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27/12/2021

Dictionnaire du Poignard Subtil

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For intérieur :

     "Mes plus grands bonheurs consistaient à dessiner, à lire et à rêvasser. La plupart des actions de ma vie se passaient au-dedans de moi."

     Ces propos, de Siri Hustvedt, sont rapportés  par Joël Cornuault dans son livre Dromomanies (éditions Bleu Autour, Saint-Pourçain-sur-Sioule, 2018).

23/12/2021

270 bouteilles de Louis et Céline Beynet entrent au Musée Cécile Sabourdy cet hiver

        https://fr.calameo.com/books/0065644650a45d3a7d5ab

     Ce n'est généralement pas mon habitude de débuter mes notes du Poignard par un lien... Mais après tout, pourquoi pas? Grâce à lui, vous pouvez aller directement vers le dossier de presse concocté par le Musée Cécile Sabourdy de Vicq-sur-Breuilh dans le Limousin, relatif à l'exposition "Figure Libre" qui présente (de décembre 2021 à mai 2022) les entrées dans le fonds permanent du musée de quatre groupes de créations relevant tantôt de l'art singulier (Alain Lacoste, pas venu là par hasard, on devine une influence du collectionneur Michel Leroux, défenseur de cet artiste, l'un des grands ancêtres de l'art dit singulier), tantôt de l'art naïvo-brut (des totems de Cahoreau, là aussi défendu par Michel Leroux), et surtout des bouteilles des époux Beynet, récupérées cet automne par mon entremise, à la suite d'un voyage avec deux collaboratrices du musée (dont sa directrice, Stéphanie Birembaut) : 270 bouteilles peintes et quelques statues, dont une consacrée à l'effigie de la Liberté, à restaurer...), voire tantôt de l'art moderne (Jacques Lortet, l'époux de Marie-Rose). Les Beynet, les lecteurs assidus de ce blog se souviennent que j'en ai déjà beaucoup parlé sur ce blog, ainsi que dans des revues, L'Or aux 13 îles (n°3, 2014), ou Trakt (n°11, en juillet 2020), ou bien encore dans mon gros inventaire des environnements populaires spontanés, Le Gazouillis des Eléphants (aux Éditions du Sandre en 2017) .

Echantillon de bouteilles récupérées par musée Sabourdy (2).jpg

Bouteilles des Beynet après nettoyage, en attente d'être emportées au musée Cécile Sabourdy, ph. Bruno Montpied, septembre 2021.

Les cageots de bouteilles peintes sortis du grenier de la grange (2).jpg

Les bouteilles qui venaient d'être sorties de la grange où elles étaient entreposées, dans des cageots, ph. B.M, septembre 21.

 

      Les bouteilles peintes des Beynet ne sont pas faciles à exposer, en particulier dans une exposition collective, et ici à côté des oeuvres d'un Lacoste toujours pétaradant au point de vue de son graphisme et de ses couleurs, tellement éclatantes que cela peut nuire à l'approche tout en délicatesse des saynètes beynettiennes, peintes avec la poésie modeste de l'enfance, à l'opposé du clairon d'une œuvre telle que celle d'un Alain Lacoste. L'équipe du musée, emmenée par Stéphanie Birembaut, a fait au mieux, avec les moyens dont elle dispose.

Femme nue sur le trône (2).jpg

Bouteille Beynet, femme nue sur son trône (ce genre de scène revient régulièrement chez Beynet, qui adore représenter des gens, la plupart du temps nus, assis sur des cuvettes de W-C....), oeuvre récupérée par le Musée Cécile Sabourdy, ph. B.M., sept. 21.

Fileuse (gros plan)(2).jpg

Bouteille Beynet, fileuse, coll. Musée CS, ph. B.M., sept. 2021.

 

      Cependant avouons que cette confrontation ne semble pas avoir été tentée ailleurs que dans le dossier de presse (je n'ai pas encore vu l'exposition sur place). En réalité, les deux groupes d'œuvres sont présentées à des étages différents, les bouteilles des Beynet voisinant plutôt avec les petits "totems" de Cahoreau au dernier étage, sous les combles.

Bouteilles exposées au musée CS.jpg

L'accrochage des bouteilles des Beynet sous les combles du Musée Cécile Sabourdy, exposition "Figure libre". La suspension est bien le meilleur moyen d'attirer l'attention sur le particularisme de ces peintures sur bouteille... ph. Musée C.S.

Le gendarme à cheval (2).jpg

Bouteille Beynet, un gendarme à cheval, coll. Musée CS, ph. B.M., sept. 21.

Le gendarme à cheval (avers à l'horloge)(2).jpg

La même bouteille Beynet que ci-dessus, l'autre côté, où l'on aperçoit, pointant son museau, la tête du cheval du gendarme,  coll. Musée C.S., ph. B.M.,, sept. 21.

