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22/05/2019

Info-Miettes (33)

"Zoographie", sur l'animal dans l'art, à Fontcouverte (Aude)

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     Jean-Louis Bigou, l'animateur du blog sur "l'Art Improbable dans l'Aude et ses alentours" (voir en particulier sa note de mars dernier sur les poupées de Mme Ska présentes au musée du Jouet à Figueras en Espagne que l'on avait pu admirer pendant une expo sur "les Poupées" à la Halle St-Pierre il y a quelques années), annonce une expo sur un bestiaire illustré par de "l'art brut", art actuel (pour ne pas dire art contemporain?), art ethnique (pour ne pas dire "art primitif"), pour réfléchir sur les rapports entretenus par l'homme avec l'animal, longtemps considéré comme une machine, incapable de sensibilité et de capacités cognitives, voire d'une certaine forme de conscience. Cela dit, miam c'est bon, le cochon.

De l'individualisme dans l'art populaire, un article d'E.Boussuge dans la revue L'Autre Côté

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Sommaire du n°4 de la revue L'Autre Côté.

     Emmanuel Boussuge, dans le n°4 de cette revue qui se consacre à remettre en question une certain nombre de penseurs français consacrés (Foucault, Deleuze, Badiou, etc.), auxquels elle reproche un certain goût pour le vocabulaire abscons et des théories critiquables, a synthétisé deux notes qu'il avait naguère publiées sur ce blog (voir ici et ). Il illustre ses propos comme sur ce blog par des exemples pris dans les croix de chemin, les linteaux du Cantal et les sculptures de François Michaud, tailleur de pierre que j'ai, on s'en souviendra, maintes fois défendu.
      Pour prouver l'individualisme présent dans l'art populaire (et remettre en cause la thèse selon laquelle ce dernier doit être envisagé comme une masse de signes  culturels codifiés uniformes, il serait peut-être plus convaincant de rassembler – dans une somme dont la diversité ferait de fait davantage autorité – d'autres cas d'individualistes créatifs et populaires, pris dans d'autres secteurs de l'art populaire, et pas seulement dans les croix de chemins et autres linteaux.   
    Par ailleurs, on ne peut pas non plus passer sous silence qu'il y a bien de l'uniformité pour une grande part de l'art populaire, en raison de la pression sociale, des habitudes, des règles de l'artisanat, de l'habitude de copier les uns sur les autres, et sur les artistes de la ville que l'on démarquait en les réduisant naïvement... Au sein de la culture artistique populaire, les individualistes, à mon avis, restent des êtres d'exception (Nicolas Bouvier le met particulièrement en lumière dans son livre sur l'art populaire suisse – voir son édition chez Zoé) qui se détachent au milieu d'une production populaire respectueuse de divers "cahiers des charges" (pas nécessairement ennuyeuse du reste, malgré son "uniformité"). 
       Ces individualistes, présents dans différentes catégories d'art populaire, il faut les recenser, avant de passer à la polémique... 
 
Les 40 ans du sauvetage du Manège de Petit Pierre à la Fabuloserie, le 25 mai prochain à Dicy
 

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     La Fabuloserie à Dicy (Yonne) communique:
    Pierre Avezard (1909-1992) dit Petit Pierre – atteint d'une maladie génétique qui déforme son visage et rend toute communication orale très difficile – quitte très tôt l'école et travaille comme garçon de ferme. Bricoleur de génie, il crée son Manège avec du bois, de la tôle découpée, des objets de récupération et l'anime grâce à un ingénieux système de courroies et d'engrenages. Le dimanche, le public était accueilli sur le terrain pour découvrir ce chef d’œuvre de l'art populaire. Vieillissant, Petit Pierre ne peut plus en assurer l'entretien et le Manège est en danger.

    Après de nombreuses péripéties, il est accueilli à La Fabuloserie en 1987 par Alain Bourbonnais, qui en entreprend le patient démontage et transport, avec une équipe de bénévoles. Il décède malheureusement l'année suivante et ne verra pas le résultat de ces efforts. En 1989, reconstruit à l'identique et restauré, le Manège est inauguré dans le parc du musée.

 Pour célébrer cette aventure, La Fabuloserie propose une exposition photographique des grands moments de l'épopée et vous invite bien entendu à admirer le manège en activité avec une animation toutes les heures.
    Par ailleurs, le spectacle "Petit Pierre", mis en scène et joué par Maud Hufnagel, se déroulera dans la salle polyvalente du village (10€/adulte ou 5€/enfant en sus à régler sur place avec réservation obligatoire par mail à lafemme@loeilabarbe.fr).

   Enfin, la collection permanente de plus de 1000 œuvres a fait l'objet d'un nouvel accrochage, avec la mise en avant de superbes dessins de Jaber dans le "Tunnel".
  Pour clôturer la journée de façon conviviale, une collation sera offerte aux visiteurs par l'équipe du musée. 

