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09/09/2011

Les soeurs Moisy et les décapités, des ombres et des petits transparents

     J'avais été intrigué par le livre Une Bretagne si étrange, 1900-1920, de James Eveillard et Patrick Huchet, paru chez Ouest-France en 1999, surtout par une carte postale montrant un "Cabaret des Décapités" qui existait sur l'Ile de Bréhat, probablement au début du XXe siècle. La revue Gazogène a mentionné cette carte, dont il existe quelques variantes. Ce cabaret était nommé ainsi grâce aux portraits de buveurs exécutés sur des verres que l'estaminet exhibait sur des rayonnages, belle et originale collection de portraits de chalands ayant fréquenté le lieu, immortalisés pour un temps, un temps de carte postale en tout cas, car  rien n'est venu nous confirmer que ces verres ont finalement surnagé au grand naufrage des années.

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Ile de Bréhat, Cabaret des Décapités

 

       En tombant récemment sur l'original de la carte, m'est revenu que j'avais aussi dans mes cartons une autre image avec laquelle il serait intéressant de la croiser. Il existe une auberge des soeurs Moisy à St-Céneri-du Gérei dans l'Orne,cabaret des décapités,cartes postales d'environnements,auberge des soeurs moisy,une bretagne si mystérieuse,art dans les cafés toujours debout aujourd'hui grâce aux bons soins de la Fondation du Patrimoine sur le site duquel j'avais trouvé la photo ci-après.

 

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Auberge des soeurs Moisy, avant 1908, ph. Fondation du Patrimoine

 

       On trouve également sur le blog Les amis de St-Céneri des renseignements sur cette auberge décorée dans une de ses salles de profils charbonneux, traités à la façon des silhouettes et tracés en mémoire de consommateurs depuis bien longtemps évanouis (mes photos ici insérées proviennent toutes de ce blog). Ce témoignage d'un témoin de l'époque, qui fait nettement écho au Cabaret des Décapités de Bréhat, explique la situation qui produisit ces ombres chinoises d'un genre particulier:

         « Quant aux jours de pluies, où l’on ne pouvait travailler dehors, on peignait sur les murs de l’auberge. Le soir, à la veillée, dans la salle du premier  étage, où nous prenions nos repas, grâce à la lueur d’une bougie, on dessinait sur les murs les profils des personnes présentes au fusain. C’est pour cette raison que cette salle, toujours visible, s’appelle la salle des décapités. A la nuit tombante, celui dont on voulait reproduire le profil se plaquait près du mur blanchi à la chaux ; l'un d’entre nous tenait une bougie à distance voulue pour que l’ombre portée fût de la grandeur du modèle. Un des peintres, pendant ce temps, traçait au fusain le contour de cette ombre et l’on passait l’intérieur en noir. C’est ainsi que, depuis lors, j’ai pu reconnaître, par delà le demi-siècle qui s’est hélas écoulé, les profils de beaucoup d’artistes et d’amis qui ne sont plus. Mon profil d’enfant s’y trouve à deux reprises ». (Témoignage du fils de Mary Renard, Pierre Renard, qui évoque ici l'Auberge des soeurs Moisy qui a fermé ses portes en 1908).

 

 

 

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Les soeurs Moisy, ph. blog Les Amis de St-Cénéri

 

Commentaires

Et en plus, ces soeurs Moisy ont des trognes incroyables, elles-mêmes chafouinement charbonneuses. Ce qui est curieux, c'est aussi que dans les deux cas, on ait utilisé le même mot: "décapités". Cela n'allait pas de soi, on aurait pu dire : "les silhouettes", "les profils", ou tout simplement "les têtes". Il y a peut-être bien soit une source d'inspiration commune, soit l'un qui a déteint sur l'autre. Même s'il ne faut pas confondre les Bretons et les Normands, on peut imaginer une relation quelque part.
Ca me fait penser aussi à quelque chose d'autre, aperçu enfant à Lavardin (Loir et Cher), dans une de ces caves troglodytiques où les vignerons du coin nous emmenaient, mon frère et moi, pour nous voir nous saouler au petit blanc à 10 degrés. Dans une de ces cavernes mal éclairées, donc, où le maire d'une bourgade voisine (...), à la main baladeuse et à l'Ami 6 rebondissante, aimait m'entraîner, il y avait une belle fresque bacchique représentant des libations où l'on pouvait voir des trognes qui, je pense maintenant, devaient être des têtes connues du coin. En revanche, c'était en couleurs. Ca devait dater aussi, je pense maintenant, de cette même époque fin XIXe - début XXe siècle. C'était en 1966, j'avais 7 ans et je m'en souviens très bien (est-ce que mon frère en a souvenir, lui? Dans ma mémoire où tout ce qui accompagne cette vision a longtemps été refoulé, j'y étais allé à chaque fois seul avec ce bon maire, qui n'aimait pas avoir trop de témoins quand il m'entraînait là). Je ne sais pas ce qu'est devenue cette fresque, et je ne pense pas que, si je retournais à Lavardin, je saurais retrouver cette grotte, mais bon... Avis aux enquêteurs.

Écrit par : Régis Gayraud | 09/09/2011

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En fait, la photo des deux soeurs est bien loin de les servir! Elle est passablement floue, crade, comme salie exprès par un Debord en train de contaminer tous les autres portraits existant. Les bonnets qui les coiffent leur donnent une allure d'extra-terrestres ou d'habitantes d'un quelconque "village des damnés" style "Délivrance". L'Auberge des soeurs Moisy n'était pourtant pas l'Auberge de Peyrebeille...

Écrit par : Le sciapode | 14/09/2011

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Elles ne sont pas non plus servies par leur patronyme... Je me plais à songer ce que Monch le défigurateur pourrait tirer de leurs physionomies en modifiant leurs photos. Peut-être arriverait-il à les métamorphoser en Marilyn Monroe et Jane Russell dans "Les hommes préfèrent les blondes"?

Écrit par : Régis Gayraud | 15/09/2011

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Bonsoir,
Je ne suis pas sur la bonne page de votre Blog car je souhaite apporter des précisions quant au tableau naïf réalisé par Pierre DANGE. Je veux parler du tableau représentant Olivier ALFROID. Je collectionne les cartes postales et les photos anciennes. J'ai trouvé ce week-end la photo de mariage de m. Alfroid. Le tableau de Pierre Dange m'a permis d'identifier le marié. Au dos de la photo il y a un cachet "VINS-SPIRITUEUX-SIROPS - Olivier Alfroid - Ouzouer -S- TREZEE". J'ai trouvé sur le net la date du mariage le 18 juin 1892.
Salutations cordiales et bonne continuation au Poignard Subtil
Pierre

Écrit par : Pierre SAILLARD | 10/01/2012

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Super de retrouver cette pièce avec nostalgie. Visitée en 1975 avec madame Chate et
monsieur Legagneux ....Gérard, ancien brocanteur.

Écrit par : Hennique | 30/04/2017

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