 

     Ces bouteilles ont des images fuyantes par surcroît, puisqu'apposées au pourtour de bouteilles. Comment les montrer? Dans la petite boutique (appelé par les journalistes locaux le "Musée des bouteilles décorées") où le couple les présentait, à Auzat-sur-Allier (Puy-de-Dôme), une bonne partie était suspendue à des crochets au-dessus des têtes des visiteurs. D'autres étaient posées sur des tables. Le tout très serré, très dense, avec quelques statues émergeant au milieu, pour leur majorité non conservées (seuls des petits sujets, dont un coq, et surtout une Statue de la Liberté (que j'ai reproduite dans mon Gazouillis des éléphants en 2017) ont pu être récupérées par le Musée Cécile Sabourdy, sur mon insistance, le jour où nous allâmes chercher, en septembre dernier, les bouteilles qui restaient chez la fille de cœur des Beynet, Mme Louise Bardon.

L et C Beynet dans une cour, ptetre années 80 (2).jpg

Un portrait du couple Beynet, photo d'un anonyme, peut-être effectuée dans les années 1980, nouveau document récupéré lors de notre visite à la "fille de cœur" des Beynet, ph. B.M., sept. 21.

 

      Les exigences de sécurité et de conservation rendent difficiles l'exposition de ces œuvrettes qui ne peuvent être toutes exposées sous plexiglas, je suppose... Heureusement, toutes ne nécessitent pas que l'on tourne autour d'elles (probablement, sont-ce celles que Louis Beynet laissait plutôt posées sur des tables et guéridons?), ayant leur image principale (un personnage) d'un seul côté, le reste étant consacré à un remplissage végétal et floral. Ce sont même probablement la majorité des 400 bouteilles (estimation  à la louche) peintes par Louis Beynet, qu'assistait sa femme pour les finitions nécessitant une vue plus fine que la sienne (toutes les bouteilles n'ont pas toujours, cela dit, les initiales des deux époux apposées au cul des bouteilles ; il ne faut donc pas tout le temps attribuer la création de ces peintures systématiquement aux deux membres du couple, même si cela établit une parité homme/femme qui relève en l'espèce d'un néo-féminisme un peu sourcilleux...).

100% cochon, charcuterie (2).jpg

Bouteille Beynet, "100% cochon. CHARCUTERIE", coll. Musée CS, ph. B.M., sept. 21.

16/12/2021

Le petit art de rue qui m'intéresse

      Le street art m'ennuie souvent, sauf quand il atteint un degré de développement proche de l'excès, comme dans certains lieux, comme l'ancien chemin de ceinture dans le XIVe ardt de Paris. Cela retient l'œil ces lieux-là...

Pouvoir au peuple, 14e ardt, promenade de l'ancien PC (2).jpg

"Pouvoir au peuple", promenade de l'ancien chemin de fer de Petite Ceinture, XIVe ardt, ph. Bruno Montpied, janvier 2021.

La casemate peinte et écrite, promenade du PC, 14e ardt (2).jpg

Ancien abri de  cheminots peut-être, en lisière de l'ancien chemin de fer de la Petite Ceinture dans le XIVe ardt, ph. B.M., janvier 2021.

 

     Non, au street art des artistes de rue patentés, tenant le haut du pavé, si j'ose dire, dans la hiérarchie des artistes se servant du support de la ville elle-même pour inscrire leurs expressions, et aussi parfois pour faire carrière, je préfère des interventions plus modestes, discrètes, même, et partant de là, moins repérées...

Art pariétal ds le métro St Lazare20211207 (2).jpg

Art pariétal contemporain à la station Saint-Lazare du métro, avec empreintes de mains comme dans les grottes préhistoriques, ph. B.M., décembre 2021.

Détournement de Marelle sur le trottoir, rue St-Maur, juin 12.jpg

Détournement de plaques de la voirie en marelle, Rue Saint-Maur, 10e ardt, ph. B.M., 2012.

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Boîte aux lettres de la Poste affublée d'un masque, à Montmartre, ph. B.M., 2011.

 

     Ceci dit, je me souviendrai sans doute toute ma vie de cette station de métro entièrement peinte sauvagement, pas le moindre espace n'ayant été laissé au hasard, que je découvris éberlué à l'ouverture des portes du métro au petit matin, du côté de Richard-Lenoir. La police était sur les dents, interdisant (à ce que je crois me souvenir!) à tout un chacun de prendre des photos. Le résultat était étonnant, on entrait dans un maelström de couleurs et de grimaces extrêmement denses. J'avais été particulièrement curieux de repérer quels interstices ou détails du décor environnant auraient pu être oubliés. Je n'en voyais pas. Les bords des quais, les rails, les pièces du matériel électrique, tout était peint, et ces détails indiquaient à eux seuls le surcroît de vitalité qui avait présidé à ce travail de recouvrement pictural du décor normalisé quotidien, travail qui avait dû être vécu dans une jouissance énorme...