08/10/2007
Le tailleur, les escargots (suite)... et les boucs?, un texte de Marc Grodwohl
10:55 Publié dans Art populaire insolite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poêles des guzuls, kunscht de folgensbourg, poêles alsaciens, marc grodwohl, images de l'antisémitisme | Imprimer
18/08/2007
L'Iran naïf? Un texte de Marc Grodwohl et un prolongement du Sciapode en direction de MOKARRAMEH GHANBARI
Cet art populaire et l'art des réalisations publiques sont de la même veine surtout dans les périodes les plus récentes, fin XIXe, début XXe siècle, et il serait ethnocentrique de qualifier de "naïf " ce qui peut relever en réalité des conventions régissant la représentation des personnes. A titre de comparaison avec l'art public urbain, les faïences d'un hammam fin XIXe, début XXe s. à Rasht, la capitale du Guilan avec la représentation du héros Rostam (photos 4-5-6).
Sa première exposition date de 1995 (soit environ quatre ans après qu'elle eut commencé à 63 ans à peindre) et eut lieu bien entendu en Iran à la galerie Seyhun (par la suite, elle a exposé en Suède et aux USA ; en France, comme d'hab, on n'a encore rien vu venir, malgré la diffusion du film dans des festivals...). Il semble que ce soit son fils artiste qui la voyant en train de barbouiller spontanément dans le décor de sa vie quotidienne eut l'idée de lui fournir du matériel de peinture et qui l'encouragea (ça fait songer à d'autres cas similaires, Boix-Vives, ou Joseph Barbiero, aussi me semble-t-il en France furent poussés par leur progéniture vers la création). Elle a peint des toiles mais aussi les murs de son logement. Parmi ses thèmes de prédilection, on retrouve entre autres le héros Rostam dont parle Marc Grodwohl dans son texte.
Elle fut mariée contre son gré à une sorte de cacique de son village (Dankandeh dans la province de Mazandaran, au nord de l'Iran) qui obligea par la torture son père à lui donner sa fille. Elle eut plusieurs enfants de ce mariage pour le moins houleux (émaillé de brutalités).
On annonce un film en préparation aux USA avec Meryl Streep dans le rôle de Mokarrameh, et un metteur en scène iranien résidant en Californie, Essy Niknejad... Ah, ces Yankees, ils ne manquent jamais de prendre le train en marche...
17:05 Publié dans Confrontations | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marc grodwohl, guilan, mokarrameh ghanbari, art immédiat, art populaire iranien | Imprimer
05/07/2007
André Bindler, un sauvetage remarquable
J'avais remarqué à la parution du Guide de la France Insolite de Claude Arz (1ère édition, 1990, le site disparut à la seconde édition) un très étonnant site accumulatif à Sickert en Alsace dû à un ouvrier-paysan (tisserand, puis régleur de machines dans l'industrie textile) appelé André Bindler. C'était du reste un des rares lieux cités dans le bouquin qui fût quelque chose d'inédit, le reste étant une habile compilation de découvertes faites par d'autres chercheurs mélangées à des évocations de sites mystico-baba-new age à la mords-moi-l'noeud...
Une association "Traces+Signes Sundgau", animée entre autres par Jean-Claude Altoe et aidée par Bernard Chevassu (très grand défenseur de nombreux sites et environnements situés dans l'est de la France, quand est-ce qu'il réunira en un seul livre tous ses articles sur la question?), avait déjà exposé Bindler à l'occasion de l'exposition "Art autre, autre art" en 1982 à Altkirch (une maquette de bateau assez "brute"). Mais c'était à peu près tout, à ma connaissance bien sûr (si l'on excepte bien sûr les articles de presse régionale qui sont légions sur ces environnements et autres créations d'autodidactes).
L'environnement créé par Bindler (né dans les années 20) est tout à fait remarquable. Fait d'une accumulations d'objets installés sur les murs de sa ferme et de statues d'hommes ou d'animaux souvent peints en bleu (de style plus naïf que brut, le cerf y étant un motif récurrent), de décorations peintes au pochoir sur les murs, il est principalement consacré à l'évocation de son pays et de ses habitants, qualifiés sous le terme générique du "Sickertois". C'est le premier thème, car secondairement il a aussi chanté les louanges de certains grands hommes en les statufiant naïvement, notamment les officiers rendus célèbres par la libération de la France (Leclerc, De Lattre de Tassigny, De Gaulle..., les mêmes qu'on retrouve dans le site de statues naïves dues à Raymond Guitet à Sauveterre-de-Guyenne, réalisé plus tôt, juste après la Seconde Guerre, alors que le site de Bindler a été créé de 1979 à 1992).
