02/10/2018
Actualités de la Création franche...
Le musée de la Création Franche à Bègles continue d'être très actif. Je n'ai pas signalé le dernier numéro de leur revue, le 48, de juin 2018, où j'avais passé un article sur Joseph Donadello, vu seulement à travers son activité picturale (car il est génralement plus connu pour ses autres interventions, en trois dimensions, dans son jardin en bordure de route). Parmi les autres articles, on trouve notamment un long texte fort charpenté d'Anic Zanzi sur Ernst Kolb dont j'ai déjà parlé sur ce blog il n'y a pas si longtemps. Et l'on découvre également le travail intéressant du peintre naïf Francesco Galeotti présenté par le critique d'art Dino Menozzi.
Une vue d'ensemble des peintures de Joseph Donadello telles qu'il les exposait en mars de cette année, dans sa véranda, à côté de ses trophées de champion bouliste, ph. Bruno Montpied, 2018.
Le musée béglais monte aussi des animations de temps à autre, je les évoque en leur temps, quand je peux. Cet automne, il soutient un colloque intitulé "L'art brut, un objet inclassable?" qu'il organise conjointement avec l'université de Bordeaux. Cela dure deux jours, le 4 (à la Maison de la Recherche à l'université de Bordeaux, voir ci-dessous) et le 5 octobre, (au Musée de la Création Franche) soit dans deux jours donc.
Dans la série des interventions, j'ai repéré celle de Mme Claire Margat, dont le titre en forme de question ("L'art brut : un art sans artiste?") paraît vouloir proposer une réponse (une réfutation?) à ma présentation du Gazouillis des éléphants, où je qualifie l'art des inspirés des bords de routes d'art sans artiste. On aimerait pouvoir lire le texte de cette intervention. Les actes du colloque sont prévus pour être publiés par la suite dans un numéro hors-série de Création Franche...
La question du titre du colloque est dans l'air du temps. L'année prochaine (au mois de mars), à la Fondation Bost, à La Force (près de Bergerac), le musée de la Création Franche sera également partenaire d'un autre colloque, prévu pour durer, je crois, au moins quatre jours, avec expositions à la clé, au siège de cette Fondation, dans plusieurs musées, dont celui de Bègles, mais aussi à Besançon, à Villeneuve d'Ascq. Cela s'appellera "L'art brut existe-t-il?". Muss es sein? Es muss sein!, aurait répondu l'autre (Léo Ferré, derrière Beethoven)....
Le musée de la Création Franche propose aussi en exposition de groupe cet automne (du 22 septembre au 2 décembre 2018) une nouvelle édition de ses récurrentes, mais à chaque fois différentes, "Visions et Créations dissidentes".
Dans le catalogue de cette manifestation, j'ai personnellement été intrigué par les œuvres de Riet Van Halder (présentées par un texte liminaire d'Ans Van Berkum), et celles d'Heinz Lauener (présentées par Max E. Ammann), où l'on peut déchiffrer sur le "Zeppelin" ci-dessous, l'effigie de Donald Trump, flanquée d'une légende ma foi assez judicieuse : "Der Beserwisser" (qu'il faut lire plutôt comme Der Besserwisser)... "Donald Trump, Le Monsieur Je-sais-tout"... Très drôle, et tellement bien vu, non?
