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20/10/2013

Martine Doytier, d'un tableau revenant et de quelques autres images...

    Un correspondant a eu l'heureuse et aimable initiative de me faire parvenir la reproduction d'un tableau de Martine Doytier (née à Clichy en 1949 - disparue à Nice en 1984), artiste à la fois naïve, visionnaire et aussi crépusculaire, décédée bien trop tôt, dont l’œuvre excite hautement ma curiosité.

 

Tableau-DOYTIER-Coll-privée.jpg

Martine Doytier, coll. privée ; il semble que ce soit une scène de pique-nique, sujet que Martine Doytier a par ailleurs traité au moins une autre fois, voir ci-dessous la carte postale éditée par l'ancien Musée d'Art Naïf de Flayosc ; le tableau ci-dessus montre des personnages qui je ne sais pourquoi me rappellent des scènes de la vie quotidienne dans les Balkans... ; le paysage fascinant qui entoure les convives est traité de façon totalement onirique

Le pique-nique, carte postale MAN Flayosc, vers 73.jpg

Martine Doytier, un pique-nique de nonnes...

 

      J'ai déjà mis en ligne un autre tableau remarquable de cette créatrice lorsque j'ai chroniqué l'exposition montée autour du Facteur Cheval au Musée de la Poste à Paris (en 2007). Je le replace ici, histoire de constituer un petit socle qui ne demanderait qu'à être agrandi, avec d'autres reproductions. Il semble qu'il n'y ait qu'à Nice et dans sa région qu'on puisse en apprendre davantage sur cette artiste, curieusement rattachée à l'Ecole de Nice (Ben et autres) en dépit de son style très différent des productions de cette Ecole. Le galeriste, photographe et collectionneur niçois Jean Ferrero notamment paraît conserver plusieurs œuvres de notre héroïne.

 

Martine-Doytier Hommage au Facteur Cheval1977, huile 146x97 Coll Jean Ferrero, Nice.jpg

Martine Doytier, Hommage au Facteur Cheval, 1977, huile, 146x97 cm, coll. Jean Ferrero, Nice

 

      Voici une notice biographique sur Martine Doytier qu'on trouve sur internet en se connectant au site du Dictionnaire Delarge des arts plastiques et contemporains: "DOYTIER, Martine: née en 1947 à Clichy, Hauts-de-Seine, France ; 1969, s'installe dans le Var comme céramiste ; 1971, commence à peindre après avoir visité l'exposition du peintre naïf Ozenda¹ ; 1973, vit à Carros, où le peintre populaire yougoslave Paleicewik lui enseigne des techniques ; 1974-1984, peint un ou deux tableaux par an ; 1984, meurt le 16 février.

      Techniques : Peintre - Sculptrice. Présentation : En 1974, elle cesse d'être peintre naïf et elle opte pour une peinture très construite dont les accumulations à la Dado mènent au fantastique. Dans des amas de constructions, de rochers ou d'objets se détachent des personnages aux yeux écarquillés sous des paupières en visière. Elle est aussi l'auteur d'une sculpture animée, un automate, Le Briseur de montres (1975-1977). Expositions : 1971, Art'O, Flayosc ; 1977, Biennale de Menton. Rétrospective : 1994, Musée d'Art moderne et d'art contemporain, Nice". Ajoutons cette précision quant à cette "rétrospective", organisée pour commémorer les dix ans de la disparition de l'artiste, et ne paraissant pas avoir donné lieu à la publication d'un catalogue, elle se déroula du 19 janvier au 6 mars.

 

MD sur espace à débattre (Ben) 2 rue vernier Nice.jpg

Martine Doytier, tableau reproduit à très faible résolution sur le site de "l'Espace à Débattre" de Ben Vautier ; on dirait une scène fantastique un peu utopique où des militants de la cause des arbres s'ingénieraient à métamorphoser des arbres morts en arbres refleurissant pour les replanter à l'arrière-plan du paysage... Très beau tableau apparemment en tout cas.