Il s'est aussi livré à des facéties (des statues de"buveurs de bière", censées caricaturer gentiment les Allemands avec qui les Alsaciens entretiennent des rapports ambivalents). Il s'intéressait aussi à des sujets plus exotiques, de même qu'il éprouvait un véritable amour pour la nature (nombreuses statues animalières). Son environnement était qualifié par lui de "musée de la Doller", du nom de la vallée où il vivait. Doit-on entendre aussi par en dessous "musée de la douleur"...? Je me hâte de préciser que rien ne paraît le confirmer dans les sujets traités.
Il a renversé de façon amusante un certain ordre muséographique en exposant dans des galeries couvertes des éléments naturels (souches, branches tordues, racines...) qu'il a interprétés, alors que ces éléments proviennent du monde extérieur, perpétuellement à l'air libre, alors qu'il laissait ses statues et certaines de ses maquettes (Notre-Dame-de-Paris, Tour Eiffel, décidément très à l'honneur chez les créateurs populaires d'environnements) dehors, à la merci du climat. A propos de maquettes, il en a confectionné plusieurs, une vingtaine de maisons de son village, plusieurs églises, qu'il exposait dans une galerie décorée de masques grotesques (Voir ci-dessous, photo site Marc Grodwohl)
Et ce qu'il y a de formidable avec cet environnement, c'est le sauvetage auquel il a donné lieu. Sauvetage n'est peut-être pas le mot adapté du reste, car le site n'était pas encore en péril lorsqu'il fut transféré avec l'accord de son auteur par des bénévoles sous la direction du passionné Marc Grodwohl, directeur et fondateur depuis des années de l'Ecomusée d'Alsace à Unguersheim (il ouvrit en 1984) sur le site de l'Ecomusée (le site fut remonté dans une disposition équivalente et restauré respectueusement avec la supervision et l'accord d'André Bindler). Il faut dire que cet Ecomusée est un projet merveilleux, ayant déjà sauvé entre autres objets, monuments et architectures rurales, par exemple le célèbre carrousel-salon Demeyer à la façade sculptée par Gustave Bayol, connu pour ses petits cochons et chevaux de manége forain. Ce n'est pas un écomusée comme les autres, car il est bien plus ouvert sur l'ensemble des aspects de la créativité populaire, ne se limitant pas aux seuls outils ou objets rustiques par exemple.
Le récit du transfert, l'analyse du site avaient déjà fait l'objet d'une petite brochure vendue sur place. Depuis que M.Marc Grodwohl a malheureusement été licencié de la direction de l'Ecomusée l'année dernière, il a créé un site, auquel nous renvoyons vivement les lecteurs de ce blog (il est tout à fait passionnant à lire, je pense que Belvert en aura peut-être déjà entendu parler...), et où l'on retrouve ces textes, enrichis de nombreuses mises à jour (ainsi que de nombreuses autres photos). A noter également que Marc Grodwohl tente une enrichissante confrontation avec un autre site, canadien, celui de Georges Racicot, qu'il associe nommément à "l'art indiscipliné" québécois (une connection s'est donc faite entre Marc Grodwohl et la Société des Arts Indisciplinés? On aimerait des commentaires là-dessus). En parcourant le site de Marc Grodwohl, on découvre que comme par hasard il fait aussi référence à la collection Humbert (ainsi qu'à la Société des Arts Indisciplinés), références donc communes avec Le Poignard Subtil.
Donc, il est prouvé qu'en France, pourvu qu'un terreau culturel existe, favorable à l'art populaire sous toutes ses formes (car trop d'amateurs d'arts et de traditions populaires restent hermétiques à l'art brut et aux habitants-paysagistes qu'il regarde avec condescendance), des entreprises de sauvegarde patrimoniale sont possibles, sans atermoiements inutiles pour cause de difficultés bureaucratiques ou financières (je pense à ces imbroglios, ces stagnations qu'on constate du côté des communes propriétaires des sites dans leurs rapports avec les Monuments Historiques). La passion bénévole soulève les montagnes bien souvent. On l'a déjà constaté à la Fabuloserie par exemple, avec le sauvetage du merveilleux Manège en fils de fer et tôles de Pierre Avezard.
19:20 Publié dans Environnements populaires spontanés | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré bindler, musée de la doller, environnements spontanés, ecomusée d'alsace, marc grodwohl, art indiscipliné, georges racicot | Imprimer