Autocar Paris - Dicy
Samedi 25 mai:
Départ 10h30 Porte d'Orléans (derrière station Total)
retour à Paris vers 20h30.
servation obligatoire sur fabuloserie89@gmail.com
Chèque 30€/personne (trajet+visite)
à l'ordre de: La Fabuloserie
à adresser :52 rue Jacob 75006 Paris

   

 

 

 

 

    Si l'on vient par ses propres moyens à l'heure du repas, il faut prévoir son pique-nique (solution de repli à l'abri en cas de mauvais temps). Un autocar depuis Paris est prévu (voir ci-contre), mais je ne sais s'il reste encore des places.

Pascale Roux et Sarah V. chez Alain Dettinger à Lyon

     Alain Dettinger est un grand défenseur des artistes féminines, comme on sait. J'ai reçu deux nouveaux cartons illustrant ce fait. L'un reproduit un dessin à l'encre sur carton intitulé "Santa Rata penada" (Sainte rate punie?) de Pascale Roux, faisant partie d'une expo sur le thème de "l'amour à mort", curieuse image semblant représenter une sorte de chauve-souris aux ailes tatouées de silhouettes masculines (d'anciens amants?), des enfants la flanquant de part et d'autre, un autre lui sortant  par le bas...

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Pascale Roux, Santa Rata Penada, 100 x 70 cm, encre sur carton, 2018.

    L'autre, me plaisant davantage, reproduit comme une vulve sublimée par des couleurs vaporeuses, résultant d'un dessin aux crayons de couleur, cependant intitulé "Ventre glacier"... Là, l'expo a deux thèmes: "Vierges ouvrantes" et "traversées". Tout un programme...

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Sarah V., Ventre glacier, 34 x 34 cm, crayons de couleur sur papier, 2018.

 

Du samedi 8 juin au 29 juin 2019, 4 place Gailleton, Lyon 2e ardt, tél 04 72 41 07 80.

Une grande exposition de plasticiens contemporains et singuliers à la Coopérative Collection Cérès Franco à Montolieu, "Croqueurs d'étoiles"

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Vue extérieure de la Coopérative Collection Cérès Franco, photo © Jacques-Yves Gucia.

 

   Françoise Monnin, par ailleurs rédactrice en chef de la revue Artension, est commissaire d'exposition à Montolieu (Aude) pour une expo réunissant 86 artistes sur le thème du voyage dans la Lune (nous sommes à 50 ans de l'arrivée de l'homme sur la Lune en 1969 ; une autre expo, très différente, et il faut bien le dire, bien moins vivante, est aussi montée sur le même thème au Gand Palais à Paris), conçu de manière extensive, tourné davantage sur l'évocation imaginaire et métaphorique de l'astre. L'expo est intitulée "Croqueurs d'étoiles". Car l'adage ne le dit-il pas, les artistes ont la tête dans les étoiles...

    Il y a à boire et à manger dans ce rassemblement, mais si l'on se fonde sur la mosaïque affichée sur le site web de la Coopérative, l'ensemble reste fort stimulant. Voici un tout petit choix (on se réfère au lien à la ligne précédente pour en découvrir plus) :

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Art populaire mexicain, sans titre, bois peint, Collection Cérès Franco.

jean-louis bigou,zoographie,bestiaire dans l'art,emmanuel boussuge,l'autre côté,art populaire individualiste,madame ska,fabuloserie,petit pierre,galerie dettinger,pascale roux,sarah v.,art féminin Mirabelle Dors, Consensus, Plâtre et pâte fixés sur bois, 38 x 45 x 2 cm, 1975, Collection Cérès Franco.

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Eli Malvina Heil (il me semble que cet artiste a été montré au Musée de la Création franche de Bègles, me trompé-je?), sans titre, peinture vinylique sur toile, 55 x 73 cm, 1974, Collection Cérès Franco.

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Jeannine Mongillat, Sans titre, collage et papier mâché, 24 x 34 x 9cm, 1990, Collection Cérès Franco.

 

    On y aperçoit en particulier un large panorama des nouvelles créations d'André Robillard, qui, à l'évidence, ne sont plus de son seul fait, et bénéficient de l'aide souterraine du collectionneur qui le mécène. Robillard, ce n'est plus de l'art brut, mais une nouvelle forme d'art contemporain ayant couché avec l'art brut, quelque chose d'hybride. Le langage autonome de Robillard se brouille dans ces réalisations un peu trop maîtrisées, je trouve.

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André Robillard (et autres?), OVNI Fusée martienne, 15 x 39 cm, 2012, collection particulière.

 

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André Robillard (et autres?), Soucoupe volante, 150 x 350 x 350 cm, feutres sur bois, 2008, collection particulière.

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André Robillard (et autres?) et une partie de ses assemblages, 1999-2019, collection particulière photo © FL-Alain Machelidon

"Les Croqueurs d'étoiles", Coopérative collection Cérès Franco, Montolieu, du 20 avril au 3 novembre 2019. 