Heinz Lauener, extrait du catalogue "Visions et Créations dissidentes" 2018, Musée de la Création franched
15:29 Publié dans Art Brut, Art populaire contemporain, Art singulier, Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : musée de la création franche, colloque l'art brut, un objet inclassable, universités, joseph donadello, création franche n°48, ernst kolb, visions et créations dissidentes, riet van halder, heinz lauener, max e. hammann, donald trump, monsieur je-sais-tout, fondation bost, anic zanzi, dino menozzi | Imprimer
Commentaires
C’est curieux, ce titre « Art brut, objet inclassable? » Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je ne vois pas très bien les fondements logiques de cette question. L’art brut est peut-être difficile à définir, ou du moins, il est peut-être malaisé de définir précisément des oeuvres comme appartenant à l’art brut, mais l’art brut étant une catégorie, est lui-même un outil de classification, une classe, en quelque sorte. Donc, voici une catégorie, une classe, qui « en tant qu'objet » serait elle-même inclassable. Une classe inclassable. Veut-on dire que ce critère n’appartient ni totalement à la critique d'art, ni à la sociologie, ni à l’esthétique? Mais on pourrait le dire de tant d’autres catégories de l’histoire des arts... Et puis inclassable selon quel critère? Or, historiquement, ou par rapport à l’oeuvre de Dubuffet, ou par rapport à d’autres termes (art naïf, art abstrait, art populaire, etc.), il est épistémologiquement tout à fait classable. d’ailleurs, rien n’échappe à une classification à partir du moment où l’on choisit un point de vue idoine pour classifier. Entre truisme et aporie, il y a dans cet intitulé quelque chose qui, du point de vue épistémologique, justement, me paraît étrange. Et les interventions du colloque ne paraissent pas se préoccuper de cette question.
Écrit par : Régis Gayraud | 04/10/2018
Répondre à ce commentaireVous avez raison, Régis Gayraud, de vous interroger sur ce titre de colloque.
Au fond, il me paraît mal rédigé.
Ce n'est pas l'art brut dont on semble se demander s'il est inclassable, mais plutôt les objets qu'il rassemble. Deux interventions dues à des universitaires de Bordeaux paraissent aller dans ce sens : Richard Leeman avec son titre "Objets incertains" et Emmanuelle Tron avec "L'art brut : espace irréfléchi ou espace institué?" (dont la question apporte déjà la réponse: espace irréfléchi bien sûr - les créateurs réunis n'ont jamais demandé à faire partie de ce truc appelé l'art brut)
Depuis que l'art brut a été inventé par Jean Dubuffet, on ne cesse d'interroger la validité de son unité.
"L'art brut existe-t-il ?" sera vraisemblablement une autre occasion d'étaler sa perplexité devant la notion.
Et comme les autres questions, cela ne changera rien à l'établissement désormais ancré de la catégorie, si bien portée par cette association de mots géniale inventée par Dubuffet. L'art brut doit en effet une large part de sa popularité à son appellation.
Sans oublier que la catégorie doit sa force aussi au "brut". Tout tourne autour de ça, le "brut"... C'était aussi ce qui préoccupait les surréalistes, les situationnistes, que Dubuffet a croisés (Breton à la fin des années 50, puis Asger Jorn au début des années 60...). L'art dans l'immédiat, dans la vie quotidienne, l'art réalisé dans la vie, l'art non séparé de la vie quotidienne...
Écrit par : Le sciapode | 08/10/2018
Répondre à ce commentaireUne interrogation séculaire. Qui touchait aussi l'avant-garde russe du début du siècle. Et si on remonte plus haut encore, les réalistes de 1860 même… Chacun, en bricolant, y répond à sa manière…
Écrit par : Régis Gayraud | 13/10/2018
Répondre à ce commentaireEn remontant encore un peu plus loin, c'était peut être déjà le cas à Lascaux...Qui sait?
Écrit par : Darnish | 14/10/2018
Répondre à ce commentaireSur mon ordinateur, Léo Ferré se met à chanter dès que j'ouvre la page du Poignard, est ce normal? Auquel cas, ça devient un peu chiant à la longue...et la chanson finit par énerver...
Écrit par : Darnish | 14/11/2018
Répondre à ce commentaireJ'ai apporté quelque modification à ce problème. Cela doit aller mieux maintenant. Mais personne ne s'était plaint jusque là. Peut-être n'ai-je plus de lecteurs?
Écrit par : Le sciapode | 14/11/2018
Cela m'arrivait aussi, mais vu comme tous mes ordinateurs sont vérolés, je pensais que c'était encore une de leurs lubies.
Écrit par : Régis Gayraud | 15/11/2018
Répondre à ce commentaireBizarre, cela ne m'est jamais arrivé. Et pourtant j'ouvre le Poignard tous les jours. Avant de le remettre dans le fourreau de ma mémoire.
Écrit par : L'aigre de mots | 16/11/2018
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