 

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¹. J'ai signalé dans mon compte-rendu de l'expo autour du Facteur Cheval que le cartel apposé à côté du tableau de Doytier d'hommage au Facteur signalait que "le peintre naïf" qui avait stimulé notre artiste de Nice était le Polonais Ociepka. La notice du catalogue de l'expo reprenait par ailleurs la mention que c'était Ozenda le peintre naïf en question. Ociepka, peintre visionnaire classé dans l'art naïf, était plus plausible comme influence qu'Ozenda, plus hétéroclite dans son expression et plus "singulier" que "naïf". Cela dit, est-il possible qu'une expo Ociepka ait pu avoir lieu à Nice au début des années 70? Il serait évidemment plus réaliste de penser que cela ait été Ozenda, le peintre stimulateur, puisqu'il fut souvent exposé dans cette région à ces époques, notamment à la galerie d'Alphonse Chave à Vence (ce pourrait même être là, en y réfléchissant, que Martine Doytier aurait pu voir des créations d'Ozenda. Personne n'est venu apporter d'éclaircissement sur la question depuis que j'ai fait cette remarque, personne ne s'intéresse-t-il donc à cette artiste?

Commentaires

Scène de la vie quotidienne dans les Balkans, peut être, mais ce tableau me fait également penser à un de ces nombreux repas champêtres peints par Pirosmani. Ce serait donc plutôt une scène bucolique de la vie quotidienne en Géorgie si je puis me permettre de fouler les plates bandes de notre ami Régis.

Écrit par : RR | 20/10/2013

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J'ai pensé comme vous à Pirosmani, j'ai failli l'écrire plutôt que de mentionner les Balkans, et puis quelque chose m'a finalement retenu. C'était trop facile. Personne en revanche ne paraît avoir noté l'enseignement du "peintre populaire" nommé Paleicewik, d'origine yougoslave...
La peinture naïve yougoslave était assez en vogue dans les années 70. Cela a pu jouer sur la formation de Martine Doytier.
Outre la "perspective inversée", cher Aigre fort savant, il y a beaucoup d"autres aspects qui rendent ce tableau étrange, ce taillis d'arbres aux branches nues comme uniformément couvert de cendre, ce pauvre pique-nique (Régis a raison), et le teint blafard des convives comme s'il s'agissait d'un pique-nique champêtre au pays des morts. Le village en haut à droite, nettement séparé de la scène de repas, pourrait s'interpréter comme le village qu'ils habitaient autrefois, dont ils sont désormais à jamais coupés par le fossé de la mort. Un pique-nique de fantômes en quelque sorte...

Écrit par : Le sciapode | 21/10/2013

Bonjour, je prépare un livre sur Martine Doytier que j’ai bien connue et qui, comme vous le dites si bien n’a pas la reconnaissance qu’elle mérite. Avec ses proches, nous essayons de recueillir des informations. J’ai trouvé sur votre site des commentaires très intéressants. J’aimerais établir un contact avec vous. Pourriez vous m’écrire à mon adresse mail. En vous remerciant.
Alain Amiel

Écrit par : Alain Amiel | 06/07/2020

C'est magnifique et magique

Écrit par : voilesdoiseaux | 20/10/2013

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Vous avez parfaitement raison, cher RR, d'évoquer Pirosmani. Cela m'a sauté aux yeux à moi aussi lorsque j'ai découvert la photo en allant sur le blog. La scène est fort semblable à ce que l'on trouve dans plusieurs tableaux du maître de Mirzaani. Et la ressemblance est plus marquée encore pour le personnage de gauche, l'homme au regard et à la moustache de jais. A quelques différences près, bien sûr : à part dans la "Fête en Kakhétie", la nappe (blanche également, comme il se doit, c'est un simple drap, bien sûr) n'est pas étalée, chez Pirosmani, directement sur le sol, mais sur une table. Les arbres sont traités un peu différemment (ici, les racines répondent aux branches dans leur nudité désolante). Surtout, la table, chez le Géorgien, est chargée de victuaille. Ici, il n'y a qu'une pauvre bouteille de vin, rien d'autre à déjeuner, et les écuelles sont désespérément vides. C'est une vraie misère de festin, avec des personnages qui font mine de manger, seule la femme de gauche à un vague biscuit dans la main. Mais l'arrière plan, avec ce creux au centre et le village plus haut à droite, où mène une route-rivière-serpent, est assez pirosmanien aussi dans le traitement de l'horizon, plus bas au milieu que sur les côtés. Dans ce tableau, le coup de génie, c'est peut-être le regroupement en deux groupes : couple à chemise blanche, couple à chemises foncées, qui impliquent un glissement dans le décor (fond foncé, fond clair) qui se répercute encore sur les arbres (arbre coloré et arbre blanc). Ca, c'est un signe de grande maîtrise. En tout cas, voici de bien belles oeuvres qui témoignent d'une imagination variée. Le dernier tableau, pour le peu qu'on en voie, est assez étrange, il y a du Yves Tanguy dans ce ciel et la couleur de la terre, et vous savez bien que Tanguy est un de mes préférés.

