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07/03/2016

L'art singulier anonyme, ça existe?

(Cette note contient une mise à jour du 21 mars 2016)

 

     Ma question paraîtra devoir recevoir une réponse affirmative évidente, si l'on prend le terme "art singulier" dans le sens général, amalgamant art brut et art de contemporains marginaux, primitivistes, surréalistes ou cobraesques réchauffés. Mais si on le cantonne à la deuxième catégorie, les marginaux de l'art contemporain, aussi qualifiables "d'outsiders" (les concurrents du mainstream qui pourraient un jour décrocher la timbale et tirer toute la couverture à eux), dans lesquels on peut aussi mettre quelques inclassables, quelques enfants perdus de l'automatisme, des peintres du dimanche new look qui au lieu de refaire pour la cent millième fois le coup de l'impressionnisme se seraient enfin convertis à la peinture gestuelle, abstraite ou figurative, détachés des modèles pris dans la réalité, alors le terme de singulier anonyme peut paraître étrange. Car ces singuliers-là font en général tout pour se faire connaître. Ils colonisent les festivals  d'arrière-province dédiés à cette étiquette. Alors si on en trouve qui soient tout de même restés anonymes en dépit de tous leurs efforts, ou plus exactement, si on considère le tableau ci-dessous, chiné je crois en Belgique par son propriétaire, Jean-Louis Clément, qui soient simplement restés sur le carreau, le terme les associe soit aux peintures de dépôt-vente (la bad painting, les croûtes), soit les remet paradoxalement en selle du côté des inclassables de l'art, pas très éloignés de l'art brut, sans pouvoir y être rigoureusement associés, en raison de caractères qui indiquent que les peintres avaient eu vent de certaines modes en art, qu'en somme ils étaient davantage des "artistes" que les auteurs d'art brut, œuvrant complètement à l'écart du cirque et des écoles artistiques.

art sing anonyme, Bertique (ptêt), coll clément Liège (2).jpg

Sans titre, peinture d'un certain Michaël Bertiaux, coll. Jean-Louis Clément, Liège, ph. Bruno Montpied, 2014 ; aux dernières nouvelles, c'est la peinture d'un gourou américain lovecraftien, selon J-L. Clément, voir note ci-dessous¹

    Partant de là, on s'aperçoit que ces "singuliers anonymes" pourraient être aussi bien des laissés pour compte de l'art contemporain marginal, des artistes ayant raté la marche qui aurait pu les conduire à la gloire. Il ne leur reste plus que l'anonymat des puces et autres brocantes pour pouvoir espérer sortir de leur purgatoire et gagner une seconde chance de venir faire un tour chez les valideurs et les sacralisateurs. Ces peintures qui ont des airs d'autres peintures plus connues sont comme des brouillons, des simulations faites dans le même goût que celui qui présida aux œuvres plus glorieuses, et l'artiste qui passe à côté d'elles se met à redouter qu'un jour, lui aussi, puisse voir ses propres œuvres rejetées sur le trottoir, jetant désespérément des œillades à la ronde: "M'aimez-vous? M'aimez-vous bien...?", pendant que les quidams pressés et indifférents ne daigneront pas même y jeter un œil...

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¹Michael Paul Bertiaux est un occultiste américain connu pour son ouvrage Voudon Gnostic Workbook (1988), un recueil de 615 pages d'enseignements occultes mêlant vaudou, néo-pythagorisme, thélémisme et gnosticisme. Il est également l’une des figures majeures de la magie lovecraftienne et se trouve actuellement à la tête du Monastery of the Seven Rays, une branche de l’OTOA basée à Chicago. Certains le créditent de rêver de rituels unissant de belles prêtresses en train de copuler avec des monstres écailleux venus de profondeurs aquatiques, sur le modèle de ceux que ressasse l'écrivain fantastique H.P. Lovecraft. (Renseignements tirés d'informations fournies par J-L. Clément)

Commentaires

Comme quoi l’existence précède l’essence.

Écrit par : Atarte | 08/03/2016

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Le travail de Bertique met l'eau à la bouche. De courtes recherches sur le net, indiquent qu'il soit totalement inconnu....mais le net n'est pas tout....

Il semble qu'il y ait dans cette peinture quelques réminiscences de courants "mainstream" (des couleurs vues chez Egon Schiele....). Fruit du hasard ou influence d'un maître? Pas "mainstream" donc. Brut? Quelques doutes. La troisième catégorie alors, la plus nombreuse celle qui dit "aimez-moi" mais sans réponse.....peut être....à suivre donc.

Le dossier Bertique est ouvert.

Écrit par : carcaly | 08/03/2016

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Atarte, Tarte, Tartre, Sartre... Essayez-moi donc ce virelangue, les aminches, vous n'en croirez pas vos oneilles...

Écrit par : L'aigre de mots | 08/03/2016

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Patatras! Pat Atarte, c’est Jean-Sol Partre!

Écrit par : Sophie Mabillon | 09/03/2016

Hum, la base « Géopatronyme » ne connaît ps ce nom de Bertique en France. Peut-être en Belgique... A suivre.
http://www.geopatronyme.com/cgi-bin/carte/nomcarte.cgi?nom=bertique&submit=Valider&client=cdip

Écrit par : Isabelle MOLITOR | 08/03/2016

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Est-ce que quelqu'un a remarqué que le tableau ici présenté ressemble à un poisson tout droit sorti d’un camion poubelle (a en juger de son stade de pourriture), réitérant ainsi un geste baudelairien en trouvant de la beauté ... dans l’immondice !

Écrit par : professeur onagre | 13/03/2016

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Le Professeur Onagre avait donc raison. Le sujet représenté est bien un monstre aquatique, et pourquoi pas ? - pourri. Et j’avais moi-même raison, il n’y a pas de Bertique.

Écrit par : Isabelle Molitor | 22/03/2016

Oui, mais, personnellement je ne retiendrai pas la pourriture... Lovecraft est aussi l'auteur d'un livre que j'avais dans mon jeune temps aimé: "Démons et merveilles". Il n'y a pas que les monstres venus des profondeurs et le "Necronomicon" de l'Arabe fou.

Écrit par : Le sciapode | 22/03/2016

Et les belles prêtresses, où sont-elles passées alors ? Car si ce tableau représente un songe de ce monsieur Bertiaux, il me semble du coup bien incomplet compte tenu des nouvelles informations dont nous disposons.. Je m'étonne qu'Isabelle Molitor ne l'ait pas remarqué, elle qui est toujours si perspicace.

Écrit par : Zébulon | 22/03/2016

Précisément, le monstre aquatique, si c'en est un, est à la recherche des fameuses prêtresses ayant jeté leur froc par-dessus les moulins...

Écrit par : Le sciapode | 25/03/2016

Il y a ceux qui font de l'immondice de l'art et ceux qui font le contraire.

Écrit par : Darnish | 13/03/2016

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Mais est-on certain qu’il s’agisse de ce Bertiaux? Ce que j’ai vu de lui sur Internet est assez différent.

Écrit par : Isabelle Molitor | 24/03/2016

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