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27/10/2008

Léopold Thuilant derniers jours au musée de la Reine Bérengère

    Vite, vite, mes petits lapins à montres de gousset ou non à la main... Plus que quelques jours pour aller découvrir une cinquantaine de "pichets-souvenirs" de l'étonnant Léopold Thuilant exposés jusqu'au 11 novembre au musée de la Reine Bérengère au Mans.

        Thuilant pichet au bouilleur de cru musée de la reine Bérengère.jpg        Thuilant le boulanger M de la reine B.jpg
Léopold  Thuilant, le boulanger à gauche, le bouilleur de cru à droite, exposition Musée de la Reine Bérengère, juin-novembre 2008
 

     Personnellement, j'en avais vu quelques-uns dans les vitrines de la collection permanente de ce petit musée caché dans le vieux Mans il y a quelques années, après avoir découvert l'existence de Thuilant à la Halle St-Pierre, où certaines pièces avaient été montrées de façon ultra marginale durant une exposition en 1994 sur l'art naïf de 1886 à 1960 (la même où l'on pouvait voir des tableaux de Benquet, voir note du 3 nov. 2007).

Léopold-Thuilant,-le-bûcher.jpg
Léopold Thuilant, un autre pichet, évoquant sans doute le monde des bûcherons? On notera le bec verseur en forme de poule (calembour visuel) couronné d'un bouchon en forme de poule là aussi, comme si cette dernière chevauchait la plus grosse ; photo B.Montpied au musée de la Reine Bérengère en 2000

     Pauvre entre les pauvres, c'était un potier à l'inspiration plus que singulière parmi les autres potiers. Sa passion des hommes, de leurs occupations dans des campagnes sarthoises en voie de métamorphose accélérée (il est né en 1862, son oeuvre a été réalisée dans le dernier quart du XIXe siècle), le poussait à accentuer le relief de ses sujets sur les pichets, comme si la fonction utilitaire de ces derniers comptaient moins à ses yeux que le fait de camper ses petits personnages modelés avec tendresse. Je me souviens toujours avec émotion d'un pichet avec un petit train tiré par une locomotive serpentant tout autour du pot dans une parfaite désinvolture vis-à-vis des conventions. Ses pots, ses pichets tirent vers l'oeuvre gratuite, vers la sculpture plus que vers l'ustensilité et l'art appliqué. En ce sens, ils se situent à la limite de la sculpture populaire, non loin de l'art brut. Robert Doisneau, qui avait photographié ces oeuvres dans les années 70, aurait dit: "Chez Thuilant, il n'y a que de l'amour"... Est-ce par défaut de ce dernier qu'il se noya dans la boisson et finit par se pendre en 1916?

     J'ajoute qu'un petit catalogue est sorti à l'occasion de cette exposition. Ce qui augmentera quelque peu la documentation sur un créateur au sujet duquel on manque cruellement d'une monographie digne de son oeuvre étonnante.