Jano Pesset à l'Atelier-Musée Fernand Michel à Montpellier tout l'été

    Paris avait pu admirer certaines de ses oeuvres il n'y a pas si longtemps à la Fabuloserie-Paris. Il y était en compagnie de quelques trop rares oeuvres de son épouse Loli. C'est au tour de Montpellier de pouvoir aller admirer son travail, des assemblages de bois de lierre et de noisetier travaillés et teints où se détachent des personnages drolatiques et des inscriptions diverses, philosophico-anarchisantes, durant tout l'été. A noter la remarquable notice que lui avait consacrée Laurent Danchin, reproduite sur le flyer d'annonce de l'exposition (voir ci-dessous, mais pour le lire mieux voir ici le PDF).

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     Jano Pesset (né en 1936) incarne un type d'artiste d'origine populaire qui s'est fait artistiquement en solitaire (un prolo self-made man...), ayant rompu avec les formes usuelles dans l'art populaire, et influencé par les cultures véhiculées par les révoltes de mai 68. Il a exposé dès le départ avec la Fabuloserie, dont il est un des artistes emblématiques.

Commentaires

Merci de relayer la publication mais pour ce qui est du commentaire, je dois dire que je n'ai pas compris où tu voyais de la polémique dans l'article?

Écrit par : Emmanuel Boussuge | 30/05/2019

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Citons donc le début de votre article, mon cher :

"De la créativité culturelle rustique on n'a en tête le plus souvent qu'une caricature. La question peut être parfaitement oblitérée, même par des historiens du monde rural pour le reste très bien informés, comme Jean-Marc Moriceau par exemple. Surnage à la surface d'un océan d'incuriosité tiède, l'idée d'un ensemble largement coagulé qui serait le domaine d'une culture populaire identique à elle-même depuis la nuit des temps. On peut certes avec bienveillance rattacher ses manifestations à une forme d'authenticité plutôt qu'à une arriération obstinée, mais ne cherche-t-on pas alors le plus souvent à conforter ses propres préjugés? Et que penser des branches les plus insolites entées sur le tronc commun de cet art populaire des campagnes?"

N'est-ce pas là le ton d'un polémiste, certes doux (la polémique n'est pas nécessairement la guerre, du reste!), mais cherchant
à remettre en question quelques préjugés?
Ne vous montrez-vous pas polémiste, vraiment, avec la dénonciation de cet "océan d'incuriosité tiède" (belle formule, d'ailleurs, au passage) et de cette "caricature"?

Écrit par : Le sciapode | 31/05/2019

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Certes, mais si on reprend l'exemple que je donne (Moriceau), la polémique est vite bouclée puisque en l’occurrence cet historien des paysans (un bon historien, je le souligne) fait tout simplement l'impasse sur toute activité créatrice rurale...

Par ailleurs, pour élargir la présentation de la revue, il est utile de préciser que le numéro dans lequel figure l'article ne concerne nullement la critique des idées, qui était au centre des numéros précédents, mais une plus vaste thématique, celle des paysans et du monde rural, de leur devenir et de leur éventuelle disparition.

Écrit par : Emmanuel Boussuge | 31/05/2019

Oui, mais le ton de votre première phrase "De la créativité culturelle rustique..." vise implicitement plus large que le seul Moriceau (dont personnellement je n'ai jamais entendu parler, faute à mon ignorance crasse sans doute). Sur le moment, en lisant votre article, j'ai tout de suite plutôt pensé à l'ethnologue Jean Cuisenier dont la lecture du livre sur "l'Art populaire" (chez Arthaud) m'a laissé le souvenir que l'auteur nous y brosse un portrait de l'art populaire comment étant incapable de receler une inventivité singulière, tant il serait tout le temps redevable à l'art savant dont il emprunterait l'iconographie, les tours de main, la technique, etc. Lorsqu'il relève des oeuvres insolites, il les laisse, si je me souviens bien, à l'art dit naïf ou à l'art brut de Dubuffet, tant il lui paraît confusionnel de les ranger dans l'art populaire qu'il a circonscrit.
Je n'ai pas le numéro 4 de la revue où se trouve votre article entre les mains. Et c'est vrai que j'aurais dû préciser que je parlais plutôt du propos éditorial de la revue à partir de ses premiers numéros, tel qu'on peut s'en faire une idée d'après le site web de la revue. Leur angle d'attaque, à rebrousse-poil de tant d'autres intellectuels contemporains, m'a paru salubre et, partant, digne d'être mentionné dans cette petite note.

Écrit par : Le sciapode | 31/05/2019

Je ne m'en souvenais absolument pas mais maintenant que tu l'évoques, il est vraiment probable que la lecture de Jean Cuisenier ait pu m'influencer (en réaction contre lui). J'ai lu son livre il y a pas mal de temps maintenant et même si je l'avais oublié, son propos avait tout pour me mettre en rogne pour longtemps... Donc oui, l'aspect polémique dépasse le seul Moriceau, que je ne prends que comme un exemple parmi d'autres.

Pour la revue, il s'agit simplement d'un complément d'information qui me paraissait utile parce que le dernier numéro tranche avec les précédents, mais, bien sûr, je suis aussi en affinités avec ces derniers.

Écrit par : Emmanuel Boussuge | 31/05/2019

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