02/07/2010
Fin de partie à la Galerie Impaire
Même si les animateurs de cette galerie qui est une émanation du Creative Growth Center de Oakland annoncent une suite pour l'automne de leurs "projets européens", il n'en reste pas moins annoncé que la Galerie Impaire va fermer ses portes. Il n'est pas dit pourquoi. Mais chacun peut peut-être le deviner, la phynance?
05:17 Publié dans Art Brut, Art immédiat, Art singulier, Confrontations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : galerie impaire, art des déficients mentaux, art brut, aurie ramirez, dwight mackintosh | Imprimer
13/02/2010
Touche française à la Galerie Impaire
La Galerie Impaire est sympa. Elle ouvre ses portes, jusqu'ici consacrées aux créateurs américains contemporains et (surtout) souffrants d'incapacités mentales (autrement dit des handicapés mentaux), à quelques créateurs et artistes alternatifs, "singuliers", français.
Une exposition, proposée au départ par Gaëla Fernandez, l'animatrice de la galerie, qui a fait entièrement confiance à Jean-Christophe Philippi, l'un des exposants (et pas des moindres), s'y tiendra du 25 février au 4 avril 2010 (vernissage le 25 février). Ce sera l'occasion pour les amateurs parisiens de découvrir des oeuvres sincères rarement montrées dans la capitale, toutes sélectionnées par le co-curator ci-dessus nommé (Cocurator, nos amis américains n'ont pas l'air de se douter que cela peut prêter chez certains esprits mal tournés à la galéjade). D'ailleurs, étant donné la nationalité french des artistes sélectionnés, on aurait dû parler, comme me l'a écrit Jean-Christophe Philippi, de "cocorico-curator".
Elle réunira (entre autres, pour savoir tous les noms des artistes exposés on se reportera au site de la galerie) Pierre Albasser, pour une fois présentée avec son épouse Geha (connue pour ses travaux d'art postal mais non limitable à cela), Gérard Sendrey, Jean-Paul Henry (un handicapé pas assez connu), les dessins et peintures semi naïfs du Mayennais Patrick Chapelière, des oeuvres d'Alain Pauzié (qui se faisait rare, à Paris tout au moins), des peintures d'Yvonne Robert (que le texte anonyme qui présente l'expo sur le carton d'invitation virtuel que l'on m'a envoyé associe aux ex-voto, mais qui sont plutôt de simples saynètes de la vie quotidienne qui ont retenu l'attention de Mme Robert, dont on n'est pas sûr même qu'elle les envisage sous un angle caricatural).
Yvonne Robert figure dans la collection de l'art brut à Lausanne.
17:09 Publié dans Art singulier | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : pierre albasser, géha, gérard sendrey, yvonne robert, jean-christophe philippi, galerie impaire, art singulier, jean-michel chesné | Imprimer
14/11/2009
Noël Californien
14:04 Publié dans Art Brut | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : californai christmas, galerie impaire, art des handicapés, art brut, creative growth center | Imprimer
15/06/2008
"ET POUR CELA PREFERE L'IMPAIR(E)"... UNE NOUVELLE GALERIE D'ART BRUT A PARIS
Longtemps je me suis défié de l'art des handicapés, tant ce que j'en voyais en France me paraissait proche de l'art des enfants, et très piloté à distance peut-être par une sorte de deus ex machina, l'animateur de l'atelier du home d'accueil, qui donnait en secret une coloration à toutes les oeuvres de ses protégés. J'entendais parler de "handicaps" avec la même indifférenciation que celle que l'on applique aux "fous", aux "schizophrènes". Pourtant, on en revient à présent de ce magma sans nuances. Il semble que l'on établit des distinctions, on découvre des cas séparés, on parle même de formes atypiques de génie... La notion de handicap quant à elle semble évoluer. Si les auteurs d'oeuvres produites dans certains centres d'art devenus aujourd'hui notoires, comme Art en Marge ou la Pommeraie en Belgique, ou bien le Creative Growth Art Center à Oakland en Californie (un des plus anciens puisque fondé en 1978, il y a donc tout juste trente ans ; ses animateurs préfèrent eux parler d'incapacités ("disabilities") plutôt que de handicaps), si ces auteurs peuvent paraître d'un côté incapables de se fabriquer ne serait-ce que leurs propres sandwichs, d'un autre ils sont capables de prodiges de mémoire, avec des calendriers perpétuels dans la tête par exemple. Ils se trouvent simplement porteurs de facultés autres.