Écrit par : Régis Gayraud | 21/10/2013

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On notera, sur la scène de déjeuner sur l'herbe, le traitement de la nappe en perspective chinoise, c'est-à-dire inversée, de même que l'arbre du premier plan à droite, beaucoup plus petit que l'arbre de gauche qui figure un peu en retrait. Une grande part de l'étrangeté de ce beau tableau vient de là.

Écrit par : L'aigre de mots | 21/10/2013

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J ai bien connu Martine Doytier et je suis venue le jour qui a précédé son suicide. Il y régnait une atmosphère très lourde et je savais que je ne la reverrais plus. Je me souviens d'une machine à pédaler plus petite (son autoportrait) qui ne cessait de pédaler dans le vide et j'étais très impressionnée. Mais surtout un immense tableau, accumulations des portraits de tous les nouveaux réalistes avec des montagnes de livres surplombant le tout est resté dans ma mémoire. Martine D. était écrasée sous cet amoncellement et ce tableau acheté par J.Ferrero était inachevé.

Écrit par : Lechanjour | 17/11/2013

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Bonjour,Je suis un peintre et un collectionneur qui vit à côté de Milan. J'ai un tableau de Martine Doytier qui est une artiste vraiment intéressante. J'ai vu chez des amis collectionneurs d'autres tableaux (qui proviennent d'une exposition à la galerie Pagani à Legnano et Milan dans les années 70-80) qui expriment la joie de vivre et le monde onirique. Je suis heureux d'avoir maintenant cette biographie de l'artiste que J'avais cherchée longtemps sans succès. Le catalogue de l'exposition chez Pagani, s'il a jamais paru, je ne l'ai jamais vu.
C'est vraiment dommage qu'elle soit pratiquement inconnue. Je Vous remercie beaucoup, et je vous en prie si vous avez des nouvelles informations sur l'artiste, de bien vouloir me renseigner.
Très cordialement,
Giancarlo Balansino

Écrit par : balansino giancarlo | 14/03/2014

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Cher monsieur Balansino, j'aurai quelques informations (très courtes) à ajouter bientôt sur Martine Doytier. Ne quittez pas les parages... Peut-être aurez-vous lu cette autre note que je lui ai consacrée récemment? :
http://lepoignardsubtil.hautetfort.com/archive/2014/02/26/un-peu-d-eclairage-supplementaire-du-cote-de-martine-doytier-5309184.html

Écrit par : Le sciapode | 14/03/2014

Je suis le fils de Martine ... Et c'est pour moi très curieux de voir tous ces commentaires. Si l'un d'entre vous voulait me contacter pour avoir des infos, je serais très heureux de vous les faire parvenir...
Brice Doytier Delacquis

Écrit par : Brice doytier delacquis | 10/11/2014

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Mon cher Brice,
Par hasard je trouve cette page... Je ne sais pas si tu te rappelles de moi, tu étais très jeune... Martine a travaillé dans mon atelier a Carros... Après l'évènement, j'ai cherché à établir le contact avec Nano, au village Segurane, mais sans succès. J'aimerais te connaître si cela te chante... Martine était trés importante pour moi et le restera... Mais, que de conneries ils écrivent à son sujet!!!... Tu devrais créer un vrai site sur Martine...
Amitiés,
Pierre Spalaikovitch

Écrit par : Pierre Spalaikovitch | 05/10/2015

M. Spalaikovitch, peut-être pourriez-vous être assez aimable de nous donner des information véridiques à propos de Martine Doytier sur laquelle plusieurs amateurs, je pense, en dehors de moi, aimeraient en apprendre davantage, et afin qu'on balaie les "conneries" comme vous dites? Vous vous représenterez certainement qu'il peut exister d'autres gens venus d'ailleurs et d'un autre temps qui n'ont pas connu cette artiste de son vivant et dans la ville où elle habitait, et que l'information sur elle reste fort lacunaire pour ces gens-là... Ce qui peut excuser, entre parenthèses, les "conneries", comme vous dites, qui ont pu se répandre à son sujet...
Et soit dit entre nous, trouvez-vous que la note au bas de laquelle on trouve ces commentaires recèle beaucoup de ces "conneries"?

