant laquelle il vivait, ses amis, ses relations, les livres qu'il écrivit, les rades qu'il écumait. C'est aussi grâce à ce blog que j'ai redécouvert, et enfin remarqué en profondeur, la notion de "fantastique social", terme inventé par Mac Orlan, si j'ai bien lu, et qui sert en tout cas assez bien à qualifier l'espace imaginaire dans lequel se mouvaient des écrivains comme Giraud, ou Jean-Paul Clébert (l'auteur de Paris insolite), ou Jacques Yonnet (Enchantements sur Paris, rebaptisé dans la dernière édition Phébus La rue des Maléfices).

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    Dans la note la plus récente (à cette heure...), on apprend un peu mieux à connaître la figure et la peinture de Lars Bo, peintre et graveur danois, qui fréquenta et côtoya pas mal il me semble les milieux surréalistes et COBRA dans les années 50-60. Une petite peinture de la fille de Lars Bo, Ludmilla Balfour (au patronyme très stevensonien), qui s'occupe actuellement de dresser le catalogue des oeuvres gravées de son père, m'a particulièrement amusé. Je la reproduis ci-dessus en espérant que le blog de notre confrère ne nous en voudra pas... J'ai mis le lien, of course...

    Cette peinture a des liens autres, notamment avec l'illustration de la littérature jeunesse.

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4ème biennale de l'art partagé

     On ne trouve plus de qualificatif pour les artistes présents dans cette biennale montée par l'association Œil'Art de Jean-Louis Faravel, alors c'est tout simplement l'art partagé... Et pourtant, n'y a-t-il vraiment aucune caractéristique qui se dégage des productions variées que l'on verra à Rives en Isère? Il me semble qu'en cherchant bien on y arriverait. Ceci dit, même avec un qualificatif ne qualifiant rien on arrive à créer un nouveau label. Car il est peut-être question ici surtout de gens qui pratiquent l'art en amateurs, en semi professionnels, d'une façon proche de tout un chacun, dans la vie quotidienne, comme on pratique le bricolage ou le jardinage, dans un sens de partage des recherches, sans que le commerce vienne par trop bouleverser l'ensemble, sans qu'une quelconque idée de sacralisation vienne se superposer à cela, retranchant nos artistes de l'homme du commun? Communiste, la biennale de l'art partagé? Ou bien ne serait-ce qu'une foire d'artistes de plus, désireux de se faire connaître comme de vulgaires marchandises esthétiques new look? A vous de trancher si vous passez par l'Isère dans les mois qui viennent.

     C'est du 27 octobre au 18 novembre 2012.

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Moi j'aime le Tour de France

    Il y en a certains que le sport défrise. Pas moi, je dois l'avouer. Pour ces spectacles, que ce soit le rugby, le cyclisme, éventuellement le foot, et bientôt les Jeux Olympiques avec l'athlétisme et tout le fourbi, je suis le plus souvent preneur. Comme les handicapés mentaux du MADmusée, je suis. On leur a proposé les champions du Tour de cette année qui partait de Liège et cela a donné des résultats qui paraissent de loin, à en juger seulement par la mosaïque d'images envoyées en pièce jointe, plutôt variés et rigolos. Ils sont sensibles avant tout au spectacle que donne le Tour avec ses champions, leurs harnachements (ce sont des hommes-sandwich au service de toutes sortes de marchandises, et cela donne des arlequins aux tenues des plus bariolées), leurs machines, leurs acrobaties sur la route, leur aisance à franchir (presque) tous les obstacles (même si c'est parfois à l'aide de quelques substances pas très catholiques). J'aime comme d'habitude ce que fait Yves Jules, son Thomas Voeckler d'Europcar est assez réussi. Tour de France qui passait cette année non loin de la Drôme et de son Palais Idéal, ce qui a permis à Jean-Paul Olivier, l'esthète de service de France-Télévisons, de sortir le nez de ses sacro-saintes chapelles et autres abbayes (l'alibi culturel du Tour) pour proposer à nos yeux médusés un petit sujet sur le chef-d'œuvre du Facteur Cheval. Les millions de téléspectateurs qui regardaient ce jour-là n'en sont pas encore revenus. D'ici à ce que dans un avenir plus ou moins proche on voit passer des concours de Pailloux équipés de vélos tous plus ébouriffants les uns que les autres, je n'en serais guère étonné.

 

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Exposition Tour de France / Portraits 2012 du 15 juin au 8 septembre 2012 au MADmusée

Madmusée, tour de france, cyclisme, rugby, yves jules, facteur cheval, palais idéal du facteur cheval

Le vélo hors catégorie d'André Pailloux en Vendée, 2010, photo Bruno Montpied


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