Ce qui conduit certains d'entre eux à pratiquer naturellement l'art. Certaines techniques plutôt que d'autres (le pastel, les feutres chez John Martin et autres créateurs du Creative Growth Art Center, le textile chez Judith Scott, plutôt que la peinture à l'huile ou autres pigments peut-être, parce que plus immédiats, parce que l'esprit recherche le chemin le plus court qui va de la pensée au support?). Des créateurs de qualité incontestable ont été révélés au public ces dernières décennies, en Europe, Paul Duhem, Oskar Haus ou Alexis Lippstreu par exemple, venus du Centre "la Pommeraie" à Ellignies-Sainte-Anne en Belgique. Depuis pas mal de temps (cela a commencé pour moi avec l'exposition montée à la Galerie ABCD à Montreuil), on entend parler des créateurs qui oeuvrent au Creative Growth Art Center en Californie, Donald Mitchell, Dwight Mackintosh, Aurie Ramirez, Judith Scott, John Martin, Kerry Damianakes, Dan Miller, entre autres (je crois qu'il y a environ 140 créateurs qui sont passés entre les murs de ce centre). Certains commencent à être fort connus, exposés à l'extérieur du monde de l'art brut même, dans des musées américains d'art contemporain. Dan Miller est rapproché par Tom di Maria du travail d'un Cy Twombly par exemple, créateur signiste.
C'est vrai que certaines de ces oeuvres sont fortes. Ma première idée de les rapprocher de l'art des enfants (au vocabulaire plastique toujours un peu restreint, parfois cependant assez fascinant en raison de ce que les enfants parviennent à faire en dépit de ces limites précisément) n'était pas pertinente. J'ai évolué peu à peu. J'aime Duhem, Oskar Haus, Lippstreu. Aurie Ramirez m'intrigue aujourd'hui fortement. On peut découvrir quelques-uns de ses dessins dans l'exposition "Untitled" montée en ouverture de la nouvelle galerie Impaire qui vient de s'installer au 47 de la rue de Lancry (chiffre impair bien sûr) dans le 10e arrondissement de Paris (merci à "Monsieur Info" qui a eu l'obligeance de nous le signaler dans son récent commentaire). Ce lieu est une expérience que tente le Centre d'Art d'Oakland, en jetant un pont entre les USA et l'Europe par-dessus l'océan. Etonnante et risquée tentative, mais salutaire à laquelle je pense nous pouvons souhaiter la bienvenue. On y retrouve les noms cités ci-dessus dont une sélection d'oeuvres est présentée en parallèle avec des portraits photographiques des créateurs par la photographe new-yorkaise Cheryl Dunn (magnifiques portraits qui nous changent un peu des photos de Mario Del Curto, certes fort belles mais perpétuellement exposées, à cause de cette manie paresseuse qu'ont les organisateurs d'expositions de se tourner toujours vers les mêmes recettes, les mêmes "spécialistes", les mêmes confiscateurs de parole...).
Tom di Maria nous a confié qu'il souhaite voir associées les oeuvres de ses "poulains" avec les oeuvres d'art contemporain, tant son désir est grand de voir les handicapés regardés pour leurs créations et non pas en fonction d'un handicap qui affecterait leur réception auprès des autres. Ce souhait est communément partagé par tous les animateurs d'ateliers d'art à l'usage des handicapés. Il me semble que cela dissimule aussi parfois le fait que ces animateurs sont parfois eux-mêmes des créateurs qui se tiennent en retrait et qui possèdent une culture artistique pétrie de références à l'art contemporain justement. N'y aurait-il pas (et ici je reviens à la deuxième impression que j'ai signalée au début de cette note) une influence sourde, diffuse, de cette culture non-dite sur le style des productions des créateurs accueillis dans les homes et autres centres d'art pour handicapés? Le désir de voir mêlé l'art des handicapés à l'art contemporain révélerait ainsi le désir rentré des animateurs eux-mêmes désireux de se voir rattachés, via leurs "poulains", à l'art du "mainstream"...?
On en profitera pour noter ici une différence remarquable entre les créateurs de l'art brut et les créateurs modernes ou contemporains, c'est que les premiers sont toujours flanqués d'une deuxième personne qui les introduit dans le monde extérieur, d'un médiateur (écrivain, chercheur ou critique, animateur de centre d'art, collectionneur, marchand, ou que sais-je encore) qui les rendra visibles et les fera exposer, alors que les seconds peuvent très bien le faire tout seuls. Un problème de conscience en quelque sorte.
14:40 Publié dans Art Brut, Art moderne ou contemporain acceptable | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : galerie impaire, creative growth art center, aurie ramirez, cheryl dunn, tom di mari, art des handicapés | Imprimer