Écrit par : Le sciapode | 11/10/2015

Mon cher Brice,
Je pense que tu vas peut-être te souvenir de moi, tu n'avais que dix, onze ans quand tu m'as rencontrée, j'étais une amie de ta maman. Nous nous étions rencontrés à Paris chez une amie commune, Fabienne Mulhiez. Je suis restée quelques semaines chez vous. J'avais avec moi un nouveau né qui s'appelle Mickael. J'ai quelques photos de cette époque avec Martine. Ensuite, je suis repartie sur Paris, et je ne l'ai revue que quelque jours avant qu'elle ne disparaisse. J'était sur une tournée théâtrale où l'ont jouait à Cannes et j'en ai profité pour appeler Martine. Nous nous sommes donné rendez-vous dans un café tout près du Palais des Festivals de Cannes où malheureusement je n'avais pas eu suffisamment de temps à consacrer à Martine car nous jouions le soir même et je repartais le lendemain matin pour Paris. Martine s'est confiée à moi ce jour-là et m'a fait part de son intention de mettre fin à sa vie en me donnant les raisons. Je ne voudrais pas aller plus loin dans ce commentaire, je pense qu'il serait mieux que cela soit privé. J'avais énormément d'admiration pour Martine, pour sa personnalité et son talent. J'ai été inspirée toute ma vie par son travail. Après sa disparition j'ai été très affectée et fait une importante dépression, j'avais de bonne raisons de l'être, je n'ai pas cru Martine quand elle m'a dit qu'elle voulait mettre fin à ses jours. Je ne l'ai pas crue parce que ce n'était pas la première fois. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en suis voulue depuis trente quatre ans. Si tu le désires, Brice, tu peux me contacter par e-mail pour plus de détails. Une Amie pour toujours.

Écrit par : Sylvie Kurz | 21/10/2017

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Madame, à l'évidence, votre commentaire est de nature privée. Et n'a donc pas vocation à être affiché sur ce blog très longtemps. De plus la personne que vous cherchez à joindre ne lit pas forcément régulièrement ce blog (et n'est pas l'animateur du blog surtout, ce qui fait que tout ce qui lui est adressé ici peut l'être en vain si je me fais pas son messager qui répercute les commentaires qui lui sont adressés ; or je n'ai pas vocation à me transformer en boîte à lettres pour les uns et les autres...) . Je peux répercuter exceptionnellement votre message vers l'adresse e-mail de cette personne sans garantie qu'elle soit toujours valable (ce monsieur ne m'a jamais répondu par rapport à Martine Doytier, que certes je n'ai pas connue mais dont l'œuvre me séduit ; il est à noter d'ailleurs que tous ceux qui ont réagi à son propos, suite à la note que j'ai mise en ligne sur Doytier, tiennent semble-t-il à rester entre eux sans se préoccuper de propager la mémoire de l'œuvre de celle qu'ils ont pourtant bien appréciée de son vivant ; exception faite de Mme Lechanjour).

Écrit par : Le sciapode | 24/10/2017

Moi, j'aimerais qu'on puisse propager la mémoire de son œuvre, car laisser une artiste avec un talent de virtuose dans son art et son imaginaire, dans l'ombre comme elle se trouve, me laisse dans une tristesse sans nom. Malheureusement, je ne sais pas comment l'on pourrait faire pour la remettre en pleine lumière. Si vous avez des idées, je suis preneur. Malheureusement, je ne suis pas introduit dans le milieu de l'art, ce qui ne m'empêche pas d'admirer cette artiste méconnue de tous.

Écrit par : Reynier | 24/02/2018

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Oui, l'adverbe "malheureusement", que vous prononcez deux fois, s'applique bien, aussi, à ces commentaires d'amis ou d'ex-relations de Martine Doytier dont je comprends mal ce qu'ils véhiculent ici, si ce n'est, peut-être, en fin de compte, à manifester une sorte de jalousie mémorielle vis-à-vis de cette artiste (défendu que d'autres qui n'ont pas connu la personne vivante aient le droit de s'intéresser à son œuvre, à sa mémoire, et pourtant, il y a une œuvre, et partant, de ce fait, elle échappe au temps de la personne vivante et s'adresse au delà à l'avenir, à ceux qui ne sont pas encore nés aussi bien...). Ils disent qu'ils l'ont connue, certes, mais son œuvre, sa postérité, est-ce qu'ils s'en préoccupent vraiment? Cela paraît être le cadet de leurs soucis. Et c'est pourquoi je me sens fondé à parler d'une jalousie bien sourcilleuse. Faut-il compter sur de tels amis pour que votre œuvre perdure après vous?

Écrit par : Le sciapode | 26/02/2018

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