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12/10/2007

La couleur des mots

    Passant devant l'hôpital Sainte-Anne à Paris, j'avise l'affiche suivante:

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   Plus que quelques jours pour aller voir au Musée Singer-Polignac cette exposition conçue par le Centre d'Etude de l'Expression (et que je n'ai personnellement pas encore vue ; à noter qu'elle fait apparemment écho à une autre expo faite sur le même thème qui voyagea de la Collection d'Art Brut de Lausanne à la Halle Saint-Pierre). Mardi est le seul jour de fermeture, et c'est ouvert de 14 à 19h. Les oeuvres présentées proviennent de la collection de Ste-Anne, et des artistes contemporains sont présentés en parallèle qui, à ce que j'ai entraperçu sur le site du Centre d'Etude et de l'Expression, ne m'emballent pas des masses...

20/09/2007

Face à face, le hasard et la transe, Galerie Flak

Me baladant samedi dernier sur la rive gauche du côté de la rue de Seine, j'emprunte la rue des Beaux-Arts avec la vague idée de retrouver par hasard une galerie où je croyais pouvoir découvrir des marionnettes du Mali que je cherchais sans vraiment les chercher (comprend qui peut...).
Il faut dire que j'étais avec un vieux camarade et que l'on bavardait avec entrain, au point de s'étourdir, on entrait au pif dans les galeries, sans bien regarder où l'on entrait. Ah, voici que j'avise la vitrine de chez Flak (j'ai toujours aimé cette galerie au patronyme onomatopéique où l'on voit de temps à autre des poupées Kachina).
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Tiens, il y a une curieuse expo en ce moment. On y confronte masques ethniques et masques ready-made. Qu'est-ce que c'est des masques ready-made ? C'est ainsi que spontanément je serais tenté de les qualifier. Ce sont des masques qui n'étaient pas de vrais masques au départ (du moins pas des masques pour se déguiser ou pour des rituels), mais des objets destinés à d'autres fonctions (masques à gaz de l'autre guerre, casque de Dark Vador, masques de protection pour le base-ball...) mais qui possèdent à leur insu des similitudes avec les masques de transe ou propitiatoires.
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 Similitudes dans les formes. Comme dans le cas de ce vieil étrier en cuir ridé qui ressemble à une trogne de sorcière et que l'on peut voir dans un coin dans le cabinet de curiosités modernes de chez Flak. En entrant dans la galerie, je me fais la réflexion que ce concept d'exposition ressemble furieusement à ce qu'a plusieurs fois tenté Paul Duchein du côté du Musée Ingres à Montauban. Et voilà-t-y pas que M.Duchein rôdait effectivement dans la galerie ce jour-là... Je me cogne quasiment sur lui.
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Je conseille à tout amateur de surprises, recherchant le décentrement du regard culturel d'aller faire un tour dans cette petite galerie inventive.
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(Les photos des masques, hormis celui de Dark Vador, proviennent du site de la galerie Flak -voir les liens insérés dans cette note- Ci-dessus, masque ancien de pompier,  du moins, je crois...)
Galerie Flak
            8 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris, France.
Exposition du 12 Septembre au 3 Novembre
2007.

Un catalogue paraît à l'occasion de cette exposition :
Face à Face, Masques secrets, visages révélés
(Textes en français et en anglais de
Gilbert Lascault et Hubert Comte
120 pages couleurs)

08/09/2007

Arcimboldo et Maisonneuve

    Sur des blogs voisins on annonce l'expo Arcimboldo qui va bientôt ouvrir au musée du Luxembourg. Fort bien. C'est vrai que personne ne va en parler dans les grosses écuries du journalisme... Alors, pour faire plus original, ce blog cousin compare avec les masques de coquillage de Pascal-Désir Maisonneuve, en ajoutant que bien sûr, ce faisant, on enfonce des "portes ouvertes"... Oui, en effet, par d'autres... A une époque où, à ma connaissance, personne n'avait songé, dans le microcosme des amateurs d'art brut, à faire le parallèle Maisonneuve-Arcimboldo.

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(Extraits du Bulletin auto-édité par Bruno Montpied en 1995, L'Art Immédiat n°2, article Le coquillage, matériau-muse sur la parution du livre de Patrick Mauriés, Coquillages et rocailles)

 

 

18/08/2007

L'Iran naïf? Un texte de Marc Grodwohl et un prolongement du Sciapode en direction de MOKARRAMEH GHANBARI

Dans la région du Guilan existe une tradition tout à fait étonnante pour nous de peintures figuratives naïves, notamment sur les sanctuaires (Husseinzadé).
En voici quelques images prises dans un village du delta oriental du Sefid Rud (photos 1-2-3) .
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3

           Cet art populaire et l'art des réalisations publiques sont de la même veine surtout dans les périodes les plus récentes, fin XIXe, début XXe siècle, et il serait ethnocentrique de qualifier de "naïf " ce qui peut relever en réalité des conventions régissant la représentation des personnes. A titre de comparaison avec l'art public urbain, les faïences d'un hammam fin XIXe, début XXe s. à Rasht, la capitale du Guilan avec la représentation du héros Rostam (photos 4-5-6).

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(Trois vues consacrées aux mêmes faïences)
Les thèmes légendaires iraniens dits préislamiques (tirés du Livre des Rois de Ferdowsi) sont assez courants et volontiers prétexte à des oeuvres d'art officiel au milieu des ronds-points (exemple l'oiseau Simorgh dans un rond-point près de Chaboksar).
J'ai vu aussi se diffuser le motif du char d'Athéna, choisi par un commerçant pour décorer sa boutique, et qu'on voit maintenant décliné aussi dans des réalisations publiques.
Enfin deux photos (7-8) du pèlerinage de Immamzadé Ebrahim, montrant le développement du goût pour la couleur et un jeu d'adresse ingénieusement réalisé avec des vieilles poupées.
Marc Grodwohl
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7
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LE POINT DE VUE DU REDACTEUR DU BLOG: 
M.Marc Grodwohl, ancien responsable de l'Ecomusée d'Alsace est revenu récemment d'un séjour en Iran où il a été invité par des confrères à visiter leur propre musée du patrimoine rural  dans la région du Guilan, dans le but de procéder à un échange de vues.
 Son site internet (voir dans nos liens ci-contre à gauche) évoque cette visite et contient aussi plusieurs autres images. Elles renvoient vers un autre lieu, à Fuman, un espace ouvert au public, où sont disposées plusieurs statues qui font penser un peu aux statues que l'on voit dans certains jardins ou environnements de créateurs populaires autodidactes européens (par exemple celui de Gabriel Albert en Charente-Maritime, ou celui de René Escaffre, dans le Lauragais). J'en présente quelques-unes ci-dessous:
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(Toutes les photos jusqu'ici sont de Marc Grodwohl) 
Le mot de "naïf" est employé, on l'a vu ci-dessus dans son texte, par Marc Grodwohl qui lui trouve par moments un accent "ethnocentrique". En Europe, ce même terme revêt aussi une connotation ou une intention réductrices de temps à autre, de la part des historiens ou des critiques d'art paternalistes ou condescendants à l'égard des créateurs autodidactes dont ils ne voient pas l'originalité et l'extrême fraîcheur d'expression. Personnellement, quand je l'emploie, ce n'est bien entendu pas du tout dans une telle optique . Naïf pour moi est synonyme d'"immédiat".
Si l'on retient ce caractère d'"immédiat", on peut juger les statues de Fuman "naïves". Cependant, à ne considérer que les photos (je n'ai jamais vu les oeuvres originales), je leur trouve un aspect assez analogue à celui des santons provençaux, que je ne qualifie pas de naïfs, mais plutôt d'artisanat populaire à la limite du kitsch (je parle des santons surtout). Il me paraît bon de les faire figurer ici à titre de documentation servant à nourrir nos regards d'amateurs d'arts populaires.
Pour compléter la confrontation des styles et aider à se faire une idée plus juste de ce qui se joue sous ces termes de "naïf" ou de "brut", il est bon de signaler qu'il existe aussi en Iran une immense artiste autodidacte qui n'a été révélée pour le moment en France que par le magnifique film d'Ebrahim Mokhtari, "Mokarrameh, et soudain elle peint", diffusé dans de nombreux festivals (notamment celui de Vic-le-Comte dans le Massif Central, merci Régis Gayraud de nous l'avoir signalé en son temps; cliquez ici pour plus de renseignements sur le moyen actuel de se procurer le film, apparemment seulement en version anglaise). Elle s'appelait Mokarrameh Ghanbari. Née en 1928, elle est décédée tout récemment le 24 octobre 2005.
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Photos de Mokarrameh ci-dessus et ci-dessous récupérées sur le site Mokarrameh.com

              Sa première exposition date de 1995 (soit environ quatre ans après qu'elle eut commencé à 63 ans à peindre) et eut lieu bien entendu en Iran à la galerie Seyhun (par la suite, elle a exposé en Suède et aux USA ; en France, comme d'hab, on n'a encore rien vu venir, malgré la diffusion du film dans des festivals...). Il semble que ce soit son fils artiste qui la voyant en train de barbouiller spontanément dans le décor de sa vie quotidienne eut l'idée de lui fournir du matériel de peinture et qui l'encouragea (ça fait songer à d'autres cas similaires, Boix-Vives, ou Joseph Barbiero, aussi me semble-t-il en France furent poussés par leur progéniture vers la création). Elle a peint des toiles mais aussi les murs de son logement. Parmi ses thèmes de prédilection, on retrouve entre autres le héros Rostam dont parle Marc Grodwohl dans son texte.

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               Elle fut mariée contre son gré à une sorte de cacique de son village (Dankandeh dans la province de Mazandaran, au nord de l'Iran) qui obligea par la torture son père à lui donner sa fille. Elle eut plusieurs enfants de ce mariage pour le moins houleux (émaillé de brutalités).

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                On annonce un film en préparation aux USA avec Meryl Streep dans le rôle de Mokarrameh, et un metteur en scène iranien résidant en Californie, Essy Niknejad... Ah, ces Yankees, ils ne manquent jamais de prendre le train en marche...

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